DOSSIER GREFFE RENALE générale des maladies cardio-vasculaires, des cancers, ou des infections sévères. - En dehors du décès, il arrive que le patient perde son greffon et retourne en dialyse ou soit candidat à une nouvelle transplantation. La cause cette évolution défavorable est en général un processus appelé, selon les époques, rejet chronique, néphropathie chronique d’allogreffe ou dysfonction chronique du greffon. Schématiquement, il s’agit d’un patient parfois transplanté depuis de très nombreuses années, qui présente des signes de dysfonctionnement de son greffon rénal, avec augmentation progressive de la créatininémie, apparition ou aggravation d’une protéinurie, installation ou aggravation d’une hypertension artérielle. Malheureusement, ce tableau d’insuffisance rénale s’aggrave lentement et progressivement avec le temps, aboutissant quasi inexorablement au retour en dialyse ou à une nouvelle transplantation. Ce processus de dysfonction chronique est de nature essentiellement immunologique, d’où l’appellation rejet chronique. En effet, le système immunitaire du receveur est en permanence, mais de façon insidieuse, activé contre les cellules du donneur, et fabrique des anticorps ou des cellules cytotoxiques qui vont agresser l’organe greffé et aboutir à sa destruction. Il est évident que ces agressions immunologiques sont d’autant plus néfastes que le greffon est, dès le départ, fragilisé, soit parce qu’il provient d’un donneur âgé, soit parce qu’il a subi une ischémie trop longue au moment du décès du donneur ou du prélèvement, soit qu’il provient d’un donneur déjà malade, comme les greffons prélevés chez des sujets diabétiques ou hypertendus. La non observance du traitement immunosuppresseur peut provoquer des rejets aigus extrêmement sévères, inaccessibles aux traitements antirejet; elle peut également s’exprimer par un tableau plus discret de rejet chronique. Il est probable que les médicaments néphrotoxiques comme le PROGRAF ou la CICLOSPORINE, qui sont d’excellents immunosuppresseurs, créent des lésions au sein du rein transplanté et parti- cipent ainsi, au moins partiellement, à sa dégradation. Les différents facteurs influençant le devenir du greffon sont schématisés dans la figure 2. - Enfin, une petite minorité de greffons sont perdus de causes diverses, comme la récidive de la maladie initiale sur le greffon, les infections rénales récidivantes (pyélonéphrites aiguës), certaines infections virales comme l’infection par le BK virus, un virus qui provoque une néphropathie sévère appelée néphropathie à BK virus. Il arrive (rarement) que l’on arrête intentionellement l’immunosuppression, par exemple en cas de cancer ou de lymphome chez le receveur. En effet, dans ces situations qui peuvent menacer la vie du receveur, il est parfois préférable d’arrêter totalement l’immunosuppression et de remettre le patient en dialyse, afin de reconstituer le système immunitaire, et d’augmenter les chances de guérison du cancer ou du lymphome. III. Doit-on enlever le greffon en cas d’arrêt de la fonction ? La question se pose différemment selon qu’il s’agit d’un échec précoce ou tardif. - En cas d’échec précoce (avant un an), les médecins préfèrent arrêter immédiatement le traitement immunosuppresseur et réintervenir pour enlever le greffon (transplantectomie). - Par contre en cas de rejet tardif, surtout après plusieurs années de fonctionnement, l’ablation du gref- fon n’est habituellement pas indispensable. Dans la plupart des cas, les médecins diminuent progressivement le traitement immunosuppresseur, pour finir par l’arrêter au bout de quelques mois. En général, ceci se passe sans aucune manifestation clinique, et le greffon peut être conservé indéfiniment. Par contre, si après arrêt du traitement immunosuppresseur apparaissent des signes comme une fièvre traînante, une hématurie (émission de quelques gouttes de sang rouge ou rosé), une fatigue, une douleur au niveau du greffon et sur le bilan biologique une anémie et des signes d’inflammation, évoquant un processus de rejet aigu, il est préférable d’enlever le greffon afin d’éviter la reprise du traitement immunosuppresseur. IV. Combien de fois peut-on être greffé ? Il est en général assez facile pour les chirurgiens de transplanter les patients trois fois ; une fois dans la fosse iliaque droite, une fois dans la fosse iliaque gauche, et une fois au milieu du pelvis. Les vaisseaux du greffon (une artère et une veine dans la plupart des cas) sont anastomosés respectivement sur les vaisseaux iliaques externes droits ou gauches ou au niveau des vaisseaux iliaques primitifs. Dans des cas exceptionnels, il est parfois anatomiquement possible de réaliser une quatrième voire une cinquième transplantation. \\\ Figure 2 mars -septembre 2012 - Reins-Échos n°12 /// 19