(1 250 mg/m2deux fois par jour, 14 jours sur 21 pendant
24 semaines) au 5-FU bolus (FUFOL mensuel pendant
24 semaines) [3]. L’objectif principal de l’étude était de mon-
trer une équivalence de survie sans maladie (SSM) à 3 ans
entre les deux bras. Mille neuf cent quatre-vingt-sept patients
ayant un cancer du côlon de stade III ont été inclus. La capéci-
tabine était mieux tolérée, avec moins de neutropénies, de
mucites et de diarrhées, mais plus de syndromes mains-pieds.
Les patients inclus étaient tous atteints de cancer de stade III.
La survie sans rechute à 3 ans était de 65,5 % dans le bras
capécitabine et de 61,9 % dans le bras Mayo Clinic (p = 0,04 ;
HR à 0,86 ; IC95 : 0,74-0,99). La survie globale (OS) à 3 ans
était de 81,3 % dans le bras capécitabine et de 77,6 % dans le
bras Mayo Clinic (p = 0,0706). Dans l’analyse multivariée, les
facteurs pronostiques étaient : la capécitabine (p = 0,01), le
sexe féminin (p = 0,0008), le statut ganglionnaire N2
(p < 0,001) et l’ACE supérieur à la normale (p < 0,001). Dans
le bras capécitabine, 42 % des patients ont eu une diminution
de dose et 57 % ont été concernés par une réduction de dose,
un report ou une interruption de traitement. L’objectif principal
de cette étude a été atteint. La capécitabine s’est montrée com-
parable au schéma Mayo Clinic en termes de survie sans réci-
dive à 3 ans, associée à une moindre toxicité, avec une ten-
dance à l’amélioration de la survie sans rechute en faveur de la
capécitabine. En bref, la capécitabine est moins toxique et au
moins aussi efficace que le schéma de la Mayo Clinic en situa-
tion adjuvante.
Les résultats définitifs de l’essai adjuvant sur l’edrecolomab
dans les cancers du côlon de stade II ont été publiés (4).
L’edrecolomab est plus connu sous le terme d’anticorps anti-
glycoprotéine 17-1A. Des résultats décevants avaient déjà été
publiés dans le Lancet en 2002 chez les patients atteints d’un
cancer de stade III : l’adjonction d’edrecolomab à une chimio-
thérapie par 5-FU + acide folinique n’apportait pas de bénéfice
en efficacité. L’étude s’adresse ici aux patients en stade II, et
comparait l’edrecolomab seul à une surveillance simple. Trois
cent soixante-dix-sept patients ont été inclus. L’étude a été
close prématurément en raison de l’arrêt de la fabrication de
cette molécule en Allemagne. Après un suivi de 42 mois, la
survie globale et la survie sans maladie ne sont pas statistique-
ment différentes entre les deux groupes.
Toujours en adjuvant, l’essai de phase III comparant le 5-FU
en continu (250 mg/m2/jour pendant 5 jours tous les 28 à
35 jours, 6 cycles) au FUFOL Mayo Clinic, avec du lévamisole
dans les deux bras, n’a pas mis en évidence de différence de
survie globale à cinq ans (5) : 70 % dans le bras 5-FU bolus et
69 % dans le bras 5-FU continu. Les survies sans maladie sont
respectivement de 61% et 63%. La seule différence notable
concerne la tolérance, puisque le 5-FU Mayo Clinic a entraîné
au moins une toxicité de grade 4 chez 39 % des patients, versus
5% chez les patients traités par 5-FU continu.
L’autre essai adjuvant “historique” est la comparaison entre du
5-FU modulé par du méthotrexate ou par de l’acide folinique
en adjuvant chez des patients ayant été opérés d’un cancer du
côlon de stade III ou de stade II à haut risque (6). Un total de
1945 patients a été inclus. Là encore, du lévamisole était
donné dans les deux bras. Après un suivi médian de 4,2 ans, la
survie globale est similaire (77 % de survie à 5 ans dans les
deux bras), de même que la survie sans maladie (67 % dans le
bras méthotrexate et 63 % dans le bras acide folinique).
Enfin, signalons également l’essai français qui comparait, en
adjuvant, chez des patients ayant un cancer du côlon de stade II
ou III, une chimiothérapie systémique par 5-FU lévamisole ou
5-FU + acide folinique, associée ou non à une chimiothérapie
locorégionale (intrapéritonéale ou intraportale) [7]. L’objectif
principal était la survie globale à 5 ans. Plus de 700 patients
ont été randomisés dans chaque bras (753 dans le bras chimio-
thérapie systémique seule et 748 dans le bras chimiothérapie
systémique + locorégionale). Avec un suivi médian de 6,8 ans,
la survie globale à 5 ans est respectivement de 72 % versus
72,3 %. La chimiothérapie régionale n’apporte donc pas de
bénéfice par rapport à une chimiothérapie systémique.
Cancers colorectaux métastatiques
●
Combinaisons 5-FU + oxaliplatine et 5-FU + irinotécan
Trois essais randomisés sont à signaler. Le premier confirme
que l’irinotécan en première ligne augmente l’efficacité du
schéma AIO (8) : il compare, en première ligne, le schéma
AIO allemand (5-FU 2 600 mg/m2sur 24 heures + acide foli-
nique 500 mg/m2sur 2 heures, toutes les semaines pendant
6semaines, suivi d’une pause de 2 semaines) seul ou en asso-
ciation avec de l’irinotécan (doses de 5-FU réduites entre 2,3 et
2g/m2, irinotécan 80 mg/m2). Quatre cent trente patients ont
été randomisés dans cette étude. Les résultats de survie sans
progression sont en faveur du bras avec irinotécan (6,4 mois
versus 8,5 mois, p < 0,0001). La survie globale médiane n’est
pas significativement différente entre les deux groupes :
16,9 mois sans irinotécan, 20,1 mois avec irinotécan
(p = 0,2779). Les taux de réponse sont respectivement de
34,4 % et de 62,2 % (p < 0,0001).
Le deuxième essai est un essai italien qui compare en première
ligne le FOLFOX4 (oxaliplatine 85 mg/m2) et le LV5FU2-
CPT-11 (CPT-11 180 mg/m2)[9]. Cent soixante-quatre
patients sont évaluables dans le bras LV5FU2-CPT-11 et 172
dans le bras FOLFOX4. Les taux de réponse sont faibles dans
les deux bras pour un traitement de première ligne : 31 % avec
l’irinotécan et 34 % avec l’oxaliplatine, la différence n’étant
pas significative. La survie sans progression est identique dans
les deux bras (7 mois). La survie globale médiane n’est pas
significativement différente entre les deux traitements, mais il
faut signaler qu’elle est particulièrement faible dans les deux
groupes : 14 mois dans le bras irinotécan et 15 mois dans le
bras oxaliplatine. Comme prévu, la différence se trouve dans le
profil de tolérance (alopécie et toxicité gastro-intestinale dans
le groupe avec irinotécan, thrombopénie et neuropathie avec
l’oxaliplatine).
Enfin, le troisième essai vient également d’Italie, avec une
comparaison entre l’oxaliplatine et l’irinotécan, associés tous
les deux à une modulation du 5-FU (acide l-folinique
250 mg/m2et 5-FU 1 050 ou 850 mg/m2J2) [10]. L’oxalipla-
tine était administré à la dose de 100 mg/m2à J1, toutes les
2semaines (protocole OXAFAFU) et l’irinotécan à la dose de
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La Lettre du Cancérologue - Volume XIV - n° 6 - novembre-décembre 2005