avec la plus grande fiabilité mais
également avec empathie. L’im-
portant est de définir clairement
la nature de la problématique et
de mettre en place une commu-
nication adaptée.
Communiquer juste
La qualité de la communication
est le vecteur de la relation thé-
rapeutique. Communiquer juste
nécessite, de la part des soi-
gnants, un intérêt à saisir intel-
lectuellement les propos des pa-
tients. C’est également, pour les
soignants, manifester un ressenti
de l’état émotionnel de ces per-
sonnes qui présentent un déni.
Quelques questions sont à se po-
ser : où en sont les patients avec
leur maladie ? En parlent-ils ? A
qui ? Sont-ils dans une phase de
refus, de déni ?
Il est du rôle des soignants de leur
demander depuis quand ils sont
diabétiques et quelle a été la prise
en charge antérieure, ainsi que la
manière dont ils ont géré la ma-
ladie au quotidien.
Par ailleurs, il convient de s’in-
terroger sur les conditions de vie
de ces patients et de décoder la
façon dont ils réagissent à ce nou-
vel état de fait.
Établir
des stratégies
Les meilleures stratégies peuvent
se heurter à la réaction et à la ré-
sistance des patients. Il est donc
opportun de les interroger sur les
représentations qu’ils ont de l’in-
suline, sur l’impact qu’aurait l’in-
sulinothérapie sur leur vie fami-
liale, professionnelle et sociale, et
s’ils considèrent ce traitement
comme un réel “handicap”.
Après une exploration minu-
tieuse, il ne faut pas faire de pro-
jet normatif car la première prise
de contact est déterminante pour
la suite. Les soignants doivent es-
sayer de rejoindre le sentiment
éprouvé par les patients qu’ils
sont en train de vivre davantage
que ce qui en train de se dire.
Cette attitude peut dénouer la
situation et amorcer le dialogue.
En termes de stratégie, les soi-
gnants doivent amener les pa-
tients à gérer leur maladie et les
responsabiliser afin qu’ils assu-
ment le contrôle de leur traite-
ment. Les patients seront alors
“contraints”, dans le respect de
leur rythme propre, de se posi-
tionner, en toute connaissance
des enjeux de leur décision et des
risques encourus.
Les stratégies les plus efficaces
sont centrées sur des objectifs
spécifiques, eux-mêmes centrés
sur les besoins des patients. Une
bonne communication doit être
claire d’intention et précise entre
l’“éducateur” et chaque patient,
s’inscrivant donc dans un esprit
de négociation.
Ces objectifs peuvent être mesu-
rés et sont une source de moti-
vation, parce que leur connais-
sance préalable stimule et facilite
l’apprentissage. Ils sont un outil
de planification qui permet de dé-
finir des paliers d’apprentissage
pour les patients, lesquels, mis
dans une position active, seront
amenés à prendre des décisions.
Savoir négocier
Par ailleurs, les soignants doivent
informer les patients sur les évo-
lutions médicales et l’améliora-
tion des traitements.
L’éducation concernant l’insu-
linothérapie sera centrée sur
l’individu, dont il est essentiel
de respecter le mode de fonc-
tionnement.
L’ expertise des soignants repose
donc sur la qualité relationnelle
pour faire entendre que le diabète
est une maladie que l’on ne sait
pas guérir mais que l’on sait soi-
gner de mieux en mieux.
L’éducation de ces patients se si-
tue au carrefour de la prévention
tertiaire et de l’éducation théra-
peutique. La prévention des com-
plications concerne la qualité de
la prise en charge des traitements
et se situe au niveau de l’éduca-
tion pour la santé. En effet, elle
visera essentiellement ici à éviter
les comportements à risque dont
la persistance du refus fait partie.
Il s’agit de négocier un minimum
d’acquis de sécurité en deçà du-
quel les patients courent des
risques graves. Ces derniers de-
vront intégrer deux logiques :
celle de l’aigu et celle de la chro-
nicité de leur maladie.
La motivation sera renforcée par
l’intérêt que lui porte l’équipe.
Tous les patients peuvent être édu-
qués s’ils sont eux-mêmes ac-
teurs du changement. Il faut utili-
ser leur intuition pragmatique
pour construire une logique d’ac-
compagnement centrée sur eux.
Cette logique doit être claire et ren-
due visible dans une attitude
d’écoute active qui favorise l’ap-
prentissage et aide les patients à
s’adapter à leur nouvelle vie. Et
toute action d’éducation doit aussi
faire l’objet d’une évaluation.
Les soignants savent que la rela-
tion pédagogique qu’ils ont ins-
taurée restera inachevée dans la
mesure où ils n’auront théori-
quement aucun retour de leur en-
seignement par les “éduqués”. Ils
ne devront, en aucun cas, être au-
toritaires et directifs afin d’éviter
la relation conflictuelle qui ne fe-
rait que maintenir le problème de
la “non-compliance”, c’est-à-dire
le refus d’adhésion du patient au
traitement.
Les patients, de plus en plus in-
formés en matière de santé, ac-
ceptent difficilement un traitement
sans en comprendre la finalité et
sans en connaître les justifications.
La mise en place d’une nouvelle
thérapeutique n’est donc possible
que si les soignants renforcent la
communication avec eux.
L’éducation du patient devient,
dans le cadre des maladies chro-
niques, un moyen privilégié de
cette communication.
Murielle Nauche
Cadre expert en soins infirmiers,
hôpital Rothschild, Paris.
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Professions Santé Infirmier Infirmière - No24 - mars 2001