La Lettre du Sénologue • n° 51 - janvier-février-mars 2011 15
Points forts Mots-clés
Tamoxifène
Évérolimus
Antiaromatase
Cancer du sein
Hormonorésistance
90 %, il était donc nécessaire d’inclure 53 patientes
par bras. Avec cette méthode, aucune comparaison
directe des deux bras de traitement n’est prévue, les
résultats du bras contrôle ne permettant de "valider"
que ceux du bras expérimental. On doit donc considérer
cet essai comme une étude de "preuve du concept", et
toutes les comparaisons statistiques ci-après comme
des analyses exploratoires, nécessitant d’être validées
dans le cadre d’une étude de phase III.
Les patientes devaient présenter une tumeur du
sein métastatique ER+ et/ou PR+ et HER2– et avoir
déjà reçu un antiaromatase en situation métasta-
tique et/ou adjuvante ; elles pouvaient n’avoir que
des lésions difficilement évaluables (en particulier
osseuses pures) et pouvaient déjà avoir reçu une
chimiothérapie en situation métastatique. Étant
donné l'impact possible sur la SSP, les patientes ont
été stratifiées entre celles présentant une hormo-
norésistance "primaire" (c'est-à-dire ayant récidivé
pendant un traitement adjuvant ou rapidement
après le début d’une première ligne métastatique)
et celles présentant une hormonorésistance "secon-
daire" (c'est-à-dire ayant récidivé au moins 6 mois
après la fin d’un traitement adjuvant ou ayant été
stabilisées au moins 6 mois par une première ligne
métastatique).
En un peu plus d’un an (mars 2008-mai 2009)
111 patientes ont été incluses ; leurs caractéristiques
étaient en général bien équilibrées entre les deux
bras. Une petite majorité (54 %) avait des métas-
tases viscérales et 25 % n’avaient que des métastases
osseuses. La plupart (70 %) avaient reçu un antiaro-
matase en situation métastatique et 25 % avaient
déjà reçu une ligne de chimiothérapie métastatique.
Enfin, la moitié d’entre elles était considérée comme
hormonorésistante "primaire", l’autre moitié comme
hormonorésistante "secondaire".
Le bénéfice clinique à 6 mois (critère principal) dans
le bras TAM était de 42 % (IC95 : 29,1-55,9 %), contre
61,1 % dans le bras TAM-RAD (IC95 : 46,9-74,1 %).
Cette différence était significative (p = 0,045). La
SSP passait de 4,5 mois dans le bras TAM à 8,6 mois
dans le bras TAM-RAD (HR : 0,53 ; IC
95
: 0,35 à 0,81 ;
p = 0,0026) [figure 3]. Enfin, la SG était également
améliorée (HR : 0,32 ; IC
95
: 0,15 à 0,68 ; p = 0,0019).
D’un point de vue toxique, les toxicités supplémen-
taires du bras TAM-RAD étaient celles déjà décrites
»
TAMRAD est une étude randomisée multicentrique de phase II qui évalue la tolérance et l'efficacité de
l'association évérolimus + tamoxifène chez les patientes qui résistent aux antiaromatases.
»L'association évérolimus + tamoxifène semble supérieure au tamoxifène seul, particulièrement pour les
patientes ayant une hormonorésistance secondaire.
»Une étude de phase III est en cours pour prouver que l'effet clinique est bien réel.
Keywords
Tamoxifen
Everolimus
Antiaromatase
Breast cancer
Hormonoresistance
avec l’évérolimus, en particulier les problèmes de
mucite, de fatigue, d’éruption, de diarrhées et d’ano-
rexie, entraînant la diminution de la dose d’évéro-
limus de 10 à 5 mg pour près d’un tiers des patientes
(28 %). En revanche, on n’a pas observé davantage
de pneumopathies ou de problèmes métaboliques
graves dans le bras TAM-RAD, et il n’y a pas eu plus
d’interruptions définitives du traitement dans les
deux bras (4 pour TAM, 3 pour TAM-RAD).
Enfin, des analyses exploratoires non prévues ont
été réalisées pour essayer de préciser l’effet de
cette association sur différentes sous-populations
de patientes. Les femmes avec ou sans métastases
viscérales qui avaient ou non reçu du tamoxifène en
situation adjuvante et celles qui avaient ou non reçu
une chimiothérapie en situation métastatique ont
eu a priori autant de bénéfice qu’avec l’association
TAM-RAD. Par ailleurs, il semble que les patientes
présentant une hormonorésistance primaire ne béné-
ficient que moyennement de l’association (médiane
SSP bras TAM : 3,9 mois contre 5,4 pour TAM-RAD),
alors que celles présentant une résistance secondaire
en tirent un bénéfice majeur (médiane SSP bras TAM :
5 mois contre 17,4 pour TAM-RAD !).
Figure 1. Schéma théorique du "cross-talk" entre ER et les récepteurs membranaires
à tyrosine kinase (RTK) en l’absence prolongée d’estrogènes. Dans ce contexte, une
association d’un antiestrogène et d’un inhibiteur des voies de transduction des RTK
est nécessaire pour obtenir une inhibition de la prolifération cellulaire (d'après 2,
groupe GINECO).
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