1 RACINES ET FACTORISATION
Ensuite, on trafique un peu en se servant des hypoth`eses :
0 = Pn
i=1
P(r)
r−ωicar P0(r)=0
0 = Pn
i=1 1
r−ωien divisant par P(r)6= 0
0 = Pn
i=1
r−ωi
|r−ωi|2en multipliant par r−ωi
0 = Pn
i=1 1
|r−ωi|2(r−ωi) en conjuguant
Or pour tout i∈ {1..n},1
|r−ωi|2>0, donc on a bien exprim´e rcomme un barycentre `a coefficients positifs
des racines ω1. . . ωndu polynˆome P. CQFD.
Lemme 1.3 (regroupement des racines dans un polynˆome `a racines simples) Soit Kun sous-
corps de C, et soient knombres alg´ebriques α1. . . αk, racines de polynˆomes P1. . . Pk`a coefficients dans
K[X].
Alors il existe un polynˆome `a coefficients dans K, dont toutes les racines (dans C) sont simples, et dont
les knombres α1. . . αksont racines.
Preuve : Posons Q(X) = P1(X). . . Pk(X). Soit Ale pgcd de Qet de sa d´eriv´ee Q0. Alors il existe
B∈K[X] tel que Q=AB.
Soit αune racine de B. Supposons un instant que sa multiplicit´e msoit sup´erieure ou ´egale `a 2. Alors ce
serait une racine d’ordre mde Q, et donc une racine d’ordre m−1 de Q0. Donc (X−α)m−1diviserait le
pgcd de Qet Q0, qui est A. Comme Q=AB,αserait alors racine simple de B, ce qui serait exactement
le contraire de notre hypoth`ese. Donc Best `a racines simples.
Soit `a pr´esent une racine αde Q, de multiplicit´e m. C’est alors une racine de multiplicit´e m−1 de A. Or
Q=AB, donc αest racine d’ordre 1 de B.
Finalement, toutes les racines de Qsont racines de B, de multiplicit´e 1 dans B. En particulier, α1. . . αk
sont racines de B. Comme de plus Best `a racines simples, c’est bien le polynˆome recherch´e. CQFD.
Proposition 1.4 (Majoration du module des racines) Soit un polynˆome unitaire P∈C[X], tel que
P=Pn
k=0 pkXk. Alors pour toute racine xde P,|x| ≤ max n1,Pn−1
k=0 |pk|o
Preuve : Si |x| ≤ 1 c’est vrai. Sinon on a xn=−Pn−1
k=0 pkxkdonc, en divisant par xn−1et en utilisant
l’in´egalit´e triangulaire, on obtient |x| ≤ Pn−1
k=0 pk
xn−1−k.
Or pour 0 ≤k≤n−1, |x|n−1−≥1 donc pk
xn−1−k≤ |pk|, d’o`u le r´esultat recherch´e. CQFD.
Th´eor`eme 1.5 (Racines rationnelles d’un polynˆome) Soit A∈Z[X], de degr´e ≥1. Si A(p/q)=0,
(avec (p, q)∈Z×N∗et p∧q= 1) alors qdivise le coefficient dominant de A, et pdivise son coefficient
constant.
Preuve : Notons A(X) = Pn
k=0 akXk. Comme A(p/q) = 0, on a a0qn=−Pn
k=1 akpkqn−k. Donc
a0qn=−pPn
k=1 akpk−1qn−kest multiple de p, et comme p∧q= 1, le th´eor`eme de Gauss dit que a0est
multiple de p.
De mˆeme, anpn=−qPn−1
k=0 akpkqn−1−kest multiple de qdonc anl’est. CQFD.
Corollaire 1.6 Les racines rationnelles d’un polynˆome unitaire de degr´e ≥1`a coefficients entiers sont
enti`eres.
Th´eor`eme 1.7 (Combinaison polynomiale de racines) Soit P∈Z[X1, . . . , Xn]. Si x1, . . . , xnsont
racines de polynˆomes unitaires de Z[X], alors P(x1, . . . , xn)est racine d’un tel polynˆome.
Preuve : Il suffit de montrer que c’est vrai pour x1+x2,x1x2et pour ax1, o`u a∈Zest quelconque.
Le reste suit imm´ediatement, par r´ecurrence sur le nombre de termes de P. Remarquons d’abord que,
quitte `a faire des produits de polynˆomes, on peut consid´erer que x1, x2(distincts ou non) sont racines d’un
certain polynˆome unitaire A∈Z[X]. Soit m≥2 son degr´e et notons x1, . . . , xmles racines (distinctes ou
non) de A.
Consid´erons le polynˆome B(X) = Qi<j (X−xixj). Il est unitaire, et tous ses coefficients sont les valeurs
prises en (x1, . . . , xm) par des polynˆomes sym´etriques de Z[X1, . . . , Xm]. Ils sont donc entiers d’apr`es le
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