Une maladie plurielle
La maladie recouvre en fait un
ensemble d’affections hétéro-
gènes. C’est pourquoi on parle
d’épilepsies au pluriel. Certaines
sont partielles, d’autres généralisées.
Certaines guérissent spontanément,
d’autres sont sans rémission spon-
tanée. Certaines encore sont chi-
miosensibles, d’autres difficilement
contrôlées par un traitement médi-
cal. Certaines, enfin, ne demandent
qu’une monothérapie, d’autres une
polythérapie. Les multiples aspects
de l’épilepsie expliquent la difficulté
à en appréhender les causes, les
risques évolutifs, éléments pourtant
indispensables à une adaptation op-
timale des traitements.
Agir avant la crise
Sur le plan étiologique, de nou-
velles anomalies de fonctionne-
ment des canaux neuronaux sont
régulièrement découverts. Ces ca-
naux ioniques servent à transmettre
l’énergie neuronale, et leur atteinte,
ou canalopathie, a été désignée
comme responsable de différents
types d’épilepsies. Ces canaux io-
niques peuvent être surtout so-
diques, mais aussi potassiques. Ces
canalopathies proviennent elles-
mêmes de mutations génétiques :
une avancée s’est produite dans la
compréhension de la maladie, du
moins dans sa forme génétique.
Le développement de l’imagerie
médicale a permis de mieux dia-
gnostiquer l’épilepsie, de mieux re-
pérer les zones épileptogènes et de
détecter une phase précritique. Ces
progrès ont été réalisés grâce au
scanner à positons, à l’IRM fonc-
tionnelle de haute résolution et à
l’EEG couplé au monitorage vidéo
et à l’IRM. Ces méthodes d’explo-
ration permettent en effet de loca-
liser de manière précise les zones
atteintes avec, en particulier grâce
à l’analyse du signal EEG, la déter-
mination en trois dimensions des
pointes intercritiques. Des phéno-
mènes anticipatoires ont ainsi été
détectés 20 à 30 minutes avant la
survenue d’une crise.
Qui dit avancées diagnostiques in-
duit avancées thérapeutiques. En
premier lieu, le médicament. Ce
n’est que récemment que l’on a pu
mettre en évidence l’action cana-
laire (depuis la découverte des ca-
naux ioniques) de certains anti-épi-
leptiques classiques. Non dénués
d’effets secondaires (dont la prise
de poids, les vertiges, la somno-
lence, l’asthénie ou les troubles cu-
tanés), ils sont progressivement
remplacés par les nouvelles molé-
cules à large spectre indiquées dans
les épilepsies partielles ou géné-
ralisées et en monothérapie. En
cas d’échec de cette dernière, il
convient de changer de thérapie ou
d’associer une deuxième médica-
tion. Le choix du premier traite-
ment est fait essentiellement en
fonction de son efficacité, de ses ef-
fets secondaires, de son observance
et donc du rapport efficacité/ac-
ceptabilité. Amenée à durer plu-
sieurs années, la collaboration du
patient est donc essentielle (durée
moyenne de traitement : 12 ans).
L’ absence de crises pendant une pé-
riode de 5 ans fait porter l’indica-
tion d’arrêt du traitement.
Les techniques non médicamen-
teuses sont applicables à de rares
cas (stimulation du vague, neurosti-
mulation des noyaux gris centraux,
des ganglions de la base, du noyau
caudé, de la zone subthalamique),
les techniques neurochirurgicales
faisant, elles, plus partie de la re-
cherche que de la thérapie courante.
J.B.
Quel que soit leur âge (mais surtout après 75 ans), deux
millions de personnes ont déjà fait ou feront une crise
d’épilepsie. Cette incidence fait de cette maladie la plus
fréquente des affections neurologiques.
Épilepsie
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Professions Santé Infirmier Infirmière - No33-34 - janvier-février 2002
Trop d’escarres
La dernière conférence de consen-
sus sous l’égide de l’ANAES sou-
ligne combien l’escarre a long-
temps été considérée par les
équipes soignantes comme une fa-
talité hospitalière. On dispose de
peu de chiffres en France, mais on
estime toutefois qu’entre 17 et
50 % des personnes hospitalisées
en long séjour souffrent d’escarres
et entre 34 et 46 % des traumati-
sés de la moelle épinière en sont at-
teints dans les deux ans qui suivent
l’accident. Or, ces blessures restent
très mal prises en compte “en rai-
son d’une série de freins dont la
routine n’est pas le moindre”. Il
s’agit donc d’éviter les appuis
prolongés par différentes méthodes
et de mettre en place, toujours
d’après les recommandations de
l’ANAES, une prévention qui né-
cessite “un engagement de l’insti-
tution, notamment au travers d’un
projet d’établissement”. Les experts
de l’ANAES ont tout de même sou-
ligné, dans un rapport, le manque
de données scientifiques et re-
commandent la mise en œuvre de
recherches sur cette importante
question de santé publique.
Bioéthique
Le besoin d’une législation com-
munautaire devient urgent. Une
lettre du Pr Bernard Debré pu-
bliée dans
L’Express
revient sur
l’interdiction du clonage théra-
peutique et sur la “greffe idéale”
qu’il permet. L’ancien ministre se
demande pourquoi l’avortement
est autorisé à la 12
e
semaine en
France, et jusqu’à la 21
e
dans
d’autres pays, alors que, à ces
dates, les embryons sont déjà des
petits hommes “en miniature”. Il
estime que l’hypocrisie qui per-
met de refuser la recherche sur
l’embryon est dramatique. Nom-
breux sont pourtant ceux qui dé-
noncent “les apprentis sorciers en
action” et “ces scientifiques peu
scrupuleux” sur le point de ten-
ter l’aventure du clonage humain.