Actualités en épileptologie Épilepsie de l’adulte Pronostic à long terme des épilepsies de l’adulte Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 26/05/2017. Pascal Vrielynck P lusieurs études concernant le pronostic à long terme des épilepsies de l’adulte ont été présentées. Avons-nous assez de connaissances pour prédire l’évolution d’une épilepsie pour un patient donné, en fonction du syndrome ou de l’étiologie ? Considérons en particulier deux syndromes fréquents, l’épilepsie mésiotemporale (EMT) et l’épilepsie myoclonique juvénile (EMJ). La pharmacosensibilité de l’EMT est considérée comme rare. Paolo Tinuper et al ont présenté une étude prospective reprenant l’évolution de 170 patients avec EMT recrutés dans trois centres italiens. La majorité, 99 patients, soit 58 %, étaient libres de crises. Un antécédent familial d’épilepsie constitue le seul facteur pronostique favorable identifié. Vingt-sept patients sur 48 (56 %) avec sclérose mésiotemporale sont résistants au traitement, ce qui est moins élevé que les 89 % de l’étude de F. Semah et al (1998), et rejoint les valeurs retrouvées par Stephen et al en 2001 (58 %). Les auteurs italiens concluent que la présence d’une sclérose mésiotemporale n’est pas un facteur pronostique défavorable en soi. Il est généralement accepté que l’EMJ soit pharmacosensible et pharmacodépendante. Cette pharmacodépendance ne vaudrait peut-être pas pour tous les patients. Une équipe grecque (Karlovassitou et al) a proposé à 15 patients âgés de plus de trente ans, libres de crise depuis plus de trois ans, d’arrêter leur traitement par faible dose de Dépakine®. Après deux ans de suivi, 13 patients restaient indemnes de crise. Il serait intéressant de connaître l’évolution à plus long terme. En effet, il apparaît que, même sous traitement bien conduit et étant efficace dans un premier temps, la récidive n’est pas rare. Sindjelic et al ont suivi durant une période moyenne de quatre ans 105 patients atteints d’EMJ, libres de crises depuis au moins un an, la plupart (87 %) sous valproate. Soixante-sept pour cent des patients ont présenté au moins une crise tonico-clonique durant le suivi. La mauvaise observance médicamenteuse n’était présente que dans 16 % des cas. La cause de la récidive n’était pas claire pour la majorité des patients. Une autre étude à grande échelle réalisée par l’équipe de Glasgow (Hitiris et al) n’a pas pu réellement dégager des facteurs pronostiques précis en fonction du syndrome ou de l’étiologie. Sur 780 patients nouvellement diagnostiqués entre 1982 et 2001, 59 % jleepi00176_cor6.indd 132 Références Karlovassitou A, Dimitrakoudi E, Armentsoudis P, et al. Age distribution of patients with juvenile myoclonic epilepsy in an out-patient clinic : are all myoclonic epilepsies lifelong epilepsies ? Tinuper P, Bisulli F, Pittau F, et al. Prognostic factors in patients with mesial temporal lobe epilepsy (MTLE) : a preliminary study. Hitiris N, Mohanraj R, Brodie M. Predictive factors for pharmacoresistant epilepsy. « Late responsiveness » : The value of changing treatment in chronic epilepsy : an observational study. Luciano A, Shorvon S. Causes of late seizure recurrence in patients with Juvenile Myoclonic Epilepsy after a long period of remission. Sindjelic A, Ristic A, Vojvodic N, Jankovic S, Sokic D. A quoi se rapportent ces 5 auteurs Semah F, Picot MC, Adam C, et al. Is the underlying cause of epilepsy a major prognostic factor for recurrence ? Neurology 1998 ; 51 : 1256-62. Stephen LJ, Kwan P, Brodie MJ. Does the cause of localisation-related epilepsy influence the response to antiepileptic drug treatment ? Epilepsia. 2001 ; 42 : 357-62. doi : 10.1684/epi.2007.0099 Épilepsies vol. 19, n° 2 avril, mai, juin 2007 étaient pharmacosensibles. Les facteurs de mauvais pronostic sont divers et n’orientent pas vers des syndromes bien définis : histoire familiale d’épilepsie, traumatisme crânien, comorbidité psychiatrique, antécédent de crise hyperthermique et nombre élevé de crises avant traitement. Contre l’idée répandue de l’inutilité des changements de traitement médicamenteux quand une épilepsie est résistante à deux ou trois molécules, Luciano et Shorvon ont présenté sous forme de poster l’évolution de 155 patients pharmacorésistants durant une période d’au moins cinq ans. Après changement médicamenteux (ajout ou substitution), 21 % ont vu leur fréquence de crises diminuer de plus de 50 % et 16 % des patients étaient libres de crises pendant une période de plus de un an, valeur qui monte à 25 % quand le lévétiracétam était introduit. Parmi les patients répondeurs, la proportion d’épilepsies idiopathiques était plus importante (20 %), ce qui pourrait être expliqué par un traitement initial inapproprié. Toutes ces données incitent donc à la prudence, l’évolution de l’épilepsie d’un patient donné et sa réponse au traitement restant pour une large part imprévisible précisément. 132 5/29/2007 9:26:56 PM