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Actualités en épileptologie
Épilepsie de l’adulte
Pronostic à long terme des épilepsies de l’adulte
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Pascal Vrielynck
P
lusieurs études concernant le pronostic à long terme des
épilepsies de l’adulte ont été présentées. Avons-nous assez
de connaissances pour prédire l’évolution d’une épilepsie
pour un patient donné, en fonction du syndrome ou de l’étiologie ? Considérons en particulier deux syndromes fréquents,
l’épilepsie mésiotemporale (EMT) et l’épilepsie myoclonique
juvénile (EMJ).
La pharmacosensibilité de l’EMT est considérée comme rare.
Paolo Tinuper et al ont présenté une étude prospective reprenant
l’évolution de 170 patients avec EMT recrutés dans trois centres
italiens. La majorité, 99 patients, soit 58 %, étaient libres de crises.
Un antécédent familial d’épilepsie constitue le seul facteur pronostique favorable identifié. Vingt-sept patients sur 48 (56 %) avec
sclérose mésiotemporale sont résistants au traitement, ce qui est
moins élevé que les 89 % de l’étude de F. Semah et al (1998), et
rejoint les valeurs retrouvées par Stephen et al en 2001 (58 %). Les
auteurs italiens concluent que la présence d’une sclérose mésiotemporale n’est pas un facteur pronostique défavorable en soi.
Il est généralement accepté que l’EMJ soit pharmacosensible
et pharmacodépendante. Cette pharmacodépendance ne vaudrait
peut-être pas pour tous les patients. Une équipe grecque (Karlovassitou et al) a proposé à 15 patients âgés de plus de trente ans, libres
de crise depuis plus de trois ans, d’arrêter leur traitement par faible
dose de Dépakine®. Après deux ans de suivi, 13 patients restaient
indemnes de crise. Il serait intéressant de connaître l’évolution à
plus long terme. En effet, il apparaît que, même sous traitement
bien conduit et étant efficace dans un premier temps, la récidive
n’est pas rare. Sindjelic et al ont suivi durant une période moyenne
de quatre ans 105 patients atteints d’EMJ, libres de crises depuis au
moins un an, la plupart (87 %) sous valproate. Soixante-sept pour
cent des patients ont présenté au moins une crise tonico-clonique
durant le suivi. La mauvaise observance médicamenteuse n’était
présente que dans 16 % des cas. La cause de la récidive n’était pas
claire pour la majorité des patients.
Une autre étude à grande échelle réalisée par l’équipe de
Glasgow (Hitiris et al) n’a pas pu réellement dégager des facteurs
pronostiques précis en fonction du syndrome ou de l’étiologie. Sur
780 patients nouvellement diagnostiqués entre 1982 et 2001, 59 %
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Références
Karlovassitou A, Dimitrakoudi E, Armentsoudis P, et al. Age distribution
of patients with juvenile myoclonic epilepsy in an out-patient clinic : are all
myoclonic epilepsies lifelong epilepsies ?
Tinuper P, Bisulli F, Pittau F, et al. Prognostic factors in patients with mesial
temporal lobe epilepsy (MTLE) : a preliminary study.
Hitiris N, Mohanraj R, Brodie M. Predictive factors for pharmacoresistant
epilepsy. « Late responsiveness » : The value of changing treatment in chronic
epilepsy : an observational study.
Luciano A, Shorvon S. Causes of late seizure recurrence in patients with
Juvenile Myoclonic Epilepsy after a long period of remission.
Sindjelic A, Ristic A, Vojvodic N, Jankovic S, Sokic D. A quoi se rapportent
ces 5 auteurs
Semah F, Picot MC, Adam C, et al. Is the underlying cause of epilepsy a
major prognostic factor for recurrence ? Neurology 1998 ; 51 : 1256-62.
Stephen LJ, Kwan P, Brodie MJ. Does the cause of localisation-related
epilepsy influence the response to antiepileptic drug treatment ? Epilepsia.
2001 ; 42 : 357-62.
doi : 10.1684/epi.2007.0099
Épilepsies vol. 19, n° 2 avril, mai, juin 2007
étaient pharmacosensibles. Les facteurs de mauvais pronostic sont
divers et n’orientent pas vers des syndromes bien définis : histoire
familiale d’épilepsie, traumatisme crânien, comorbidité psychiatrique, antécédent de crise hyperthermique et nombre élevé de
crises avant traitement.
Contre l’idée répandue de l’inutilité des changements de traitement médicamenteux quand une épilepsie est résistante à deux
ou trois molécules, Luciano et Shorvon ont présenté sous forme
de poster l’évolution de 155 patients pharmacorésistants durant
une période d’au moins cinq ans. Après changement médicamenteux (ajout ou substitution), 21 % ont vu leur fréquence de crises
diminuer de plus de 50 % et 16 % des patients étaient libres de
crises pendant une période de plus de un an, valeur qui monte
à 25 % quand le lévétiracétam était introduit. Parmi les patients
répondeurs, la proportion d’épilepsies idiopathiques était plus
importante (20 %), ce qui pourrait être expliqué par un traitement
initial inapproprié.
Toutes ces données incitent donc à la prudence, l’évolution de
l’épilepsie d’un patient donné et sa réponse au traitement restant
pour une large part imprévisible précisément.
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