La Lettre du Rhumatologue - Supplément au n° 294 - septembre 2003
IV
LES TRAITEMENTS LOCAUX
Ils sont indiqués lorsque, malgré l’efficacité des traite-
ments généraux (AINS et traitements de fond), une ou plu-
sieurs articulations restent enflammées.
!Les infiltrations intra-articulaires de corticoïdes sou-
lagent rapidement la douleur et font disparaître l’inflam-
mation. C’est un geste ponctuel qui ne doit pas être trop
souvent répété (trois fois par an pour une articulation est
une fréquence licite). On utilise des composés à base de
cortisone, dont certains, très puissants (hexacétonide), ont
un effet prolongé sur plusieurs mois.
!Les synoviorthèses consistent à injecter dans l’articula-
tion un produit chimique ou radioactif qui détruit la synovia-
le enflammée. C’est un geste réalisé en milieu hospitalier.
!La synovectomie arthroscopique relève du même prin-
cipe : enlever la prolifération synoviale, mais en utilisant
des instruments chirurgicaux. Les genoux, les poignets, les
coudes, les hanches ou l’épaule peuvent être concernés.
LA RÉADAPTATION FONCTIONNELLE
Elle a un rôle important à tous les stades de la maladie
pour maintenir la fonction des articulations.
!La rééducation a plusieurs objectifs : limiter les défor-
mations articulaires, lutter contre l’enraidissement articulaire,
préserver la force musculaire par la pratique d’exercices iso-
métriques (contraction des muscles sans mouvements) ou
d’exercices actifs (ou actifs aidés) sous la direction d’un
kinésithérapeute. Elle doit être évitée au cours des poussées
inflammatoires, période durant laquelle l’articulation doit
être mise au repos, voire immobilisée dans une orthèse.
!L’ergothérapie est une technique d’éducation du geste et
de rééducation de l’activité. Elle fait appel à des activités
artisanales (tissage, par exemple) ou à des exercices manuels
(travail de la prise d’objets par le pouce et l’index, etc.).
LES APPAREILLAGES ET LES AIDES TECHNIQUES
Ils sont utiles à divers titres.
!Les orthèses sont des appareils amovibles réalisés avec
des matériaux thermoplastiques ou des résines afin d’im-
mobiliser une ou plusieurs articulations (mains, poignets,
etc.) (figure 3). Selon les cas, elles visent à soulager une
articulation douloureuse et enflammée (“orthèses de
repos”) ou à faciliter le mouvement d’une articulation fra-
gilisée tout en la protégeant (“orthèse de fonction”). On
peut aussi y recourir afin de réduire une déformation qui
n’est pas encore irréductible.
!Les orthèses plantaires,ou semelles orthopédiques,
sont confectionnées sur mesure afin de compenser des
déformations et de soulager les zones d’appui doulou-
reuses. Dans des cas très évolués, il peut être nécessaire de
recourir à un chaussage spécialisé (chaussures larges ou
chaussures orthopédiques fabriquées sur mesure).
!Dans les formes anciennes et sévères de polyarthrite, les
aides techniques facilitent les gestes de la vie courante
(toilette, activités ménagères, cuisine, etc.) en cas de perte
de fonction de l’articulation. Il s’agit d’objets conçus spé-
cifiquement par des industriels à l’intention des personnes
handicapées (ciseaux, couteaux, pince télescopique pour
ramasser) ou d’objets vendus dans le commerce qui écono-
misent l’articulation (ouvre-bocaux).
LE TRAITEMENT CHIRURGICAL
À un stade précoce de l’évolution de la polyarthrite, le trai-
tement chirurgical intervient à titre prophylactique ; à un
stade plus tardif, il permet de réparer des dégâts articulaires.
!Dans le premier cas, on effectue une synovectomie (ou
ténosynovectomie). L’objectif est de prévenir des lésions
ostéo-cartilagineuses ou des ruptures de tendons en enle-
vant une partie de la membrane synoviale enflammée.
!Dans le second cas, on a recours à des arthroplasties. Il
s’agit de redonner à l’articulation sa fonction en la remplaçant
par des prothèses (genou, hanche, épaule, doigts, etc.).
Lorsque cela n’est pas possible, on bloque l’articulation
(arthrodèse) dans une position dite “de fonction”, ce qui per-
met de faire disparaître les douleurs. Des interventions sont
également réalisées pour traiter des déformations articulaires.
UN TRAITEMENT PRÉCOCE
ET ADAPTÉ À LA SÉVÉRITÉ DE LA MALADIE
La sévérité de la polyarthrite rhumatoïde varie beaucoup
d’un patient à l’autre.
Le choix du traitement de fond sera guidé par la sévérité
potentielle de la maladie afin que la possibilité de survenue
d’effets indésirables liés au traitement soit contrebalancée
par les bénéfices que l’on peut en attendre. Il faut également
tenir compte de l’âge du patient, de comorbidités éventuelles
ainsi que des médicaments pris pour d’autres maladies.
Quant aux traitements locaux et chirurgicaux, ils seront
associés au cas par cas selon les atteintes et le stade évolutif.
Dans tous les cas, il est important d’insister sur la préco-
cité de mise en route du traitement de fond, dont dépend
largement l’évolution à long terme de la maladie. "
DOSSIER PATIENTS
Figure 3. Le port d’une orthèse de repos permet de diminuer le gonflement
et les douleurs articulaires en cas de poussée inflammatoire.