Évolution des schémas thérapeutiques
O
utre les nouveaux concepts
dans le traitement des cancers
Dans le cancer colorectal méta-
statique, les progrès ont été pos-
sibles grâce à l’évolution de la
chimiothérapie mais aussi des
techniques chirurgicales hépa-
tiques. On s’oriente actuellement
vers une sélection précoce des mé-
dicaments efficaces qui ont un ef-
fet plus rapide et plus intense sur
les volumes tumoraux et permet-
tent donc d’augmenter le taux de
résécabilité des patients métasta-
tiques. En outre, il est apparu que
le protocole FOLFIRI suivi du pro-
tocole FOLFOX est mieux toléré
que la séquence inverse, avec
moins de toxicité sévère (53 % ver-
sus 74 %). De nouvelles molécules
sont actuellement testées en asso-
ciation avec l’irinotécan telles que
la capécitabine, l’inhibiteur de la
farnésyl transférase, le célécoxib,
le flavopiridol, l’E 7070, etc.
Toujours le dépistage précoce
L’incidence du cancer du sein ne
cesse d’augmenter, d’où la néces-
sité de renforcer la campagne pour
un dépistage précoce. Une étude a
démontré les résultats encoura-
geants d’un nouveau schéma thé-
rapeutique chez les patientes at-
teintes d’un cancer du sein à un
stade précoce avec atteinte gan-
glionnaire. Il s’agit d’une étude in-
ternationale portant sur 15 000 pa-
tientes qui ont reçu, après la
chirurgie, soit le protocole TAC
(docétaxel, adriamycine, cyclo-
phosphamide), soit l’association
classique FAC (5-FU, adriamycine,
cyclophosphamide). Après un suivi
de 33 mois, 82 % des patientes sous
TAC et 74 % de celles sous FAC
étaient en vie sans récidive. Le do-
cétaxel a démontré le bénéfice plus
important chez les patientes qui
présentaient un à trois ganglions
lymphatiques positifs : le risque de
récidive est diminué de 50 % et le
taux de mortalité de 54 %, alors
que, chez les patientes ayant quatre
ganglions envahis ou plus, la ré-
duction du risque de récidive n’est
que de 14 %, et il n’y a pas de dif-
férence dans la survie globale. Le
cancer du sein métastatique repose
sur les anthracyclines et les taxanes,
la meilleure association étant celle
qui fait appel au docétaxel puisque
ce dernier a démontré sa supério-
rité sur la doxorubicine. En cas
d’impossibilité de reprise des an-
thracyclines (un bilan cardiaque
avant toute reprise s’impose), la
question du choix de l’association
du docétaxel aux sels de platine ou
à la capécitabine ou encore au do-
cétaxel en monothérapie se pose.
Une autre alternative aux schémas
d’administration conventionnels
est à l’étude : l’association du docé-
taxel et de l’herceptine (anticorps
monoclonal). A l’heure actuelle, on
est en droit de penser qu’un faible
pourcentage de patientes peuvent
être considérées comme guéries.
Quant au cancer de la prostate au
stade métastatique, il répond à
l’hormonothérapie dans environ
80 % des cas. Toutefois, la pro-
gression de la maladie survient
dans un délai de 12 à 18 mois. Au
stade de l’échappement hormonal
(défini comme la progression des
taux de PSA [antigène prostatique
spécifique] ou l’apparition de mé-
tastases osseuses), les différentes
attitudes thérapeutiques restent
décevantes avec la survenue du
décès dans les 12 mois. La prise en
charge reste uniquement pallia-
tive. Selon les résultats prélimi-
naires d’une étude en cours, l’as-
sociation docétaxel + estramustine
+ prednisone montre un meilleur
taux de réponse par rapport au
traitement standard (mitoxantrone
+ prednisone) quand on considère
le taux de PSA, le bénéfice clinique
et l’index de la douleur.
L.C.
10
Maladie cancéreuse
Si la cancérogenèse apparaît comme un processus très complexe,
la recherche en oncologie apporte cependant de nouveaux espoirs.
Encore faut-il concilier l’innovation et la pratique clinique.
Professions Santé Infirmier Infirmière - No44 - mars 2003
et le développement de nouvelles
molécules mettant en œuvre des
mécanismes innovants, les can-
cérologues mettent l’accent sur les
traitements personnalisés, adap-
tés au profil du patient et prenant
en compte la qualité de vie.
Associations thérapeutiques
En ce qui concerne le cancer bron-
chique, qui est responsable du
plus grand nombre de décès par
cancer, les dernières données épi-
démiologiques (étude KBP-2000)
montrent que des tumeurs épi-
dermoïdes (prédominantes chez
l’homme) et des adénocarcinomes
(plus fréquents chez la femme)
sont diagnostiqués trop tardive-
ment : 77 % des patients ont des
formes de stades III et IV au mo-
ment de la première consultation.
Les cancérologues rappellent que
les associations thérapeutiques
sont encore peu utilisées en pre-
mière intention et qu’il n’est jamais
trop tard pour arrêter le tabagisme.
Les résultats de nombreux essais
sont en faveur d’une bithérapie et
confortent la place des associations
à base de platine. Selon une large
étude de phase III, l’association
docétaxel-cisplatine administrée
d’emblée améliore la survie des
patients et certains paramètres de
la qualité de vie par rapport à la
bithérapie vinorelbine-cisplatine
(respectivement 21 % et 14 %).
Plusieurs voies de recherche sont
en cours afin d’optimiser l’effica-
cité et la faisabilité des associations
de radiochimiothérapie et d’amé-
liorer les traitements grâce à de
nouveaux agents comme les inhi-
biteurs de la farnésyl transférase
(agents peu toxiques même à
doses élevées).
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