REVUE DE PRESSE dirigée par le Pr T. Moreau
172 | La Lettre du Neurologue • Vol. XVII - n° 5-6 - mai-juin 2013
Risque de cancer chez les patients atteints de SEP
Cette étude rétrospective avait pour objectifs d’évaluer l’incidence et la taille des cancers
observés chez des patients atteints de sclérose en plaques (SEP) et appartenant à la cohorte
de Colombie-Britannique par rapport à la population générale. Les données des patients
présentant une SEP certaine ou probable selon les critères de Poser, enregistrées entre 1980
et 2004 pour la première fois, étaient croisées – grâce au numéro de santé personnel – avec
celles des registres des cancers de Colombie-Britannique, du ministère de la Santé et de
la base de données des décès. Des ratios standardisés d’incidence ont été calculés. Parmi
6 917patients, seules les données de 6 667 d’entre eux ont pu être mises en lien avec celles
des registres. L’âge moyen était de 31,2ans ; 97 % des patients avaient une SEP rémittente ;
97 % étaient des femmes. Au total, 410cancers excluant les cancers de la peau autres
que les mélanomes ont été recensés et 99cancers de la peau en dehors des mélanomes.
La taille des tumeurs était connue pour 132patients. L’incidence globale des cancers était
plus faible qu’attendue dans la population générale (SIR : 0,86 [0,78-0,94]) quelle que soit
la forme évolutive de la SEP et le sexe. Ce risque plus faible était retrouvé quel que soit le
type de cancer, excepté pour le cancer de la peau autre que le mélanome, les tumeurs céré-
brales et les cancers de la vessie. Chez les patients atteints d’une SEP, la taille des tumeurs
était significativement plus importante dans le cancer du poumon et le cancer colorectal.
A. Fromont, Dijon
Commentaire
Ces données confortent celles des cohortes euro-
péennes. L’étude du mode de vie et du régime
alimentaire pourrait peut-être apporter une
explication à ce risque plus faible de cancer chez
les patients atteints de SEP. Quant à la taille plus
importante des tumeurs, elle pourrait être secon-
daire à un retard diagnostique s’expliquant par la
tendance à rattacher tous les nouveaux symptômes
à la SEP. Une des limites de cette étude est de ne
pas avoir séparé les patients naïfs de traitement
de ceux traités, et, parmi ces derniers, de ne pas
avoir analysé à part les patients sous immuno-
suppresseurs.
Référence bibliographique
Kingwell E, Bajdik C, Phillips N et al. Cancer risk in multiple
sclerosis: ndings from British Colombia, Canada. Brain
2012;135(Pt10):2973-9.
Commentaire
Savoir identifier un AIT est primordial afin de
pouvoir prévenir la survenue d’un infarctus céré-
bral constitué. Mais diagnostiquer un AIT par
excès n’est pas non plus sans conséquence pour le
patient : prise de traitements inutiles, modifications
des coûts d’assurance et de style de vie. Vertiges,
dysarthries et troubles visuels isolés sont des symp-
tômes courants mais dont la nature ischémique
est souvent incertaine. Cet article nous démontre
que si de telles manifestations neurologiques
sont fréquentes avant un infarctus VB, celles-ci
ne répondent pourtant pas aux critères NINDS
d’AIT VB. Cependant, il existe des divergences
concernant les critères diagnostiques d’AIT VB.
Les critères NINDS − certes anciens(1975) − sont
assez restrictifs, considérant vertiges, dysarthries et
diplopies comme ne devant pas faire évoquer un
AIT lorsqu’ils sont isolés, alors que ces symptômes
sont considérés comme des AIT possibles selon les
critères 2004 de la HAS. Ainsi, les résultats de la
présente étude vont dans le sens des critères HAS
et nous incitent à considérer ces manifestations,
en particulier chez les patients ayant des facteurs
de risque vasculaires, comme des AIT possibles.
Référence bibliographique
Paul NL, Simoni M, Rothwell PM. Transient isolated
brainstem symptoms preceding posterior circulation
stroke: a population-based study. Lancet Neurol
2013;12(1):65-71.
Faut-il poser le diagnostic d’AIT devant un vertige,
une dysarthrie ou une diplopie
isolés et transitoires ?
Dans cet article, N.L. Paul et al. rapportent la première étude de population sur la fréquence
des symptômes neurologiques, isolés et transitoires, mais ne répondant pas aux critères
de l’accident ischémique transitoire (AIT), précédant la survenue d’un infarctus vertébro-
basilaire(VB). En effet, les manifestations isolées et transitoires telles que les vertiges, une
dysarthrie ou une diplopie ne font pas partie des symptômes devant faire évoquer un AIT selon
les critères NINDS. Dans cette étude, 275patients atteints d’un infarctus VB et 759autres
souffrant d’un infarctus carotidien ont été inclus. Dans 22 % des cas des infarctus VB, des
manifestations neurologiques transitoires ont eu lieu dans les 90jours précédant contre
seulement 8 % dans les infarctus carotidiens. Seuls 8 % des manifestations neurologiques
précédant un infarctus VB répondaient aux critères d’AIT. Dans presque la moitié des cas,
le symptôme était un vertige isolé. Seuls 22 % des patients ayant eu de tels symptômes ont
consulté un médecin, et une cause vasculaire n’a été suspectée que dans 1cas.
P. Renou, Bordeaux