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126 Le Courrier de la Transplantation - Vol. X - n° 3 - juillet-août-septembre 2010
Les pages de la SFT
sont retrouvés dans des épisodes de
rejet aigu, mais beaucoup plus difficiles
à impliquer dans le rejet chronique, car le
diagnostic de celui-ci est difficile à établir.
Il semble que la présence de dépôts de
C4d et C3d soit prédictive de la dysfonc-
tion et de la perte du greffon cardiaque,
mais de tels dépôts peuvent également
être retrouvés chez des patients stables
avec une bonne fonction du greffon. On
retrouve des dépôts de C3d, C4d, CD55,
CD59 et CD49 dans les lésions de rejet
aigu. Cependant, ces dépôts sont aussi
observés chez des patients sains. Il existe
un continuum entre le rejet chronique
et des phénomènes d’accommodation,
rendant le diagnostic immunohisto-
logique chez l’homme beaucoup plus
compliqué.
Enfin, Philip Halloran a présenté des
données relatives au rôle prédictif de
la présence d’allo-anticorps et de l’ex-
pression de gènes endothéliaux sur la
mauvaise survie du greffon, y compris
en l’absence de dépôts de C4d dans
le cadre de la transplantation rénale.
La présence d’anticorps anti-HLA repré-
sente le problème principal dans le rejet
chronique à médiation humorale, qui est
souvent mal diagnostiqué, car les critères
anatomopathologiques, en particulier la
présence de C4d, sont non spécifiques.
Pendant longtemps le rejet chronique à
médiation humorale a été sous-estimé,
entre autres parce qu’il n’existe pas et
n’est donc pas analysable chez la souris.
L’utilisation d’un protocole de biopsies
du greffon secondaires à un événement
clinique permet d’étudier plus direc-
tement ce phénomène et d’associer
des données cliniques, histologiques
et moléculaires. Cette étude dans un
modèle murin d’isogreffe rénale a permis
de mettre en évidence la surexpression
de gènes endothéliaux en cas de lésion
de rejet. Ces gènes sont impliqués en
groupes, mais sans être absolument
spécifiques du rejet chronique à média-
tion humorale. Il y a probablement un
déroulement en 3 phases : la lésion aiguë,
puis des phénomènes de réparation tis-
sulaire, et enfin l’accumulation de lésions
élémentaires qui explique la dysfonction
progressive du greffon. L’apparition d’une
nouvelle phase lésionnelle conduit à
déstabiliser l’état précédent du greffon.
Les anticorps jouent un rôle prépondérant
dans les phénomènes tardifs (au-delà de
6 mois) de rejet. Les patients présentant
ces lésions, qui sont souvent des patients
peu compliants, sont à très haut risque
de perdre leur greffon par rapport à des
patients présentant une symptomato-
logie similaire, mais consécutive à un
épisode de rejet cellulaire. Les anticorps
présentés par ces patients sont souvent
néoformés. Dans le rejet chronique à
médiation humorale, on observe des
lésions endothéliales de la microcircu-
lation, dont le reflet est la surexpression
des gènes endothéliaux. Il a été mis en
évidence 23 gènes endothéliaux dont la
surexpression est corrélée à l’existence de
DSA chez le receveur et qui permettent
ainsi de caractériser le rejet chronique à
médiation humorale, même sans savoir
si le patient présente des DSA. La phase
critique pour le risque de perte du greffon
est la phase de réponse tissulaire active
aux lésions.
Lors de la journée du 28 mai, les interven-
tions des différents orateurs se sont orien-
tées vers des études en situation clinique
de l’implication des lymphocytes B dans
les phénomènes de rejet et de tolérance.
La communication de Minnie Sarwal
portait sur l’implication des cellules B
dans le rejet en transplantation rénale.
Le rejet clinique est en fait un phénotype,
un ensemble de manifestations résultant
de mécanismes à la fois humoraux et
cellulaires ; si les premiers événements
sont nettement liés à la mise en jeu
des cellules T, apparaissent rapidement
des cytokines, signaux de croissance et
de prolifération qui traduisent d’autres
mécanismes associés. En fonction des dif-
férentes cytokines retrouvées, on peut
définir des phénotypes différents de rejet
aigu, qui sont associés à des réponses plus
ou moins favorables au traitement. Dans
les formes les plus graves, on retrouve une
forte implication des IgG. Ces données
ont été confirmées chez des receveurs
adultes et enfants, mais aussi lors de
transplantations d’autres organes, où
l’on retrouve une présence importante
de cellules CD20+ dans le greffon asso-
ciée à un risque accru de perte du greffon
et de rejet cellulaire. En revanche, on
ne retrouve pas de corrélation entre le
risque de perte du greffon et la présence
de C4d sur les biopsies. L’étude par tissue
microarray de l’expression de marqueurs
des différentes catégories de cellules B
a permis de montrer que la présence
de cellules B mémoires activées dans le
greffon lors d’un épisode de rejet était
associée à un plus mauvais pronostic.
L’expression de CD20 et CD38 chez des
patients présentant un rejet était associée
à une résistance au traitement stéroïde
proposé pour le rejet. Par ailleurs, le taux
d’expression de CD20 était aussi associé à
une mauvaise observance du traitement
immunosuppresseur chez les patients.
Une hypothèse physiopathologique serait
que, en cas de mauvaise observance et
de diminution de l’immunosuppression,
il y a prolifération de cellules B mémoires
chez le receveur, qui vont ensuite surac-
tiver les cellules T résultant en un épisode
plus grave de rejet aigu. Le mécanisme de
cette interaction n’est pas encore élucidé
et met sans doute en jeu la présentation
d’antigènes par les cellules B, la forma-
tion d’organes lymphoïdes ectopiques, la
production de cytokines entraînant une
costimulation avec les cellules T ainsi
qu’une amplification par les anticorps du
phénomène de rejet. Il semble que l’on
puisse déterminer l’existence de 2 popu-
lations de cellules B dans le temps, une
population précoce qui serait responsable
par interaction avec les cellules T du rejet
cellulaire et une population tardive qui
serait responsable du rejet humoral. Cela
laisse présager un intérêt de l’association
du rituximab avec des inhibiteurs du pro-