Fréquentes et invalidantes
L
e handicap premier est la dou-
leur. Celle-ci est permanente et
cœur, les reins, le système nerveux.
Cette douleur peut être aussi le
symptôme d’une ostéoporose ou
encore l’effet d’un surpoids tout
simplement. Le diagnostic doit être
précoce et la prise en charge glo-
bale et pluridisciplinaire, associant
le corps médical dans son en-
semble et les autres personnels pa-
ramédicaux comme les kinésithé-
rapeutes et les infirmiers.
Le paracétamol compose le premier
médicament. Entre celui-ci et les
opioïdes forts, il en existe aujour-
d’hui une palette assez étendue. On
peut citer l’association tramadol-
paracétamol, les anti-inflamma-
toires non stéroïdiens. La cortisone,
y compris en infiltrations, reste in-
contournable pour traiter la dou-
leur, l’inflammation ou les épan-
chements intramusculaires. Les
agents anti-TNF sont des produits
efficaces et révolutionnaires, mais
chers. Quant aux antidépresseurs,
ils ont une action possible directe
sur la douleur physique mais aussi
sur la douleur psychique, la dé-
pression sévissant souvent chez le
douloureux chronique.
Les innovations
thérapeutiques
Il y a vingt ans, lors de sa mise sur le
marché, le méthotrexate apportait
déjà un important progrès dans le
traitement des rhumatismes in-
flammatoires. Il reste le médica-
ment de référence, mais d’autres
thérapeutiques voient le jour.
Le TNFest une substance qui
joue un rôle majeur dans l’inflam-
mation et les lésions articulaires.
Les agents anti-TNFfreinent ou
arrêtent l’évolution de la maladie.
Ces produits sont efficaces sur
le plan clinique et sur les plans
biologique et radiographique. Ils
conviennent aux malades atteints
de PR ou de spondylarthrite sé vère
qui n’ont pas répondu aux traite-
ments habituels. Leur tolérance est
correcte mais ils augmentent le
risque d’accident infectieux puis-
qu’ils agissent aussi sur la défense
de l’organisme contre l’infection.
On dispose aujourd’hui de plu-
sieurs produits anti-TNF.L’in-
fliximab est commercialisé en
France depuis l’an 2000. Il s’uti-
lise sous forme de perfusions in-
traveineuses lentes et nécessite une
hospitalisation d’au moins une
journée. L’étanercept (récepteur
soluble du TNF) s’utilise par voie
sous-cutanée à raison de deux in-
jections par semaine que le patient
peut se faire lui-même. Sa mise sur
le marché est autorisée en Europe,
mais il n’est pas encore commer-
cialisé en France. L’adalimumab
(anticorps monomodal) est un
produit également utilisable par
voie sous-cutanée. Sa demande
d’autorisation de mise sur le mar-
ché est en cours. Il faut savoir que
ces produits n’ont pas le même
mécanisme d’action et doivent être
adaptés à chaque patient. On dis-
pose d’un autre agent biologique :
l’anakinra (antagoniste du récep-
teur de l’interleukine1). Utilisé en
injections sous-cutanées quoti-
diennes pour traiter la PR, ce pro-
duit freine l’évolution des lésions
osseuses. Il est donc efficace sur
le plan radiologique mais serait
moins anti-inflammatoire que les
agents TNF.Il devrait être com-
mercialisé en France dans les mois
qui viennent.
Le coût de ces innovations théra-
peutiques est élevé, d’autant que
leur volume de fabrication reste
encore insuffisant. Aussi peu de
malades en bénéficient-ils. Ainsi
les agents anti-TNFne sont pres-
crits que dans les PR et les spon-
dylarthrites sévères.
Andrée-Lucie Pissondes
Congrès de rhumatologie,
Paris, novembre 2002.
8
Maladies inflammatoires
En France, 600 000 à 800 000 personnes souffrent de rhumatismes
inflammatoires chroniques. Ceux-ci peuvent survenir à n’importe
quel âge et sont très fréquents. On n’en connaît toujours pas la cause.
Professions Santé Infirmier Infirmière - No44 - mars 2003
accentuée lors des poussées rhu-
matismales. La vie quotidienne
devient difficile, les gestes les plus
simples étant douloureux.
De plus, ces maladies raidissent ou
détruisent aussi bien les articula-
tions périphériques que la colonne
vertébrale.
La plus fréquente d’entre elles et
souvent la plus grave est la po-
lyarthrite rhumatoïde (PR). Elle
touche en majorité les femmes
âgées de 40 à 50 ans. Elle détruit
les articulations périphériques.
Quinze pour cent des malades
souffrent de la forme la plus sévère
de PR, ce qui diminue de 5 à
10 ans leur durée de vie. De plus,
chez 50 % des patients, la PR en-
traîne une mise en invalidité au
bout de dix ans d’évolution. Une
étude récente a montré que, en
France, sur 1 109 malades atteints
de PR, 35 % étaient en arrêt de tra-
vail et 19 % en invalidité à l’âge
moyen de 45,2 ans.
La pelvispondylite rhumatismale
ou spondylarthrite ankylosante
touche, elle, plutôt l’homme jeune.
Elle raidit la colonne vertébrale.
Quels traitements ?
L’urgence est la prise en charge de
la douleur. Le premier interlocu-
teur des personnes en souffrance
est le généraliste. Grâce à l’arrivée
de nouvelles technologies et de
traitements plus efficaces, le rhu-
matologue devient l’interlocuteur
privilégié. Bien que spécialiste, il
met en pratique son savoir de la
médecine générale en engageant
une approche globale avec son pa-
tient. Car la douleur osseuse peut
signifier, dans les cas graves, un
cancer des os, mais aussi des at-
teintes délétères d’organes tels le
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