474 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXI - n° 9 - novembre 2012
SOINS ONCOLOGIQUES
DE SUPPORT
le cadre d’un cancer du sein et présentaient une
maladie métastatique dans 58 % des situations.
Vingt pour cent des patients avaient été ou étaient
inclus dans un essai thérapeutique, et 39 % rece-
vaient des thérapies ciblées.
L’analyse des résultats de cette étude rapporte que
60 % des patients ont recours aux MAC, et 46 %
n’en parlent pas à leurs soignants. Il est intéressant
de remarquer que 48 % des patients avaient recours
aux MAC avant le diagnostic de cancer. Les objectifs
recherchés par les patients à travers ces accompa-
gnements étaient la lutte contre le cancer, l’atté-
nuation des effets indésirables du cancer et de ses
traitements et, enfi n, le bien-être global.
Session ostéoarticulaire
Physiopathologie des métastases
osseuses : point actuel et perspectives
(MASCC 2012, Guise T: Mecanism of skeletal
complications of cancer and cancer therapies)
Le tissu osseux est en constant renouvellement, avec
un équilibre fragile entre destruction osseuse par les
ostéoclastes et construction par les ostéoblastes,
dans lequel le rôle central est joué par le système
RANK/RANK ligand/ostéoprotégérine contrôlé par
divers facteurs, en particulier hormonaux.
Les cellules tumorales libèrent des facteurs d’acti-
vation des ostéoclastes (par exemple, PTHrP [Para-
Thyroid Hormone-related Protein]), et la lyse osseuse
induite va à son tour libérer des facteurs de crois-
sance tumorale (en particulier, du TGFβ [Transfor-
ming Growth Factor Beta]).
Pour les patients, la progression des métastases
osseuses se traduit par des douleurs, parfois révé-
latrices du cancer, et par des événements osseux (SRE
[skeletal-related events]) : fracture patho logique,
compression médullaire, recours à la chirurgie,
recours à la radiothérapie et hypercalcémie.
Les bisphosphonates, en particulier l’acide zolédro-
nique, diminuent l’incidence des SRE et prolongent
leur délai de survenue. Plus récemment, le déno-
sumab, anticorps monoclonal anti-RANK-ligand,
a montré une effi cacité supérieure avec l’avantage
d’une utilisation plus simple (voie sous-cutanée,
sans toxicité rénale).
Ces traitements sont utiles mais n’améliorent pas la
survie globale et ne sont pas dénués d’effets indési-
rables (ostéonécrose de la mâchoire). De nouvelles
pistes sont donc envisagées, comme le ciblage du
récepteur du TGFβ, le récepteur de l’endothéline A,
la protéine Dkk1 (Dickkopf-related protein 1) et la
voie de signalisation Wnt.
Les SRE pouvant survenir chez un patient souffrant
d’un cancer ne se limitent pas aux métastases
osseuses. De nombreux traitements antitumoraux
interfèrent avec le métabolisme osseux et peuvent
induire une ostéoporose (C. Van Poznak: Risks and
benefi ts of bisphosphonates). La castration (chimique
ou chirurgicale), chez la femme atteinte d’un cancer
du sein ou chez l’homme présentant un cancer de
la prostate, est connue comme facteur étiologique
d’ostéoporose, mais certains traitements ciblés,
comme les anti-VEGF (Vascular Endothelial Growth
Factor), le G-CSF ou encore la radiothérapie, modi-
fi ent aussi le métabolisme osseux.
Les conséquences de l’ostéoporose sont potentiel-
lement graves : fractures, tassements vertébraux,
douleurs et perte d’autonomie. La mortalité à 1 an
après fracture de la hanche est de l’ordre de 20 %
aux États-Unis. La surveillance et l’éducation de ces
patients sont des enjeux fondamentaux :
➤
réalisation d’une ostéodensitométrie lors de
l’instauration d’un traitement hormonal ;
➤dosage régulier du calcium et de la vitamine D ;
➤promotion de l’activité physique.
Les bisphosphonates et le dénosumab ont montré
leur intérêt dans la prévention et le traitement de
l’ostéoporose. Se posent maintenant la question
de la durée de ces traitements (limitation à 5 ans
pour les bisphosphonates par la Food and Drug
Administration) et celles de leurs effets indésirables
éventuels à long terme ou du rythme idéal de la
surveillance de la densité osseuse.
Autour des événements
thromboemboliques
La question des événements thromboembo-
liques veineux (ETV) fait actuellement couler
beaucoup d’encre, et à juste titre, car la prise en
charge n’est pas optimale, comme l’a démontré
l’étude CARMEN, présentée par F. Cajfinger lors
du congrès américain en oncologie clinique de
2012 (4). L’adhésion aux recommandations a
d’ailleurs été évaluée auprès des membres de la
MASCC (MASCC 2012, Tancabelic J et al., abstr.
1069) sur la prise en charge des ETV par le biais
d’un questionnaire en 9 points. Parmi le groupe
très hétérogène de participants de 34 pays diffé-
rents, 21,8 % ont répondu : 74 % étaient informés