MISE AU POINT
La Lettre du Cardiologue • n° 457 - septembre 2012 | 23
immunoglobulines i.v., immunosuppresseurs, etc.
L’exception est celle des cardiopathies dilatées chro-
niques, stables, avec persistance de génome prouvée,
pour lesquelles l’interféron pourrait être efficace.
Prise en charge actuelle
des myocardites bénignes
Le traitement de la myocardite associe les traite-
ments de l’étiologie, de la péricardite de l’insuffi-
sance cardiaque (IC), des troubles du rythme de l’IC,
voire du choc cardiogénique.
En ce qui concerne le traitement de la myocardite, les
AINS à fortes doses sont parfois considérés comme
potentiellement délétères (surtout dans les petites
cohortes ou les études animales).
Traitement de l’insuffisance cardiaque
En cas de forme fulminante, la défaillance cardiaque
est le plus souvent rapidement réversible, permet-
tant un sevrage rapide des méthodes d’assistance.
En fonction des habitudes et des disponibilités
locales, toutes les méthodes d’assistance peuvent
être proposées, mais on a le plus souvent recours
à l’assistance biventriculaire. Dès que possible, le
traitement pharmacologique conventionnel est
renforcé (inhibiteurs de l’enzyme de conversion,
bêtabloquants indiqués dans l’IC, antialdostérone
en cas de dysfonction ventriculaire sévère).
Traitement des troubles rythmiques
et conductifs
La fibrillation auriculaire peut être rencontrée en
cas de péricardite. Dans le cas de la myocardite, les
troubles conductifs disparaissent habituellement en
quelques semaines, mais ceux du rythme ventricu-
laire peuvent être létaux. Les troubles rythmiques
répondent généralement bien aux bêtabloquants,
parfois à l’amiodarone. Compte tenu du jeune âge
des patients, l’implantation d’un défibrillateur auto-
matique est parfois nécessaire devant des troubles
ventriculaires, même si leur évolution est souvent
favorable, et malgré l’inflammation. La surveillance
rythmique en unité de soins continus est logique-
ment proposée.
La biopsie endomyocardique trouve un intérêt dans
le traitement étiologique éventuel (question à part
entière).
Traitements
en fonction de l’évolution
Pour les péricardites aiguës, l’évolution est le plus
souvent favorable. Le taux de récidive à 1 an est en
revanche élevé, évalué entre 20 et 30 %. Le trai-
tement des récidives fait de plus en plus souvent
appel à une intensification du traitement initial,
avec prescription de colchicine et augmentation
de la durée du traitement. En cas d’évolution vers
la chronicité, ou de rechutes très fréquentes, un
traitement prolongé par aspirine + colchicine,
voire autres AINS, doit être envisagé. Au moindre
doute, une consultation spécialisée doit explorer les
possibilités d’une maladie systémique, en particulier
auto-immune, qui pourrait relever d’un traitement
spécifique. Le recours aux corticoïdes est en général
évité, afin de s’affranchir des problèmes de corti-
codépendance. Les rares évolutions vers les formes
constrictives chroniques – rares, mais graves – font
appel à la chirurgie de décortication dans les cas
extrêmes.
Limites de la prise en charge
actuelle
Hétérogénéité dans la prise en charge
des péricardites aiguës bénignes
Lors de la mise en place d’un travail collaboratif,
nous avons constaté que tous les points de la prise
en charge suscitaient le débat entre les partisans
du traitement systématique et ceux du traitement
ciblé, de même que les points concernant la durée du
traitement, et surtout le recours à l’hospitalisation.
Questions actuelles
L’équipe de cardiologie du CHU de Brest a montré
que, en pratique, la durée de traitement de 1 mois
était rarement respectée par les patients (15), et
que la durée de traitement effectif était d’environ
1 semaine, c’est-à-dire qu’il était arrêté quelques
jours après la résolution des symptômes. Cette
même équipe évalue actuellement l’efficacité d’une
courte durée de traitement.
Les traitements actuellement reconnus et les cibles
thérapeutiques potentielles sont replacés dans le
schéma physiopathologique (figures 3A, 3B et 3C,
p. 24). Les principales études enregistrées sont présen-