Le s p a g e s d e l a S FT Les dixièmes rencontres de Beaune Beaune, 26–28 mai 2010 Société Francophone de Transplantation Les pages de la SFT Président : Gérard Rifle 124 Immunité humorale et rejet chronique des allogreffes Mécanismes et perspectives Claire Billault* L es communications présentées lors des journées des 27 et 28 mai 2010 traitaient principalement du rôle des lymphocytes B et de celui de l’immunité humorale dans le rejet chronique d’allogreffe. La journée du 27 mai a commencé par une mise au point sur l’évolution des paradigmes et des connaissances concernant le rôle des lymphocytes B en transplantation. En effet, le thème abordé cette année dans le cadre des rencontres de Beaunes avait déjà fait l’objet d’un premier séminaire lors des précédentes rencontres. Bianca Blom a commencé la journée par une intervention concernant les mécanismes de régulation de l’activation des cellules B et des plasmocytes. Il existe des facteurs spécifiques de la transformation des lymphocytes B en lymphocytes B mémoires ou en plasmocytes, avec une régulation négative de chaque voie sur l’autre. Le facteur SpiB, ainsi que bcl-6, sont responsables de l’orientation des lymphocytes B vers la voie mémoire, comme le montrent des expériences de cocultures de lymphocytes B en présence de ces facteurs ou de cultures de cellules modifiées les surexprimant de façon constitutive. Dans ces contextes, on observe une diminution de la production de plasmocytes et une régulation négative des facteurs intervenant dans la différenciation en plasmocytes. SpiB a pour cible les gènes promoteurs de CD40, BLIMP1 et XBP1, qui interviennent tous trois dans la différenciation des cellules B en plasmocytes ; il n’a, en revanche, pas d’effet sur le promoteur d’IRF4. Les cellules B mémoires sont aussi caractérisées par une expression impor- tante de STAT5. STAT5 inhibe AICDA (Activation Induced Cy- tidine Deaminase), qui agit dans les phénomènes d’hypermutation somatique et de recombinaison de classe. En diminuant l’expression de AICDA, STAT5 inhibe la transformation des cellules B en plasmocytes. En contexte clinique, on retrouve ces cellules CD25+ CD20+ qui sont bloquées à un stade où la formation de plasmocytes est impossible. Ces cellules présentent une capacité de stimulation des lymphocytes T4 supérieure. Ali Dalloul a ensuite présenté le rôle de l’IL-24 dans la maturation des lymphocytes B mémoires et l’inhibition de la formation de plasmocytes. L’IL-24 a été identifié comme ayant un rôle répresseur de tumeur, exerçant, lorsqu’elle est produite, un effet bystander sur les cellules du voisinage dont elle inhibe la prolifération. L’IL-24 est retrouvée dans les cellules T et les cellules B ainsi que les monocytes et induit la production d’IL-6, de TNFα et d’IFNγ. Il s’agit d’un membre de la famille de l’IL-10, activant STAT1 et STAT3 par la voie Jak/Stat. L’IL-24 est aussi retrouvée dans les leucémies lymphoïdes chroniques, ce qui témoigne de son rôle dans la survie prolongée des cellules. Son action se traduit par une inhibition de la phosphorylation de STAT3 ; ce dernier inhibant l’action de p53, l’IL-24 permet in fine l’action de p53 en empêchant la phosphorylation de STAT3. L’IL-24 est exprimée dans les cellules CD20+ situées à la périphérie des centres germinatifs. On la retrouve principalement dans les cellules B naïves et les centrocytes. Son expression est induite via CD40. L’expression de l’IL-24 après activation via CD40 est initialement modeste * Service d’urologie et de transplantation rénale et pancréatique, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris. Le Courrier de la Transplantation - Vol. X - n° 3 - juillet-août-septembre 2010 pendant la phase d’expansion des cellules B, puis elle augmente de façon importante, traduisant ainsi l’orientation des cellules B vers un phénotype mémoire. Le mécanisme d’action de l’IL-24 dans les cellules des centres germinatifs est identique à celui décrit dans la leucémie lymphoïde chronique. L’Il-24 inhibe par ailleurs la différenciation en plasmocytes et la production d’IgG. Kathryn Wood a ensuite abordé le sujet de l’interaction entre les lymphocytes T régulateurs et l’immunité humorale. Les cellules B régulent la production initiale de lymphocytes T. Les cellules B quiescentes CD19+ peuvent induire l’apparition de T régulateurs en jouant le rôle de cellules présentatrices d’antigène. Après une stimulation par la voie indirecte, ces lymphocytes T régulateurs produisent de l’IFNγ, qui favorise à son tour l’activité régulatrice des cellules T. Dans un modèle de greffe vasculaire humaine chez la souris immunodéficiente, après transfusion de cellules mononuclées du sang périphérique (PBMC) allogéniques, on observe un rejet des tissus (modèle full-mismatch). Si on administre à la souris des T régulateurs (CD25hi CD4+) produits in vitro. provenant du même donneur que les PBMC (et d’un donneur différent de celui du tissu vasculaire), on observe une réduction par 4 de l’intensité des lésions de rejet. Dans ce modèle de souris humanisée, il est donc possible de montrer que l’utilisation de T régulateurs activés de façon non spécifique in vitro permet de diminuer les lésions de rejet vasculaire. L’utilisation de cellules CD127lo CD25+ CD4+ est encore plus efficace et nécessite donc moins de cellules pour un effet similaire. Ces cellules produisent de grandes quantités d’IFNγ et infiltrent les parois vasculaires, ce qui n’est pas retrouvé avec les cellules CD25hi. Enfin, on observe dans ce modèle une diminution de la production d’IgM et d’IgG. Les modalités pratiques de la recherche d’anticorps chez le receveur ont été abordées par Paul Terasaki. Dans le cadre d’une étude longitudinale sur 10 ans avec une technique de Luminex Single Antigen, les relations entre l’apparition d’anticorps et la perte du greffon ont été évaluées. Tous les patients ayant perdu leur greffon ont présenté des anticorps dirigés contre celui-ci. Cependant, il s’écoule parfois plusieurs années entre l’apparition d’anticorps et le rejet du greffon. Par ailleurs, on retrouve des anticorps chez des patients ayant conservé un greffon fonctionnel. En revanche, il semble y avoir un lien entre la précocité de l’apparition des anticorps et le rejet : tous les patients ayant développé des anticorps au cours de la première année ont perdu leur greffon. Il semble en revanche que le greffon soit plus résistant par la suite. Ces constatations ont conduit à la mise au point du protocole DAWN (Drugs Added When Needed). Les receveurs potentiels subissaient une préimmunisation par des transfusions donneur-spécifiques puis recevaient du bortézomib 1 à 3 jours après afin d’induire une délétion clonale des anticorps produits. Ils étaient ensuite greffés à partir du même donneur et mis sous prednisone à faible dose et bortézomib, d’autres traitements immunosuppresseurs n’étant introduits qu’en fonction des taux de la clinique. À 3 ans, le taux de survie du greffon est de 93 %, et 25 patients ne reçoivent pas de traitement immunosuppresseur. Elaine Reed a ensuite présenté la recherche concernant le rôle des anticorps antilymphocytaires dans le phénomène de rejet chronique. Les lésions de rejet chronique sont retrouvées dans 80 % des greffes pulmonaires, 30 à 40 % des greffes rénales et 5 % des greffes de foie. La présence d’anticorps anti-HLA chez le receveur est associée à une diminution de la survie du greffon. Il existe 3 voies induites par la liaison des anticorps antiHLA de classe I aux cellules endothéliales : 2 de ces voies induisent une prolifération cellulaire responsable des lésions de rejet Le Courrier de la Transplantation - Vol. X - n° 3 - juillet-août-septembre 2010 et sont retrouvées en cas de forte concentration d’anticorps ; la troisième voie, qui est principalement retrouvée chez les patients ayant une faible concentration d’anticorps anti-HLA, induit la survie prolongée des greffons. La liaison des anticorps anti-HLA de classe I est responsable d’une cascade de phosphorylation mettant en jeu les molécules FAK et SRP-6 et agissant sur le cytosquelette, ce qui entraîne la formation de fibrose et la prolifération cellulaire responsable des lésions de rejet. Neal Smith a ensuite évoqué le continuum des phénomènes induits par la présence d’anticorps chez le receveur, dans le cadre de la greffe rénale et cardiaque, et les modalités d’étude de celui-ci dans un modèle murin. Les anticorps dirigés contre le greffon sont responsables, en transplantation rénale, des phénomènes de rejet hyper­ aigus, aigus et chroniques, mais aussi de l’accommodation. En greffe cardiaque, l’existence du rejet chronique humoral est plus controversée. Le rejet est caractérisé au niveau tissulaire par la présence de dépôts de C4d, qui est fortement corrélée à la présence d’anticorps anti-HLA. Cependant, ces dépôts sont souvent temporaires et traduisent l’activité des anticorps. Il existe un continuum entre des épisodes ponctuels de lésions d’origine humorale et des phases de réparation, et les dépôts de C4d sont probablement des cicatrices de ces événements plutôt que le marqueur d’un événement actif. En transplantation rénale, on peut retrouver des taux extrêmement variables de C4d tissulaire sans qu’il soit possible de déterminer une valeur seuil prédictive de la perte de greffon. La présence de plasmocytes dans le greffon (mais non d’autres types de cellule B) est aussi corrélée à la perte du greffon, avec un impact sur la fonction du greffon plus modéré que celui du C4d. Dans le cadre de la greffe cardiaque, il n’existe en revanche pas de critère anatomopathologique du rejet chronique. Des dépôts de C3d et C4d 125 Le s p a g e s d e l a S FT sont retrouvés dans des épisodes de rejet aigu, mais beaucoup plus difficiles à impliquer dans le rejet chronique, car le diagnostic de celui-ci est difficile à établir. Il semble que la présence de dépôts de C4d et C3d soit prédictive de la dysfonction et de la perte du greffon cardiaque, mais de tels dépôts peuvent également être retrouvés chez des patients stables avec une bonne fonction du greffon. On retrouve des dépôts de C3d, C4d, CD55, CD59 et CD49 dans les lésions de rejet aigu. Cependant, ces dépôts sont aussi observés chez des patients sains. Il existe un continuum entre le rejet chronique et des phénomènes d’accommodation, rendant le diagnostic immunohistologique chez l’homme beaucoup plus compliqué. Enfin, Philip Halloran a présenté des données relatives au rôle prédictif de la présence d’allo-anticorps et de l’expression de gènes endothéliaux sur la mauvaise survie du greffon, y compris en l’absence de dépôts de C4d dans le cadre de la transplantation rénale. La présence d’anticorps anti-HLA représente le problème principal dans le rejet chronique à médiation humorale, qui est souvent mal diagnostiqué, car les critères anatomopathologiques, en particulier la présence de C4d, sont non spécifiques. Pendant longtemps le rejet chronique à médiation humorale a été sous-estimé, entre autres parce qu’il n’existe pas et n’est donc pas analysable chez la souris. L’utilisation d’un protocole de biopsies du greffon secondaires à un événement clinique permet d’étudier plus directement ce phénomène et d’associer des données cliniques, histologiques et moléculaires. Cette étude dans un modèle murin d’isogreffe rénale a permis de mettre en évidence la surexpression de gènes endothéliaux en cas de lésion de rejet. Ces gènes sont impliqués en groupes, mais sans être absolument spécifiques du rejet chronique à médiation humorale. Il y a probablement un déroulement en 3 phases : la lésion aiguë, 126 puis des phénomènes de réparation tissulaire, et enfin l’accumulation de lésions élémentaires qui explique la dysfonction progressive du greffon. L’apparition d’une nouvelle phase lésionnelle conduit à déstabiliser l’état précédent du greffon. Les anticorps jouent un rôle prépondérant dans les phénomènes tardifs (au-delà de 6 mois) de rejet. Les patients présentant ces lésions, qui sont souvent des patients peu compliants, sont à très haut risque de perdre leur greffon par rapport à des patients présentant une symptomatologie similaire, mais consécutive à un épisode de rejet cellulaire. Les anticorps présentés par ces patients sont souvent néoformés. Dans le rejet chronique à médiation humorale, on observe des lésions endothéliales de la microcirculation, dont le reflet est la surexpression des gènes endothéliaux. Il a été mis en évidence 23 gènes endothéliaux dont la surexpression est corrélée à l’existence de DSA chez le receveur et qui permettent ainsi de caractériser le rejet chronique à médiation humorale, même sans savoir si le patient présente des DSA. La phase critique pour le risque de perte du greffon est la phase de réponse tissulaire active aux lésions. Lors de la journée du 28 mai, les interventions des différents orateurs se sont orientées vers des études en situation clinique de l’implication des lymphocytes B dans les phénomènes de rejet et de tolérance. La communication de Minnie Sarwal portait sur l’implication des cellules B dans le rejet en transplantation rénale. Le rejet clinique est en fait un phénotype, un ensemble de manifestations résultant de mécanismes à la fois humoraux et cellulaires ; si les premiers événements sont nettement liés à la mise en jeu des cellules T, apparaissent rapidement des cytokines, signaux de croissance et de prolifération qui traduisent d’autres mécanismes associés. En fonction des différentes cytokines retrouvées, on peut définir des phénotypes différents de rejet aigu, qui sont associés à des réponses plus ou moins favorables au traitement. Dans les formes les plus graves, on retrouve une forte implication des IgG. Ces données ont été confirmées chez des receveurs adultes et enfants, mais aussi lors de transplantations d’autres organes, où l’on retrouve une présence importante de cellules CD20+ dans le greffon associée à un risque accru de perte du greffon et de rejet cellulaire. En revanche, on ne retrouve pas de corrélation entre le risque de perte du greffon et la présence de C4d sur les biopsies. L’étude par tissue microarray de l’expression de marqueurs des différentes catégories de cellules B a permis de montrer que la présence de cellules B mémoires activées dans le greffon lors d’un épisode de rejet était associée à un plus mauvais pronostic. L’expression de CD20 et CD38 chez des patients présentant un rejet était associée à une résistance au traitement stéroïde proposé pour le rejet. Par ailleurs, le taux d’expression de CD20 était aussi associé à une mauvaise observance du traitement immunosuppresseur chez les patients. Une hypothèse physiopathologique serait que, en cas de mauvaise observance et de diminution de l’immunosuppression, il y a prolifération de cellules B mémoires chez le receveur, qui vont ensuite suractiver les cellules T résultant en un épisode plus grave de rejet aigu. Le mécanisme de cette interaction n’est pas encore élucidé et met sans doute en jeu la présentation d’antigènes par les cellules B, la formation d’organes lymphoïdes ectopiques, la production de cytokines entraînant une costimulation avec les cellules T ainsi qu’une amplification par les anticorps du phénomène de rejet. Il semble que l’on puisse déterminer l’existence de 2 populations de cellules B dans le temps, une population précoce qui serait responsable par interaction avec les cellules T du rejet cellulaire et une population tardive qui serait responsable du rejet humoral. Cela laisse présager un intérêt de l’association du rituximab avec des inhibiteurs du pro- Le Courrier de la Transplantation - Vol. X - n° 3 - juillet-août-septembre 2010 téasome tel le bortézomib qui permettrait, d’une part, de diminuer le nombre de cellules CD20+ circulantes et résidantes dans le greffon et, d’autre part, de diminuer la production d’anticorps antidonneur. La communication d’Olivier Thaunat a abordé le rôle des lymphocytes B dans le rejet chronique. Les organes souffrant de rejet chronique présentent en leur sein des structures lymphoïdes nodulaires dont l’architecture rappelle celle des organes lymphoïdes secondaires et au sein desquelles on retrouve la formation de centres germinatifs et des phénomènes d’hypermutation somatiques et de recombinaison de classe rappelant ces derniers. Sur le plan génomique, les résultats des études tissulaires de greffons étant soumis au rejet chronique montrent une expression de gènes associés à l’organogenèse des structures lymphoïdes secondaires. On observe aussi un nombre élevé de plasmocytes. Cela concourt à une production locale d’anticorps antigreffon, découplée de la production systémique, et dont le répertoire est différent et plus divers que celui des anticorps produits au niveau systémique. Ce phénomène de lymphogenèse à l’intérieur du greffon pourrait être favorisé par la polarisation des cellules T en cellules Th17 via la production d’IL-21. Cette réponse locale est corrélée à une mauvaise survie du greffon. Cette néolymphogenèse au sein du greffon pourrait constituer une nouvelle cible pour des thérapeutiques combinées. Jeffrey Platt a ensuite abordé le rôle de l’accommodation en transplantation. L’accommodation est un phénomène qui a été décrit chez des sujets greffés en situation d’incompatibilité ABO et chez qui l’on retrouve des IgG circulants sans effet néfaste sur le greffon. L’implication des cellules B dans les phénomènes de rejet peut être décrite à plusieurs niveaux : précocement lors du rejet hyperaigu, ponctuellement lors des épisodes de rejet aigu, et à plus long terme dans le développe- ment du rejet chronique. Parallèlement, il existe un autre niveau d’interaction entre le greffon et les cellules B se traduisant par le phénomène d’accommodation. Si les processus de rejet sont de mécanisme vasculaire – action du complément qui démasque des molécules à la surface des cellules endothéliales interagissant avec les cellules présentatrices d’antigène pour activer la réponse immune – ce n’est pas le cas du phénomène d’accommodation. Une grand partie des anticorps produits sont absorbés par le greffon et, dans le cas des greffes ABO incompatibles, on peut observer des dépôts de C4d dans des greffons fonctionnels, ce qui témoigne de la présence d’anticorps alloréactifs fonctionnels. Il est difficile de savoir, lorsque le rejet apparaît, si l’augmentation retrouvée du taux d’anticorps circulants est la cause de la dégradation du greffon ou sa conséquence par diminution de sa capacité de captage des anticorps. Lors du phénomène d’accommodation, il y a très probablement une modification des types d’anticorps, des types d’antigènes et le développement d’une forme de résistance acquise, spécifique, vis-à-vis des anticorps antigreffons. Beaucoup des voies de signalisation impliquées dans l’apparition de lésions cellulaires le sont aussi dans leur réparation et, lors du phénomène d’accommodation, il pourrait exister une série de modifications au niveau local (flux sanguin, pH, etc.) expliquant l’orientation vers une protection cellulaire plutôt qu’une destruction de celle-ci. Sophie Brouard a ensuite abordé le rôle des cellules B dans l’induction de tolérance. La tolérance “opérationnelle” est observée chez environ 20 % des receveurs en transplantation hépatique et chez un nombre beaucoup plus faible, mais non déterminé, de receveurs en transplantation rénale. Elle survient généralement chez des patients ayant eu des transfusions multiples, immunisés avant la greffe, ayant présenté des épisodes de rejet aigu ; ces patients ont en moyenne arrêté leur traitement immuno- Le Courrier de la Transplantation - Vol. X - n° 3 - juillet-août-septembre 2010 suppresseur après 10 ans, et la période de tolérance observée est du même ordre. Ces patients présentent un nombre absolu et un pourcentage de cellules B circulantes plus importants ; il s’agit principalement de cellules B mémoires présentant un profil de costimulation et de migration cellulaire. L’analyse de ces cellules a permis de mettre en évidence sept groupes de gènes représentés en majorité chez les patients tolérants. Ces gènes confèrent un profil inhibiteur aux cellules B, ainsi qu’un profil de survie accrue. Chez ces patients, ces cellules B associent un profil de cellules mémoires, de cellules inhibitrices et de cellules à survie prolongée, et elles ont par ailleurs un profil de réponse quantitativement normal. Enfin, Alexandre ShimabukuroVornhagen a évoqué le rôle des cellules B dans les réactions du greffon contre l’hôte (GvHD) en transplantation de moelle osseuse. Les cellules B sont impliquées dans le processus de GvHD. Les patients atteints d’un lymphome B présentent des formes plus sévères de maladie du greffon contre l’hôte (GvHD) ; la quantité de cellules B présentes dans le greffon est corrélée au risque de développer une GvHD. Les patients souffrant d’une GvHD chronique présentent un déséquilibre de l’homéostasie des cellules B caractérisé par une survie accrue des cellules B, avec un taux important de cellules B mémoires. Ces formes cliniques répondent positivement au traitement par rituximab. Le tableau est moins clair dans le cas des GvHD aiguës, où les cellules B présentes dans le greffon mais aussi chez le donneur jouent un rôle. Il est plus difficile de déterminer les spécificités de ces cellules B. Il semble que le sous-groupe le plus pertinent pour prédire la réponse au traitement soit le groupe des cellules CD19+ CD21-. De nouvelles thérapeutiques ciblant préférentiellement certains sous-types cellulaires pourraient permettre d’améliorer la prise en charge des GvHD. ◾ 127