Maladie cancéreuse Évolution des schémas thérapeutiques Si la cancérogenèse apparaît comme un processus très complexe, la recherche en oncologie apporte cependant de nouveaux espoirs. Encore faut-il concilier l’innovation et la pratique clinique. O utre les nouveaux concepts dans le traitement des cancers et le développement de nouvelles molécules mettant en œuvre des mécanismes innovants, les cancérologues mettent l’accent sur les traitements personnalisés, adaptés au profil du patient et prenant en compte la qualité de vie. Associations thérapeutiques En ce qui concerne le cancer bronchique, qui est responsable du plus grand nombre de décès par cancer, les dernières données épidémiologiques (étude KBP-2000) montrent que des tumeurs épidermoïdes (prédominantes chez l’homme) et des adénocarcinomes (plus fréquents chez la femme) sont diagnostiqués trop tardivement : 77 % des patients ont des formes de stades III et IV au moment de la première consultation. Les cancérologues rappellent que les associations thérapeutiques sont encore peu utilisées en première intention et qu’il n’est jamais trop tard pour arrêter le tabagisme. Les résultats de nombreux essais sont en faveur d’une bithérapie et confortent la place des associations à base de platine. Selon une large étude de phase III, l’association docétaxel-cisplatine administrée d’emblée améliore la survie des patients et certains paramètres de la qualité de vie par rapport à la bithérapie vinorelbine-cisplatine (respectivement 21 % et 14 %). Plusieurs voies de recherche sont en cours afin d’optimiser l’efficacité et la faisabilité des associations de radiochimiothérapie et d’améliorer les traitements grâce à de nouveaux agents comme les inhibiteurs de la farnésyl transférase (agents peu toxiques même à doses élevées). 10 Dans le cancer colorectal métastatique, les progrès ont été possibles grâce à l’évolution de la chimiothérapie mais aussi des techniques chirurgicales hépatiques. On s’oriente actuellement vers une sélection précoce des médicaments efficaces qui ont un effet plus rapide et plus intense sur les volumes tumoraux et permettent donc d’augmenter le taux de résécabilité des patients métastatiques. En outre, il est apparu que le protocole FOLFIRI suivi du protocole FOLFOX est mieux toléré que la séquence inverse, avec moins de toxicité sévère (53 % versus 74 %). De nouvelles molécules sont actuellement testées en association avec l’irinotécan telles que la capécitabine, l’inhibiteur de la farnésyl transférase, le célécoxib, le flavopiridol, l’E 7070, etc. Toujours le dépistage précoce L’incidence du cancer du sein ne cesse d’augmenter, d’où la nécessité de renforcer la campagne pour un dépistage précoce. Une étude a démontré les résultats encourageants d’un nouveau schéma thérapeutique chez les patientes atteintes d’un cancer du sein à un stade précoce avec atteinte ganglionnaire. Il s’agit d’une étude internationale portant sur 15 000 patientes qui ont reçu, après la chirurgie, soit le protocole TAC (docétaxel, adriamycine, cyclophosphamide), soit l’association classique FAC (5-FU, adriamycine, cyclophosphamide). Après un suivi de 33 mois, 82 % des patientes sous TAC et 74 % de celles sous FAC étaient en vie sans récidive. Le docétaxel a démontré le bénéfice plus important chez les patientes qui présentaient un à trois ganglions lymphatiques positifs : le risque de Professions Santé Infirmier Infirmière - No 44 - mars 2003 récidive est diminué de 50 % et le taux de mortalité de 54 %, alors que, chez les patientes ayant quatre ganglions envahis ou plus, la réduction du risque de récidive n’est que de 14 %, et il n’y a pas de différence dans la survie globale. Le cancer du sein métastatique repose sur les anthracyclines et les taxanes, la meilleure association étant celle qui fait appel au docétaxel puisque ce dernier a démontré sa supériorité sur la doxorubicine. En cas d’impossibilité de reprise des anthracyclines (un bilan cardiaque avant toute reprise s’impose), la question du choix de l’association du docétaxel aux sels de platine ou à la capécitabine ou encore au docétaxel en monothérapie se pose. Une autre alternative aux schémas d’administration conventionnels est à l’étude : l’association du docétaxel et de l’herceptine (anticorps monoclonal). A l’heure actuelle, on est en droit de penser qu’un faible pourcentage de patientes peuvent être considérées comme guéries. Quant au cancer de la prostate au stade métastatique, il répond à l’hormonothérapie dans environ 80 % des cas. Toutefois, la progression de la maladie survient dans un délai de 12 à 18 mois. Au stade de l’échappement hormonal (défini comme la progression des taux de PSA [antigène prostatique spécifique] ou l’apparition de métastases osseuses), les différentes attitudes thérapeutiques restent décevantes avec la survenue du décès dans les 12 mois. La prise en charge reste uniquement palliative. Selon les résultats préliminaires d’une étude en cours, l’association docétaxel + estramustine + prednisone montre un meilleur taux de réponse par rapport au traitement standard (mitoxantrone + prednisone) quand on considère le taux de PSA, le bénéfice clinique et l’index de la douleur. L.C.