550 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 9 - novembre 2010
Traitement de deuxième ligne du cancer bronchique non à petites cellules
MISE AU POINT
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Dans une troisième étude de phase II, 36 patients
avec un CBNPC non épidermoïde ont été traités en
deuxième ligne ou plus par l’association oxaliplatine-
pemetrexed-bévacizumab. Le taux de contrôle de la
maladie a été de 71 %, la SSP médiane de 5,8 mois
et la SG médiane de 12,5 mois (22).
La pharmacogénomique constitue sûrement une
voie d’avenir pour le choix du meilleur traitement
de deuxième ligne des patients avec un CBNPC. Pour
exemple, les travaux réalisés par E.F. Smit et al. et
A.A. Adjei et al. ont mis en évidence des corréla-
tions significatives entre différents polymorphismes
concernant la thymidylate synthase et l’efficacité
du pemetrexed sur la SSP et la SG (19, 20).
Actuellement, les options de chimiothérapie pour
un traitement de deuxième ligne dans le CBNPC
sont le pemetrexed et le docétaxel, le premier étant
mieux toléré que le second et à privilégier en cas
de carcinome non épidermoïde (non prétraité par
pemetrexed). À l’avenir, les bithérapies, notamment
celles comprenant du bévacizumab, et la pharmaco-
génomique devraient permettre d’atteindre des
niveaux d’efficacité plus élevés sans majoration
de toxicité. Il faudra sûrement inclure aussi dans la
réflexion, l’administration de plus en plus fréquente
du pemetrexed en traitement de première ligne et
la mise en place de traitements de maintenance.
Inhibiteurs de tyrosine kinase
anti-EGFR
À côté de la chimiothérapie (pemetrexed, docétaxel),
les effets de 2 inhibiteurs de tyrosine kinase (ITK)
de l’EGFR (erlotinib, géfitinib) ont été évalués en
deuxième ligne dans le CBNPC.
ITK anti-EGFR versus placebo
en traitement de deuxième ligne
L’étude BR.21 menée chez des patients théori-
quement inéligibles à la chimiothérapie a permis de
mettre en évidence l’efficacité de l’erlotinib (versus
les soins de support) en traitement de deuxième et
de troisième ligne, avec un allongement significatif
de la SG (23).
L’efficacité du géfitinib a été évaluée par rapport
à un placebo dans une étude similaire (ISEL) sans
démonstration d’un bénéfice significatif de survie.
La population de malades était cependant à un stade
plus avancé que dans l’étude BR.21. Sur la totalité
de l’effectif, l’analyse de sous-groupes retrouvant
néanmoins un gain de survie en deuxième ligne (24).
ITK anti-EGFR versus chimiothérapie
en traitement de deuxième ligne
La comparaison indirecte de l’effet des ITK anti-EGFR
à celui de la chimiothérapie en deuxième ligne
suggère que le docétaxel pourrait apporter un
bénéfice de survie un peu supérieur à celui observé
avec les ITK chez des patients non sélectionnés (25).
Si l’on restreint la comparaison en deuxième ligne
aux patients ayant un PS 0 ou 1, les médianes de
survie obtenues avec l’erlotinib, le docétaxel ou le
pemetrexed sont similaires, comprises entre 7,9 et
9,5 mois (5, 9, 23).
Deux études de phase III de non-infériorité en termes
de survie, ont permis de réaliser une comparaison
directe de la chimiothérapie (docétaxel) et d’un ITK
anti-EGFR (géfitinib) sur la survie (7, 8).
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L’objectif de non-infériorité sur la survie de
l’étude japonaise n’a pas été atteint, bien que la
population de cette étude était composée en
majorité d’Asiatiques, de non-fumeurs et de patients
présentant un adénocarcinome (8).
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Dans l’étude INTEREST, menée à plus large
échelle, des résultats comparables ont été observés
sur la SG (médianes de 7,6 mois sous géfitinib versus
8 mois sous docétaxel) [7]. L’analyse en sous-
groupes ne met pas en évidence de catégories de
patients bénéficiant davantage de l’un des deux
traitements, hormis pour les patients ayant reçu
2 lignes antérieures de traitement avec un gain
significatif de survie pour le docétaxel (26). Il n’a
pas été retrouvé non plus de différence significative
entre les 2 traitements en ce qui concerne la SSP.
La méta-analyse des 4 essais ayant comparé l’effi-
cacité du géfitinib à celle du docétaxel ne retrouve
aucune différence significative de SSP ou de SG : seul
le taux de RO est plus élevé dans le bras géfitinib,
peut-être en raison du pourcentage élevé de patients
asiatiques (43 %) [27].
Enfin, une étude de phase III comparant directement
erlotinib et pemetrexed en deuxième ou troisième
ligne a été rapportée récemment lors du congrès de
l’ASCO 2010 (28). L’efficacité en termes de temps
jusqu’à progression ou de SG (sachant qu’un cross-
over entre les 2 traitements était possible) apparaît
similaire avec les 2 traitements. Nous noterons
cependant une supériorité de l’erlotinib en termes