
Dossier thématique
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La Lettre du Psychiatre - Vol. IV - n° 6 - novembre-décembre 2008
Prodromes, signes précoces et vulnérabilité 
à la schizophrénie
* Service du Pr Dalery, centre hospitalier Le Vinatier, Bron.
 
 
certains traits de personnalité de type paranoïde (interpré-
tative), schizotypique (bizarre) ou schizoïde (autistique) ;
 
 
des troubles neurologiques discrets,  tels qu’une mauvaise 
coordination motrice, une confusion gauche droite, des troubles 
de l’intégration audiovisuelle, des troubles de l’équilibre...
La phase prémorbide correspond à un état de vulnérabilité à la 
schizophrénie encore dépourvu de symptômes cliniques déce-
lables. Elle s’étend – en théorie – de la naissance à l’apparition 
des premiers signes précurseurs de la maladie. Elle n’évolue 
pas obligatoirement vers la schizophrénie mais peut parfois 
préluder à la phase prodromique.
La phase prodromique de la schizophrénie est, depuis quelques 
années, l’objet d’un intérêt croissant mais ne fait pas encore 
l’objet de consensus. Les prodromes (prodromos signifie en grec 
“précurseur”) sont souvent identifiés comme la survenue d’un 
changement dans le comportement et le vécu des sujets. Il s’agit 
de “symptômes” souvent aspécifiques, d’apparition récente et 
d’intensité modérée tels que des symptômes anxieux, des oscilla-
tions thymiques, des troubles de la volition, une accentuation 
des troubles cognitifs déjà présents antérieurement (tels que les 
troubles de l’attention, de la concentration ou de la mémoire, des 
phénomènes de blocage de la pensée, de rêverie diurne persis-
tante donnant au sujet l’impression d’en perdre le contrôle, etc.), 
voire des impressions corporelles bizarres et diverses, telles que 
des sensations de mouvements, de tiraillements, de décharges 
électriques, de douleurs ou de modifications d’organe. Tous ces 
symptômes sont souvent à l’origine de modifications comporte-
mentales se caractérisant par un retrait social, une impulsivité, 
une méfiance, une sensitivité dans les relations interpersonnelles 
et une détérioration des résultats scolaires ou professionnels.
L’agrégation de ces signes détermine une probabilité non 
négligeable de passage à la psychose schizophrénique. Cepen-
dant, il convient de préciser que seules 40 % des personnes qui 
pré sentent ce tableau prodromique vont réellement basculer 
dans la schizophrénie (2).
Aspects cliniques
Les travaux de recherche clinique de ces dernières années ont 
permis de conclure qu’une prise en charge précoce de la schizo-
phrénie améliore le pronostic clinique et fonctionnel ; ce qui a 
suscité par conséquent un nouvel intérêt pour le dépistage des 
stades précoces de la maladie.
La notion de vulnérabilité à la schizophrénie est née dans les 
années 1970 (1) à partir de la notion de sujet à haut risque 
génétique de schizophrénie mais aussi de la constatation que la 
schizophrénie évolue par épisodes entrecoupés de rémissions 
pendant lesquelles le patient peut être peu ou pas symptoma-
tique mais présente toujours une vulnérabilité accrue de faire 
un nouvel épisode, comparé à un sujet issu de la population 
générale. Sur le plan étiopathogénique, la vulnérabilité à la 
schizo phrénie est aujourd’hui considérée comme la résultante 
de dysfonctions cérébrales d’origine neurodéveloppementale 
entraînant des anomalies dans le traitement de l’information. 
Dès lors, l’hypothèse a été faite qu’un certain nombre de pertur-
bations cognitives pouvaient constituer des marqueurs de cette 
vulnérabilité, permettant de la repérer précocement, avant 
l’émergence des symptômes cliniques de schizo phrénie. Parmi 
ces marqueurs de vulnérabilité, on peut citer :
 
 
des troubles neuropsychologiques, tels que des troubles 
du langage, de mauvaises capacités d’attention, d’abstraction 
et/ou de mémoire, etc. ;
 L. Kallel*, G. Fock-Yee*, T. d’Amato*
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