La Lettre de l’Hépato-Gastroentérologue • Vol. XVII - n° 1 - janvier-février 2014 | 17
EVIDENCE-BASED MEDICINE
Hépatologie
L’albumine est largement prescrite chez le patient cirrhotique, mais son
coût est élevé. Différents colloïdes de synthèse et vasoconstricteurs
ont été testés comme alternatives moins onéreuses. Une méta-analyse
portant sur 17 essais randomisés vient de conclure sans équivoque à la
supériorité de l’albumine par rapport à ces thérapeutiques alternatives
pour réduire la dysfonction circulatoire, l’hyponatrémie et la mortalité
associées aux grandes ponctions évacuatrices.
Ce qu’il faut retenir
C
hez les patients atteints de cirrhose, la perfu-
sion d’albumine a 3 indications validées : la
ponction d’ascite évacuatrice, l’infection du
liquide d’ascite (pour un sous-groupe de patients à
haut risque) et le syndrome hépato-rénal de type 1.
En termes de volumes de prescription, la ponction
d’ascite est de loin prédominante. Dans cette indi-
cation, la perfusion d’albumine vise à prévenir la
survenue d’une dysfonction circulatoire post-ponc-
tion (PCD). En effet, une ponction évacuatrice de
grand volume (≥ 5 litres) s’accompagne souvent
d’une baisse des résistances vasculaires périphériques
et d’une activation des systèmes rénine-angioten-
sine-aldostérone et nerveux sympathique, alors
même que les patients cirrhotiques avec ascite
présentent déjà des altérations hémodynamiques
marquées. Par convention, la PCD est défi nie par
une augmentation de l’activité rénine plasmatique
de 50 % ou plus. Cette complication serait associée
à une récidive plus rapide de l’ascite, à une augmen-
tation de l’incidence de l’hyponatrémie et de l’insuf-
fi sance rénale, et à une diminution de la survie (1).
Il a été démontré qu’une perfusion d’albumine, à la
dose de 7 ou 8 g par litre d’ascite soustrait, permet
de prévenir la PCD. Cependant, le coût de l’albumine
est élevé, et de nombreux essais ont comparé l’effi ca-
cité de thérapeutiques alternatives moins onéreuses
– colloïdes de synthèse ou vasoconstricteurs – à celle
de l’albumine. Une méta-analyse de ces études vient
d’être publiée (2).
Dans cette méta-analyse, M. Bernardi et al. ont inclus
17 essais randomisés (1 225 patients) publiés entre
1988 et 2010. Les critères de jugement retenus
étaient la PCD, l’hyponatrémie et la mortalité.
Comparativement aux thérapeutiques alternatives,
l’albumine diminuait signifi cativement l’incidence de
Ponction d’ascite évacuatrice :
la supériorité de l’albumine est confi rmée
Arnaud Pauwels, Gonesse.
centre de transplantation en l’absence d’améliora-
tion. Parallèlement, et de façon indépendante, une
évaluation addictologique doit être réalisée par un
médecin spécialiste. C’est dans le centre où le patient
est régulièrement suivi qu’elle peut se faire au mieux.
Seules les rechutes alcooliques sévères impactent la
survie à long terme des patients transplantés (3, 4).
On estime qu’elles concernent 10 à 20 % des patients
transplantés pour maladie alcoolique du foie (1),
et leur effet est désastreux, tant sur les acteurs de
la transplantation que sur l’opinion publique. L’ob-
jectif de la prise en charge addictologique est donc
d’offrir au patient une aide au sevrage, de lui éviter
si possible une TH, ou sinon de mettre en place le
suivi qui permettra de l’accompagner avant et après
niveau
de preuve
1
Questions
non résolues
» Comment mieux
identifi er les patients à
haut risque de rechute
alcoolique au décours de
la greffe ?
» Quel suivi addicto-
logique optimal leur
proposer ?
la greffe, mais aussi de repérer une alcoolo-dépen-
dance majeure qui restera réfractaire à tout projet
thérapeutique. ■
Références bibliographiques
1. Lucey MR. Liver transplantation in patients with alcoholic liver
disease. Liver Transpl 2011;17(7):751-9.
2. Burra P, Senzolo M, Adam R et al. Liver transplantation for alco-
holic liver disease in Europe: a study from the ELTR (European Liver
Transplantation Registry). Am J Transplant 2010;10(1):138-48.
3. Pfi tzmann R, Schwenzer J, Rayes N et al. Long-term survival
and predictors of relapse after orthotopic liver transplantation
for alcoholic liver disease. Liver Transpl 2007;13(2):197-205.
4. Faure S, Herrero A, Jung B et al. Excessive alcohol consumption
after liver transplantation impacts on long-term survival, whatever
the primary indication. J Hepatol 2012;57(2):306-12.