DOULEUR
es rhumatologues s’engagent pleinement dans la lutte contre la douleur
.
Ainsi, à l’occasion des 3
es
Journées nationales de la Société Française
de Rhumatologie, qui se sont tenues le 23 mai dernier, à Toulouse, une
première réunion commune entre les sociétés françaises de la douleur (SFD) et
de rhumatologie (SFR) a permis de faire le point sur les avancées fondamentales,
cliniques et thérapeutiques de la prise en charge de la douleur en rhumatologie.
L
a douleur au sommet :
première réunion commune SFD-SFR
La Lettre du Rhumatologue - n° 247 - décembre 1998
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AINS est même un critère diagnostique de
spondylarthropathie. Les AINS, contrairement
aux corticoïdes, ont des propriétés antalgiques
indépendantes de leur action anti-inflamma-
toire, en particulier dans les céphalées, les dys-
ménorrhées, les douleurs viscérales et urolo-
giques. Certains AINS sont commercialisés à
faibles doses, comme l’ibuprofène, le féno-
profène, ou le kétoprofène à des doses antal-
giques.
Les antalgiques sont par contre généralement
dénués d’action anti-inflammatoire : les mor-
phiniques n’ont pas d’action anti-inflamma-
toire prouvée, que ce soit par voie locale ou
générale ; le paracétamol, dont l’action est
encore mal comprise, aurait une action anti-
inflammatoire à de très fortes doses, non utili-
sables en thérapeutique.
En fait, de nombreuses questions liées aux
intrications entre douleur et inflammation res-
tent posées. Des études sont nécessaires pour
préciser la part respective des anti-inflamma-
toires et des antalgiques, y compris des mor-
phiniques, en particulier dans les traitements
au long cours de l’arthrose comme des rhuma-
tismes inflammatoires chroniques.
Approche comportementale du
lombalgique chronique
(A.Ozguler,M.Morel-Fatio,F.Boureau,
Paris)
La douleur chronique résulte de l’interaction
de facteurs variés, somatiques et comporte-
mentaux. Certains auteurs ont formulé l’hypo-
thèse que la douleur chronique pouvait résul-
ter pour une part d’un comportement appris,
conditionné, pouvant perdurer en l’absence de
stimulus douloureux, en particulier dans les
lombalgies chroniques.
La thérapie comportementale associe un recon-
ditionnement physique et un renforcement des
motivations et des capacités adaptatives du
malade face à la douleur. L’apprentissage de la
relaxation accroît les capacités de contrôle face
La morphine en rhumatologie :
du fondamental à la pratique
(S.Perrot, Paris)
La morphine est l’antalgique de référence,
essentiellement utilisé dans les douleurs can-
céreuses, mais qui demanderait à être plus lar-
gement développé dans le domaine des dou-
leurs rhumatologiques non cancéreuses. Les
études fondamentales ont montré que les mor-
phiniques étaient efficaces dans les modèles
animaux de douleur articulaire, que ce soit par
voie systémique ou locale. En outre, ces études
montrent que l’efficacité des morphiniques est
renforcée lors d’une inflammation. En
revanche, peu d’études cliniques ont paru sur
l’utilisation systémique des morphiniques dans
les atteintes ostéoarticulaires. Les rares études
publiées sont en faveur d’une certaine effica-
cité de la morphine systémique, en particulier
dans les lombalgies, mais il n’existe pas de don-
nées suffisantes concernant l’arthrose ou les
arthrites des membres. Par voie intra-articu-
laire, la morphine a fait l’objet d’un grand
nombre d’études sur les douleurs aiguës post-
arthroscopie. La morphine intra-articulaire
semble montrer une légère action antalgique,
d’environ 24 heures, mais peu différente des
anesthésiques locaux. Dans tous les cas, la mor-
phine utilisée dans les atteintes ostéoarticu-
laires n’a pas induit de phénomène de dépen-
dance physique ou d’accoutumance.
En conclusion, si les données cliniques sont
en faveur d’un intérêt de la morphine au long
cours dans les atteintes ostéoarticulaires chro-
niques, des études méthodologiquement
valables sont nécessaires pour mieux préciser
les indications et les inconvénients de telles
thérapeutiques.
Inflammation et douleur : quelles
cibles thérapeutiques communes ?
(B.Bannwarth, Bordeaux)
Deux grandes catégories de médicaments sont
susceptibles d’exercer une action symptoma-
tique immédiate sur les douleurs articulaires :
les anti-inflammatoires et les antalgiques. En
rhumatologie, la douleur est généralement liée
à un phénomène d’excès de nociception, qu’il
y ait ou non une réaction inflammatoire. Dans
l’arthrose, le facteur mécanique est l’élément
déclenchant principal par le biais de l’hyper-
pression osseuse et périostée et de la distension
capsulo-ligamentaire lors de la mobilisation. En
revanche, lors des processus inflammatoires,
les influx douloureux sont principalement géné-
rés par les nocicepteurs synoviaux et capsulo-
ligamentaires. Ces deux mécanismes sont assez
souvent étroitement intriqués.
Compte tenu de la physiopathologie des deux
mécanismes principaux de la douleur en rhu-
matologie, il paraît nécessaire de mieux préci-
ser les actions spécifiquement anti-inflamma-
toires et antalgiques des différentes
thérapeutiques utilisées en rhumatologie. Les
anti-inflammatoires stéroïdiens et non stéroï-
diens (AINS) sont efficaces à la fois sur l’in-
flammation et sur la douleur. La sensibilité aux
L