Douleur Construire une culture de lutte systématique La loi fait obligation de traiter la douleur. Aujourd’hui, les actes courts ou moyennement douloureux peuvent aussi bénéficier d’une prise en charge analgésique adaptée. Il n’y a pas de “petites douleurs”. O n reconnaît deux types de douleurs dont l’approche est différente : d’une part, la douleur aiguë de courte durée (douleurs postopératoire, post-traumatique) ou celle provoquée par certains actes de soins ; d’autre part, la douleur chronique souvent rebelle. Celle-ci persiste alors dans la durée et résiste aux traitements antalgiques. Elle retentit de façon intense sur la qualité de vie des patients et de leur entourage. Un effet subjectif Quelle que soit la douleur, elle est subjective car seul celui qui la ressent peut la juger. D’où l’intérêt des échelles d’autoévaluation. Les composantes sont en effet mul- La pratique infirmière particulièrement concernée Le nouveau Programme national quadriennal comporte trois nouvelles priorités : la douleur provoquée par les soins et la chirurgie, la douleur de l’enfant et la prise en charge de la migraine. Pour cela, 5 objectifs sont fixés : – associer les patients au traitement par une meilleure information ; – améliorer l’accès à des structures spécialisées pour la personne souffrant de douleurs chroniques ; – améliorer l’information et la formation des personnels de santé ; – amener les établissements de santé à s’engager dans un programme de prise en charge de la douleur ; – renforcer le rôle infirmier, notamment dans la prise en charge de la douleur provoquée. 16 tiples. La douleur est basiquement sensorielle mais elle renvoie aussi à l’affectivité et aux émotions du sujet. Elle intègre en outre une signification cognitive ou intellectuelle. Les manifestations comportementales ne sont pas anodines et l’impact socio-économique, culturel, ethnique, voire religieux, engendre des réactions différentes suivant les personnes. Depuis la période antique, la douleur a été un sujet majeur d’interrogations. L’opium est le premier analgésique cité. Au XVIIIe siècle, le protoxyde d’azote, appelé également gaz hilarant, est découvert par un chimiste britannique, Joseph Priestley. Ce n’est qu’au milieu du XIXe siècle que la démonstration d’anesthésie par l’éther lors des interventions chirurgicales est faite par William Green Morton. Aujourd’hui, les gaz reviennent grâce à leur mode d’administration plus fiable et à leur aide dans les actes douloureux de courte durée. à morphine présentes dans certains établissements ne sont pas utilisées ! En 2001, l’évaluation du programme réalisé par la Société française de santé publique a montré qu’une prise de conscience s’était opérée et que des changements notables étaient intervenus mais que plusieurs dysfonctionnements persistent. Il est du devoir des infirmiers d’exiger une formation tant dans l’apprentissage de l’évaluation de la douleur et de ses outils que dans l’utilisation des techniques et des effets secondaires des médicaments. Dès que le patient arrive, le souci de le soulager doit être constant, d’autant qu’une douleur s’anticipe aujourd’hui, notamment en postopératoire ou dans certains soins. Sans nier le rôle des Centres antidouleur, indispensables, leur recours peut signer l’échec des thérapeutiques. En effet, la douleur doit s’intégrer systématiquement à la prise en charge d’un patient, quelle que soit sa pathologie. Et, compte tenu des moyens thérapeutiques actuels, il n’y a pas de petites douleurs, celles-ci pouvant s’accompagner d’une charge émotionnelle intense. A.-L.P. Un défi culturel Malgré la loi (décret du 6 septembre 1995 du Code de déontologie médicale ; article L 710-3-1 du Code de la santé publique, loi du 28 mai 1996), le plan triennal de lutte contre la douleur, certains patients souffrent encore. Or, “toute personne a le droit de recevoir des soins visant à soulager sa douleur. Celle-ci doit être, en toutes circonstances, prévenue, évaluée, prise en compte et traitée...” Phénomène culturel, manque de formation des soignants, voire manque d’informations des patients, la douleur est insuffisamment prise en charge en France et elle l’est surtout de manière très hétérogène. Des pompes Professions Santé Infirmier Infirmière - No 43 - janvier-février 2003 Rappel des paliers OMS Palier 1 : analgésiques périphériques, inhibiteurs des cyclo-oxygénases, paracétamol et anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), associés ou non à des thérapeutiques adjuvantes. Palier 2 : analgésiques centraux agonistes faibles ou agonistesantagonistes (peu de produits pour les enfants), associés ou non à des antalgiques périphériques et/ou des adjuvants. Palier 3 : antalgiques centraux agonistes µ, dont le chef de file est la morphine, associés ou non à des antalgiques non opiacés et/ou adjuvants.