La Lettre du Cancérologue - Vol. XV - n° 6 - novembre 2006
Réunion
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L’association avec le zolédronate
en cas de métastases osseuses a-t-il de l’intérêt ?
Les résultats à long terme de l’étude d’enregistrement chez
les 122 patients avec 2 ans de traitement (3) ont montré une
réduction du risque de complications osseuses de 36 % entre
les groupes zolédronate 4 mg et placebo (p = 0,009).
Ces données ont amené en pratique à associer le zolédronate au
docétaxel de façon pragmatique sans que des données tangibles
d’essais sous-tendent cette combinaison.
Pendant combien de temps
un patient doit-il être traité ?
Dans les deux études de phase III TAX 327 et SWOG 9916,
les durées de traitement ont été de 36 et 30 semaines (≈ 10
cycles). Dans les cancers du sein, du poumon, les traitements
d’induction sont souvent de 6 cycles. Le risque d’apparition
de toxicités cumulatives invalidantes (onycholyse, myalgies
et arthralgies, neuropathies périphériques, syndrome de fuite
capillaire), celui de l’induction d’une résistance multidrogue
avec un traitement continu et l’intérêt potentiel de traiter à
nouveau un patient après un intervalle libre long avec la même
chimiothérapie justifient pour beaucoup en pratique de limiter
le traitement initial à 6-8 cycles.
Un traitement intermittent a-t-il de l’intérêt ?
Plusieurs données préliminaires ont montré un intérêt poten-
tiel à une reprise d’un traitement par docétaxel chez les bons
répondeurs initiaux :
– C.H. Ohlmann (ASCO Prostate 2006, abstract 248) a rapporté
son expérience sur 25 patients consécutifs avec un taux de
réponse biologique de 72 % (18/25) et une durée moyenne de
réponse : 5,8 mois (3-10 mois). Cinq patients ont pu bénéficier
d’une reprise du docétaxel ;
– T.M. Beer et al. a rapporté que dans l’étude ASCENT (4) une
reprise du docétaxel a pu être pratiquée chez 18 % des patients
avec une réponse biologique chez 50 % d’entre eux après un
délai médian de 16 semaines après la chimiothérapie initiale
(et 35 % de stabilisation au moins de 12 semaines) ;
– une étude rétrospective (RETAX) réalisée sur les patients
inclus dans des études contrôlées est actuellement en cours,
en France. Les résultats devraient être présentés à l’ASCO
Prostate 2007.
Faut-il proposer un traitement
de clôture après réponse au docétaxel ?
Intérêt potentiel de la radiothérapie métabolique
L’étude de Tu S et al., (5) chez 200 patients traités pour un cancer
hormonorésistant avec une chimiothérapie de type doxorubicine
et randomisés entre poursuite de la chimiothérapie seule ou
associée à une radiothérapie métabolique par strontium (Sr-89)
avait montré un avantage en survie d’un traitement associant
chimiothérapie + Sr-89 en entretien.
Une étude de phase II d’une combinaison de docétaxel + sama-
rium est actuellement conduite en France par K. Fizazi, les
résultats préliminaires ont été rapportés à l’ASCO 2006 (6).
Après une chimiothérapie d’induction par docétaxel et phos-
phate d’estramustine, en cas de réponse ou de stabilisation,
un traitement de consolidation par docétaxel hebdomadaire
(20 mg/m
2
/semaine x 6) était réalisé, associé à une radiothé-
rapie métabolique par une injection de samarium (37 Mbq)
la semaine 1. Les premiers résultats préliminaires rapportés
ont montré un bon contrôle initial des douleurs (60 % après
induction, 70 % après consolidation) avec une toxicité modérée
sur le plan hématologique. Un suivi à distance des douleurs sur
échelle analogique est toujours en cours.
Quel traitement de chimiothérapie
proposer en deuxième ligne ?
De nombreuses molécules ont été testées en deuxième ligne
ou sont en cours d’évaluation, qu’il s’agisse de mitoxantrone,
vinorelbine, étoposide et/ou cyclophosphamide, satraplatine
(résultats en attente de l’étude EORTC, 912 patients), hydroxy-
méthylocyfulvène (seul ou associé à l’oxaliplatine), épothilone B
et apparentés, etc.
PERSPECTIVES
Les nouveaux axes de développement pour le docétaxel
s’orientent à la fois vers des associations avec de nouveaux
traitements ciblés dans les cancers de la prostate hormono-
résistants et vers des utilisations à des stades plus précoces
de la maladie.
Nouvelles associations avec des traitements ciblés
De nouvelles thérapeutiques dites ciblées sont actuellement
disponibles et évaluées chez les patients ayant un cancer de la
prostate hormonorésistant métastatique. En raison d’un grand
nombre de molécules en développement (plus de 70), une
exhaustivité est impossible. Cependant, schématiquement ces
molécules sont évaluées soit en première ligne, en traitement de
maintenance, ou en deuxième ligne après échec du docétaxel.
Il faut relever (figure 3) :
Tableau.
Docétaxel : toxicité par rapport à l’âge.
W. Berry et T.M. Beer
ASCO 2003, abstract 2996
< 70 ans ≥ 70 ans
Bénéce clinique (BC) / /
Réponse biologique
PSA ≥ 50 % 40 % 47 %
Survie globale 11,7 8,7 (p = 0,9)
Toxicité grade 3/4
- hématologique
- non hématologique
12 %
32 %
15 % (p = 0,6)
46 % (p = 0,2)