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La Lettre du Rhumatologue - n° 264 - septembre 2000
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Références bibliographiques
!éviter les associations d’antalgiques en
dehors de la prescription : certains antal-
giques vendus sans ordonnance sont en fait
des AINS faiblement dosés (ibuprofène,
kétoprofène...) qui risquent d’interagir
avec les AINS prescrits.
Quels antalgiques
pour les douleurs
quotidiennes ?
Les douleurs ostéo-articulaires sont le plus
souvent liées à des mécanismes d’hyper-
excitabilité des nocicepteurs. Il paraît donc
logique de préférer dans un premier temps
les antalgiques de palier 1 dits “antalgiques
à action périphérique”. Parmi ceux-ci on
retient essentiellement les anti-inflamma-
toires non stéroïdiens (AINS) et le para-
cétamol, les autres antalgiques périphé-
riques tels que la floctafénine, le néfopam
et la noramidopyrine étant réservés à des
situations marginales en raison des risques
liés à leur utilisation.
Dans les rhumatismes inflammatoires
comme la polyarthrite rhumatoïde, les
spondylarthropathies ou les arthropathies
microcristallines en poussée, il est bien sûr
justifié d’employer les AINS. Dans l’ar-
throse douloureuse des membres et du
rachis, les AINS ne sont pas supérieurs au
paracétamol, en raison de leurs effets
secondaires et des interactions médica-
menteuses fréquentes chez des sujets âgés,
souvent polymédicamentés. Malgré tout,
la préférence des patients va souvent aux
AINS, en particulier dans les poussées
inflammatoires d’arthrose. Très souvent,
les patients associent le paracétamol aux
AINS pour une plus grande efficacité.
Les AINS peuvent donc être considérés
comme de véritables antalgiques en rhu-
matologie, parfois supérieurs ou équiva-
lents aux antalgiques de palier 2, ce qui
remet en cause la classique échelle de
l’OMS pour les antalgiques en rhumatolo-
gie. Malgré tout, la prise d’AINS expose à
des risques digestifs et rénaux, en fonction
de la dose, de la durée d’administration et
du terrain. Les accidents hémorragiques
digestifs et les perforations gastro-duodé-
nales ont une incidence annuelle estimée
entre 0,4 et 2/1 000 (0,4/1 000 chez le sujet
jeune et 4/1 000 chez le sujet âgé), qui dimi-
nue avec la prise de nouveaux composés
comme les inhibiteurs sélectifs de la cyclo-
oxygénase 2. L’utilisation d’AINS à doses
antalgiques, faibles, permet également de
réduire significativement l’incidence des
effets secondaires. Les autres complica-
tions, en particulier rénales, sont également
favorisées par le terrain (insuffisance car-
diaque, déshydratation, cirrhose décom-
pensée...) et les interactions médicamen-
teuses (associations à d’autres AINS, à des
diurétiques, antidiabétiques...). Pour réduire
les risques liés à la prise d’AINS au long
cours, il est nécessaire de vérifier l’absence
de contre-indications et l’on peut utiliser de
faibles doses, considérées comme antal-
giques et faiblement anti-inflammatoires.
Conclusion
La prise en charge de la douleur quoti-
dienne en rhumatologie peut être optimi-
sée et doit faire partie du rôle du rhumato-
logue. L’application de certains principes,
en particulier l’évaluation régulière de l’ef-
ficacité et de la tolérance des traitements,
devrait permettre d’améliorer le contrôle
de ces douleurs, souvent négligées, pour
une meilleure qualité de vie des patients
en rhumatologie.
S. Perrot
Service de rhumatologie A
et Centre d’évaluation
et de traitement de la douleur,
hôpital Cochin, Paris