probable, c’est que le score utilisé jusqu’ici pour l’évaluation
d’un pronostic est sûrement différent de celui utilisé pour pré-
dire la réponse à Herceptin®. Mais seules des études cliniques
sur de grandes séries homogènes de patientes pourront nous
donner une valeur seuil pour prédire la réponse à Herceptin®.
LA FISH
Le principe est celui d’une hybridation de l’ADN en une étape,
avec une sonde prémarquée par la fluorescence. Deux tests
sont principalement commercialisés : le kit Oncor/Ventana et
le kit Vysis. Ces kits sont approuvés par la FDA, mais pas
dans l’indication Herceptin®, comme pour l’Herceptest®, mais
pour établir le pronostic et prédire la réponse à une chimiothé-
rapie standard chez les patientes avec ou sans envahissement
ganglionnaire (1, 12). Les arguments en faveur de la FISH sont
qu’elle est hautement spécifique, qu’elle se présente sous
forme de kits standardisés, sur le plan de la technique et de
l’expression des résultats. Les résultats sont quantitatifs et,
pour les sondes Vysis, rapportés au nombre de chromosomes
17, visualisés grâce à une sonde centromérique. Cette tech-
nique peut être réalisée sur coupe en paraffine. Comme pour
l’IHC, des contrôles internes peuvent être effectués simultané-
ment. Les arguments contre sont qu’il s’agit d’une méthode
indirecte – on détecte l’amplification du gène et non sa surex-
pression, et dans 5 à 10 % des cas, il peut y avoir surexpres-
sion sans amplification – , que l’appareillage est onéreux et
que la technique est pour le moment réservée à quelques
centres spécialisés (actuellement, en France, seuls quelques
centres pratiquent la FISH HER2 en routine).
Une amplification est définie par un nombre de copies de
HER2 supérieur au nombre de centromères du chromosome 17
(le rapport doit être supérieur à 2). Si l’on ne dispose pas de
sonde pour le centromère du chromosome 17, la présence de
plus de 4 copies de HER2 suggère une amplification. Cepen-
dant, on ne peut éliminer une sur-représentation du gène par
hyperploïdie du chromosome 17. À partir de 6 copies de
HER2, l’amplification est fort probable. Une amplification
forte est considérée selon les auteurs entre 10 et 20 copies de
HER2.
La FISH est techniquement plus difficile que l’IHC, longue à
réaliser et coûteuse (voir tableau I). Au même titre que
l’immunohistochimie, des variations intra- et interlaboratoires
sont possibles : épaisseur des coupes, prétraitements, interpré-
tation… et une démarche d’“ assurance qualité ” s’impose (21-
24). En cas de fixation au Bouin ou de contact des tissus avec
le Bouin, la technique de FISH n’est pas réalisable. On consi-
dère aujourd’hui, en Europe, la FISH comme une alternative à
l’immunohistochimie pour la détection (indirecte) de la surex-
pression de HER2. Elle est, en revanche, très utile pour définir
les cas 2+ (puisque seuls les cas 2+, FISH amplifiés, répondent
à Herceptin®). Elle permet de calibrer la technique IHC.
Aux États-Unis, plusieurs équipes ont milité pour l’utilisation
de la FISH en routine dans la sélection des patientes pour un
traitement par Herceptin®. Cela vient du fait que dans beau-
coup des études pivots qui ont évalué Herceptin®, les tests IHC
n’étaient pas optimaux et, en particulier, le taux de 2+ (parfois
de l’ordre de 20 à 30 %) paraît beaucoup trop élevé.
Concordance entre FISH et IHC
Le taux de concordance est de 80-95 % (12, 19). La concor-
dance est très forte pour les cas fortement positifs et négatifs
en IHC, respectivement FISH+ et FISH–. Douze à 29 % des
cas présentant un marquage faible (2+) seront amplifiés par
FISH (tableau III). Dans l’étude pivot (ASCO 2000), la corré-
lation FISH/IHC (CTA) pour les cas 2+ est de 24 %, contre
89 % pour les 3+ (25).
Résultats cliniques
L’interprétation des essais pivot et des premiers essais cli-
niques a montré que les cas 3+ en IHC répondaient mieux à
Herceptin®que les cas 2+ et, a fortiori, que les cas négatifs. La
FISH a permis d’identifier la population des patientes 2+ sus-
ceptibles de répondre à Herceptin®. Ainsi, la population de
patientes FISH amplifiées (comprenant des 3+ et des 2+) pré-
sente une évolution identique aux patientes 3+ (26).
RECOMMANDATIONS
À l’heure actuelle, il n’y a pas de réactifs ou de méthodes pou-
vant être recommandés pour le test (5, 14, 24, 27, 28). Dans le
compte rendu, il faut rapporter la méthode et le réactif utilisés.
30
3+ en IHC FISH+ FISH–
Réponse 18 0
Absence de réponse 72 17
Taux de réponses 20 % 0%
Groupe 3+ (n = 107)
Tableau III. Concordance réponse clinique FISH étude (H0649g).
2+ en IHC FISH+ FISH–
Réponse 3 0
Absence de réponse 12 20
Taux de réponses 20 % 0%
Groupe 2+ (n = 35)
La Lettre du Cancérologue - volume XI - n° 1 - janvier-février 2002
Score Marquage Interprétation Signification
clinique
0Absence de marquage Négatif Pas de traitement
ou membranaire < 10%
1+Marquage faible et partiel Négatif Pas de traitement
de plus de 10 % des cellules
2+Marquage membranaire, Cas douteux Pas de traitement
faible/modéré et complet,dans le cadre
de plus de 10 % des cellules de l’AMM*
3+Marquage membranaire, Positif Traitement
fort et complet,
de plus de 10 % des cellules
Tableau II. Score immunohistochimique reconnu pour décider d’un
traitement par Herceptin®dans le cadre de l’AMM.
* Si une étude complémentaire par FISH met en évidence une amplification
du gène HER2, le traitement par Herceptin®peut être proposé. Aux États-Unis,
les indications du traitement par Herceptin®incluent le score 2+.
CONGRÈS