La Lettre du Cancérologue • Vol. XVIII - n° 1 - janvier 2009 | 67
DOSSIER THÉMATIQUE
faut rester vigilant face à tout patient âgé atteint
de cancer et souligne l’importance de déployer la
coordination des soins de support afin de motiver
un contact voire une prise en charge psychologique
ou psychiatrique.
Dyspnée
Une revue systématique de la littérature menée
jusqu’en 2006 a permis de faire le point sur les
traitements efficaces ou non lors des dyspnées
des patients en phase avancée (13). La dyspnée a
été classiquement évaluée soit par EVA, soit par
l’échelle de Borg, qui classe la dyspnée de 0 à 10,
ces deux méthodes d’évaluation étant validées.
Seule l’administration de morphine par voie systé-
mique se montre efficace, que ce soit par voie
orale ou intraveineuse. En revanche, le nébulisat
de morphine n’a pas d’efficacité démontrée versus
placebo. Les benzodiazépines ne semblent pas non
plus avoir d’intérêt dans la dyspnée, en dehors d’une
action sur sa composante anxiogène. Elles sont en
outre pourvoyeuses d’effets indésirables importants
à type de somnolence. Seule la prométhazine (une
phénothiazine) par voie orale apporte un bénéfice
en cas de difficulté d’utilisation des opioïdes ou
en seconde ligne. Aucune étude n’a pu démontrer
correctement une efficacité des corticoïdes. Les
auteurs concluent que des études randomisées
versus morphine systémique devraient être réali-
sées afin d’établir une efficacité réelle des techni-
ques testées.
Toxicité cardiaque
et thérapies ciblées
L’apparition des thérapies ciblées s’accompagne
de nouvelles toxicités parfois encore mal appré-
ciées. Par exemple, pour les inhibiteurs des tyro-
sines kinases (ITK), la cardiotoxicité a été évaluée
à 10 % par rapport à une diminution de la fraction
d’éjection ventriculaire. Une étude monocentrique
a démontré l’intérêt d’un suivi étroit et didactique
lors du traitement de patients atteints de cancer
du rein métastatique par ITK (14). Un événement
cardiaque a été défini comme une augmentation
des enzymes cardiaques par rapport à l’inclusion,
une arythmie symptomatique nécessitant un trai-
tement adapté, une nouvelle dysfonction ventri-
culaire gauche ou un syndrome coronarien aigu.
Le monitoring proposé aux patients a consisté
en une évaluation systématique des facteurs de
risques cardio-vasculaires. Un examen clinique
à la recherche de signes cardio-vasculaires a été
réalisé à l’instauration du traitement puis 2 fois
par mois. Une analyse biologique (créatine kinase,
créatine kinase MB, troponine) a été effectuée à
l’instauration du traitement puis tous les 2 mois et
en cas d’apparition de symptômes. Un électrocar-
diogramme (ECG) a été pratiqué à l’instauration du
traitement puis tous les mois chez tous les patients
asymptomatiques et en cas d’apparition de signes
cliniques. Une échographie cardiaque a été effec-
tuée à l’inclusion chez certains patients présentant
un risque cardiaque. Cette approche a permis de
détecter 33,8 % d’événements cardiaques chez les
74 patients suivis et traités. Des modifications de
l’ECG ont été notées pour 40,5 % des malades ;
18 % d’entre elles ont été symptomatiques. Une
prise en charge immédiate en soins intensifs a été
nécessaire pour 9,4 % des patients. Cette étude
montre l’importance d’un suivi étroit et défini de
manière à dépister au mieux les événements cardia-
ques. Ces résultats devraient inciter les départe-
ments d’oncologie à une plus grande coopération
avec les équipes cardio-vasculaires. Cette idée de
renforcement de la communication et du travail
en équipe a été reprise dans l’éditorial du numéro
de Journal of Clinical Oncology qui présentait cette
étude (15). Il s’agit là encore d’une coordination
et d’une organisation des soins à proposer aux
patients qui entrent dans le cadre des soins de
support oncologiques.
Où l’on reparle des médecines
complémentaires
Plusieurs études ont déjà montré un impact poten-
tiel des techniques complémentaires et alterna-
tives, telles que le yoga, sur des symptômes divers,
tels que les bouffées vasomotrices (16). Une étude
randomisée versus contrôle a porté sur 60 patientes
prétraitées pour un cancer du sein et souffrant de
bouffées vasomotrices (17). Ces patientes, touchées
plus de 14 fois par jour par des bouffées de chaleur,
ont été randomisées entre thérapie par hypnose, au
rythme de 5 séances de 50 minutes par semaine,
et absence de traitement. L’évaluation a porté sur
la fréquence et l’intensité des bouffées de chaleur,
ainsi que sur le retentissement sur l’activité quoti-
dienne.
La fréquence des bouffées de chaleur a été réduite
de 68 % par rapport à l’inclusion dans le bras
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Références
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