Dystrophie musculaire oculopharyngée

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M ON O GR A P HI ES
DYSTROPHIE
MUSCULAIRE
OCULOPHARYNGÉE
A S S O C I AT I O N F R A N Ç A I S E C O N T R E L E S M YO PAT H I E S
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE
AVANT-PROPOS
Proposée sous forme de classeur pour faciliter l'accès
et la mise à jour des informations, chaque monographie
Myoline
rassemble les connaissances scientifiques, médi-
cales et psychosociales sur une maladie neuromusculaire.
Regroupés en chapitres repérés par des intercalaires, les
textes développent les informations utiles pour les professionnels médicaux et paramédicaux qui font le diagnostic, suivent et traitent des personnes atteintes de maladie neuromusculaire. La définition donne une idée synthétique de la
maladie.
Les textes sont précédés par des résumés en gras. Certains
paragraphes en italique donnent des précisions souvent techniques.
La monographie Myoline
“Dystrophie Musculaire
Oculopharyngée” a été rédigée par Jean-Philippe BRANDEL,
sous la direction d‘Hélène RIVIERE.
Nous remercions tout particulièrement :
le Professeur Annie BAROIS,
le Professeur Jean-Pierre BOUCHARD,
le Docteur Bernard BRAIS,
le Professeur Michel FARDEAU,
le Professeur Jean LACAU ST GUILY,
le Professeur Serge MORAX,
le Professeur Jean POUGET
le Docteur Fernando TOMÉ,
qui ont pris le temps et la peine de lire et de corriger
attentivement le manuscrit.
Cadre graphique : T2B&H
Mise en page : Isabelle Guillermin
Illustrations : Alain GOUSSIAUME
Photos : Fernando TOMÉ
ASSOCIATION FRANÇAISE CONTRE LES MYOPATHIES
1, rue de l‘Internationale BP59 91002 EVRY cedex
●
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE
SOMMAIRE
● DÉFINITION..................................................................................1-1
● HISTORIQUE ................................................................................2-1
■
1962 ..........................................................................................2-2
■
1980 ..........................................................................................2-2
■
1995 ..........................................................................................2-2
● ÉPIDÉMIOLOGIE...........................................................................3-1
■
France .......................................................................................3-1
■
Québec ......................................................................................3-2
■
Autres régions du monde ..........................................................3-2
● PHYSIOPATHOLOGIE ...................................................................4-1
● DESCRIPTION ..............................................................................5-1
■
Appareil musculaire ..................................................................5-2
Description clinique
(Ptosis, Troubles de déglutition, Évolution de l’atteinte musculaire
striée)
Examens complémentaires
(Dosage des enzymes musculaires, Electromyographie, Biopsie
musculaire)
■
O.R.L. ......................................................................................5-10
Description clinique
Examens complémentaires
(Fibroscopie du carrefour pharyngo-laryngé au cours de la
déglutition, Transit baryté avec cinéradiographie, Manométrie du
pharynx et du sphincter supérieur de l’oesophage)
■
Appareil respiratoire ...............................................................5-13
Description clinique
Examens complémentaires
(Radiographie des poumons)
■
Immunologie ...........................................................................5-13
● GÉNÉTIQUE .................................................................................6-1
●
■
Transmission.............................................................................6-1
■
Localisation et identification du gène .......................................6-2
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
■
Diagnostic génotypique ............................................................6-2
■
Conseil génétique .....................................................................6-2
● DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL ........................................................7-1
■
Devant un ptosis .......................................................................7-1
Myasthénie
Dystrophie myotonique de Steinert
Syndrome oculocrâniosomatique : myopaties oculaires avec
anomalies mitochondriales
(Forme ophtalmoplégique pure, Forme descendante, Formes
multisystémiques)
■
Devant une dysphagie progressive ...........................................7-4
Sclérose latérale amyotrophique
Syndrome de Kennedy
Syndrome pseudobulbaire
■
Devant un ptosis et une dysphagie ...........................................7-5
Myopathie oculo-pharyngo-distale
● PRISE EN CHARGE .......................................................................8-1
■
Surveillance ..............................................................................8-2
Appareil musculaire
O.R.L.
Appareil respiratoire
■
Traitements médicamenteux .....................................................8-2
Appareil musculaire
Appareil respiratoire
■
Rééducation et compensation de fonction ................................8-3
Appareil musculaire
(Sparadrap, Dispositifs anti-ptosis ou lunettes à béquilles)
O.R.L.
(Conseils diététiques, Rééducation de la dysphagie,
Compensation de la déglutition)
■
Chirurgie ...................................................................................8-6
Appareil musculaire
(Plusieurs types d’intervention correctrices du ptosis existent,
Indications, Résultats, Complications)
O.R.L.
(Chirurgie fonctionnelle, Chirurgie palliative)
● RECHERCHES ...............................................................................9-1
● CRITÈRES DE DIAGNOSTIC ........................................................10-1
● BIBLIOGRAPHIE & ABRÉVIATIONS.............................................11-1
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE
DÉFINITION
●
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
DÉFINITION
DYSTROPHIE
MUSCULAIRE
OCULOPHARYNGÉE
DÉFINITION
La dystrophie musculaire oculopharyngée (DMOP) est une maladie musculaire
rare, débutant vers l’âge de 50/60 ans, touchant principalement les muscles releveurs
des paupières et les muscles de la déglutition. Sur le plan anatomopathologique, le
processus dystrophique intéresse l’ensemble
de la musculature striée squelettique.
Si la DMOP fait partie du groupe des myopathies oculaires (atteintes primitives et progressives des muscles oculo-moteurs extrinsèques, respectant la musculature intrinsèque), elle représente une entité clinicopathologique bien définie : seul le muscle
strié est touché sans atteinte d’autres organes
et la présence d’inclusions intranucléaires
spécifiques, visibles sur la biopsie, permet de
la distinguer des autres myopathies oculaires.
C’est une maladie héréditaire dont la prévalence, en France, peut être évaluée au moins
à 0,5 pour 100 000 habitants. La transmission
se fait sur le mode autosomique dominant. La
maladie touche les deux sexes avec une égale
fréquence.
La DMOP débute cliniquement au cours des
5ème ou 6ème décennie. Elle se caractérise
par une faiblesse musculaire entraînant un
ptosis et des troubles de déglutition. Une
atteinte musculaire des membres, essentiellement proximale, ceintures scapulaire et pelvienne , existe également. Il n’y a jamais d’atteinte du muscle cardiaque.
L’évolution est lente, avec une aggravation
progressive du déficit musculaire oculopharyngé. Les fréquentes complications (pneumopathies d’inhalation ou état cachectique)
et le risque vital sont liés aux troubles de
déglutition.
●
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
1-1
L’adaptation de l’alimentation, les aides techniques anti-ptosis, la kinésithérapie et la chirurgie sont les moyens thérapeutiques dont
on dispose actuellement. Les techniques chirurgicales sont fonctionnelles (myotomie
crico-pharyngienne, correction du ptosis) ou
palliatives (gastrostomie ou jéjunostomie
d’alimentation).
1-2
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE
HISTORIQUE
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DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
HISTORIQUE
DYSTROPHIE
MUSCULAIRE
OCULOPHARYNGÉE
HISTORIQUE
C’est en 1915, que Taylor décrit pour
la première fois une famille, d’origine francocanadienne, présentant un ptosis associé à
une dysphagie. Il pense que la lésion responsable des troubles se situe dans les noyaux
moteurs du tronc cérébral (Taylor, 1915). En
1948, Amyot observe le même tableau clinique chez des patients québécois, mais il
suspecte une origine musculaire à la maladie
(Amyot, 1948). Il faudra attendre 1962 pour
que le tableau clinique soit vraiment individualisé par Victor et al. (Victor et al., 1962).
Le terme de dystrophie musculaire oculopharyngée (DMOP) insiste sur l’origine musculaire des troubles. Les études de Victor et
al. et par la suite de Barbeau, au Québec, permettront de démontrer la transmission auto● 1962
somique dominante (Victor et al., 1962 ;
● 1980
Barbeau, 1965,1966). La découverte, par Tomé
et Fardeau, d’inclusions tubulaires intranu-
● 1995
cléaires permet de disposer actuellement d’un
marqueur histologique spécifique de cette
maladie (Tomé et Fardeau, 1980).
L’histoire de la dystrophie musculaire oculopharyngée (DMOP) se confond, au début, avec celle
d’un ensemble d’affections appelées “myopathies
oculaires”. Ces dernières comprennent toutes les
atteintes primitives et progressives des muscles
des paupières et des muscles oculaires extrinsèques. En dehors de la DMOP, les myopathies
oculaires, d’expression clinique très variable, s’accompagnent généralement d’anomalies des mitochondries et font partie aujourd’hui du groupe des
cytopathies mitochondriales.
Le premier cas de paralysie progressive des
muscles extrinsèques de l’œil avec ptosis est
●
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
2-1
1962 /1980 / 1995
signalé par von Gräfe en 1868. Plusieurs observations vont être publiées ensuite. En 1890, Fuchs
rapporte les cas de 5 patients, âgés de 30 à 61
ans, qui présentent un ptosis et une atrophie de
la paupière supérieure. Deux d’entre eux ont des
antécédents familiaux. Fuchs suspecte que l’atrophie est d’origine musculaire et en 1917 parlera
de “ptosis myopathica”. Möbius, en 1892, pense
au contraire qu’il existe, dans de telles affections, une atteinte des noyaux oculomoteurs, ce
qui le conduit à proposer le terme : ”ophtalmoplégie nucléaire progressive chronique” (Tomé et
Fardeau, 1994). De 1892 à 1903, plusieurs publications ponctuelles seront encore rapportées, en
France, en Allemagne et aux États-Unis.
C’est Taylor qui, en 1915, remarque le premier dans
une famille d’origine franco-canadienne l’apparition tardive (après 50 ans) d’un ptosis et surtout
son association avec une dysphagie conduisant à
un état de dénutrition. Il pense que ce tableau
constitue une entité clinique nouvelle et suggère que la maladie, d’origine neurologique, a une
transmission génétique. Mais il pense alors,
comme Möbius, que les symptômes sont liés à une
atteinte sélective des nerfs vague, glosso-pharyngien et oculomoteurs (Taylor, 1915).
En 1948, Amyot rapporte à nouveau l’association
ptosis et dysphagie chez plusieurs patients appartenant à des familles québécoises (Amyot, 1948).
Contrairement à Taylor, il suspecte que le ptosis
est lié à une atteinte primitive du muscle releveur
de la paupière supérieure.
1962
L’étude par Victor et al., en 1962, de l’association
dysphagie et ptosis dans une famille juive
d’Europe centrale ayant migré aux États-Unis et
chez un patient sans antécédent familial, leur a
permis de préciser les grandes caractéristiques de
la maladie. Ils insistent sur les données importantes :
• le caractère héréditaire de la maladie,
• la transmission probablement dominante,
• le début dans la seconde moitié de la vie,
• l’association possible à une atteinte des muscles
proximaux des membres,
• l’origine purement musculaire du déficit (Victor
et al., 1962).
2-2
Le tableau de dystrophie musculaire oculopharyngée est dès lors individualisé.
A partir de là, d’autres cas sont décrits. Barbeau,
notamment, étudie les patients d’Amérique du
Nord et du Québec et suggère qu’ils sont issus
d’un couple fondateur commun ayant émigré de
France aux environs de 1634 (Barbeau, 1965). Il
démontre lui aussi que la transmission de la
maladie se fait sur le mode autosomique dominant (Barbeau, 1966). Par la suite, certains auteurs
insisteront sur l’absence d’anomalies mitochondriales, de “ragged red fibers” en particulier, distinguant ce tableau clinico-pathologique du syndrome oculo-crânio-somatique (Dubowitz et
Brooke, 1973 ; Neville et Brooke, 1974).
1980
C’est en 1980 que Fardeau et Tomé décrivent un
type unique d’inclusions tubulo-filamentaires,
dans les noyaux des fibres musculaires striées
squelettiques. Ces inclusions représentent un
véritable marqueur morphologique, spécifique de
la maladie (Tomé et Fardeau, 1980).
1995
En 1995, à partir de l’étude d’un groupe homogène de 21 familles canadiennes d’origine française, le gène est localisé dans une petite région
du bras long du chromosome 14 en 14q11.2-q13
(Brais et al., 1995).
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE
ÉPIDÉMIOLOGIE
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DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
ÉPIDÉMIOLOGIE
DYSTROPHIE
MUSCULAIRE
OCULOPHARYNGÉE
ÉPIDÉMIOLOGIE
La dystrophie musculaire oculopharyngée (DMOP) est une maladie qui se distribue géographiquement dans de nombreux
pays avec une prévalence faible. En France,
celle-ci est évaluée à au moins 0,5/100 000
habitants.
Les études épidémiologiques ont été surtout
menées au Québec, en raison d’une prévalence plus élevée de la DMOP. Il a été suggéré récemment qu’un seul couple fondateur
avait transmis la maladie à 28 familles canadiennes. Les enfants de ce couple, originaire
de France (plus précisément du Poitou), émigrèrent au Canada au 17ème siècle (TremblayTymczuk, 1992). Ce travail semble confirmer
les résultats publiés par Barbeau en 1966.
Un deuxième foyer semble exister en Israël (29
familles juives issues de 2 régions de
l’Uzbekistan).
● FRANCE
● QUÉBEC
● AUTRES RÉGIONS DU MONDE
FRANCE
La prévalence de la DMOP, en France, se situe
autour de 0,5 pour 100 000 habitants (Brunet et
al., 1990). Cette prévalence ne correspond qu’à
une évaluation minimum.
La prévalence rapporte le nombre d’individus atteints à
un moment donné, à celui de la population moyenne au
même moment.
Brunet et al. ont recensé, en 1990, les cas de DMOP français en contactant les neurologues, ophtalmologistes et
pathologistes des hôpitaux (Brunet et al., 1990). Ils ont
pu répertorier ainsi 160 personnes, dont 63 vivantes ou
décédées depuis peu. Ceci a permis d’évaluer la prévalence.
Actuellement, le nombre de familles recensées, en
●
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
3-1
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE
PHYSIOPATHOLOGIE
●
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
france / québec / autres régions du monde
3-2
Dystrophie musculaire
oculopharyngée. Répartition
géographique des familles
françaises.
Paris
Paris
Brest
Brest
Nantes
Nantes
Angers
Angers
La Rochelle
La Rochelle
Lyon
Lyon
Bordeau
Bordeaux
Montpellier
Marseille
Une recherche généalogique, remontant au 18ème siècle pour certains
sujets, montre que les concentrations
de sujets résidant à Paris et à
Marseille sont d’apparition récente,
leurs ancêtres venant en général des
autres régions. Les familles considérées sont originaires de départements
français différents, mais situés principalement à l’ouest de la France.
Cependant, les rares cas originaires
de régions éloignées de l’ouest (HautRhin, Haute-Marne, Gard) rendent
faible l’espoir de trouver un lien
généalogique entre toutes ces
familles. Ce d’autant qu’il s’agit surtout de familles de paysans propriétaires, connues pour être peu mobiles
avant le 18ème siècle.
(d’après Brunet et al., 1993)
France, est égal à 53 (Brunet et al., 1993).
Les cas sont concentrés dans quatre régions principales : la région Poitou-Charente et Bretagne,
la région Bordelaise, la région Marseillaise et la
région Parisienne. Plus rarement les patients habitent l’est ou le nord de la France.
AUTRES RÉGIONS
DU MONDE
QUÉBEC
Des cas ont été signalés dans d’autres pays. En
Israël, parmi 50 000 juifs originaires d’Uzbekistan,
76 individus appartenant à 29 familles différentes
sont atteints de DMOP. La prévalence de la maladie est estimée à 152 pour 100000 habitants, ce
qui fait de ce foyer le deuxième en nombre après
le foyer québécois (Blumen et al., 1993).
D’autres cas ont été signalés en Europe (Italie,
Espagne, Angleterre, Bohême, Norvège, Portugal,
Suède, Danemark, Allemagne, Hollande) et sur le
continent américain (Colorado, Nouveau-Mexique,
Arizona, Uruguay et Brésil).
C’est au Québec que la maladie est de loin la plus
fréquente. Sa prévalence est estimée à 100 pour
100 000 habitants.
Il semble que les comtés de Montmagny et de
L’Islet constituent le centre de diffusion de la
DMOP chez les canadiens français, comme l’avait
suggéré Barbeau dès 1966.
Barbeau avait pu recenser 249 patients (Barbeau, 1966,
1969). Il a suggéré que la majorité des cas publiés en
Amérique du Nord se rattachait à un couple fondateur
commun, venu de France vers 1634. Il a, d’autre part,
mis en évidence une forte concentration de cas dans la
région où les enfants de ce couple ancestral s’étaient
installés, c’est-à-dire sur la rive sud du fleuve SaintLaurent dans les comtés de L’Islet et de Montmagny.
Une étude généalogique récente de Tremblay-Tymczuk
et al. sur 28 familles originaires du Saguenay-Lac-St-Jean
(région du nord-est du Québec, située sur la rive nord
du Saint-Laurent) permet de penser aussi que les trois
filles d’un couple qui se maria à Niort, dans le Poitou,
vers 1620, apportèrent la mutation au Québec (TremblayTymczuk et al., 1992). La majorité des proposants appartenant à ces 28 familles avait au moins un ancêtre originaire de la Côte du Sud (comtés de Montmagny et de
L’Islet).
Bien que, classiquement, peu fréquente chez les
asiatiques, la DMOP existe aussi dans cette ethnie. Trente patients japonais, appartenant à deux
familles différentes et présentant un tableau
typique de DMOP associé à la présence d’inclusions intranucléaires spécifiques ont été récemment observés (Uyama et al., sous presse).
Auparavant, Tokunaga et al. ont rapporté les observations de 3 sœurs avec un tableau clinique de DMOP et
des antécédents de ptosis chez la mère et le grand-père
maternel (Tokunaga et al., 1990). L’examen histologique, pratiqué que chez une seule des 3 patientes,
n’avait pas montré de filaments intranucléaires spécifiques.
Un tableau clinique compatible avec le diagnostic de DMOP a été décrit chez un sujet d’origine
chinoise. Il n’y a pas eu de recherche d’inclusions
intranucléaires typiques (Lim et al., 1992).
PHYSIOPATHOLOGIE
DYSTROPHIE
MUSCULAIRE
OCULOPHARYNGÉE
PHYSIOPATHOLOGIE
Si pendant longtemps on a cru que les
symptômes de la maladie étaient dus à une
atteinte des noyaux des nerfs crâniens, actuellement il y a consensus pour penser que la
dystrophie musculaire oculopharyngée
(DMOP) est une dystrophie musculaire primaire, affectant plus particulièrement certains muscles. Les données électromyographiques et histopathologiques confirment
l’origine musculaire primitive du processus
lésionnel. Sur le plan histologique, les inclusions tubulo-filamentaires, trouvées à l’intérieur des noyaux des fibres musculaires striées
squelettiques, plaident pour l’origine myogène de la DMOP et l’intégrité du reste du
système nerveux. Cependant l’anomalie biochimique en cause et l’origine exacte de la
maladie restent à découvrir.
En 1915, Taylor avait émis l’hypothèse que l’affection était due à un processus dégénératif des
noyaux des nerfs crâniens (Barbeau, 1966).
Depuis, de nombreux auteurs ont accumulés des
données électromyographiques et histopathologiques en faveur de l’origine musculaire de la
maladie.
En 1976, Man et al. rapportent un cas anatomique de
DMOP. Ils affirment l’intégrité des noyaux oculo-moteurs
et des voies d’association, des nerfs oculo-moteurs,
des filets nerveux intra-musculaires et des plaques
motrices (Man et al., 1976). Ces résultats rejoignent
ceux d’autres études antérieures (Schotland et Rowland,
1964; Rebeitz et al., 1969).
Néanmoins, certains auteurs ont continué de penser
que la DMOP est d’origine purement neurogène (Probst
et al., 1982) ou d’origine mixte, neurogène et myogène
(Schmitt et Krause, 1981).
●
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
4-1
Les études électromyographiques et histologiques
de la majorité des cas rapportés sont en faveur
de l’atteinte primitive du muscle et de l’intégrité
du système nerveux (Tomé et Fardeau, 1994) :
• sur l’électromyogramme (EMG), enregistré systématiquement dans les muscles de la face et
des membres, moins fréquemment dans les
muscles extrinsèques de l’œil et les muscles pharyngés, les tracés sont faits de potentiels musculaires polyphasiques, de faible amplitude, avec
un recrutement spatial précoce. L’absence d’activité anormale au repos et la normalité des
vitesses de conduction nerveuse traduisent l’absence d’atteinte neurogène.
• les données histopathologiques révèlent une
dégénérescence précoce des fibres rouges, avec
atrophie progressive. A un stade avancé, les fibres
musculaires sont remplacées par un tissu fibreux.
Ces résultats plaident en faveur de l’origine myogène du processus pathologique.
La découverte, en 1980, par Tomé et Fardeau, d’inclusions tubulo-filamentaires localisées dans les
noyaux des fibres musculaires striées squelettiques est un argument de plus pour retenir l’origine myogène et non neurogène de la DMOP.
C’est, en tous cas, le seul élément histologique
spécifique de la maladie. La signification de ces
anomalies et leur rôle possible dans la genèse de
la maladie sont inconnus.
Certaines études signalent des anomalies mitochondriales dans les muscles des patients souffrant de DMOP (Julien et al., 1974; Couturier et al.,
1981 ; Pratt et Myers, 1986; Pauzner et al., 1991).
Ces anomalies s’observent seulement à l’échelle
ultrastructurale. A l’échelle de la microscopie
optique, les mitochondries ne paraissent pas
anormales. En particulier, il n’y a pas de “ragged
red fibers” ou “fibre rouge en lambeaux”. La
signification de ces anomalies mitochondriales
est encore inconnue. Elles pourraient avoir un
rapport avec l’âge (Tomé et Fardeau, 1994).
4-2
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE
DESCRIPTION
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DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
DESCRIPTION
DYSTROPHIE
MUSCULAIRE
OCULOPHARYNGÉE
DESCRIPTION
Sur le plan clinique, la dystrophie
musculaire oculopharyngée (DMOP) commence habituellement par deux signes associés de façon variable : le ptosis et la dysphagie. Le ptosis précède souvent la dysphagie. Il apparaît vers la 5ème ou la 6ème décennie.
Au fur et à mesure que la maladie évolue, la
gêne fonctionnelle augmente et d’autres territoires musculaires peuvent être touchés cliniquement. Il s’agit principalement des
muscles proximaux des membres, de la musculature oculaire extrinsèque et des muscles
laryngés. La musculature oculaire intrinsèque,
les muscles distaux des membres et le muscle
cardiaque restent indemnes tout au long de
● APPAREIL MUSCULAIRE
l’évolution.
● O.R.L.
Le pronostic vital dépend des troubles de
● APPAREIL RESPIRATOIRE
déglutition. Ces troubles exposent aux fausses
routes, aux régurgitations pharyngo-orales
● IMMUNOLOGIE
ou pharyngo-nasales, aux pneumopathies de
déglutition à l’amaigrissement ou à la
cachexie.
L’électromyogramme confirme l’origine myogène de la maladie. Le diagnostic est affirmé
par l’existence d’autres cas dans la famille
(hérédité autosomique dominante) et par
l’examen histologique de la biopsie musculaire
(vacuoles bordées et surtout filaments intranucléaires spécifiques).
Le bilan des troubles de déglutition, toujours
indispensable, notamment avant une intervention chirurgicale fonctionnelle ou palliative, comporte en général une fibroscopie de la
déglutition, une cinéradiographie et une
manométrie.
●
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
5-1
appareil musculaire
APPAREIL
MUSCULAIRE
La dystrophie musculaire oculopharyngée
(DMOP) est une maladie musculaire touchant
tous les muscles striés squelettiques. Elle
épargne le muscle cardiaque et les muscles
lisses. Si le processus pathologique est diffus,
l’atteinte clinique prédomine nettement au
niveau du muscle releveur de la paupière
supérieure et au niveau des muscles pharyngés. Le ptosis apparaît vers l’âge de 50/60
ans et constitue le motif de consultation habituel au début de la maladie. L’atteinte des
muscles pharyngés se traduit par des troubles
de déglutition plus marqués pour les aliments
solides. L’atteinte des muscles laryngés, des
■ Ptosis
C’est habituellement le signe révélateur de la
maladie et la gêne qu’il entraîne motive la première consultation. Il débute en général vers la
5ème ou 6ème décennie.
La chute de paupière, secondaire à l’atteinte des
muscles releveurs de la paupière supérieure, est
toujours bilatérale mais parfois asymétrique au
début de la maladie. Son intensité est variable.
Parfois très limitée, elle peut, dans d’autres cas,
rendre l’ouverture des yeux pratiquement impossible.
Le patient adopte rapidement une attitude compensatrice de la tête dite du “vise en l’air” ou de
“l’astrologue”. La tête est rejetée en arrière, le
muscle frontal est contracté entraînant un plissement du front. Cette attitude compensatrice
peut donner l’impression que le sujet regarde les
autres de “haut”. Entravant la déglutition cette
attitude est un facteur d’aggravation de la dysphagie.
muscles du visage, des muscles oculomoteurs
et des muscles proximaux des membres peut
avoir une traduction clinique et constituer
une gêne réelle.
L’évolution se fait vers une aggravation lente
et progressive des troubles.
L’électromyogramme confirme que les signes
de la maladie sont secondaires à une atteinte musculaire. Il permet aussi d’éliminer
d’autres affections pouvant donner des symptômes proches.
La biopsie musculaire, d’au moins un des
membres atteints de la famille, permet un
diagnostic de certitude lorsque l’examen en
nucléaires spécifiques.
● DESCRIPTION CLINIQUE
Les deux groupes musculaires constamment touchés dans la DMOP sont le muscle releveur de la
paupière supérieure, dont l’atteinte est responsable du ptosis et les muscles du pharynx, du voile
du palais et du plancher buccal à l’origine des
troubles de déglutition.
Le muscle cardiaque n’est jamais atteint.
5-2
A. Goussiaume
microscopie électronique révèle les inclusions
Dystrophie musculaire oculopharyngée.
Conséquences de la faiblesse des muscles
releveurs des paupières supérieures.
Noter le ptosis bilatéral légèrement asymétrique, l’ascension des sourcils et l’accentuation des rides du front.
appareil musculaire
2mm
Ptosis minime
Le bord libre de la paupière supérieure projette
au dessus de la pupille
(2 mm du limbe cornéo-scléral).
3mm
Ptosis modéré
Le bord libre de la paupière supérieure
atteint la pupille
(3mm du limbe cornéo-scléral).
A. Goussiaume
4mm
Ptosis sévère
Le bord libre de la paupière supérieure recouvre
la pupille, en partie ou en totalité
(4mm ou plus du limbe cornéo-scléral).
La ptose palpébrale peut s’apprécier de 2 façons :
- par la mesure de la hauteur de la fente palpébrale en position primaire du regard (normalement
9 à 10 mm),
- par la position du bord palpébral supérieur par
rapport au limbe cornéo-scléral et à la pupille.
Pour éviter les erreurs liées aux variations de
situation du diamètre pupillaire, on ne tient compte que de la distance entre le bord palpébral
supérieur et le centre de la pupille, apprécié par
le reflet pupillaire de la lumière.
La fonction du muscle releveur est déterminée en
mesurant l’excursion de la paupière supérieure
lorsque l’œil passe du regard en bas au regard en
haut. La mesure est prise en immobilisant le sourcil par une pression du pouce. Pour une paupiè-
●
Dystrophie musculaire
oculopharyngée. Mesure
du ptosis.
Les mesures sont effectuées
à l’aide d’une règle millimétrée, tenue verticalement
devant l’oeil, la contraction
du muscle frontal étant neutralisée par pression digitale
sus-sourcilière.
À l’état normal, le bord supérieur se projette à mi-hauteur
entre le limbe et la pupille
(normalement éclairée).
re normale, l’excursion est habituellement de 12
à 17 mm. Une excursion de 8 mm ou plus est
considérée comme “bonne”, de 5 à 7 mm comme
“moyenne”, de 4 mm ou moins comme “faible”.
La force du muscle frontal est évaluée en calculant la différence de hauteur du sourcil entre la
position de repos et la contraction maximum du
frontal. En prévision de la chirurgie, une course
supérieure à 6 mm est considérée comme satisfaisante. (Voir “Prise en charge•Chirurgie•Appareil
musculaire”).
Il faut enfin vérifier la persistance du phénomène de Bell (élévation du globe oculaire en haut
et en dehors lors de l’essai d’occlusion de la
paupière) et l’intégrité du muscle orbiculaire des
paupières.
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
5-3
appareil musculaire
2
1
1-2. Temps labio-buccal
Au cours de ce temps
volontaire les aliments
sont préparés dans la
bouche par la mastication, rassemblés par l’action de la langue et du
palais et propulsés vers
l’arrière.
3
Déroulement normal
de la déglutition.
3. Temps paryngo-laryngé
Réflexe et involontaire, il associe
des mécanismes de propulsion
(action de la langue et des muscles
constricteurs paryngés) et des mécanismes de protection des voies
aériennes (action du voile du palais
qui isole le rhinopharynx et le nez et
fermeture du larynx qui isole l’arbre
trachéo-bronchique).
A. Goussiaume
4
5-4
La déglutition est le mécanisme qui permet la propulsion
des aliments de la bouche
dans l’estomac, tout en assurant la protection des voies
respiratoires.
Elle peut se décomposer en
trois temps :
• le temps labio-buccal,
• le temps pharyngo-laryngé,
• le temps oesophagien.
5
Pendant la propulsion
pharyngée, il y a relâchement du sphincter
supérieur de l’oesophage (SSO).
C’est
la
relaxation
musculaire associée à
l’élévation du larynx
qui permet l’ouverture
du SSO.
5. Temps oesophagien
Le bol alimentaire est
propulsé jusqu’à l’estomac.
●
La dysphagie est le 2ème signe cardinal de la
DMOP. Son analyse clinique est fondamentale car
Pour Victor et al. l’atteinte musculaire proximale
fait partie intégrante des symptômes de la maladie.
les troubles de déglutition conditionnent les pro-
Un des cas princeps, rapporté par ces auteurs en 1962,
Muscles proximaux des membres
nostics nutritionnel et vital (voir “Description•
présente d’ailleurs un déficit de la force musculaire “au
O.R.L.”).
niveau du cou, des épaules, des hanches et de la partie proximale des membres” (Victor et al., 1962).
L’atteinte des muscles constricteurs du pharynx
et des muscles qui constituent le sphincter supérieur de l’oesophage (SSO) - muscle crico-pharyngien, partie distale du muscle constricteur inférieur du pharynx, partie proximale de la musculature striée oesophagienne - est à l’origine des
perturbations de la déglutition cliniquement
visibles dans la DMOP.
Les troubles fonctionnels sont dominés par le
blocage des aliments dans la partie basse du cou
(dysphagie cervicale), par les efforts répétés de
déglutition d’une même bouchée et par les fausses
routes. Provoqués par la diminution de la propulsion pharyngée et par un défaut de relaxation
du SSO, ces difficultés sont plus marquées pour
Cette atteinte doit donc être cherchée et prise en
compte lorsqu’elle existe. Il semble qu’elle puisse être plus importante et plus invalidante que ce
qui est habituellement rapporté dans la littérature.
Au niveau des membres inférieurs, l’atteinte de
la ceinture pelvienne entraîne une difficulté à se
relever de la position assise, à monter les escaliers ou à marcher. La démarche devient “dandinante” et difficile, obligeant la personne à utiliser canne ou déambulateur. Dans certains cas, la
marche devient impossible et les personnes ne
peuvent se déplacer qu’en fauteuil roulant.
L’atteinte de la ceinture scapulaire entrave le
port de charges lourdes, entraîne une difficulté à
se coiffer ou de façon plus générale à lever les
bras en l’air.
appareil musculaire
■ Troubles de déglutition
les aliments solides.
La répétition des cycles de déglutition pour une
même bouchée permet de suppléer à la diminution de la propulsion. Le défaut de relaxation du
SSO explique le blocage des aliments bas situé,
l’accumulation des aliments dans l’hypopharynx
et la survenue de fausses routes secondaires
quand les mécanismes de protection laryngée
sont débordés.
■ Evolution de l’atteinte
musculaire striée
L’aggravation du ptosis et de la dysphagie se
fait de façon lente et progressive, sans rémission,
sur plusieurs années (Tomé et Fardeau, 1994). Le
pronostic dépend surtout de l’intensité des
troubles de déglutition.
Si certains auteurs, pour bien souligner le caractère isolé du ptosis et de la dysphagie, ont parlé
de “dystrophie palpébro-pharyngée” ou de “ptosis pharyngoplégique” (Cogan et al., 1969; Amyot,
1948), en réalité, au cours de l’évolution, le déficit clinique s’étend presque toujours à d’autres
muscles.
●
La faiblesse des membres est, dans la plupart des
cas, proximale et non distale. Mais il est possible
qu’une personne présente à la fois un déficit
oculo-pharyngé et un déficit distal des membres
ou d’observer d’une génération à l’autre un phénotype différent : DMOP à une génération et myopathie distale à l’autre. Ces observations posent,
d’une part, le problème de l’association de la
maladie musculaire à d’autres lésions et, d’autre
part, celui des rapports étiologiques entre la
DMOP et les myopathies distales.
Ainsi, Schmitt et Krause rapportent le cas anatomo-clinique d’un patient souffrant d’une DMOP comme six de
ses parents sur quatre générations. Le début de la maladie se situe vers 65 ans par un ptosis suivi par l’apparition d’une dysphagie et d’une dysphonie. Le déficit distal des membres, surtout net aux membres inférieurs,
débute à 78 ans. Sur l’EMG, tant aux membres inférieurs
que supérieurs, les anomalies musculaires sont prédominantes, mais il existe aussi des signes neurogènes
(potentiels géants et fasciculations). A l’autopsie les
lésions musculaires sont typiques d’un processus dystrophique. Il existe aussi une perte neuronale se localisant dans la corne antérieure de la moelle dorsale
basse et moins nettement en cervical. L’association des
lésions neurogènes et musculaires est probablement
fortuite. Les lésions neurogènes peuvent être la conséquence de la dénutrition et expliquent en tous cas le déficit distal (Schmitt et Krause, 1981).
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
5-5
appareil musculaire
D’un autre côté, Fukuhara et al. rapportent les observations d’un père et de son fils. Le père présente un
tableau évoquant une DMOP, de début précoce (26 ans)
et le fils un tableau de myopathie distale sans atteinte
oculaire ou pharyngée (Fukuhara et al., 1982).
● Muscles oculomoteurs
Une parésie ou une paralysie de la musculature
extrinsèque des yeux apparaît assez fréquemment, mais de façon tardive. L’atteinte est en
règle bilatérale, expliquant la rareté de la diplopie. C’est l’élévation du regard qui est le plus souvent touchée.
L’acuité visuelle n’est jamais touchée.
● Muscles bucco-faciaux
En plus de la dysphagie, une dysphonie peut
apparaître. Elle est liée à l’atteinte des muscles
laryngés par le processus dystrophique.
Ce symptôme a été observé par plusieurs auteurs (Lees
examens
complémentaires
■ Dosage des enzymes
musculaires
Le dosage biologique des enzymes musculaires n’apporte aucune aide diagnostique ou pronostique.
La créatine kinase et l’aldolase sont le
plus souvent dans les limites de la normale. Rarement, le taux de créatine kinase est le double du taux normal.
■ Électromyographie
et Liversedge, 1962; Peterman et al., 1964; Bray et al.,
1965; Aarli, 1969). Dans l’observation rapportée par
● Principe et méthode
Man et al., elle est inaugurale de la maladie (1976).
Cet examen comprend toujours deux temps :
l’électromyogramme (ou détection) et la stimulo-détection.
• L’électromyogramme (EMG) permet l’analyse
sonore et visuelle des potentiels d’action des
fibres musculaires. La détection se fait à l’aide d’une électrode-aiguille d’enregistrement
qui est piquée dans le muscle à étudier.
L’enregistrement est donc extra-cellulaire,
l’électrode étant située à proximité immédiate des fibres musculaires. L’étude de chaque
muscle se fait en deux temps : un enregistrement de repos, en dehors de toute activité
musculaire, et un enregistrement lors d’une
contraction musculaire volontaire.
• L’examen de stimulo-détection permet la
mesure des latences d’apparition des potentiels d’action après stimulation électrique d’un
nerf ainsi que le calcul de la vitesse de conduction. Le stimulateur employé fournit en général des impulsions carrées, d’amplitude et de
durée connues. Ces impulsions sont brèves. La
détection se fait au moyen d’électrodes de
surface ou d’électrodes aiguilles concentriques.
Pour calculer la vitesse de conduction d’un nerf
moteur, il faut mesurer deux latences : une
après stimulation distale, l’autre après stimulation proximale du nerf. En soustrayant les
deux latences on obtient le temps de conduction entre les deux points de stimulation. En
mesurant la longueur existant entre les deux
points, on peut calculer la vitesse de conduction motrice.
Une atrophie et un déficit de la langue sont assez
fréquents. Ceci est surtout net chez les sujets du
continent Sud-Américain.
Quand le ptosis est important, un déficit du
muscle temporal, des muscles masseters ou des
autres muscles de la face peut exister. Ce déficit
reste toutefois modéré.
● Autres groupes musculaires
La diffusion descendante de la maladie aux
muscles du cou (muscles trapèzes et sterno-cléido-mastoïdiens), n’est pas rare au cours de l’évolution.
5-6
Dans la DMOP, l’exploration électromyographique se fait systématiquement dans
les muscles de la face et dans les muscles
des membres, car les signes électriques
sont présents même en l’absence de
toute manifestation clinique. L’exploration
des muscles extrinsèques de l’œil est
possible mais plus délicate et d’interprétation souvent difficile. L’EMG de la
déglutition n’est pas une technique de
routine.
● Indications
L’EMG permet :
• de confirmer que l’atteinte est myogène et qu’elle existe dans des territoires musculaires même sans atteinte
clinique ;
• d’éliminer d’autres affections pouvant
donner des signes cliniques voisins :
myasthénie (décrément lors des stimulations répétitives), maladie de Steinert
(phénomène myotonique) ou sclérose
latérale amyotrophique (signes neurogènes).
appareil musculaire
La conduction nerveuse sensitive s’étudie en
enregistrant des potentiels évoqués. Pour
mesurer la vitesse de conduction sensitive il
suffit de connaître la latence d’apparition du
potentiel.
■ Biopsie musculaire
● Principe et méthode
3 fragments de 1,5 cm de long et d’un diamètre
de 4 à 5 mm sont en général prélevés :
• le premier fragment peut être fixé par le
formol, puis inclus en paraffine, pour les techniques histologiques classiques (colorations
courantes : hématéine éosine, acide périodique schiff (PAS), trichrome de Gomori) ; ces
techniques histologiques, après inclusion, se
font de plus en plus rarement.
• le deuxième fragment est congelé sans être
fixé, pour les études biochimiques, immunocytochimiques et histoenzymologiques (activité myosine ATPasique, activités oxydatives)
• le troisième fragment est destiné à l’étude
en microscopie électronique.
La biopsie est rarement réalisée lors
d’une intervention à visée thérapeutique
au niveau d’un muscle oculaire ou pharyngé. Le plus souvent elle est faite au
niveau du muscle deltoïde. Ce muscle
est atteint sur le plan électrophysiologique sans être trop touché par le processus pathologique. Les prélèvements se
font dans la partie moyenne du muscle,
en respectant le sens des fibres et en évitant tout écrasement ou déchirure de la
biopsie.
● Indications et précautions
● Résultats
Les signes observés sont ceux habituellement rencontrés dans la pathologie
musculaire :
• absence d’activité musculaire anormale au repos,
• recrutement spatial sous forme d’un
tracé interférentiel pour un effort modéré,
• potentiels de faible amplitude,
• potentiels polyphasiques,
• absence de signes neurogènes (potentiels de fibrillation au repos, sommation
temporelle avec de grands potentiels ou
des potentiels géants lors de l’activité
volontaire),
• vitesses de conduction motrice et sensitive normales ou à la limite de la normale.
●
La biopsie musculaire n’est pas un examen systématique dans la DMOP. Elle
doit être faite au moins une fois dans
chaque famille pour affirmer le diagnostic (voir “Critères de diagnostic”).
Sa place dans le diagnostic va évoluer
dans les années à venir, dès lors que l’on
disposera d’un marqueur génétique fiable.
La biopsie doit se faire en théorie 15
jours après l’EMG, si celui-ci a concerné
le muscle à biopsier. Le plus souvent,
on fait l’EMG d’un côté et la biopsie de
l’autre.
C’est un examen peu douloureux qui ne
nécessite, chez l’adulte, qu’une anesthésie locale.
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
5-7
appareil musculaire
● Résultats
■ L’étude histologique classique, en
microscopie optique, oriente vers une
dystrophie musculaire sans spécificité
avec des anomalies plus ou moins marquées selon le stade évolutif de la maladie :
• diminution du nombre de fibres musculaires,
• variation de taille des fibres anormales,
• augmentation du nombre des noyaux,
• centralisation des noyaux,
• augmentation du tissu conjonctif avec
fibrose,
• rares fibres en cours de nécrose ou de
phagocytose,
• rameaux nerveux intra-musculaires et
appareil sous-neural normaux.
■ L’étude histo-enzymologique permet
d’observer 2 modifications particulières
à la DMOP mais non spécifiques :
• l’atrophie des fibres
Les fibres sont de taille inégale et peuvent avoir un aspect grêle ou spiralé.
Les deux groupes de fibres, I (activité oxydative) et II (activité phosphorylasique),
sont bien représentés mais les fibres
atrophiées sont surtout de type I.
• les petites fibres anguleuses
Elles correspondent à des fibres musculaires en dégénérescence et peuvent
contenir une ou plusieurs vacuoles (“rimmed vacuoles” ou “vacuoles bordées”).
Ces vacuoles ont une forme arrondie ou
irrégulière. Leurs tailles, nombre et localisation (au centre ou à la périphérie des
fibres) sont variables. Elles sont bordées
d’un liseré de matériel basophile sur une
coloration hématéine-éosine, apparaissant rouge sur le trichrome.
Ces vacuoles ont des caractéristiques de
vacuoles autophagiques, avec une activité
phosphatase acide. Elles ne sont pas
spécifiques de la DMOP, mais font partie des stigmates histologiques habituellement rencontrés dans cette maladie.
Elles existent aussi dans la myosite à
inclusions, la myopathie distale et
d’autres affections musculaires.
5-8
La présence de “fibres rouges en lambeaux” (“ragged red fibers”), correspondant à l’accumulation de mitochondries
anormales, est inhabituelle.
La microscopie électronique permet de
rechercher les filaments intranucléaires
spécifiques de l’affection et de préciser
les caractéristiques des vacuoles bordées.
■
• Les filaments intranucléaires
Ces inclusions sont spécifiques et n’ont
jamais été trouvées dans d’autres maladies. Décrites par Tomé et Fardeau en
1980, sur des biopsies de muscles
deltoïdes, elles ont été observées dans
de nombreux cas de DMOP cliniquement
bien définis. Ces cas étaient aussi bien
européens que canadiens, américains ou
japonais.
Elles peuvent s’observer dans d’autres
muscles que les muscles deltoïdes :
muscles oculaires extrinsèques, cricopharygiens ou autres muscles des
membres.
Ces filaments n’existent que dans les
noyaux des fibres musculaires striées
squelettiques. Ils n’ont jamais été observés dans les noyaux des cellules satellites
Leur nature exacte demeure inconnue.
Les inclusions peuvent être très difficiles à
mettre en évidence et le pourcentage des
noyaux dans lesquels elles sont observées est
variable, se situant entre 3 et 6,5 % de l’ensemble des noyaux présents sur une coupe
ultrafine donnée. Cependant, l’étude des
coupes sériées suggère que les inclusions
pourraient exister dans tous les noyaux des
fibres musculaires (Tomé et Fardeau, 1994).
• Les vacuoles bordées
De taille et de forme variables, les
vacuoles bordées contiennent de nombreuses structures plurilamellaires, des
granules de glycogène, des corps denses,
un matériel fibrillaire et granulaire
amorphe. L’aspect ultrastructural des
vacuoles est également en faveur de leur
caractère autophagique.
Coupe transversale
montrant une fibre
atrophiée angulaire
contenant deux
vacuoles bordées.
x600
F. Tomé (INSERM U 153)
Dystrophie
musculaire
oculopharyngée .
Micrographie
électronique.
Filaments
intranucléaires
spécifiques.
appareil musculaire
F. Tomé (INSERM U 153)
Dystrophie
musculaire
oculopharyngée.
Microscopie optique.
Les noyaux contenant
un nombre important
de filaments sont clairs
et la chromatine
est située à la périphérie.
x 23 500
F. Tomé (INSERM U 153)
Dystrophie musculaire oculopharyngée
Micrographie électronique.
Filaments intranucléaires spécifiques.
Situés dans les noyaux, ces filaments sont
rectilignes, sans ramification, d’une longueur
atteignant 0,25 µ m, d’un diamètre extérieur de
8,5 nm et intérieur de 3 nm. Ils sont parfois
striés avec une périodicité de 7 à 7,5 nm. Ils
sont orientés dans toutes les directions, mais
quand ils sont nombreux ils se disposent
volontiers en palissades.
x100 000
●
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
5-9
O.R.L.
O.R.L.
La dysphagie est le deuxième signe constamment rencontré dans la dystrophie musculaire oculopharyngée (DMOP). Elle se caractérise par une gêne à la déglutition des aliments
solides et des liquides.
Elle s’accentue progressivement et conditionne le pronostic.
L’amaigrissement et les pneumopathies d’inhalation constituent les complications vitales
de la dysphagie et des fausses routes.
L’exploration fonctionnelle de la déglutition
est faite grâce à différents examens complémentaires : fibroscopie de la déglutition, transit baryté avec cinéradiographie (radiocinéma) et manométrie du pharynx et du sphincter supérieur de l’oesophage. Elle permet de
préciser la sévérité des perturbations (notamment de la propulsion pharyngée) et d’évaluer
les possibilités de réussite de la myotomie
cricopharyngienne.
● DESCRIPTION CLINIQUE
Les patients se plaignent d’abord, au cours de
la déglutition, de blocages des aliments solides
(pain, légumes, fruits, viande) dans la partie
basse du cou (dysphagie cervicale ou dysphagie
haute). Plus rarement et plus tardivement, les
difficultés concernent les liquides.
La nécessité d’efforts de déglutition multiples
pour avaler une bouchée est quasiment constante, si bien que les repas sont laborieux et durent
longtemps (Lacau Saint Guily et al., 1990).
Des douleurs sont rapportées par certains patients.
Il s’agit souvent d’une sensation de brûlure pharyngée, survenant lors des efforts de déglutition.
Il existe fréquemment des fausses routes tant
aux solides qu’aux liquides. Les fausses routes aux
liquides peuvent s’accompagner de régurgitations
pharyngo-orales ou pharyngo-nasales qui traduisent une atteinte sévère des muscles vélo-pharyngés.
5-10
Le ptosis, nécessitant une attitude compensatrice de la tête qui est rejetée en arrière, aggrave
les troubles de déglutition.
Dans tous les cas, l’examen apprécie l’importance de la stase salivaire dans la cavité buccale,
dans le pharynx (vallécules, sinus pyriformes) et
dans le larynx. Un enduit salivaire tapissant l’ensemble de la cavité pharyngée reflète l’importance de la paralysie vélo-pharyngée.
L’aggravation de la dysphagie, se fait de façon
lente et progressive, sans rémission. Elle peut
s’étendre sur une période de trente ans (Tomé et
Fardeau, 1994).
Les complications qu’elle entraîne sont nombreuses et souvent graves. La perte de poids est
fréquente et peut conduire à un état cachectique.
Les pneumopathies d’inhalation secondaires aux
fausses routes ne sont pas rares. Des épisodes
asphyxiques, parfois mortels, sont également possibles. La dégradation de l’état général et de
l’état pulmonaire constituent une menace à terme.
L’exploration fonctionnelle moderne de la
déglutition comporte trois examens utilisés en routine : la fibroscopie du carrefour pharyngo-laryngé au cours de la
déglutition, le radiocinéma et la manométrie du pharynx et du sphincter supérieur de l’oesophage.
Le couplage de la radio et de la manométrie fait partie des nouvelles techniques. Encore en cours d’évaluation, elle
n’est pas utilisée de façon courante. La
scintigraphie pharyngée et l’échographie
n’ont pas d’intérêt dans l’exploration de
cette dysphagie haute.
■ Fibroscopie du carrefour
pharyngo-laryngé au cours
de la déglutition
C’est un examen simple, non invasif et
non coûteux qui donne une vision directe du comportement du carrefour aérodigestif vis-à-vis des aliments.
● Principe et méthode
Cette exploration au moyen d’un fibroscope naso-laryngé se fait sans anesthésie, même du nez, car celle-ci pourrait
compromettre le déroulement de la déglutition. Le patient absorbe une crème à la
vanille facilement visualisable.
La continence du voile est étudiée en plaçant
le fibroscope dans le cavum juste au dessus du
bord libre. On se déplace ensuite en arrière du
bord libre pour étudier la propulsion pharyngée et la continence laryngée. Enfin le fibroscope permet d’étudier la sensibilité du carrefour.
● Indications et précautions
Cet examen doit être réalisé dans tous les
cas, car il est simple et non dangereux.
Il peut être pratiqué par tout ORL.
●
O.R.L.
examens
complémentaires
● Résultats
Cette fibroscopie permet d’observer le
carrefour pharyngo-laryngé au cours de la
déglutition et surtout d’évaluer la qualité de la propulsion pharyngée. Elle peut
révéler d’éventuelles fausses routes.
En revanche, cette technique ne permet
pas de visualiser le sphincter supérieur de
l’oesophage.
■ Transit baryté avec
cinéradiographie :
radiocinéma
Cette technique, visuelle et uniquement
qualitative, est très utile pour l’exploration d’une dysphagie haute. Elle peut être
couplée à la manométrie.
● Principe et méthode
On enregistre à l’aide d’une caméra vidéo les
images radiologiques du tractus digestif haut
d’un patient faisant des efforts de déglutition.
L’enregistrement magnétoscopique du signal
vidéo permet une analyse secondaire image par
image (une image toute les 4/100è de seconde, en France).
L’examen radiologique se fait sur un
patient en position latérale et antéropostérieure réalisant des efforts de déglutition : en règle, 2 déglutitions sèches et
2 déglutitions de chaque volume de baryte introduite dans la bouche au moyen
d’une seringue.
● Indications et précautions
Cet examen est systématique pour explorer la dysphagie au cours de la DMOP. Il
est nécessaire, en particulier, au bilan
précédant une chirurgie curative (myotomie cricopharyngienne).
Il faut commencer l’examen avec des
bolus de petit volume (2 ml) pour apprécier le risque de fausses routes. Des
déglutitions de volume croissant peuvent
ensuite être effectuées (5, 10 et 20 ml).
● Résultats
Chez un patient souffrant de DMOP, les
anomalies suivantes peuvent être
notées :
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
5-11
O.R.L.
au niveau du pharynx :
- une diminution de la propulsion pharyngée avec des contractions faibles ou
inexistantes,
- un défaut d’élévation pharyngée et
laryngée,
- de multiples mouvements de déglutition
pour faire progresser le bolus,
- une stase du produit de contraste dans
les vallécules, les sinus piriformes ou le
larynx pouvant induire des inhalations
pulmonaires, visibles durant l’examen
(Duranceau et al., 1978).
■ au niveau de l’œsophage :
un défaut de relaxation et d’ouverture
du sphincter supérieur de l’oesophage
avec une dilatation pharyngée sus-jacente (Lacau St Guily et al., 1990).
■
■ Manométrie du pharynx
et du sphincter supérieur
de l’oesophage
Le pharynx et le sphincter supérieur de
l’oesophage sont des régions qui posent
des problèmes particuliers pour leur enregistrement manométrique. Le sphincter
supérieur de l’oesophage est difficile à
explorer à cause de sa conformation, de
la nature striée de sa musculature et des
déplacements - antéro-postérieurs et
vers le haut - du pharynx et du larynx lors
de la déglutition.
● Principe et méthode
Depuis quelques années, l’utilisation de
capteurs électroniques et de sondes à
manchon spécialement conçues pour la
conformation anatomique du sphincter
supérieur de l’oesophage a constitué un
véritable progrès.
Elles tendent à remplacer les classiques sondes
à cathéters perfusés moins bien adaptées à
l’anatomie et à la musculature striée de la
jonction pharyngo-oesophagienne.
La sonde à manchon ou sonde de Sleeve Dent
permet d’enregister la pression maximale sur
un long segment du sphincter supérieur de
l’oesophage. Ce type de sonde permet de pallier les déplacements légers de la sonde. .
L’utilisation de microcapteurs électroniques
intégrés à la sonde dispense de l’utilisation
d’une pompe à microperfusion, mais son coût
est plus élevé.
5-12
L’examen est réalisé chez un patient à
jeûn, conscient, sans prémédication, après
arrêt, depuis 48 heures, de tout médicament modifiant la motricité oesophagienne. La sonde est introduite par voie
nasale jusque dans l’estomac, où l’on
enregistre la ligne de base intra-gastrique.
Puis la sonde est retirée lentement jusqu’à ce qu’une élévation de pression soit
notée : le sphincter inférieur de l’oesophage est ainsi repéré et son tonus de
base est mesuré. Les mesures des pressions aux différents niveaux sont alors
effectuées au cours et entre des déglutitions humides (une gorgée de 5 ml d’eau).
● Indications et précautions
Cet examen est indispensable avant d’envisager un traitement chirurgical. Il permet l’analyse fonctionnelle de la déglutition et d’évaluer les chances d’amélioration après traitement.
● Résultats
en dehors de toute pathologie :
- au repos, le sphincter supérieur de l’œsophage est fermé. Il s’oppose ainsi au
reflux oesophago-pharyngé et à la pénétration d’air dans l’œsophage au cours de
la respiration. La pression de repos est
comprise entre 40 et 60 cm d’eau.
- à chaque déglutition, le sphincter supérieur de l’œsophage se relâche au moment
où le pic de contraction pharyngé apparaît, témoignant de la bonne coordination
entre pharynx et œsophage.
■ en cas de DMOP :
la propulsion pharyngée, élément pronostique essentiel pour poser l’indication de la myotomie cricopharyngienne
(voir “Prise en charge•Chirurgie•O.R.L.),
est diminuée ou effondrée et il existe un
défaut de relaxation du sphincter supérieur de l’oesophage.
■
Dans la dystrophie musculaire oculopharyngée
(DMOP), les problèmes respiratoires ne sont
pas directement liés au processus dystrophique : il n’y a pas d’atteinte clinique des
muscles respiratoires. Ce sont des complications des troubles de déglutition.
Les pneumopathies de déglutition doivent
faire craindre, quand elles surviennent, une
aggravation de la dysphagie.
● DESCRIPTION CLINIQUE
Il n’y a pas d’atteinte clinique des muscles respiratoires au cours de la DMOP.
Les complications respiratoires qui peuvent apparaître sont liées aux fausses routes et aux inhalations. Celles-ci sont à l’origine de pneumopathies
aiguës de déglutition qui se révèlent par les symptômes classiques des pneumopathies : toux, fièvre,
douleur thoracique, dyspnée et expectoration.
La prise en charge repose sur le traitement de
l’épisode aigu, par antibiothérapie et kinésithérapie.
Il est aussi indispensable de réévaluer la fonction
de déglutition : l’apparition d’une pneumopathie
ou, à fortiori, la répétition de telles pneumopathies devant faire redouter l’aggravation fonctionnelle des troubles de déglutition.
●
examens
complémentaires
■ Radiographie des poumons
Elle révèle souvent un syndrome de
condensation dont le siège, dans la pyramide basale droite ou le segment de
Nelson, est évocateur de pneumopathie
de déglutition.
IMMUNOLOGIE
Quelques équipes ont constaté que les
patients atteints de DMOP avaient des taux
élevés d’immunoglobulines G ou A.
La signification de ces augmentations demeure encore inconnue ; cependant elles pourraient être la conséquence de pneumopathies
répétées.
appareil respiratoire / immunologie
APPAREIL
RESPIRATOIRE
Chez quelques patients originaires du Canada-Français,
des taux élevés d’IgG et d’IgA ont été mis en évidence
(Russe et al., 1967).
Une telle augmentation a été trouvée également dans une
famille italienne (Campanella et al. 1975).
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
5-13
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE
GÉNÉTIQUE
●
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
GÉNÉTIQUE
DYSTROPHIE
MUSCULAIRE
OCULOPHARYNGÉE
GÉNÉTIQUE
La transmission de la dystrophie musculaire oculopharyngée (DMOP) se fait sur le
mode autosomique dominant, avec une pénétrance complète.
De rares cas apparemment sporadiques ou de
transmission récessive ont cependant été
signalés.
Grâce à l’étude de 3 familles sélectionnées
parmi 21 familles canadiennes, le gène a été
localisé dans une petite région du bras long
du chromosome 14 en 14q11.2-q13 (Brais et
al., 1995). Cette localisation doit être confirmée dans d’autres familles et notamment
dans les familles françaises.
En l’absence d’une localisation fine et de
l’identification du gène, le conseil génétique
s’appuie actuellement sur l’étude phénotypique et sur l’arbre généalogique.
● TRANSMISSION
● LOCALISATION ET IDENTIFICATION
DU GÈNE
● DIAGNOSTIC GÉNOTYPIQUE
● CONSEIL GÉNÉTIQUE
Dystrophie musculaire
oculopharyngée.
Transmission
autosomique
dominante
TRANSMISSION
La DMOP se transmet comme un
caractère monofactoriel, autosomique dominant, à début tardif
(5 ème ou 6 ème décennie).
Symboles utilisés :
Sujet de sexe féminin
Union
Sujet de sexe masculin
Union consanguine
Sujet de sexe inconnu
Sujet décédé
Jumeaux monozygotes
Sujet atteint
Jumeaux dizygotes
Femme hétérozygote
transmettrice
Grossesse en cours
Avortement spontané
●
Diagnostic prénatal
La pénétrance, définie comme le
pourcentage de sujets porteurs du
gène et exprimant la maladie, est complète
(Barbeau, 1966).
Le cas d’un patient homozygote (ayant deux copies
du gène muté) a été récemment rapporté. Le
tableau clinique et les anomalies histologiques
sont plus sévères (Brais et al., 1995).
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
6-1
localisation du gène / diagnostic génotypique / conseil génétique
6-2
Quelques cas sporadiques ont été rapportés. Mais l’investigation de ces cas n’a jamais été complète.
Une transmission autosomique récessive a été rapportée par Fried et al. chez deux sœurs. Elles développèrent un ptosis vers l’âge de 35 ans et secondairement
une dysphagie. Leurs parents étaient cousins germains.
Cependant, il n’y a aucune donnée anatomopathologique pour ces deux cas. Il est possible que le diagnostic
soit plutôt celui de syndrome oculocrâniosomatique
(Fried et al., 1975).
Plus récemment, deux autres cas ont été rapportés par
des auteurs japonais. La maladie semblerait commencer
plus tôt dans les cas récessifs que dans les cas dominants. Les deux frères touchés avaient des parents
consanguins. Le tableau clinique paraissait typique.
Cependant, il existait une ophtamoplégie complète.
L’étude neuropathologique a révélé des signes d’atrophie musculaire avec vacuoles bordées. Il n’y a pas eu
de recherche d’inclusions intranucléaires. Là encore le
diagnostic n’est pas établi de façon certaine (Nishimura
et al., 1991).
LOCALISATION
ET IDENTIFICATION
DU GÈNE
La localisation du gène de la DMOP a été faite par
une équipe canadienne, en collaboration avec
Généthon (Brais et al., 1995). Les membres de 21
familles on été examinés cliniquement. L’analyse
de l’ADN des membres de 3 familles (114 individus) à fort potentiel informatif a permis de trouver une liaison génétique avec une petite région
du chromosome 14 : 14q11.2-q13.
C’est dans cette région du chromosome 14 que se situe
les gènes des chaînes lourdes α (MYH6) et β (MYH7) de
la myosine cardiaque.
La responsabilité d’un de ces gènes ou des deux gènes
dans l’apparition de la DMOP reste à établir. Ce d’autant que les mutations connues du gène MYH7 entraînent des maladies cardiaques dont les anomalies histologiques sont différentes de celles observées dans la
DMOP.
Ces résultats doivent être confirmés par l’étude
de familles vivant dans d’autres régions du monde,
et en particulier en France (voir “Recherches”).
DIAGNOSTIC
GÉNOTYPIQUE
Les résultats actuels sur la localisation ne permettent pas encore de pratiquer d’étude génotypique à visée diagnostique.
CONSEIL
GÉNÉTIQUE
La consultation de conseil génétique s’adresse à
toute personne inquiète pour sa descendance
quelle qu’en soit la raison ou tout sujet appartenant à une famille atteinte.
Dans la DMOP, le conseil génétique s’appuie sur
une étude familiale phénotypique : établissement
de l’arbre généalogique de la famille avec identification des individus atteints et des individus
indemnes (avec preuve histologique chez au moins
un membre de la famille).
Conjoint
indemne
Enfant
atteint
Sujet
myopathe
Enfant
indemne
Dystrophie musculaire
oculopharyngée. Transmission
autosomique dominante
Chaque descendant d’un individu
malade a un risque sur deux d’être
atteint (50%).
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE
DIAGNOSTIC
DIFFÉRENTIEL
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DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
DYSTROPHIE
MUSCULAIRE
OCULOPHARYNGÉE
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
Chez une personne d’âge moyen, l’apparition de troubles oculaires, de troubles de
déglutition ou de troubles oculaires et de
déglution associés peut faire discuter d’autres
diagnostics que la dystrophie musculaire oculopharyngée (DMOP):
• la myasthénie dans sa forme oculaire ou
pharyngée,
• la dystrophie myotonique de Steinert,
• le syndrome oculocrâniosomatique ou myopathies oculaires avec anomalies mitochondriales,
• la sclérose latérale amyotrophique dans sa
forme bulbaire,
• le syndrome de Kennedy,
• le syndrome pseudobulbaire,
• la myopathie oculo-pharyngo-distale.
● DEVANT UN PTOSIS
● DEVANT UNE DYSPHAGIE
PROGRESSIVE
● DEVANT UN PTOSIS ET UNE
DYSPHAGIE
DEVANT
UN PTOSIS
Devant un ptosis d’évolution progressive, on
évoquera les affections pouvant se révéler
par ce symptôme :
• la myasthénie,
• la dystrophie myotonique de Steinert,
• le syndrome oculocrâniosomatique ou myopathies oculaires avec anomalies mitochondriales.
●
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
7-1
devant un ptosis
● MYASTHÉNIE
Le ptosis, au cours de la myasthénie, est variable
d’un moment à l’autre, uni ou bilatéral et alors
asymétrique. Son caractère “à bascule” est évocateur de la maladie.
L’âge de début de la myasthénie, compris entre
20 et 40 ans, est plus précoce que celui de la dystrophie musculaire oculopharyngée (DMOP).
L’atteinte de la musculature oculaire extrinsèque
y est fréquente : en plus du ptosis existe souvent
une diplopie (symptôme exceptionnel au cours de
la DMOP).
La faiblesse peut se généraliser et toucher des
groupes musculaires divers : les muscles pharyngés (apparition d’une dysphagie), les muscles de
la face (diplégie faciale), les muscles de la langue
(apparition d’un triple sillon longitudinal caractéristique), les muscles laryngés (dysphonie ou
stridor), les muscles des membres et du tronc
(paralysie de gravité variable) et les muscles respiratoires (dyspnée et risque de décompensation
respiratoire aiguë faisant toute la gravité de la
maladie).
La caractéristique évolutive de la myasthénie est
sa variabilité :
- variabilité au cours de la journée, avec aggravation du déficit musculaire à l’effort et amélioration après le repos ou l’injection de prostigmine,
- variabilité au cours des années, avec survenue
de périodes de crises.
L’EMG révèle l’anomalie de la transmission neuromusculaire, sous forme d’une réponse décrémentielle.
Sur le plan biologique, la détection dans le sérum
d’anticorps anti-récepteur à l’acétylcholine est à
la fois sensible et spécifique.
Tomographies et scanner du médiastin permettent
de rechercher une empreinte thymique persistante ou un thymome.
● DYSTROPHIE MYOTONIQUE
DE STEINERT
Le ptosis est très fréquent au cours de la dystrophie musculaire myotonique. Il est en règle
bilatéral, modéré et peu gênant. Outre le ptosis,
le processus dystrophique peut intéresser les
7-2
muscles du voile du palais et du pharynx entraînant fréquemment l’apparition d’une dysphagie
(Willig et al., 1994). Les anomalies musculaires
concernent aussi la partie distale des membres.
Un âge de début précoce (20 à 25 ans en moyenne) et surtout l’association du phénomène myotonique et d’anomalies multisystémiques à la dystrophie musculaire progressive permettent de
poser le diagnostic de maladie de Steinert.
Le phénomène myotonique, très évocateur de la
maladie, se présente comme une décontraction
musculaire anormalement lente. Il est mis en évidence lors de la poignée de main et se recherche
aussi par la percussion des muscles. Sur l’électromyogramme, la myotonie se traduit par la survenue, après une contraction volontaire, d’une
rafale de potentiels de faible amplitude battant
à un rythme rapide dont le bruit en “piqué
d’avion” est caractéristique.
La diffusion de la maladie à d’autres organes est,
elle aussi, évocatrice. L’examen ophtalmologique
révèle une cataracte postérieure. A l’examen général, il existe une calvitie précoce, des testicules
atrophiques (sans conséquence sur la fécondité),
une hypoacousie, une tendance aux infections
broncho-pulmonaires à répétition. L’atteinte psychique est fréquente et variable, sans que l’on
puisse individualiser de profil type de la maladie
de Steinert.
L’électrocardiogramme montre des troubles de la
conduction auriculo-ventriculaire ou intra-ventriculaire.
Les dosages biologiques révèlent des anomalies
de la glycémie, une diminution des immunoglobulines G et un hypogonadisme.
Le test génétique à la recherche d’une augmentation du nombre de répétitions du trinucléotide
CAG en 19q13.3 est maintenant utilisable dans un
but diagnostique.
● SYNDROME OCULOCRÂNIOSOMATIQUE : MYOPATHIES
OCULAIRES AVEC ANOMALIES
MITOCHONDRIALES
Le ptosis est un symptôme commun à ces maladies mitochondriales qui se différencient toutefois
de la DMOP par l’absence habituelle de dysphagie et la présence d’autres signes, comme l’atteinte de la musculature extrinsèque des yeux ou
■ Forme ophtalmoplégique
pure
A la différence de la DMOP, cette affection est sporadique et la paralysie de la musculature extrinsèque des yeux y est très fréquente, voire constante, portant sur l’élévation du regard (Serratrice et
al., 1991). La diplopie est rare. Le ptosis est toujours bilatéral.
Malgré l’absence de diffusion des signes cliniques
à d’autres groupes musculaires, la biopsie du
muscle deltoïde révèle constamment des anomalies mitochondriales typiques : fibres rouges en
lambeaux (“ragged red fibers”) en microscopie
optique et amas de mitochondries anormales en
microscopie électronique.
L’évolution est chronique.
Des manifestations systémiques, non neuro-musculaires, apparaissent au cours de l’évolution :
rétinite pigmentaire, bloc auriculo-ventriculaire,
syndrome cérébelleux, paraparésie spasmodique,
retard intellectuel, retard de croissance, psychose hallucinatoire, surdité, signes endocriniens
(aménorrhée, diabète sucré, hyperthyroïdie, insuffisance gonadique)...
L’atteinte des muscles proximaux n’est pas rare.
Les signes d’atteinte des mitochondries sont
constamment observés sur la biopsie musculaire.
devant un ptosis
des signes témoignant de la diffusion de la maladie. L’âge de survenue est variable, s’étalant de
8 à 60 ans.
Parmi ces formes, certaines répondent à la définition du syndrome de Kearns-Sayre, qui associe
une paralysie oculomotrice extrinsèque progressive, une rétinite pigmentaire, un bloc de conduction cardiaque et, à la ponction lombaire, une protéinorachie élevée.
D’autres formes sont dominées par l’ophtalmoplégie à laquelle sont associées, au deuxième
plan, telles ou telles manifestations systémiques.
On a pu parler alors “d’ophtalmoplégie plus”
(Serratrice et al., 1988).
■ Forme descendante
Le tableau clinique est voisin de celui de la forme
ophtalmoplégique pure mais aux signes oculaires
s’ajoute une atteinte musculaire intéressant les
ceintures scapulaire puis pelvienne et réalisant un
tableau de “myopathie oculaire descendante”
(Serratrice et al., 1988).
Une ou plusieurs manifestations générales peuvent
apparaître au cours de l’évolution. Elles sont
identiques à celles décrites dans les “formes multisystémiques”.
La biopsie musculaire montre toujours des anomalies mitochondriales.
L’évolution de cette forme intermédiaire est
variable et dépend en partie de l’âge de début.
Plus la maladie a commencé tôt moins le pronostic
est bon. Un décès subit peut toujours apparaître
au cours de l’évolution, même si les signes généraux restent limités.
■ Formes multisystémiques
L’atteinte oculaire constituée par l’association du
ptosis bilatéral et d’une ophtalmoplégie extrinsèque progressive est habituellement la première manifestation de la maladie.
●
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
7-3
devant une dysphagie progressive
DEVANT UNE
DYSPHAGIE
PROGRESSIVE
L’apparition d’une dysphagie et son aggravation progressive peuvent faire discuter :
• une sclérose latérale amyotrophique,
• un syndrome de Kennedy,
• un syndrome pseudobulbaire.
● SCLÉROSE LATÉRALE
AMYOTROPHIQUE
L’apparition chez l’adulte de troubles de déglutition d’aggravation progressive doit faire redouter
une sclérose latérale amyotrophique (SLA) dans
sa forme bulbaire. Elle entraîne une paralysie
labio-glosso-pharyngée progressive et le développement d’une dysphagie.
Mais s’il existe rapidement une amyotrophie et des
fasciculations dans les muscles intéressés par le
processus pathologique, il n’y a jamais de ptosis
ou d’atteinte des muscles oculomoteurs dans la
SLA.
Les réflexes tendineux sont préservés ou même
vifs au niveau des territoires atteints. L’atteinte
bulbaire est responsable d’une exagération des
réflexes massétérin et naso-palpébral.
L’EMG révèle des signes neurogènes périphériques
(anomalies au repos, sommation temporelle) avec
fréquemment de grands potentiels de réinnervation.
L’aggravation de la maladie se fait de façon rapidement progressive. L’atteinte bulbaire gêne puis
interdit toute déglutition imposant la mise en
place d’une sonde gastrique à demeure ou la pratique d’une gastrostomie ou d’une jéjunostomie
d’alimentation. Elle entraîne également des
troubles phonatoires, avec dysarthrie évoluant
vers l’aphonie complète. L’extension de la forme
bulbaire peut se faire aussi aux membres supérieurs ou inférieurs avec une gêne fonctionnelle
variable, mais pouvant aller jusqu’à l’impotence
7-4
complète. L’atteinte des muscles respiratoires
conditionne le pronostic vital. La trachéotomie et
la ventilation assistée, à demeure, permettent
d’augmenter la durée de vie.
● SYNDROME DE KENNEDY
La dysphagie survient tardivement au cours de
cette atrophie musculaire progressive, liée au
chromosome X, se développant surtout au niveau
bulbaire et spinal.
Ce syndrome rare débute entre 30 et 50 ans. Il est
lié à une atteinte du motoneurone périphérique
associée à des signes d’insensibilité aux androgènes.
Le syndrome de Kennedy commence par des
crampes et des fasciculations. La faiblesse musculaire prédomine au niveau des ceintures et du
tronc (scoliose). Les réflexes sont abolis. Il existe des fasciculations et une atrophie linguales. La
dysphagie et la dysarthrie associées restent modérées. Une atteinte des muscles de la face et des
muscles temporaux est possible. Il n’y a pas de
ptosis. Les hommes atteints peuvent présenter une
gynécomastie et un certain degré de stérilité.
L’évolution est lente.
L’anomalie génétique en cause est une mutation
du gène codant le récepteur aux androgènes,
localisé en Xq21-22 (La Spada et al., 1991).
● SYNDROME PSEUDOBULBAIRE
Les difficultés de déglutition et de phonation
sont les symptômes dominants du syndrome pseudobulbaire. Ce syndrome est lié à la paralysie
des muscles dont l’innervation est issue du bulbe
rachidien. Cette paralysie est secondaire à une
atteinte supra-nucléaire (c’est-à-dire située en
amont des noyaux bulbaires). L’existence de ce
syndrome implique des lésions bilatérales des
voies cortico-nucléaires (faisceau géniculé).
Le déficit bilatéral de la commande des muscles
de la langue, du voile, du pharynx et du larynx
sont responsables des troubles de la déglutition
et de la phonation mais aussi de l’abolition du
réflexe du voile. Il n’y a ni amyotrophie, ni fasciculation de la langue.
En plus du syndrome pseudobulbaire proprement
Sur le plan fonctionnel, les troubles de la déglutition se caractérisent par une diminution de la
propulsion pharyngée, un retard à l’initialisation
du temps réflexe et souvent une faiblesse et une
spasticité des muscles masticatoires ou de la
langue. La mobilité pharyngo-laryngée volontaire
est perturbée alors que la mise en jeu automatique
ou réflexe est préservée.
La cause du syndrome pseudo-bulbaire est le plus
souvent vasculaire : ramollissements bilatéraux ou
lacunes multiples dues à l’hypertension artérielle. Des lésions de nature tumorale, inflammatoire (sclérose en plaques) ou dégénérative (sclérose latérale amyotrophique) peuvent également
être en cause.
DEVANT UN PTOSIS
ET UNE DYSPHAGIE
L’association de ces deux symptômes, en
dehors de la dystrohie musculaire oculopharyngée (DMOP), se rencontre surtout
dans la population japonaise et est accompagnée d’un déficit musculaire distal des
membres. Cette entité clinique distincte
est connue sous le nom de myopathie
oculo-pharyngo-distale.
● MYOPATHIE
OCULO-PHARYNGO-DISTALE
Le ptosis apparaît progressivement à l’âge adulte (au cours de la 4ème ou 5ème décennie) et s’associe à une dysphagie.
Un déficit musculaire distal des membres apparaît
au cours de l’évolution. Il peut toucher les avantbras, les mains, les jambes et les pieds. Hormis
la topographie distale de ce déficit musculaire, le
tableau clinique et électromyographique est celui
d’une DMOP. Dans les cas rapportés, la transmission est autosomique dominante.
devant un ptosis et une dysphagie
dit, il peut exister une diplégie faciale et un déficit des masticateurs. Au syndrome déficitaire,
s’ajoute fréquemment un élément de spasticité
(exagération du réflexe massétérin) et des phénomènes de libération de la mimique automatique : rire et pleurer spasmodique. Il n’y a pas
de ptosis ou d’atteinte de l’oculomotricité.
L’aggravation des troubles se fait de manière progressive.
Satoyoshi et Kinoshita ont rapporté des cas dès 1977.
Ils insistent sur le caractère autonome de cette entité clinique. En effet, l’atteinte distale des membres ne fait pas
partie du tableau clinique de la DMOP et l’atteinte pharyngée ou oculaire est tout à fait exceptionnelle dans la
myopathie distale (Satayoshi et Kinoshita, 1977).
Deux observations, rapportées par Goto, plaident aussi
pour le caractère distinct de la DMOP et de la “myopathie oculo-pharyngo-distale” (Goto et al.,1977). Chez les
deux sujets étudiés, outre le ptosis, la dysphagie et le
déficit distal des membres, il existe une cardiomyopathie et des troubles de la conduction.
Plus récemment, Vita et al. (1983) ont signalé le cas d’un
patient souffrant d’une DMOP et présentant un déficit distal des membres inférieurs. Ils suspectent, à l’inverse des
auteurs précédents, qu’il existe un lien entre DMOP et
myopathie distale.
Quoi qu’il en soit, il existe dans la population japonaise des cas typiques de DMOP, avec à l’examen histologique, des inclusions intranucléaires spécifiques (Uyama
et al., sous presse).
●
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
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DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE
PRISE
EN CHARGE
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DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
PRISE EN CHARGE
DYSTROPHIE
MUSCULAIRE
OCULOPHARYNGÉE
PRISE EN CHARGE
Il n’y a pas de traitement curatif de la
dystrophie musculaire oculopharyngée
(DMOP). La prise en charge s’attache à corriger au mieux les deux principaux symptômes
de la dystrophie musculaire oculopharyngée :
le ptosis et la dysphagie.
Le recours à des dispositifs anti-ptosis peut
apporter un confort sensible bien que ceux-ci
ne soient pas toujours faciles d’emploi. Leur
efficacité à long terme est limitée.
La correction chirurgicale du ptosis donne
des résultats plus durables. Les indications
doivent être soigneusement posées après une
évaluation de l’intensité de la chute des paupières. Compte tenu de l’importance de la faiblesse du releveur de la paupière supérieure
dans la DMOP, l’intervention la plus souvent
pratiquée est la suspension frontale.
● SURVEILLANCE
● TRAITEMENTS MÉDICAMENTEUX
● RÉÉDUCATION ET COMPENSATION
DE FONCTIONS
● CHIRURGIE
●
Selon l’intensité de la dysphagie, plusieurs
techniques peuvent être utilisées, en association ou successivement.
Il n’y a pas de traitement médicamenteux efficace. Les anticholinestérasiques auraient amélioré dans certains cas la dysphagie.
Dans tous les cas les conseils diététiques sont
importants pour respecter l’équilibre alimentaire et pour éviter amaigrissement et dénutrition. Il faut souvent modifier la texture des
aliments en tendant vers une alimentation
semi-solide. La rééducation de la dysphagie a
pour but de pallier un réflexe déficient par un
contrôle volontaire.
Le traitement chirurgical proposé est la myotomie cricopharyngienne qui consiste à réséquer une partie du sphincter supérieur de l’œsophage. La gastrostomie ou la jéjunostomie
d’alimentation sont des techniques palliatives
employées en cas d’échec de la myotomie
et/ou chez un patient très dénutri. La mise en
place d’une sonde naso-gastrique est le plus
souvent une solution d’attente.
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
8-1
surveillance / traitements médicamenteux
SURVEILLANCE
Une surveillance régulière permet de déceler
des signes de gravité. Elle s’attache à évaluer la gêne fonctionnelle visuelle et l’intensité de la dysphagie afin de prendre des
mesures thérapeutiques adaptées.
● APPAREIL MUSCULAIRE
La gêne fonctionnelle visuelle est directement
liée à l’intensité du ptosis. La surveillance a pour
but de proposer la chirurgie lorsque les petits
moyens ne sont plus suffisants pour pallier l’incapacité et restaurer la meilleure fonction visuelle possible.
L’évaluation de la gêne visuelle et de l’intensité
du ptosis est faite au cours d’un examen ophtalmologique soigneux qui comprend la mesure de
l’acuité visuelle, l’étude de la réfraction, la biomicroscopie, la rétinoscopie, l’examen au cache
pour rechercher un strabisme, l’évaluation de la
motilité oculaire, la mesure de l’importance du ptosis et la mesure de la fonction du releveur
(voir “Description•Appareil musculaire•Ptosis”).
Le bilan régulier des autres groupes musculaires
(testing analytique, scores fonctionnels) permet la
mise en oeuvre des moyens de rééducation
propres à conserver la meilleure autonomie possible.
● O.R.L.
Le retentissement de la dysphagie sur l’état clinique du patient doit être suivi très régulièrement :
- évaluation de l’état nutritionnel par une surveillance attentive du poids,
- enquête alimentaire pour déterminer si le mode
d’alimentation est adapté à l’importance de la dysphagie.
● APPAREIL RESPIRATOIRE
Il faut détecter les surinfections bronchiques ou
broncho-pulmonaires témoignant de l’existence
de fausses routes en pratiquant une radiographie
pulmonaire devant le moindre signe d’appel pulmonaire.
8-2
TRAITEMENTS
MÉDICAMENTEUX
● APPAREIL MUSCULAIRE
Aucun traitement médicamenteux n’est efficace
sur les symptômes de la maladie. Une tentative
s’est, toutefois, avérée positive avec un anticholinestérasique sur un cas en début d’évolution
(Duranceau et al., 1978). Cependant, ce traitement
essayé par d’autres équipes, sur d’autres patients
n’a pas donné de résultat favorable (Dobrowsky
et al., 1986).
● APPAREIL RESPIRATOIRE
Liées aux fausses routes, les pneumopathies sont
dues à l’inhalation d’une flore microbienne anaérobie variée. Plusieurs types d’antibiotiques peuvent être utilisés avec succès : pénicilline G I.V.,
clindamycine, amoxicilline, ampicilline éventuellement associées au métronidazole.
Le patient parvient à compenser le ptosis pendant un certain temps en adoptant l’attitude
du “vise en l’air” (tête rejetée en arrière, front
plissé) ou en ayant recours à des petits
moyens (sparadrap). Par la suite, il peut être
aidé par les lunettes à béquilles.
L’importance de l’atteinte des muscles des
membres peut nécessiter une kinésithérapie,
visant à lutter contre les conséquences de
l’immobilisation (rétractions, douleurs, déformations articulaires), ainsi que la prescription d’aides techniques pour compenser l’in-
■ Dispositifs anti-ptosis
ou “lunettes à béquilles”
● Dispositif anti-ptosis fixe
Il s’agit d’un petit dispositif, fin comme un fil, disposé entre la lunette et la paupière qu’il maintient
constamment ouverte. Le risque est le même
qu’avec le sparadrap, à savoir les lésions cornéennes, d’où un emploi temporaire et prudent.
● Dispositif anti-ptosis à ressort
Il s’agit d’un petit étrier, monté sur un ressort, fixé
sur une monture de lunette suffisamment haute
et épaisse. L’étrier refoule la paupière supérieure dans le pli palpébral. Grâce au petit ressort,
l’étrier suit la fermeture de la paupière et aide à
la remontée de celle-ci. La cornée est ainsi protégée. Mais ce dispositif implique une musculature suffisante pour entraîner l’étrier vers le bas
et permettre l’occlusion de la paupière.
rééducation et compensa-
RÉÉDUCATION ET
COMPENSATION
DE FONCTIONS
ture de la paupière, elle expose constamment la
cornée à l’air, avec un risque de kératite.
capacité motrice (canne, siège releveur, supports de bras, lève-malade, fauteuil roulant
électrique,…).
Les troubles de déglutition conduisent souvent à modifier la texture des aliments, pour
adopter un régime mixé ou semi-liquide. Des
conseils peuvent être donnés pour un meilleur
contrôle volontaire de la déglutition. Parfois
l’intensité des troubles nécessite une alimentation par sonde naso-oesophagienne en
crico-pharyngienne) ou palliative (gastrostomie ou jéjunostomie d’alimentation).
Dystrophie musculaire
oculopharyngée. Dispositif
anti-ptosis à ressort.
● APPAREIL MUSCULAIRE
L’ajustage de l’étrier, réalisé
par un opticien, doit être précis, notamment pour respecter
l’équilibre entre la force musculaire et la tension du ressort.
Les différentes méthodes de correction du ptosis,
parfois imparfaites, constituent une aide importante au début de l’évolution ou en attendant le
traitement chirurgical d’un ptosis devenu trop
gênant.
■ Sparadrap
C’est une méthode simple qui consiste à relever
la paupière supérieure à l’aide d’un morceau de
sparadrap. Elle doit être utilisée avec prudence et
de façon temporaire, car empêchant toute ferme-
●
A. Goussiaume
attendant l’intervention correctrice (myotomie
● Verres scléraux
Les verres scléraux sont l’équivalent de grosses
lentilles de contact. Ils comportent un dispositif
maintenant les paupières constamment ouvertes,
tandis que les cornées restent protégées par les
larmes qui s’infiltrent entre elles et les verres.
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
8-3
rééducation et compensation de fonctions
● O.R.L.
■ Conseils diététiques
L’indispensable adaptation de l’alimentation orale
aux troubles de déglutition s’appuie sur l’analyse de la nature et de l’intensité des difficultés.
Celles-ci sont généralement plus importantes avec
les aliments solides que liquides.
Certains aliments, trop difficiles à avaler, doivent
être supprimés. Il faut cependant éviter un déséquilibre trop important de l’alimentation.`
Le but des conseils diététiques sera donc de
maintenir un apport calorique suffisant. La plupart
des conseils décrits ci-dessous sont issus du livre
“Tous à table” (Willig, 1993).
● Modifier la texture des aliments
Pour faciliter la déglutition, il est préférable de
recourir aux aliments semi-solides ou pâteux de
texture homogène.
La facilitation de la déglutition est renforcée par
l’adjonction de sauces liquides, plus ou moins
épaisses, enrobant les aliments et facilitant la
propulsion de la bouchée. Les liquides purs,
comme l’eau, souvent difficile à avaler sans fausse route peuvent être remplacés par des boissons
plus épaisses (potages, jus de fruits épais, boissons lactées, yaourts).
La préparation de ces aliments semi-solides ou
pâteux et des liquides épais nécessite l’utilisation
de liants capables d’augmenter la cohésion d’une
préparation et de lui donner du corps. Il peut s’agir
de liants amidonnés, de corps gras, d’œufs ou de
gélifiants.
Une présentation agréable des aliments doit être
recherchée. Les sauces ont une place prépondérante car elles combinent le rôle d’agent de texture, en donnant de l’onctuosité, et le rôle d’agent
de saveur. Elles permettent de varier le goût et
la présentation des plats.
● Équilibrer l’alimentation
Même si la texture est modifiée, il faut que l’alimentation reste équilibrée et variée. Des menus
types pourront être proposés à chaque personne.
Un aliment de chaque groupe doit être consommé à
chaque repas :
- groupe 1 : viandes, poissons et œufs, apportant des
protéines et du fer,
- groupe 2 : produits laitiers, sources de protides et de
calcium,
- groupe 3 : légumes et fruits, apportant glucides, fibres,
8-4
vitamines et minéraux,
- groupe 4 : pain, féculents et céréales, sources de glucides et d’énergie,
- groupe 5 : beurre, huile, margarine, crème fraîche, fournissant énergie et vitamines
- groupe 6 : eau.
En cas de diminution de l’appétit ou de perte de
poids trop importante, l’alimentation devra être
enrichie, en protéines en ajoutant aux préparations
de la poudre de lait écrémé, un jaune d’oeuf,
une crème de gruyère, du jambon ou du blanc de
poulet haché. Il existe aussi dans le commerce des
préparations “enrichies” prêtes à l’emploi qui
peuvent être utiles.
● Faciliter la déglutition
Il faut que les repas soient pris dans le calme, à
un moment favorable, sans précipitation. Ils peuvent être fractionnés tout au long de la journée.
L’installation doit être confortable.
La présentation agréable des aliments est un facteur de stimulation.
Il ne faut pas hésiter à faire réchauffer les aliments. Les aliments tièdes sont en général plus
efficaces et moins dangereux.
Les grosses bouchées et les grosses gorgées sont
déconseillées. Les bouchées et les gorgées n’excédant pas la valeur d’une cuillère à café ou
d’une demi-cuillère à soupe, sont plus facilement
contrôlées par la bouche et mieux propulsées
vers le pharynx. L’aliment est placé sur la partie
médiane de la langue (ni sur la pointe, ni sous la
langue). Il faut être attentif à chaque bouchée et
“penser” à avaler.
Des temps d’arrêt doivent être respectés entre
chaque bouchée.
■ Rééducation de la dysphagie
Son but est de pallier, partiellement, un réflexe
déficient par un contrôle volontaire. Elle nécessite une coopération active de la personne et de
son entourage. Les différents moyens à mettre en
oeuvre ne parviennent cependant pas à remplacer totalement la déglutition normale automatique par une déglutition contrôlée volontaire.
● Recherche d’un facteur aggravant la
dysphagie
En particulier, il faut éliminer des troubles de la
mastication qui peuvent être engendrés par un
mauvais état dentaire ou des troubles de l’articulé dentaire, des troubles de la salivation ou un
reflux gastro-oesophagien.
● Apprentissage du contrôle volontaire
Il faut apprendre au sujet à vider son larynx par
un hemmage efficace. L’hemmage, qui est l’action
de toussoter plusieurs fois (“faire hem, hem”),
peut servir aussi de manœuvre d’autoprotection
contre les fausses routes.
Les conseils sont énoncés clairement :
• manger lentement,
• prendre de petites bouchées,
• mettre la bouchée au centre de la langue,
• garder les bouchées dans la bouche un moment,
• retenir son souffle,
• penser à “avaler”, avant d’avaler effectivement.
Progressivement la personne va intérioriser cette
séquence.
● Information
L’explication à l’aide de schémas simples, des
différents temps de la déglutition, de ce qui se
passe quand on “avale de travers” aide à contrôler la peur, normale à ce stade.
Il faut toujours garder une attitude rassurante,
dédramatiser les échecs pouvant survenir lors
des premières tentatives de déglutition. C’est une
période exigeant beaucoup de patience.
● Environnement
Le sujet doit être placé dans des conditions favorables à la concentration, c’est-à-dire dans un
lieu agréable, calme, avec un minimum de distractions (pas de radio ni de télévision qui fonctionnent, pas de portes qui claquent, pas de
conversations ...). Pour des raisons de sécurité,
une infirmière est présente, avec un appareil à succion, et ce tant qu’il y a des risques d’inhalation.
Cette mesure a l’avantage de sécuriser le patient.
● Positionnement
Il faut enseigner à la personne la position facilitant le plus la déglutition. Elle ne doit pas être
couchée (risque d’inhalation) mais assise confortablement, les pieds reposant sur le sol, les
hanches et les genoux fléchis, le tronc aussi stable
que possible, la tête dans l’alignement du corps
et légèrement inclinée vers l’avant.
La position assise est la plus efficace car les
forces de gravité assistent le péristaltisme et l’action musculaire de l’œsophage.
La position, en légère flexion vers l’avant, naturelle lors
de l’alimentation, favorise le passage du bol alimentaire dans l’œsophage et assure une protection optimale
de la trachée par la base de la langue.
La tête doit être en légère flexion car cette position élargit la lumière œsophagienne tout en facilitant une protection complète des voies respiratoires par l’épiglotte.
Au contraire, si la tête est en hyperextension, la lumière œsophagienne est rétrécie et les voies aériennes
sont béantes, créant un danger d’inhalation.
La table est réglée à une hauteur confortable et
couverts et assiette sont disposés à une distance convenable.
●
Il faut insister pour que la mastication soit soigneuse et même exagérée, afin de stimuler au
maximum les récepteurs buccaux et déclencher de
façon plus certaine le processus de déglutition.
Des observations quotidiennes sont notées :
nombre de déglutitions réussies, temps qui les
sépare, type d’aliments absorbés, durée du
repas, quantités absorbées à chaque repas (ne
pas hésiter à faire intervenir la diététicienne
pour rééquilibrer l’alimentation et éviter le
risque de suralimentation).
● Rôle de l’entourage
L’entourage joue un rôle important : il veille à l’alimentation correcte du patient et doit être en
mesure de réagir en cas de fausse-route.
Pour cela, il faut apprendre aux proches la
manœuvre de Heimlich, destinée à éviter l’asphyxie lors de l’obstruction du larynx par des
fragments alimentaires inhalés accidentellement.
Cette manoeuvre consiste à refouler d’urgence et
brusquement le diaphragme vers le haut par une
compression violente de la région comprise entre
l’ombilic et le sternum. Ainsi le corps étranger est
rejeté par l’air brusquement chassé des poumons.
Si la fausse-route a lieu avec des liquides,
quelques tapes dans le dos sont administrées de
bas en haut.
rééducation et compensation de fonctions
● Hemmage
■ Compensation de la
déglutition
● Sonde naso-gastrique
Quand la dysphagie devient trop intense, la compensation de la déglutition est réalisée par la
mise en place d’une sonde naso-gastrique.
La sonde et rarement mise en place à demeure.
Le plus souvent , elle est posée temporairement
permettant la réalimentation d’un patient très
dénutri, avant un traitement chirurgical palliatif ou
curatif.
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
8-5
rééducation et compensation de fonctions / chirurgie
8-6
La sonde doit être mise en place par un professionnel
ou par une personne qui a été formée pour cela.
Rigidifiée par de l’eau glacée ou par un fil guide, la sonde
est introduite par le nez, puis le patient aide la progression par des mouvements de déglutition. La position gastrique de la sonde est vérifiée par injection
d’air et auscultation des bulles d’air. Elle peut aussi être
vérifiée par aspiration du liquide gastrique.
L’alimentation par la sonde naso-gastrique peut
se faire par bolus. Elle est mieux tolérée par perfusion continue, au moyen d’une pompe. Lorsque
la sonde naso-gastrique est de petit calibre, il faut
recourir à une perfusion continue afin d’éviter
que la sonde ne se bouche.
Cette technique expose au risque de peumopathie
d’inhalation par régurgitation du contenu gastrique.
Il peut aussi y avoir, à la longue, une irritation
du nasopharynx ou de la jonction oesogastrique,
avec risque de saignement ou constitution d’une
sténose.
Enfin, il existe un problème esthétique important, pouvant entraver la vie sociale.
CHIRURGIE
Il existe plusieurs types de techniques opératoires pour corriger le ptosis. Les indications dépendent de l’importance du ptosis,
de la qualité fonctionnelle des muscles releveur de la paupière supérieure et frontal.
La seule intervention proposée pour corriger
la dysphagie est la myotomie cricopharyngienne qu’il vaut mieux appeler myotomie du
sphincter supérieur de l’oesophage. Cette
section de toutes les structures musculaires
intervenant dans le dysfonctionnement de la
jonction pharyngo-oesophagienne donne de
bons résultats dans la dystrophie musculaire oculopharyngée (DMOP).
En dehors de cette chirurgie fonctionnelle, on
propose des interventions palliatives de dérivations : gastrostomie ou jéjunostomie d’alimentation.
● APPAREIL MUSCULAIRE
Les techniques opératoires de correction du ptosis utilisées dépendent des équipes : les attitudes n’étant pas encore bien codifiées, les résultats publiés ne sont pas toujours comparables.
Certaines équipes traitent précocement (Johnson
et Kuwabara, 1974), d’autres, au contraire, n’interviennent que lorsque la gêne est sensible
(Molgat et Rodrigue, 1993).
■ Plusieurs types
d’interventions correctrices
du ptosis existent
Elles se pratiquent sous anesthésie générale ou
locale.
● Résection du releveur de la paupière
supérieure
Cette intervention consiste à raccourcir le muscle
releveur de la paupière supérieure d’une longueur
qui dépend de l’importance du ptosis.
La meilleure voie de résection semble être la voie antérieure, transcutanée. Elle permet la résection du muscle
et de son aponévrose qui sont particulièrement bien
exposés (Molgat et Rodrigue, 1993).
● Avancement de l’aponévrose de la
paupière
• lorsque la fonction du releveur de la paupière
est mauvaise (excursion palpébrale inférieure à
6 mm), cas le plus fréquent dans la DMOP, il faut
recourir à la suspension au muscle frontal. Le
résultat thérapeutique dépend alors de la fonction
du muscle frontal : la course du sourcil entre la
position de repos et la position lors de la contraction maximum du muscle frontal doit être supérieure ou égale à 6 mm (voir “Description•Appareil
musculaire•Ptosis”).
chirurgie
Un muscle releveur fonctionnel est nécessaire à
la réalisation de cette intervention qui peut être
associée à une blépharoplastie cutanée.
Proposée dans le traitement du ptosis de la DMOP
par Jordan et Addison (1993), cette intervention
consiste en l’avancement de l’aponévrose de la
paupière, complétée, selon l’intensité du ptosis,
par l’avancement du muscle de Müller. Ce
Dystrophie musculaire oculopharyngée.
muscle lisse, qui concourt physiologiqueCorrection du ptosis. Suspension de la
ment, avec le muscle releveur, à l’élévation
paupière supérieure au muscle frontal.
de la paupière supérieure, est mis en position fonctionnelle pour pallier la déficience du
muscle strié.
● Suspension de la paupière au muscle
frontal
Cette méthode consiste à solidariser la paupière
supérieure du muscle frontal homolatéral, grâce
à un fil ou à une greffe de fascia.
La fonction du muscle frontal doit être satisfaisante pour que cette technique donne de bons
résultats. Les personnes opérées ouvrent les yeux
en plissant le front.
On peut utiliser le fascia lata, prélevé sur le membre inférieur du patient, ce qui nécessite une anesthésie générale et une immobilisation de quelques jours (ce qui
représente un inconvénient dans un maladie musculaire). L’aponévrose du muscle temporal peut être aussi utilisé, lorsque l’atrophie n’est pas trop importante. Le
prélèvement est simple sans complication et se fait
sous anesthésie locale.
Le réglage du niveau de la paupière supérieure est un
temps important de l’intervention et doit répondre
aux critères suivants :
. une ouverture de la fente palpébrale égale à 6 mm
en fin d’intervention
. un axe optique dégagé
. une bonne occlusion sans mobilisation du sourcil.
Fixation de la bandelette
sur la face antérieure du tarse
Traction sur les deux chefs de la bandelette
■ Indications
●
Fixation des deux chefs de la bandelette
sur le muscle frontal
A. Goussiaume
Les indications opératoires, mieux codifiées actuellement, dépendent de l’intensité du ptosis et du
caractère fonctionnel ou non du muscle releveur
de la paupière :
• lorsque le ptosis est modéré et que la fonction
du releveur est bonne ou moyenne (excursion de
la paupière supérieure à 6 mm) (voir “Description
clinique•Appareil musculaire”), une résection du
muscle releveur de la paupière supérieure peut
être effectuée. La résection musculaire doit être
limitée (12mm au maximum) (Morax et al., 1992)
Aspect per-opératoire terminal
après sutures cutanées
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
8-7
chirurgie
■ Résultats
Le résultat recherché est fonctionnel et non esthétique. Si l’indication du traitement est bien posée,
les résultats de cette chirurgie sont souvent favorables : le ptosis est corrigé totalement ou partiellement.
Dans une étude récente, Jordan et Addison exposent les
résultats obtenus chez 26 patients (47 paupières) ayant
un ptosis moyen avec une excursion satisfaisante de la
paupière supérieure. L’avancement de l’aponévrose, cou-
● O.R.L.
■ Chirurgie fonctionnelle
Dans la DMOP, la propulsion pharyngée est diminuée et la musculature du sphincter supérieur de
l’oesophage se relâche mal, créant un obstacle au
passage du bol alimentaire.
La myotomie cricopharyngienne ou myotomie du
sphincter supérieur de l’oesophage est le traitement de choix de la dysphagie de la DMOP (Lacau
ST Guily, 1994b ; Bokowy, 1995).
plée à celle du muscle de Müller, est toujours plus efficace que l’avancement isolé de l’aponévrose (Jordan et
Addison, 1993). Lorsque les avancements de l’aponévrose
et du muscle étaient couplés, l’examen histologique a
montré une atteinte dystrophique du muscle de Müller.
Le processus dystrophique pourrait donc intéresser aussi
un muscle lisse. L’atteinte est probablement limitée car
le muscle demeure fonctionnel. Des études antérieures,
notamment celle de Johnson et Kuwabara, ne trouvaient
pas d’anomalie histologique dans le muscle de Müller
(Johnson et Kuwabara, 1974).
● Myotomie cricopharyngienne
Cette technique a d’abord été décrite en 1913 par Heller
comme traitement de l’achalasie œsophagienne. C’est
seulement en 1957, que Kramer a mis en évidence, par
des explorations manométriques, l’efficacité d’une telle
intervention dans la dysphagie oropharyngée. Il démontra aussi que même normal, sur le plan fonctionnel, le
muscle cricopharyngien constituait une barrière à la
déglutition lorsque la contraction du pharynx devenait
inefficace (Kramer et al, 1957).
■
■ Complications
Les complications post-opératoires sont généralement peu graves.
Une lagophtalmie (brièveté de la paupière supérieure) transitoire, empêchant l’occlusion palpébrale complète, est à peu près constante au
décours de la chirurgie pour ptosis. Elle ne peut
être considérée comme une véritable complication.
Une kératite superficielle de la partie inférieure de
Intervention chirurgicale simple et bien réglée,
la myotomie du sphincter supérieur de l’oesophage se pratique le plus souvent sous anesthésie générale, mais peut se faire sous anesthésie régionale (bloc C3-C4) potentialisée.
L’alimentation orale peut être reprise le soir
même, sauf si une brèche muqueuse a été faite.
Dans ce cas, l’alimentation doit être faite, pendant quelques jours, au moyen d’une sonde
naso-oesophagienne.
Indications et contre-indications
la cornée est fréquente. Elle survient immédiate-
■
ment après l’intervention et disparaît en 4 à 6
Les indications reposent sur les données de l’exploration fonctionnelle de la déglutition qui comporte toujours : fibroscopie de la déglutition,
radiocinéma et manométrie.
semaines. Cette kératite est d’autant plus prononcée que les patients avaient au préalable les
yeux secs.
La récidive du ptosis n’est observée que rarement
et de façon retardée par rapport à l’intervention.
Une étude récente, ayant repris les observations de 91
patients opérés pour un ptosis apparu au cours d’une
DMOP, fait état d’un taux de récidive égal à 13% à 9 ans
(Molgat et Rodrigue, 1993).
Le taux de récidive dépend de l’évolution de la maladie
musculaire et de la fonction du releveur de la paupière
supérieure qui doit être au moins égale à 6 mm pour
qu’une résection soit faite.
8-8
Technique
Dans un premier temps, une bougie est introduite, sous
contrôle endoscopique, dans l’axe pharyngo-oesophagien
pour en faciliter le repérage, au cours du geste chirurgical, et réaliser la myotomie.
L’incision est cervicale, le long du bord antérieur du
muscle sterno-cléido-masticoïdien, en regard de son
tiers inférieur. Après s’être porté en arrière du pharynx
et de l’oesophage et avoir identifié la jonction pharyngo-oesophagienne, on effectue la myotomie. Ce geste
libère la muqueuse sous-jacente et est complétée par une
résection musculaire. Les muscles sont prélevés pour
examen anatomo-pathologique.
chirurgie
Dystrophie musculaire
oculopharyngée.
Myotomie
cricopharyngienne.
Vue opératoire.
A. Goussiaume
Faite sur 4-5 cm de long,
elle intéresse les éléments
musculaires constituant le
sphincter supérieur de
l’oesophage, à savoir le
muscle crico-pharygien,
les deux premiers centimètres de la musculature
oesophagienne et le dernier centimètre du muscle
constricteur inférieur du
pharynx.
La seule contre-indication à la myotomie dans la
DMOP est l’existence d’un apérisaltisme pharyngé (aucune propulsion pharyngée résiduelle). Cette
situation se traduit par un pharynx atone en radiocinéma et par des dérivations pharyngées plates
en manométrie. Dans ce cas, la myotomie est toujours un échec.
Dans les autres cas, avec propulsion pharyngée
résiduelle diminuée mais présente, la myotomie
est indiquée quelles que soient les constatations
faites au niveau du sphincter supérieur de l’oesophage. Il n’existe cependant aucun moyen
actuellement pour déterminer la propulsion pharyngée minimale efficace en deçà de laquelle l’intervention échouera (Lacau St Guily, 1995).
■
maladie, est possible.
La stase salivaire persiste le plus souvent, car la
diminution de la propulsion pharyngée est inchangée.
Parfois les résultats sont moins favorables, avec
une persistance des difficultés plus ou moins
marquées. Ceci s’observe surtout quand la propulsion pharyngée était très anormale.
Les explorations fontionnelles de contrôle objectivent la réalité de la myotomie, mais ne sont pas
bien corrélées avec le résultat fonctionnel.
Résultats
L’efficacité de la myotomie est jugée sur l’amélioration de la symptomatologie, sur le mode
d’alimentation et sur des critères plus relatifs
comme la courbe de poids et la stase salivaire.
Les résultats, souvent spectaculaires, sont marqués par une amélioration nette des troubles.
Cette amélioration se maintient le plus souvent
mais une dégradation, liée à l’évolution de la
●
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
8-9
chirurgie
■ Chirurgie palliative
Il s’agit d’interventions de dérivation avec mise
en place d’une sonde d’alimentation au niveau de
l’estomac (gastrostomie) ou du jéjunum (jéjunostomie).
Temporaires, elles permettent de préparer un
patient trop dénutri à une intervention fonctionnelle et/ou de procéder à la réalimentation en
post-opératoire immédiat.
Définitives, elles sont pratiquées lorsque l’alimentation orale est devenue impossible avec un
retentissement important sur l’état nutritionnel et
général du patient.
● Gastrostomie
■
Techniques
Il existe deux manières de mettre en place la
sonde dans l’estomac à travers la paroi abdominale :
• la technique chirurgicale ou gastrostomie chirurgicale (GC),
• la technique endoscopique ou gastrostomie
endoscopique percutanée (GEP).
La deuxième technique plus facile à mettre en
œuvre tend à remplacer, dans cette indication, la
technique chirurgicale.
Gastrostomie chirurgicale
Une incision de la paroi abdominale est pratiquée
sous anesthésie générale ou sous rachi-anesthésie en salle d’opération.
La sonde est mise en place dans l’estomac et est
ensuite fixée à la paroi.
Gastrostomie endoscopique per cutanée
La mise en place d’une GEP se fait sous prémédication et anesthésie locale, sous neuroleptanalgésie ou sous anesthésie générale, au lit du
malade, en salle d’endoscopie ou en salle d’opération.
La plupart des auteurs recommande d’encadrer la
pose de la sonde d’une antibiothérapie prophylactique par voie veineuse (céphalosporines le
plus souvent). La mise en place nécessite un
fibroscope et un kit de GEP (commercialisé).
Le temps de pose est en général inférieur à 20
minutes. L’alimentation peut être débutée 24 à 48
heures après la pose de la sonde (Cellier et al.,
1989; Rozier et al., 1991).
En dehors de la «pull-technique», il existe d’autres
moyens utilisés pour la mise en place de la sonde de
gastrostomie, nécessitant ou non l’emploi de l’endoscopie gastrique.
Dystrophie musculaire oculopharyngée.
Gastrostomie endocopique percutanée.
(“pull technique”)
1
1. Parallèlement à une aspiration régulière du carrefour laryngo-pharyngé, le fibroscope est introduit dans l’estomac où de l’air est insufflé permettant l’accolement à la paroi abdominale. Par transillumination, un point de ponction est repéré à la surface de la peau.
2
3
A. Goussiaume
2-3. Après anesthésie locale, si le patient n’a pas subi d’anesthésie générale, un trocard est introduit par voie transcutanée dans la cavité gastrique. Cela permet de passer dans l’estomac un fil guide, récupéré par la pince à biopsie
du fibroscope, puis amené à l’extérieur de la bouche du patient.
8-10
4
5
4. La sonde de gastrostomie, munie d’un petit embout
siliconé est nouée à l’extrémité buccale du fil, puis
amenée par traction de l’extrémité abdominale du fil
à travers la paroi gastrique, laquelle vient adhérer à la
paroi abdominale («pull-technique»).
5. Un disque est placé sur le versant cutané et
suturé à la peau. La bonne position de la sonde
intragastique est ensuite vérifiée par endoscopie.
Indications et contre-indications
Les techniques de gastrostomie, qu’elles soient
chirurgicales ou endoscopiques, permettent une
restauration de l’alimentation entérale lorsque la
déglutition devient impossible ou que les fausses
routes deviennent trop nombreuses.
La tolérance est le plus souvent bonne, en particulier il n’y a pas les désagréments esthétiques
qui existent avec les sondes naso-gastriques.
L’ablation est facile. Cette technique peut donc
être une solution d’attente avant une chirurgie
fonctionnelle.
Les contre-indications sont peu nombreuses.
La GEP ne peut être employée en cas d’obésité,
d’ascite ou d’hépatomégalie du lobe gauche car
la transillumination de la paroi abdominale est
mauvaise ainsi que l’accolement de l’estomac à
la paroi.
Des troubles de la coagulation, un encombrement
bronchique majeur ou des remaniements inflammatoires ou néoplasiques de la paroi antérieure
de l’estomac sont des contre-indications formelles
aux deux types de techniques.
■
Complications
nelles ont été décrites (nécrose pariétale, incarcération de la sonde dans la paroi gastrique ou
abdominale, fistule gastro-colique, migration de
la sonde dans le duodénum entraînant un syndrome occlusif, …). Elles peuvent être évitées en
respectant les contre-indications, en suivant un
protocole précis et soigneux de mise en place de
la sonde et en surveillant soigneusement la sonde
à distance de l’intervention.
● Jéjunostomie
C’est aussi une méthode entérale d’alimentation
palliative qui peut être utilisée au long cours.
■
Les complications mineures sont fréquentes
(variant entre 0 et 38 %) :
- les infections pariétales bénignes, en pourtour
de la sonde sont assez fréquentes. Elles régressent après traitement par antiseptiques locaux et
ne nécessitent pas l’ablation de la sonde.
- ultérieurement, des réactions inflammatoires
autour de la sonde (érythème, granulome, ou
induration) peuvent survenir. Elles disparaissent
sous nitrate d’argent.
- les abcès sous-cutanés seront traités par drainage et antibiothérapie. Ils nécessitent, parfois,
l’ablation de la sonde.
- les complications infectieuses plus sévères (septicémie, fasciites) sont rares et favorisées par un
terrain déficient (dénutrition, …).
- les pneumopéritoines survenant au décours de
la pose de la sonde ne doivent pas être opérés
car il sont bénins.
- la fuite de liquide gastrique autour de la sonde
ne nécessite pas l’ablation de celle-ci mais des
soins locaux.
Des complications plus graves mais exception-
●
Technique
La sonde est mise en place, sous anesthésie générale ou sous rachi-anesthésie, à travers la paroi
abdominale, dans une anse proximale du jéjunum. Elle est fixée à la paroi par une suture. Elle
peut être de calibre variable.
■
Indications
La jéjunostomie est indiquée surtout quand des
troubles de la vidange gastrique ou une atonie
gastrique post-opératoire existe.
■
La mise en place d’une gastrostomie n’est pas un
geste anodin et doit s’entourer d’un maximum de
précautions : asepsie, antibiothérapie prophylactique, absence de fixation par fils (fixation par un
disque collé à la peau).
chirurgie
■
Complications
Il existe là aussi un risque d’irritation au point de
sortie de la sonde, surtout si elle est de gros
calibre.
L’alimentation par perfusion continue est le plus
souvent nécessaire.
La diarrhée est habituelle et peut être gênante.
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
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DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE
RECHERCHES
●
DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
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AFM
RECHERCHES
DYSTROPHIE
MUSCULAIRE
OCULOPHARYNGÉE
RECHERCHES
Outre les améliorations à apporter
dans la prise en charge des patients pour pallier les incapacités liées au ptosis, aux troubles
de déglutition et au déficit des muscles proximaux des membres, les voies de recherche
les plus prometteuses actuellement sont
d’ordre génétique.
Les résultats importants obtenus sur la localisation du gène par l’équipe canadienne de G. A.
Roulleau doivent être confirmés (Brais et al.,
1995) sur d’autres familles d’origine géographique
différente.
C’est pourquoi des campagnes de prélèvements
sanguins pour étude génétique sont menées
depuis quelques années dans le monde entier et
tout particulièrement en France.
Elles permettront de confirmer la liaison génétique
de la dystrophie musculaire oculopharyngée avec
la région 14q11.2-q13, de déterminer s’il existe une
origine commune aux patients québécois et français et d’identifier le gène.
Ces étapes sont nécessaires avant d’envisager
des possibilités thérapeutiques curatives.
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DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
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AFM
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DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE
CRITÈRES
DE DIAGNOSTIC
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DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
CRITÈRES DE DIAGNOSTIC
DYSTROPHIE
MUSCULAIRE
OCULOPHARYNGÉE
CRITÈRES DE DIAGNOSTIC
Les critères de diagnostic utilisés par
Brais et al. pour sélectionner les patients afin
de réaliser l’analyse de liaison génétique sont
les suivants :
pour être classé comme atteint de dystrophie
musculaire oculopharyngée (DMOP), le patient
doit :
• appartenir à une famille dont au moins un
membre atteint a une biopsie positive, c’està-dire avec des inclusions filamentaires spécifiques dans les noyaux des fibres musculaires squelettiques,
• présenter les 2 caractéristiques cliniques
suivantes :
- une ou deux fentes palpébrales de hauteur
inférieure à 8 mm,
- un temps pour avaler 80 ml d’eau froide
supérieur à 7 secondes.
Les patients ne présentant qu’un des deux
caractères cliniques doivent être considérés
comme possiblement affectés.
L’âge de la personne est un élément diagnostique dont il faut aussi tenir compte (Brais
et al., 1995).
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DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE
BIBLIOGRAPHIE
& ABRÉVIATIONS
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DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
BIBLIOGRAPHIE & ABRÉVIATIONS
DYSTROPHIE
MUSCULAIRE
OCULOPHARYNGÉE
BIBLIOGRAPHIE & ABRÉVIATIONS
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D
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G
G.C. : gastrostomie chirurgicale
G.E.P. : gastrostomie endoscopique percutanée
I
IgA, IgG : immuno globuline A, G
I.V. : injection intra-veineuse
J
J.N.M. : jonction neuromusculaire
O
O.R.L. : oto-rhino-laryngologiste ou oto-rhino-
laryngologie
P
P.A.S. : acide périodique schiff
S
S.L.A. : sclérose latérale amyotrophique
S.S.O. : sphincter supérieur de l’oesophage
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DYSTROPHIE MUSCULAIRE OCULOPHARYNGÉE ●
JUIN 1995 ●
AFM
11-5
ASSOCIATION FRANÇAISE CONTRE LES MYOPATHIES
1 rue de l’Internationale - BP 59 - 91002 EVRY CEDEX
Tél. (1) 69 47 28 28 - Fax (1) 60 77 12 16
ISBN 2-9507927-3-1
© AFM - Juin 1995
Toute reproduction partielle ou totale de cet ouvrage est interdite sans l’autorisation de l’éditeur (loi du 11 mars 1957)
Dépôt légal : Septembre 1995
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