4/8
URL: http://www.hls-dhs-dss.chF26455.php
© 1998-2017 DHS: tous les droits d'auteur de cette publication sont réservés au Dictionnaire historique de la Suisse, Berne. Les textes sur
support électronique sont soumis aux mêmes règles que les textes imprimés. Droits d'utilisation et modalités de citation (PDF)
l'intermédiaire du Conseil fédéral". Toutefois, les cantons ont le droit de conclure des traités sur des objets
concernant l'économie publique, les rapports de voisinage et la police (art. 9); ils peuvent, sur ces objets,
correspondre directement avec les autorités inférieures et les employés d'un Etat étranger (art. 10). Dans ses
premières années, le Conseil fédéral dut constamment rappeler, aussi bien aux cantons et à ses propres
fonctionnaires qu'aux services étrangers, le caractère unitaire de la Confédération.
En novembre 1848 fut créé un ministère des Affaires étrangères, appelé provisoirement Département
politique fédéral (DPF), désignation qu'il allait néanmoins conserver pendant 130 ans, avant de devenir en
1978 le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Au début, sa direction fut confiée au président
de la Confédération qui changeait chaque année. Cette situation dura jusqu'en 1914, à l'exception des années
1887-1892 (avec Numa Droz) et 1893-1895 (avec Adrien Lachenal). Dès 1869, un secrétariat assura une
certaine continuité. Numa Droz étoffa le DPF en 1888, mais la représentation à l'étranger resta modeste
(Diplomatie). On se contenta longtemps des légations de Paris (1798) et de Vienne (1802). Après les guerres
d'unité nationale en Italie et en Prusse, une troisième représentation diplomatique fut créée en 1864 à Turin
(transférée ensuite à Florence) et une quatrième à Berlin en 1867. A la suite de pressions exercées par les
Etats-Unis et compte tenu du nombre croissant des émigrés, une légation fut établie à Washington en 1882.
En 1891 s'ajoutèrent à la liste Buenos Aires en Argentine, pays d'émigration, ainsi que Londres (dans les
décennies précédentes, les affaires anglo-suisses avaient été réglées, à la satisfaction des deux Etats, par la
représentation britannique à Berne). Après avoir marqué sa présence en Amérique, la Suisse se tourna vers
l'est en 1906 (Saint-Pétersbourg et Tokyo). Le conseiller fédéral Ludwig Forrer avait pourtant déclaré en 1905
qu'il suffirait au fond d'entretenir quatre légations, dans les Etats limitrophes.
Du fait de son exiguïté et de ses divisions (fédéralisme, tensions confessionnelles), la Suisse avait été
exposée, avant 1848, à de fréquentes interventions étrangères. La principale tâche du jeune Etat fédéral
consistait à mettre fin à ces interventions en défendant sa souveraineté, tout en sauvegardant les acquis de
la révolution radicale de 1847, face aux régimes monarchiques. C'est surtout la question des réfugiés et des
émigrés qui risquait de remettre en question la souveraineté. Quand les autorités ne donnaient pas suite aux
demandes d'expulsion, c'était moins par solidarité envers des gens dont elles partageaient les opinions que
pour manifester leur volonté de souveraineté. Cependant, pour des motifs tenant à la raison d'Etat, le Conseil
fédéral estimait qu'il fallait, pour éviter que les conflits ne prennent une tournure militaire, répondre aux
demandes d'expulsion et de limitation d'activité des deux puissances particulièrement concernées, l'Autriche
et la Prusse. La suppression progressive du service étranger (complète en 1859) eut plusieurs raisons: l'une
des plus importantes fut, ici aussi, la volonté d'abolir toute dépendance envers l'étranger. L'intégrité
territoriale fut défendue sans compromis. Dans l'affaire de Büsingen en 1848, le jeune Etat mobilisa 25 000
hommes et démontra ainsi de manière catégorique sa détermination à ne pas tolérer la moindre violation de
ses frontières. Avec l'arrestation et l'expulsion en 1889 de l'inspecteur de police allemand Wohlgemuth, qui
espionnait des émigrés socialistes (affaire Wohlgemuth), la Suisse, déjà plus forte, fit comprendre qu'elle ne
supporterait aucune activité d'agents provocateurs sur son territoire. Lorsqu'elle exigea, en 1902, le rappel du
ministre plénipotentiaire italien Silvestrelli (affaire Silvestrelli), il ne s'agissait pas de questions territoriales,
mais de la manière arrogante avec laquelle ce diplomate avait rendu le gouvernement suisse responsable
d'un article paru dans un journal anarchiste.
Le statut ambigu, au point de vue du droit international, du canton de Neuchâtel, auquel le roi de Prusse
n'avait pas formellement renoncé après la révolution républicaine de 1848, devint à la longue intolérable pour
l'Etat fédéral qui affirmait sa souveraineté avec toujours plus de force. Après une tentative avortée de coup
d'Etat fomentée par des royalistes neuchâtelois et face aux menaces de la Prusse, la Suisse se livra en
1856-1857 à une démonstration de force impressionnante qui lui permit finalement d'incorporer totalement
l'ancienne principauté prussienne (affaire de Neuchâtel).
A l'approche d'éventuels conflits armés (en 1859 et 1866 entre l'Italie et l'Autriche, en 1867 dans l'affaire du
Luxembourg, en 1870 avant l'éclatement de la guerre franco-allemande), la revendication de souveraineté de
la Suisse, encore loin d'être assurée, fut néanmoins chaque fois renforcée: il s'agissait de faire respecter en