Éditorial D. Sechter

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L’Encéphale (2007) Supplément 1, S1
j o u r n a l h o m e p a g e : w w w. e l s e v i e r. c o m / l o c a t e / e n c e p
Éditorial
D. Sechter
Le thème de ces 5e rencontres de psychiatrie, « Les nouveaux enjeux thérapeutiques de la schizophrénie », est l’occasion de décliner ces enjeux sur les plans cliniques,
psycho-sociaux, médico-économiques, mais aussi éthiques
et humanistes.
Sur le plan clinique, on peut souligner la diversité des
tableaux du déficit schizophrénique, et l’hétérogénéité du
concept même de déficit. Les données évolutives et dynamiques des différentes formes de schizophrénie doivent être
prises en compte et permettent d’envisager l’hypothèse
d’un continuum entre les différents troubles psychotiques. Il
existerait ainsi des relations entre l’hypothymie de la schizophrénie et l’hyperthymie douloureuse ou expansive des
troubles de l’humeur.
Selon une perspective phénoménologique, il est essentiel
de considérer dans leur environnement les sujets souffrant
de troubles schizophréniques, en tenant compte de leur âge
et des pathologies associées, telles les conduites addictives
ou les troubles somatiques. Cela permet d’insister sur les
liens nécessaires entre les différents intervenants, médecins
généralistes, psychiatres, spécialistes en addictologie…
Sur un plan médico-économique, la question se pose de
savoir jusqu’où la société est déterminée à aller dans la prise
en charge des sujets souffrant de handicaps. Au-delà de la
mise sur le marché de nouveaux médicaments, cela concerne
l’organisation des soins, par exemple au travers des réseaux
de santé mentale, avec une place centrale des médecins
traitants. La question de l’efficacité des psychotropes souli-
gne les difficultés méthodologiques rencontrées pour évaluer la réalité de leurs effets sur les différentes dimensions
cliniques et tout particulièrement le déficit.
L’étude CATIE est largement citée et commentée dans la
presse psychiatrique ; elle permet d’illustrer les notions
d’efficacité, d’utilité, tant pour le patient que pour son
entourage, et d’efficience qui doit tenir compte des données
socio-économiques, notions qui doivent être envisagées pour
les antipsychotiques, mais aussi pour l’ensemble des stratégies thérapeutiques que l’on peut proposer aux patients.
L’approche thérapeutique doit prendre en compte la singularité de chacun des patients, en fonction de son évolution, de son âge, de l’existence de pathologies somatiques
ou de troubles associés. Pour les traitements psychotropes,
il faut tenir compte de leur efficacité, de leur tolérance,
mais aussi du choix du patient et de sa qualité de vie. S’il est
habituel de considérer les aspects somatiques (syndrome
métabolique, effets cardiovasculaires des traitements psychotropes), l’évolution des fonctions cognitives (y compris
par une approche neuro-psychologique), il faut également
s’intéresser aux ouvertures relationnelles sociales et culturelles du patient.
Ainsi comme chacun d’entre nous, les patients souffrant
de schizophrénie doivent bénéficier de soins de qualité sur
les différents plans. Il faut les inciter à désigner un médecin
traitant, qui sera particulièrement attentif à ces sujets qui
ont souvent besoin d’un soutien plus important car ils sont
plus isolés que les autres patients.
* Auteur correspondant.
E-mail : [email protected]
L’auteur n’a pas signalé de conflits d’intérêts.
© L’Encéphale, Paris, 2008. Tous droits réservés.
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