La Lettre du Cancérologue • Vol. XVII - n° 5 - mai 2008 | 223
CONGRèS
RÉUNION
asymptomatique ou clinique. Le lapatinib, autre
anti-HER2 indiqué en deuxième et troisième lignes
de traitement du cancer du sein, présente la même
toxicité. Contrairement à la cardiotoxicité des
anthracyclines, celle des anti-HER2 est en grande
partie réversible : son suivi se fait par échographie
cardiaque, réalisée au début du traitement et à
1 an.
Combattre les nausées-
vomissements chimio-induits
et les troubles nutritionnels
en oncologie
Parler des nausées-vomissements chimio-induits
(NVIC) nécessite de bien connaître la terminologie
précise de ce domaine (tableau I) [3].
La prévalence des NVIC est importante : ils touchent
70 à 80 % des patients recevant une chimiothérapie
(CT) [2]. Les NVIC retardés sont présents chez 80 %
des patients recevant du cisplatine, et la prévalence
médiane des NVIC anticipatoires est de 33 % (14-
63 %) [3]. Outre le potentiel émétisant spécifique
à certaines CT ou à certains cytotoxiques, il existe
des facteurs de risque liés au patient tels que le sexe
féminin, l’âge inférieur à 50 ans, les antécédents de
mal des transports et la quantité hebdomadaire d’al-
cool consommé (≤ 10 boissons par semaine) [4-7].
Le rôle des neurotransmetteurs dans les NVIC est
de mieux en mieux compris (3, 8). La dopamine et
l’histamine ne sont pas impliquées dans les NVIC,
alors que cette dernière entre dans le mécanisme
des nausées-vomissements du mal des transports. En
revanche, la sérotonine joue un rôle important dans
les NVIC aigus (mais pas dans les NVIC retardés) ;
et la substance P, via les récepteurs neurokine 1
(NK1) situés dans le complexe vagal dorsal, le tronc
cérébral et le tube digestif, est concernée à la fois
dans les NVIC aigus et retardés (8). Cela explique
pourquoi les antagonistes des récepteurs 5-HT3 et
l’aprépitant (Emend®), antagoniste sélectif de haute
affinité pour les récepteurs NK1 de la substance P,
sont recommandés depuis 2006 dans la prise en
charge des NVIC par l’American Society of Clinical
Oncology (ASCO) [tableau II] (9).
Il est essentiel que ce traitement préventif des NVIC
soit entrepris dès le premier cycle. Le Dr N. Houédé
a rappelé quelques conseils alimentaires simples
pouvant aider les patients : prendre un repas léger la
veille de la CT, ne pas fumer, manger léger et plutôt
sucré, faire des repas fractionnés, boire de l’eau.
Dans la même optique, la lutte contre les trou-
bles nutritionnels du patient est une priorité : en
effet, une étude des centres de lutte contre le cancer
portant sur 1 928 patients hospitalisés à J1 pour une
CT et suivis jusqu’à J30 a montré que, si seuls 19 %
des patients présentaient une perte de poids supé-
rieure à 10 % à J1, 39 % des patients décédés entre J1
et J30 étaient dénutris (perte de poids supérieure à
10 %). La dénutrition est un facteur de risque reconnu
de complications mortelles après une chirurgie onco-
logique, bien supérieur au surpoids. Au cours des
CT, une étude portant sur 3 047 patients (12 types
de CT différents) a évalué la perte de poids dans
les 6 mois précédant le traitement, et la survie des
patients : le mauvais état nutritionnel est fortement
lié à la gravité de la maladie, et la dénutrition, pour
un même stade, est un facteur pronostique défavo-
rable, augmentant la morbi-mortalité et la durée de
séjour et diminuant la tolérance de la CT.
La coordination des soins
en Aquitaine : le réseau 3C
et les liaisons ville-hôpital
Depuis la mise en œuvre, en 2003-2004, du Plan
cancer, 10 réseaux de centres de coordination en
cancérologie (3C) ont été mis en place en Aqui-
Tableau I. Terminologie des NVIC (3).
Type de NVIC Délai de survenue/autres caractéristiques
NVIC aigus Dans les premières 24 heures après la CT
NVIC retardés 16 à 24 heures après la CT
NVIC anticipatoires Avant l’administration de la CT/réponse conditionnée à une CT antérieure
NVIC intercurrents Se produisent malgré l’administration d’un traitement préventif
NVIC réfractaires Se produisent durant les cycles suivant l’échec d’une prophylaxie
ou d’un traitement de secours aux cycles antérieurs
CT : chimiothérapie.
Tableau II. Recommandations de l’ASCO sur l’utilisation préventive des antiémétiques (10).
Potentiel émétisant de la chimiothérapie Traitement antiémétique
Risque élevé (> 90 %) Aprépitant : J1, J2, J3
Antagoniste des récepteurs 5-HT3 : J1
Corticoïde : J1, J2, J3, J4
Risque modéré (30-90 %) Aprépitant : J1, J2, J3*
Antagoniste des récepteurs 5-HT3 : J1
Corticoïde : J1
Risque faible (10-30 %) Corticoïde : J1
Risque minime (< 10 %) Si nécessaire
* Dans le cadre d’une chimiothérapie comprenant anthracycline et cyclophosphamide.
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