Dossier thématique
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La Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 9 - novembre 2007
tomographe à émission de positons, l’imagerie par résonance 
magnétique (IRM) fonctionnelle et les potentiels évoqués ont été 
des outils de recherche fondamentaux et ont permis d’assurer 
la base neurophysiologique nécessaire à toute démonstration 
scientifi que moderne. En 2002, une traduction thermo-auri-
culographique des affi  chages pathologiques sur les auricules a 
été mise en évidence. Le principe de l’auriculothérapie suit dès 
lors les données anatomiques démontrées de notre médecine 
contemporaine. Le traitement d’une douleur consistera en des 
applications d’aiguilles sur le trajet de la douleur à des points 
précis correspondant aux relais nerveux ; pour une sciatalgie, on 
piquera sur le trajet du nerf sciatique, sur la substance réticulée, 
sur le thalamus et enfi n sur le relais du cortex.
Une étude menée à Villejuif et publiée en 2000 a montré l’effi  cacité 
sur la douleur de cette technique (3). Des enregistrements des 
niveaux douloureux par échelle visuelle analogique (EVA) ont été 
faits en préthérapeutique, après traitement antalgique pharma-
ceutique bien conduit (paliers 2 et 3), puis après deux mois de trai-
tement par auriculothérapie associée aux antalgiques. Une nette 
régression des scores EVA a été retrouvée grâce à l’asso ciation 
des traitements. Une étude versus placebo (aiguilles placées de 
façon aléatoire) a été publiée en 2003, montrant une supériorité 
de l’auriculothérapie sur le placebo (amélioration des scores EVA 
de 30 % versus 10 %, respectivement) [4]. Une étude, actuellement 
soumise à publication, évoque les xérostomies postradiques et 
une amélioration soutenue à 1 et 2 mois avec le traitement par 
auriculothérapie. D’autres développements sont en cours, dans 
d’autres indications. L’auriculothérapie est une médecine complé-
mentaire, qui vise à apporter des solutions supplémentaires aux 
souff rances des patients. En aucun cas cette dernière technique 
ne doit être présentée comme “traitement du cancer”, mais son 
utilisation peut faire partie de l’ensemble des outils nécessaires 
à un meilleur accompagnement des malades.
LA VISITE VIRTUELLE
Un exemple de développement d’un outil de surveillance et 
d’accompagnement des patients en cours de traitement a été 
présenté lors de cette session. L’utilisation de la télémédecine et 
des nouveaux outils informatiques de communication pourrait 
être, dans le futur, un élément intéressant pour faire face aux 
inquiétudes démographiques, tout en préservant une surveillance 
étroite du patient et une attention portée aux symptômes qu’il 
éprouve.
L’augmentation pressante du nombre de cas de cancer, la pauvreté 
de la démographie médicale et la volonté d’une surveillance opti-
male des patients ont conduit à une réfl exion sur un nouvel outil 
d’évaluation au domicile du patient. Les nouveaux traitements 
anticancéreux, essentiellement administrés sous forme ambu-
latoire, voire par voie orale au domicile, imposent, en raison de 
leur toxicité non négligeable, d’être particulièrement vigilant à 
l’encadrement des soins. Cet outil développé peut, par ailleurs, 
avoir d’autres implications, pour le suivi de patients hospitalisés à 
domicile, ou encore pour enregistrer, avec une précision proche 
de l’exhaustivité, des données d’essais cliniques. Surveiller à 
distance, régulièrement, devrait permettre de prévoir, anticiper 
et mieux gérer au domicile les toxicités. On peut facilement 
imaginer obtenir une diminution des consultations d’urgence 
en décelant les eff ets indésirables et en organisant précocement 
leur prise en charge au domicile du patient. La technique utilise 
les outils modernes de communication, à savoir l’informatique, 
Internet et éventuellement des connexions via GPRS (satellite). 
La rencontre entre société informatique, prestataires au domi-
cile, patient et soignant est la base d’un développement tel qu’il 
nécessite une réfl exion des tutelles et des fi nanciers.
Le principe de la visite virtuelle repose sur une surveillance 
continue, qualitative et quantitative, menée en temps réel. La 
surveillance “pancarte infi rmière” (pouls, tension, température) 
est associée à des données subjectives de ressenti du patient 
(commentaires). La visite est menée à des moments précis, 
choisis par les soignants au cours de la journée. Tous les inter-
venants ayant l’autorisation peuvent se connecter sur le dossier 
du patient, par le biais d’une connexion sécurisée, afi n d’obtenir 
les données nécessaires à la prise en charge. La notion d’équipe 
soignante garde un sens et le patient retrouve une place naturelle 
au centre du dispositif de soins mis en place.
En pratique, le patient entre, à diff érents moments de la journée, 
des données relatives à l’hémodynamique, la température, la 
saturation en oxygène, les toxicités digestives, et il renseigne des 
échelles EVA douleur et fatigue précises. Il complète également 
sa visite par une page de commentaire, ce qui rend possible 
l’analyse de ses plaintes subjectives au même titre que le permet-
trait l’entretien soignant-soigné. Ces données sont par la suite 
recueillies via le serveur Internet par le prescripteur, qui les 
analyse. Le médecin mène alors sa visite à tout moment de la 
journée, se connecte au site Internet et accède, toujours par 
connexion sécurisée, à la liste des patients qu’il suit. Les résul-
tats peuvent apparaître sous la forme brute de chiff res et de 
commentaires, mais également sous celle de tableaux montrant 
l’évolution des constantes. 
Le médecin peut alors déclencher une prise en charge adaptée à 
chaque situation : adapter un traitement antalgique, antiémétique 
ou encore laxatif, demander un passage infi rmier ou médical 
selon les besoins, voire déclencher une prise en charge d’urgence 
en cas de situation à risque. Le serveur suit un principe de portail 
multi-entrée permettant à tout membre autorisé de l’équipe 
soignante d’avoir accès aux données. On imagine aisément 
l’intervention possible du médecin traitant, de l’équipe infi r-
mière, du kinésithérapeute ou de la diététicienne. On envisage 
également l’accès des services médicaux d’urgence au dossier 
du patient (antécédents, pathologie, traitements en cours, suivi 
des constantes et des événements récents), ceux-ci pouvant ainsi 
intervenir dans des conditions optimales au domicile.
Au cours de cette première phase de faisabilité, la visite virtuelle 
a été profi table au patient autant qu’à l’équipe soignante.
Pour le patient traité pour cancer du rein sous thérapie ciblée 
orale, le suivi a été simple, la gestion des événements plus rapide 
et mieux menée. Deux idées principales ont été précisées par le 
patient : “J’ai le sentiment d’être à nouveau accompagné, surveillé