gemcitabine, l’irinotécan semblent présenter un intérêt en asso-
ciation avec la radiothérapie dans le traitement des CBNPC loca-
lement avancés, soit seules, soit associées à un sel de platine. Le
paclitaxel et la vinorelbine sont les deux médicaments les plus
étudiés en association concomitante avec la radiothérapie. Des
études de phases I et II ont été rapportées avec le docétaxel. Quant
à la gemcitabine, qui est un excellent radiosensibilisant, elle ne
doit pas être utilisée, pour l’instant, en même temps que la radio-
thérapie en raison du risque de toxicité œsophagienne et pulmo-
naire. L’essai de phase II randomisé, CALGB 94-31, rapporté
par E.E. Vokes (15) évalue trois schémas de radiochimiothéra-
pie concomitante dans lesquels le cisplatine est associé à une nou-
velle drogue qui est soit la gemcitabine, soit le paclitaxel, soit la
vinorelbine. À chaque fois, la radiochimiothérapie est précédée
d’une chimiothérapie d’induction. Les résultats sont résumés dans
le tableau IV. Les résultats en termes de survie et de réponse sont
équivalents dans les trois bras, mais il s’agit d’une étude non com-
parative. Le meilleur rapport efficacité/tolérance est obtenu avec
le schéma comportant de la vinorelbine administrée à la dose de
15 mg/m2. Dans l’étude de Zatloukal (10), la dose de vinorelbine
est réduite, pendant la radiothérapie, à 12,5 mg/m2.
Parmi les nouvelles drogues de chimiothérapie, le paclitaxel est
celle qui a été la plus étudiée en association avec la radiothérapie,
soit seule, soit en combinaison avec le carboplatine, en règle géné-
rale à une dose de 45 à 50 mg/m2par semaine. Plusieurs essais de
phases I et II ont été rapportés ou publiés. Parmi ceux-ci, il
faut mentionner les différents essais publiés par H. Choy (16).
Dans l’essai LUN-27, le paclitaxel est administré seul à la poso-
logie de 60 mg/m2/semaine pendant une radiothérapie mono-
fractionnée à la dose totale de 60 Gy. Dans l’essai LUN-56, le
paclitaxel est administré à 50 mg/m2/semaine, associé à du car-
boplatine hebdomadaire (AUC = 2) pendant une radiothérapie
monofractionnée à la dose totale de 66 Gy, alors que, dans l’essai
LUN-63, la même chimiothérapie est administrée pendant une
radiothérapie bifractionnée accélérée délivrant une dose totale
de 69,6 Gy. Dans ces deux derniers essais, la radiochimiothéra-
pie concomitante est suivie de deux cycles de consolidation par
carboplatine (AUC = 6) et paclitaxel (200 mg/m2). Dans l’étude
LUN-63, l’utilisation de la radiothérapie bifractionnée ne semble
pas améliorer les résultats en termes de survie et de contrôle
local. Dans l’étude publiée par M.A. Socinski (14), les patients
reçoivent deux cures d’induction par carboplatine (AUC = 6) et
paclitaxel (225 mg/m2), puis une radiochimiothérapie concomi-
tante avec carboplatine (AUC = 2) et paclitaxel (45 mg/m2)
hebdomadaires. La radiothérapie est une radiothérapie mono-
fractionnée, conformationnelle, avec une escalade de dose de
60 à 74 Gy. Soixante-deux patients ont été inclus. La médiane
de survie est très prometteuse à 26 mois et le taux de survie à
2 ans est de 52 %.
Utilisation de cyto- et radioprotecteurs
Deux des limites importantes à la chimioradiothérapie concomi-
tante sont la toxicité œsophagienne et la toxicité pulmonaire.
L’amifostine peut réduire ces toxicités. M. Werner-Wasik (17) a
montré que l’administration d’amifostine, à raison de 500 mg
deux fois par semaine pendant une chimioradiothérapie à base
de carboplatine-paclitaxel, réduisait significativement le taux
d’œsophagites de grade 3-4. Un essai randomisé du RTOG
(RTOG 98-01) est en cours pour confirmer ces résultats.
Chimiothérapie d’induction ou de consolidation ?
La chimiothérapie d’induction, avant la chimioradiothérapie
concomitante, permet de réduire le volume tumoral, ce qui peut
faciliter la réalisation de la radiochimiothérapie et en réduire la
toxicité. Cette approche offre l’avantage théorique de diminuer le
risque d’évolution métastatique par l’emploi préalable de la chi-
miothérapie à doses pleines. L’inconvénient théorique principal
en est de retarder l’administration simultanée de la chimiothéra-
pie et de la radiothérapie, avec le risque d’induction d’une résis-
tance à l’irradiation par la chimiothérapie initiale. Cette séquence
thérapeutique a été étudiée dans l’essai CALGB 94-31 (15).
La chimiothérapie de consolidation, après chimioradiothérapie
concomitante, offre l’avantage d’administrer précocement les
deux modalités thérapeutiques, en se fondant sur l’action syner-
gique précoce de la radiothérapie et de la chimiothérapie, et sur
l’absence possible de résistance croisée entre chimiothérapie et
radiothérapie. L’impact principal est l’augmentation possible du
contrôle local, avec recherche d’une réduction du risque de révo-
lution métastatique ultérieure par la chimiothérapie de consoli-
dation. Les inconvénients sont représentés par la difficulté de
mise en route sans délai d’une radiothérapie thoracique de qua-
lité en pratique courante, et par la diminution fréquente des doses
initiales de la chimiothérapie utilisée simultanément avec la
radiothérapie, pouvant compromettre le contrôle de la maladie
micrométastatique. Dans l'étude SWOG 95-04 (18), une chi-
miothérapie de consolidation par docétaxel était administrée
DONNÉES NOUVELLES
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La Lettre du Pneumologue - Volume VI - no5 - septembre-octobre 2003
Tableau IV. Résultats de l’essai CALGB 9431.
Gemcitabine Paclitaxel Vinorelbine
Induction :
Cisplatine 1 250 mg/m2225 mg/m225 mg/m2
80 mg/m2J1, J29 J1, J8, J1 J1, J8, J15,
J22, J29 et J22 J22, J29
Chimioradiothérapie :
Cisplatine 600 mg/m2135 mg/m215 mg/m2
80 mg/m2J1, J29 J1, J8, J1 J1, J8,
J22, J29 et J22 J22, J29
RT :
66 Gy monofractionnés
Nombre de patients 62 58 55
Réponse objective
après induction 40 % 33 % 44 %
Réponse objective
en fin de traitement 74 % 67 % 73 %
Médiane de survie 18,3 mois 14,8 mois 17,7 mois
Survie à 2 ans 28 % 19 % 33 %
Œsophagite grade 3-4 52 % 39 % 25 %
Neutropénie grade 3-4 51 % 53 % 27 %
Pneumopathie grade 3-4 14 % 20 % 20 %*
* 1 décès toxique.