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des cultures, l’usage des ressources en bois et en eau, et le nombre d’animaux qui pouvaient
paître sur les pâturages communs…Dans l’économie féodale…tout ce qui existait sur terre
constituait la création de Dieu, et lui seul pouvait en disposer… ».
Et J.R. d’expliquer comment cette situation du moyen âge a évolué au XIXe siècle « …Le
mouvement des enclosures (NDLR les enclosures c’est désigner la clôture par des
propriétaires, ou des personnes des terres auparavant communes), perçu par de nombreux
historiens comme « une révolution des riches contre les pauvres » s’est déroulé en Angleterre
du XVIe siècle au début du XIXe siècle. Il a bouleversé le paysage économique et politique.
Des millions de paysans ont été déracinés des terres de leurs ancêtres et contraints de se
comporter en agents libres dont la force de travail serait désormais à louer sur le marché
médiéval naissant…l’industrie textile naissante faisait monter le prix de la laine : il devenait
plus lucratif pour les propriétaires fonciers de clôturer les terres communes et de les
reconvertir à l’élevage des moutons… ». « …une seconde vague d’enclosures s’est produite,
en gros, de 1760 aux années 1840. La première révolution industrielle commençait alors à se
répandre en Angleterre et dans le reste de l’Europe. La nouvelle économie provoquait
l’accroissement continu de la population urbaine, qui exigeait davantage de denrées
alimentaires. La hausse des prix a poussé les propriétaires à clôturer leurs terres restantes,
ce qui a parachevé la longue transition de l’Europe d’une économie rurale de subsistance à
une économie agricole moderne vers le marché…
Les grandes enclosures et l’économie de marché qui les a suivies ont changé la nature même
des rapports de propriétés : ils ont cessé d’être des droits conditionnels pour devenir
propriété exclusive. Pendant des siècles, les gens avaient appartenu à la terre ; désormais
c’était la terre qui appartenait à des gens…De même, le travail de chacun devenait une forme
de propriété exclusive que l’on pouvait vendre et acheter librement sur le marché dans un
monde nouveau gouverné par des rapports contractuels et non par les obligations
communautaires et le statut social… ».
« L’essor de l’économie de marché » (extraits) (5)
J.R. explicite ainsi l’avènement de l’économie de marché « …C’est la jonction entre la
révolution de l’imprimerie et les énergies hydraulique et éolienne à la fin du Moyen-Age qui
déclenché le passage de l’économie féodale à l’économie à l’économie de marché, donc
déclenché le paradigme économique et la construction sociale de l’Europe…La poudre à
canon, la boussole et la presse à imprimer ont été les trois grandes inventions qui ont
introduit la société bourgeoise…Mais ni Adam Smith, ni Karl Marx n’ont compris, semble-t-
il, que la révolution de l’imprimerie et l’énergie de l’eau et du vent étaient indispensables
l’une à l’autre, et qu’ensemble elles ont créé une plate-forme technologique générale pour un
changement de paradigme économique qui a bouleversé le paysage social et politique
européen… ».
J.R donne des exemples dans différents pays, dont celui de la France «… La France
s’enorgueillissait à l’époque de 20 000 moulins à eau, un pour 250 habitants. Les retombées
économiques ont été considérables. Un moulin à eau typique produisait une énergie égale à
deux ou trois chevaux pendant la moitié environ du temps de fonctionnement du moulin. Il
pouvait remplacer le travail de dix à vingt personnes…La plupart des premiers moulins à eau
ont été financés par les seigneurs féodaux et installés sur les fleuves et cours d’eau qui
traversaient leurs terres. Les petites et grandes villes qui apparaissaient en Europe ont
construit les leurs, fournissant ainsi une source d’énergie rivale de celle du seigneur… Quand