
DOSSIER THÉMATIQUE
Journée FFCD-PRODIGE
232 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXII - n° 6 - juin 2013
Biothérapies dans le cancer gastrique : état des lieux
1. Bang YJ, Van Cutsem E,
Feyereislova A et al. ToGA Trial
Investigators. Trastuzumab in
combination with chemothe-
rapy versus chemotherapy alone
for treatment of HER2-positive
advanced gastric or gastro-oeso-
phageal junction cancer (ToGA):
a phase 3, open-label, rando-
mised controlled trial. Lancet
2010;376:687-97.
2. Okines AF, Ashley SE, Cunnin-
gham D et al. A randomized
multicenter trial of epirubicin,
oxaliplatin, and capecitabine
(EOC) plus panitumumab in
advanced esophagogastric
cancer (REAL3). ASCO 2012. J
Clin Oncol 2012;30(Suppl.15);
abstr LBA4000.
3. Lordick F, Bodoky G, Chung H et
al. Cetuximab in combination with
capecitabine and cisplatin as first-
line treatment in advanced gastric
cancer: Randomised controlled
phase III EXPAND study. ESMO
2012;abstr 3.
4. Ferry DR, Dutton SJ, Mansoor
W et al. Phase III multi-centre,
randomised, doubleblind,
placebo-controlled trial of
gefitinib versus placebo in
esophageal cancer progres-
sing after chemotherapy, COG
(Cancer Oesophagus Gefitinib).
ESMO 2012;abstr 20.
5. Oliner KS, Tang R, Anderson
A. Evaluation of MET pathway
biomarkers in a phase II study of
rilotumumab (R, AMG 102) or
placebo (P) in combination with
epirubicin, cisplatin, and cape-
citabine (ECX) in patients (pts)
with locally advanced or metas-
tatic gastric (G) or esophagogas-
tric junction (EGJ) cancer. J Clin
Oncol 2012;30(Suppl.4);abstr
LBA4005.
6. Van Cutsem E, Yeh KH, Bang
YJ et al. Phase III trial of evero-
limus (EVE) in previously treated
patients with advanced gastric
cancer (AGC): GRANITE-1. J Clin
Oncol 2012;30(Suppl.4); abstr
LBA3.
Références
bibliographiques
Thérapie anti-EGFR +
anti-HER2 (lapatinib)
Le lapatinib est un inhibiteur de tyrosine kinase ciblant
à la fois EGFR et HER2. Cette approche mérite donc
d’être testée dans les cancers gastriques, notamment
surexprimant HER2. C’est ce qui a été fait en paticulier
avec une étude de phase III asiatique qui sera prochai-
nement rapportée à l’ ASCO GI en 2013. L’étude
TyTAN a en effet testé une association paclitaxel +
lapatinib versus paclitaxel en situation de 2
e
ligne chez
261 des patients porteurs de tumeurs gastriques avec
amplification de HER2 (FISH). Il faudra être atten-
tifs aux prochains résultats de la prochaine étude
de phase III “LOGiC”, toujours en 2
e
ligne, évaluant
CAPOX + lapatinib versus CAPOX + placebo.
Thérapie anti-c-Met
Le récepteur tyrosine-kinase c-Met, dont le ligand est
l’Hepatocyte Growth Factor (HGF), a été décrit dans les
phénomènes d’embryogenèse et de réparation tissu-
laire. Sa capacité à interagir avec la transition épithélio-
mésenchymateuse et à induire la migration et l’invasion
des cellules épithéliales en fait également un acteur
clé du développement tumoral. Son expression aber-
rante dans de nombreux types tumoraux est associée
à un phénotype agressif et à un pronostic sombre… il
s’est récemment révélé être une cible thérapeutique
d’intérêt. Dans le cancer gastrique, on estime que 5 à
40 % des tumeurs présentent une amplification ou une
surexpression de c-Met. Il est un facteur de mauvais
pronostic. Cependant, son ciblage thérapeutique
semble très intéressant. On ne dispose pas à l’heure
actuelle de résultats d’étude de phase III, mais ceux
d’une étude randomisée de phase II, testant un anti-
corps anti-HGF (rilotumumab, associé à une chimio
ECX versus ECX + placebo) sont très prometteurs (5).
Une étude de phase III évaluant l’efficacité du rilotu-
mumab chez les patients atteints de cancer gastrique
surexprimant le c-Met est d’ores et déjà planifiée.
Par ailleurs, c’est également dans les situations de résis-
tance que l’inhibition de c-Met pourrait s’avérer particu-
lièrement pertinente, la voie MET étant recrutée par les
cellules soumises à la pression de l’hypoxie, de l’inflam-
mation mais aussi de certains traitements… inhibiteurs
des récepteurs HER, notamment ! Ainsi, des situations de
rattrapage ou un double ciblage HER et c-Met constituent
certainement des voies à explorer en clinique.
Thérapie anti-mTOR
(évérolimus)
En dehors du ciblage des récepteurs membra-
naires (EGFR, HER2, c-Met), une approche “d’aval”
permet d’envisager un ciblage des cascades
enzymatiques impliquées dans la transmission
du signal induit par l’activation des récepteurs.
La voie PI3K/Akt/mTOR est une voie majeure de
signalisation intracellulaire contrôlant croissance
cellulaire, prolifération et survie. Elle est dérégulée
dans 50 à 60 % des cancers gastriques induisant
une chimiorésistance et un mauvais pronostic.
L’évérolimus est un inhibiteur oral de mTOR dispo-
sant déjà d’une AMM en France dans le traitement
des cancers du rein et des tumeurs endocrines
pancréatiques. L’étude internationale de phase III
GRANITE1 a évalué l’évérolimus en monothérapie,
versus placebo, en 2
e
ou 3
e
ligne (n = 656) sans
amélioration de la survie globale (objectif prin-
cipal de l’étude, HR = 0,90 ; p = 0,124) malgré une
amélioration de la survie sans progression (6).
La seule voie d’avenir pour cette thérapie serait
donc de déterminer la sous-population profitant
du traitement par le biais de biomarqueurs, mais
aucun candidat n’existe et aucun résultat biolo-
gique n’a pour l’instant pu être dégagé de ces
essais thérapeutiques.
Conclusion
L’ère des biothérapies dans le cancer gastrique
est lancée. Elle a pour l’instant permis d’iden-
tifier le sous-groupe des cancers surexprimant
HER2 tirant bénéfice d’une thérapie anti-HER2.
Prochainement, il se pourrait que le sous-groupe
sur exprimant c-Met devienne aussi d’intérêt
pour les thérapies anti-c-Met. Pour l’instant les
thérapies appliquées sans sélection de patients
ou tumeurs n’ont pas pu démontrer d’efficacité
au cours d’essais de phase III (anti-EGFR, anti-
VEGF…), néanmoins l’approche anti-angiogé-
nique reste à explorer de façon plus approfondie.
Enfin, les approches à “double” blocage (anti-
HER1 + HER2, anti-EGFR + cMET…) semblent
aussi potentiellement prometteuses. De nombreux
essais sont prêts à être communiqués dans les
2 prochaines années ou sont en cours… Il faudra
rester vigilant sur ce sujet. ■