26 | La Lettre du Rhumatologue • N° 348 - janvier 2009
Polyarthrite rhumatoïde
DOSSIER ACR 2008
Tolérance et
aspects médico-économiques
Rheumatoid arthritis: safety and medicoeconomic information
Bruno Fautrel*
* Service de rhumatologie, GH Pitié-
Salpêtrière, Paris.
Anti-TNF et grossesse
En 2007, une communication d’après les données de
la Food and Drug Administration (FDA) en session
plénière à l’ACR avait émis la possibilité d’un
risque malformatif spécifique, appelé “syndrome
de VACTERL”, avec les anti-TNF. Cette année,
différents registres (base de données SCEPTRE des
patients traités par IFX, registre OTIS et registre de
la BSR) apportent des informations complémen-
taires (Snoeckx, 702 ; King, 1011 ; Johnson, 1387 et
1388). Globalement, ces données ne montrent pas
de signal inquiétant, si ce n’est un taux important de
fausses couches dans le registre de la BSRBR, alors
que près de la moitié des femmes recevaient du MTX
de façon concomitante à l’anti-TNF. En tout état de
cause, aucun syndrome de VACTERL (complet ou
incomplet) n’a été observé, ce qui laisse à penser
que la communication lors de l’ACR 2007 relevait
d’un principe de précaution probablement un peu
excessif, ou tout au moins hâtif.
Anti-TNF et cancers
Plusieurs communications ou posters ont apporté
des éléments complémentaires sur le risque de
cancer sous biothérapie, sans globalement d’élé-
ments spécifiquement inquiétants. On peut, par
exemple, citer les résultats du registre allemand
RABBIT (Strangfeld, 1010) qui ne retrouve qu’un excès
de lymphomes par rapport à la population générale,
ce qui est globalement en accord avec les résultats
rapportés par d’autres registres (et avec les données
générales dans la PR).
Une attention particulière doit être portée à une
étude explorant le risque de cancer (récidive ou
nouveau cas) chez des patients ayant des antécé-
dents néoplasiques anciens (plus de 5 ans avant
l’intro duction de l’anti-TNF) [Dixon, 1264]. Les
patients avec antécédents néoplasiques du registre
des biothérapies de la BSR ont été comparés à des
patients ayant également des antécédents de cancers
soignés par traitement de fond conventionnel.
Aucune augmentation du risque n’est observée sous
biothérapie. Au contraire, le risque est moindre que
dans la population témoin, avec un rapport de taux
d’incidence de 0,53 (IC
95
: 0,22-1,26). Ces résultats
montrent à tout le moins que la façon prudente
avec laquelle les anti-TNF sont prescrits chez ces
patients porte ses fruits.
Il y a 2 ans, une méta-analyse publiée dans le JAMA
révélait une augmentation du risque de tumeurs
(principalement cancers cutanés hors mélanomes
et lymphomes) chez les patients traités par anti-
corps anti-TNF (Bongartz, JAMA 2006;296:2205).
On attendait depuis lors une étude similaire sur
l’etanercept (ETN), ce qui est désormais chose
faite (Bongartz, 1664). À partir des données des
essais d’ETN, randomisés versus placebo et d’une
durée de plus de 12 semaines, il a été possible de
trouver 26 cas de néoplasie chez 2 244 patients
(2 484 patients-années [p-a]) traités par ETN et 7 cas
chez 1 072 témoins (1 051 p-a) ayant reçu le placebo.
Selon deux modèles d’analyse (HR dans un modèle
de COX ou OR poolés), le risque de cancer sous ETN
par rapport au placebo n’est pas significativement
augmenté (tableau).
En parallèle, les données définitives de l’observatoire
français RATIO étaient rapportées (Mariette, 1665).
Ce dernier a colligé l’ensemble des cas de lymphomes
observés sous anti-TNF à partir des données de phar-
macovigilance, de celles des industriels et des décla-
rations directes à RATIO. Tous les cas ont été validés
par une relecture centralisée des lames histologiques.
Au total, 31 lymphomes non hodgkiniens (B dans