1 Introduction
Dans la théorie des systèmes linéaires multivariables, les matrices inter-
viennent naturellement afin d’exprimer de manière synthétique les liens unis-
sant les signaux d’entrée et de sortie. Dans le cadre des systèmes linéaires
à temps continu invariants dans le temps, les transformées de Laplace des
signaux d’entrée et de sortie sont reliés par une matrice de transfert dont
chaque élément est une fraction rationnelle de la variable de Laplace : on
manipule alors des matrices rationnelles. Une fraction rationnelle est le quo-
tient de deux polynômes, c’est également le cas pour les matrices rationnelles,
mais les notions de numérateur et de dénominateur sont un peu plus délicates,
notamment car le produit matriciel n’est pas commutatif et que la notion de
primarité entre deux facteurs polynomiaux matriciels n’est pas aussi simple
que dans le cas scalaire où elle se résume à l’absence de zéro commun [33].
Dans le cas des systèmes linéaires multivariables à temps discret, les trans-
formées en zdes signaux d’entrée et de sortie sont reliés par une matrice de
transfert qui est une matrice rationnelle dans le cas des systèmes à réponse
impulsionnelle infinie et une matrice polynomiale en z−1dans le cas des sys-
tèmes à réponse impulsionnelle finie.
Les propriétés de stabilité, causalité, observabilité, commandabilité, mini-
malité des systèmes sont ainsi bien connues, les références en la matière étant
les livres de Kailath [33] pour les systèmes à temps continu et Vaidyanathan
[37] pour les systèmes à temps discret. Si les matrices polynomiales et ration-
nelles ont tout d’abord été utilisées pour les problèmes d’automatique et de
commande, voir par exemple les travaux de Kučera [34], Vidyasagar [38], ou
le travail collectif [36], elles interviennent dorénavant en télécommunication
[5, 37, 17] notamment via les méthodes de type sous-espaces pour l’identifi-
cation aveugle [4, 8, 13]. Si les outils utilisés sont les mêmes, les hypothèses
sont différentes, par exemple, en automatique, les systèmes ont plus d’entrées
(actionneurs) que de sorties (capteurs) pour pouvoir être commandés, alors
qu’en communication il y a moins d’émetteurs que de récepteurs : les ma-
trices de transfert sont alors rectangulaires hautes ou basses, de rang plein
par les colonnes ou par les lignes.
Dans ce rapport, nous nous focaliserons sur un type de matrices par-
ticulier : les matrices polynomiales de Laurent, dont les éléments sont des
polynômes de Laurent, c’est à dire des polynômes avec des puissances posi-
tives et négatives de la variable z. Ce type de polynômes ne peut être associé
à un filtre causal mais il se rencontre notamment lorsqu’on étudie le spectre
de signaux à temps discret en sortie de filtre à réponse impulsionnelle finie.
Nous commencerons par présenter les propriétés des polynômes de Laurent,
puis des matrices polynomiales de Laurent. Nous définirons notamment la
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