I N F O R M A T I O N S Urgences circulatoires L e samedi 10 octobre 1998 s’est déroulée à la Maison du Barreau la XIe Journée nationale de l’APIC, association qui fêtait là ses trente ans d’existence. Le Pr F. Guérin, l’un des vingt premiers cardiologues qui s’étaient réunis dans cette volonté d’enseignement postuniversitaire, a rappelé le chemin parcouru. Trois cent trente-quatre séances, 12 congrès internationaux et 11 journées nationales ont réuni durant toutes ces années des milliers de cardiologues. Neuf présidents se sont succédé à la tête de l’organisme, dont F. Guérin lui-même, P. Corone, P. Vernant, A. Pavie et l’actuel président, P. Cristofini, fédérés pendant tout ce temps par F. Gillard, unique secrétaire du mouvement. L’équipe actuelle aura la charge de prolonger la vie et le renom de l’association dans un univers médical où la formation médicale continue est maintenant obligatoire. URGENCES CARDIOLOGIQUES : LES DIFFÉRENTS SYSTÈMES DE SANTÉ F. Brunet a d’abord rapporté la grande diversité de la prise en charge des urgences cardiovasculaires, dans différents pays où il a mené son étude durant 18 mois, et plus particulièrement dans les modèles nord-américains (États-Unis et Canada) et dans quelques modèles européens (Espagne, Suisse). De l’absence ou non de soins primaires (filtre essentiel des urgences), au transport médicalisé ou non par un personnel à la qualification extrêmement variable (du meilleur au plus rudimentaire), à la structuration du service des Urgences (du simple tri médicalisé à la prise de décisions spécialisées, voir à leur réalisation), à l’accès au service, au médecin spécialiste et au plateau technique, les possibilités sont nombreuses et peuvent également interférer avec l’organisme de financement de cette prise en charge. Chaque maillon de la chaîne joue un rôle important pouvant ruiner les efforts de l’autre, mais il n’est pas possible d’en dégager un qui soit déterminant. De la littérature se dégagent deux constatations : 1. Pour des patients coronariens aigus, l’amélioration de la survie est maniLa Lettre du Cardiologue - n° 303 - novembre 1998 feste lorsqu’ils ont pu être pris en charge par une filière de soins d’urgences. 2. Il existe une différence de survie pour ces patients en fonction du type de la prise en charge urgente dans les différents pays, sans qu’on arrive à préciser si c’est respectivement le médecin ou le plateau technique qui joue le plus grand rôle. Et trois éléments sont déterminants : 1. La rapidité de la mise en place des traitements (et en particulier, pour les coronariens, celle de la thrombolyse ambulatoire). 2. La compétence des acteurs. 3. L’accessibilité au plateau technique. L’ensemble doit être parfaitement harmonisé. Conclusion. Manifestement, les “urgences cardiovasculaires” sont mieux organisées en France qu’à l’étranger. Des réseaux spécialisés se sont développés dans notre pays, constituant un modèle par leur compétence, leur délai d’action et les techniques mise en œuvre. Il reste, à l’heure actuelle, à en apprécier au mieux le rapport coût/efficacité, dans le cadre d’une restructuration. INFARCTUS A. Vahanian et J.P. Monassier ont présenté l’actualité et la place respective de la thrombolyse intraveineuse et de ses traitements associés, par rapport à l’angioplastie transluminale percutanée. Progrès récents dans la thrombolyse et traitements adjuvants A. Vahanian a rappelé que le premier grand enseignement de l’étude GUSTO I est qu’il faut rouvrir rapidement et complètement l’artère coronaire responsable de l’infarctus, réduisant ainsi de façon très significative la mortalité à la phase aiguë de l’infarctus du myocarde (IDM). La même étude a permis de comparer le rt-PA (altéplase) au thrombolytique de référence de l’époque, la streptokinase. Le rt-PA s’est montré significativement plus efficace que la streptokinase, avec un peu plus de 50 % d’artères ouvertes à 90 minutes après l’administration (avec, parallèlement, une diminution de la mortalité sous rt-PA), mais le risque d’accident hémorragique cérébral était également nettement plus élevé que dans le groupe streptokinase. Ces constatations ont relancé la recherche pharmacologique du meilleur agent thrombolytique, idéalement très efficace par une reperfusion rapide et complète, stable, facile à administrer, bien toléré et, bien sûr, peu coûteux ! Les nouvelles molécules étudiées sont plus petites (dérivés par délétion ou modification du rt-PA), essentiellement représentées par la rétéplase, qui est la plus étudiée, mais aussi par le t-PA-TNK et la lanotéplase. Chaque produit 9 I N F O R M A T I O N S nécessite, pour cette comparaison, plusieurs types d’études : d’abord des études angiographiques pour juger de la qualité de la reperfusion (concept du “plus d’artères ouvertes, plus de vies sauvées”), puis des études cliniques pour juger de l’efficacité de la molécule sur la morbi-mortalité et sur la sécurité d’emploi (évaluation du risque par rapport au bénéfice obtenu). La rétéplase a une demi-vie équivalente au double de celle du rt-PA (environ 16 minutes, permettant son injection en deux bolus, séparés de trente minutes). L’étude angiographique (RAPID 2) montre, à 90 minutes, un taux d’artères ouvertes significativement plus élevé avec la rétéplase qu’avec l’altéplase. La première étude clinique (INJECT) a montré une équivalence sur la mortalité à un mois entre la rétéplase et la streptokinase, et une sécurité comparable, notamment par rapport aux accidents vasculaires cérébraux totaux, avec toutefois un peu plus d’hémorragies dans le groupe rétéplase, mais sans conséquence à distance. La comparaison avec le rt-PA s’est effectuée sur un peu plus de15 000 patients dans l’étude GUSTO 3, aboutissant à une grande comparabilité des deux produits sur la mortalité et sur le risque hémorragique (en particulier vasculaire cérébral). Il n’y a donc pas de supériorité de la rétéplase sur l’altéplase. Le t-PA-TNK possède également une demi-vie plus longue permettant un seul bolus (40 mg) ; il est fibrino-spécifique, facile à administrer. Il a été évalué angiographiquement par l’étude TIMI 10b, et sur sa sécurité par l’étude ASSENT 1 ; les résultats ont été comparables à ceux du rt-PA dans les deux approches. Une grande étude de mortalité sur plus de 10 000 patients (ASSENT 2) est en cours. Ces études nous ont appris également qu’il faut utiliser l’héparine avec les agents thrombolytiques, mais à doses faibles si l’on veut diminuer les risques hémorragiques. La lanotéplase, également à longue demi-vie, utilisable en simple bolus, a été évaluée angiographiquement dans l’étude INTIME (600 patients) : l’efficacité était proportionnelle à l’augmentation de la posologie du produit, faisant retenir la dose la plus forte, et permettant d’obtenir un taux de reperméabilité légèrement mais significativement supérieur à celui du rt-PA (57 %). On a encore peu de données sur sa sécurité d’emploi, et une étude de mortalité est également en cours (INTIME 2). La saruplase et la staphylokinase sont d’autres molécules en cours d’évaluation. Les traitements adjuvants sont justifiés par la libération de thrombine lors de l’action des fibrinolytiques, constituant un puissant procoagulant, et nécessitant l’adjonction d’antiagrégants plaquettaires ; l’étude ISIS montre, en effet, que les meilleurs scores de réduction de mortalité sont obtenus par la combinaison d’un thrombolytique et d’aspirine. On s’est ainsi intéressé aux agents antiglycoprotéines IIb/IIIa, qui faciliteraient la reperfusion et la rendraient plus rapide. Leur association aux thrombolytiques à pleine dose augmente cependant de façon très importante la fréquence des accidents hémorragiques cérébraux et leur sévérité ; face à ce constat, la recherche s’oriente vers leur combinaison avec des doses réduites de thrombolytiques. Ce cocktail est en cours d’évaluation dans l’étude angiographique TIMI 14 par rapport à la molécule de référence (rt-PA), avec l’abciximab seul ou associé à des doses réduites de rt-PA ou de streptokinase. Actuellement, en termes de résultat angiographique, on peut dire que : 10 – l’abciximab seul fait aussi bien que la streptokinase seule (étude GUSTO) ; – l’abciximab associé à la streptokinase à petite dose ne fait pas mieux que le rt-PA seul ; – en revanche, les résultats sont très prometteurs pour une association de 50 mg de rt-PA et d’abciximab, avec un taux d’artères ouvertes de 77 % à 90 minutes. En termes de sécurité, cette association semble encourageante, sans majoration du risque d’accident hémorragique cérébral. Il faut absolument éviter l’association streptokinase à pleine dose avec l’abciximab, cause de saignements. Les mêmes recherches sont également en cours avec l’association à la rétéplase dans l’étude SPEED pour l’évaluation angiographique. GUSTO IV va rechercher, sur 15 000 patients, la sécurité d’une telle association. Conclusion – Les thrombolytiques de deuxième génération ont permis de franchir un pas important. – Les nouveaux agents sont en cours d’évaluation et seront plus faciles à administrer. – La combinaison d’antiagrégants plaquettaires puissants et de fibrinolytiques est prometteuse, car elle semble améliorer la reperfusion, mais nécessite encore qu’on en vérifie la sécurité. Revascularisation mécanique J.P. Monassier a rappelé d’entrée que l’angioplastie transluminale constitue actuellement la meilleure méthode de reperfusion face aux succès seulement partiels de la thrombolyse. Qu’elle soit directe, de sauvetage après échec d’une thrombolyse, après thrombolyse ou différée, l’angioplastie est très efficace et peu dangereuse, à condition d’avoir un plateau technique adéquat. Elle doit cependant beaucoup au développement des endoprothèses coronaires et des nouveaux antiagrégants plaquettaires, lorsqu’elle est utilisée à la phase aiguë de l’infarctus du myocarde. Dans l’étude STENTIM 2, sur 200 patients en phase aiguë d’infarctus du myocarde, on obtient 97 % d’artères ouvertes et un suivi sans événement cardiovasculaire sur 95 % des patients, pendant la phase hospitalière. Ainsi, dans les essais randomisés, l’angioplastie transluminale primaire apparaît nettement supérieure à la thrombolyse. Dans la méta-analyse de E. Topol en 1996, utilisant les résultats de toutes les études randomisées comparant l’angioplastie transluminale et la thrombolyse (à une époque ou les endoprothèses n’étaient pas utilisées en cours d’angioplastie primaire), on constate une différence de mortalité significative : 2,9 % dans le groupe angioplastie contre 6,4 % dans le groupe thrombolyse. En cas de patients à haut risque (plus de 70 ans, antécédent d’infarctus, PAS basse ou tachycarde, infarctus du myocarde antérieur), la mortalité est de 2 % en angioplastie contre 10 % en thrombolyse, dans l’étude PAMI 1 (résultats d’études a posteriori, confirmés par l’étude de STONE). Le débat se poursuit malgré tout, à cause de l’étude GUSTO IIb, dans laquelle l’angioplastie est confiée à des mains moins sélectionnées que dans PAMI 1 et qui ne dégage pas les résultats précédents (mortalité à 30 jours avec l’angioplastie de 5,7 % contre 7 % dans le groupe thrombolyse, sans différence significative). .../... La Lettre du Cardiologue - n° 303 - novembre 1998 I N F O R M A T I O N S .../... Toutefois, le taux de flux TIMI 3 est plus faible (73 %), confirmant que l’opérateur n’est pas arrivé au terme de son contrat (l’angioplastie reste le fait de personnels expérimentés), et le délai entre la décision thérapeutique et le gonflage du ballon est long, (120 minutes), ce qui est un handicap considérable. Une stratégie thérapeutique d’angioplastie doit amener à une reperfusion obtenue dans les 30 minutes après la décision thérapeutique, et pas au-delà de 60 minutes. Cette décision ne doit donc pas faire perdre de temps au patient. L’autre point de discussion est l’établissement de registres dans la littérature. Par exemple, le registre français USIK mis en place pendant un mois en 1995, recrutant un grand nombre d’USIC français et 2 563 infarctus du myocarde aigus hospitalisés, a montré que la mortalité à 5 jours était de 5,8 % s’ils avaient été traités par angioplastie coronaire contre 5,6 % en cas de traitement thrombolytique ! Mais la population d’infarctus n’est probablement pas représentative car la mortalité globale de la série de ce registre est seulement de 7,8 %, ce chiffre étant beaucoup plus faible que celui retrouvé dans d’autres registres, où il est de 14-15 %. Cela pose la question de la valeur représentative de ces registres par rapport aux études randomisées. Le registre MITI montrait les mêmes résultats, mais 33 % des patients thrombolysés ont malgré tout bénéficié d’une angioplastie de sauvetage. Ce même registre a confirmé la nécessité de l’expérience des opérateurs dans l’angioplastie. Le vrai problème reste que l’ouverture du vaisseau épicardique ne garantit pas forcément une bonne revascularisation myocardique, et le challenge à venir est celui de la reperfusion périphérique. Conclusion. Le problème de délai reste au cœur du choix du traitement entre angioplastie et thrombolyse, car l’acheminement routier du patient ne doit pas dépasser une heure. Il est essentiel avant tout, et quel que soit le moyen, de reperfuser un maximum de patients, et la combinaison des deux techniques est probablement une solution à retenir comme idéale. CHOC CARDIOGÉNIQUE Une sous-population des infarctus du myocarde à la phase aiguë est représentée par le choc cardiogénique. Il peut être secondaire à une complication mécanique, dont le traitement doit être la réparation chirurgicale urgente et qui peut être primaire par défaillance de la pompe cardiaque elle-même. L’incidence globale était stable (7,5 %) jusqu’à ces dernières années. Elle est en augmentation du fait de l’amélioration de la prise en charge préhospitalière de l’infarctus, qui permet à de nombreux malades qui seraient morts à domicile d’arriver à l’hôpital. Il en découle une évolution de la répartition entre chocs immédiats et chocs progressifs ; les premiers sont devenus les plus nombreux du fait de l’augmentation du nombre des arrivées à l’hôpital, les seconds sont en diminution du fait de l’efficacité des techniques de reperfusion de l’infarctus. Le pronostic du choc reste sévère, de l’ordre de 80 %, 12 mais avec une sélection de cas de plus en plus graves. Les facteurs pronostiques sont essentiellement constitués par : – le mode d’installation, le choc progressivement développé étant de meilleur pronostic que le choc immédiat (sans doute, là encore, du fait des techniques de reperfusion), – l’association à un antécédent d’infarctus (100 % de mortalité), – une réanimation préhospitalière prolongée, – l’échec de la reperfusion en phase aiguë, – un âge avancé, – la localisation antérieure. Les possibilités thérapeutiques actuelles ont été exposées par D. Himbert et A. Pavie. Le point de vue du cardiologue D. Himbert a montré que la thrombolyse, particulièrement par le rt-PA, réduit la survenue du choc cardiogénique, mais que, sur les chocs installés, on a peu de données, et que celles disponibles sont décevantes, sans démonstration d’efficacité prouvée, avec un risque hémorragique important du fait des manœuvres fréquentes de réanimation. La discussion a donc porté essentiellement sur la possibilité d’une angioplastie primaire. De très nombreuses séries ont été publiées (mais avec à chaque fois un petit nombre de sujets, source de biais méthodologiques importants) ; elles sont en faveur de l’angioplastie, qui diminue substantiellement la mortalité par choc cardiogénique (40 à 50 %). L’étude SMASH a tenté de répondre à cette question par une randomisation entre traitement médical et angioplastie primaire, pour juger de la mortalité à 30 jours de patients ayant eu un infarctus du myocarde compliqué de choc cardiogénique primaire dans les premières heures. La survie est de 31 % dans le groupe angioplastie à 30 jours (apparemment favorable à cette technique) contre seulement 23 % dans le groupe médical, mais reste non significative du fait de la faiblesse de la population étudiée (55 patients) ; l’angioplastie n’a ainsi pas pu affirmer sa supériorité. Il reste donc un défi thérapeutique, l’angioplastie étant sans doute le meilleur outil dont on peut disposer actuellement. Au-delà, il faut s’engager vers les techniques d’assistance circulatoire, dont le ballon de contrepulsion intra-aortique est la forme la moins agressive, et qui vont déterminer l’éventuel recours au chirurgien, si la situation hémodynamique n’est pas stabilisée. Apport des techniques chirurgicales Une revascularisation chirurgicale coronaire ne sera tentée à la phase aiguë de l’infarctus qu’en cas d’échec de la désobstruction, de relative stabilité hémodynamique du patient, et si elle est techniquement possible dans un délai de moins de 6 heures par rapport au début de la douleur (délai au-delà duquel toute récupération myocardique est illusoire). A. Pavie confirme que seule une assistance circulatoire peut alors être envisagée. Une séparation claire entre deux catégories de patients doit être faite : ceux dont l’altération partielle du myocarde laisse espérer une éventuelle récupération et ceux dont la gravité évidente ne laisse comme seul espoir que l’assistance circulatoire en attente de transplantation. Cette séparation est, bien entendu, difficile dans les conditions de l’urgence extrême. Elle doit prendre en considération l’histoire clinique, en appréciant l’évolution hémodynamique sous les traitements employés (maîtrise future de la coagulation La Lettre du Cardiologue - n° 303 - novembre 1998 I capitale pour le chirurgien), l’artère en cause dans le processus actuel, l’âge, une pression artérielle basse (< 80 mmHg) et une pression de remplissage élevée (> 20 mmHg) sous un support médical maximal. De toute façon, la décision d’implantation doit être prise rapidement du fait de la dégradation de ces patients et du retentissement précoce du bas débit cardiaque sur le rein et le foie. Il faut considérer que le transfert de ces patients, pratiquement toujours obligatoire, n’améliorera pas leur situation clinique. Le choix de l’appareil est important dans l’espoir d’une récupération, depuis l’hémopompe (dont la fragilité a beaucoup limité l’utilisation), les pompes centrifuges (de faible coût, assurant 4 l/min de débit et permettant des assistances droites, gauches ou biventriculaires pour de courtes durées) jusqu’aux ventricules artificiels pneumatiques externes (coût très élevé, assistance allant jusqu’à plusieurs mois sur tous les modes, essentiellement destinés à l’attente de la transplantation). Les résultats sont à l’image de la population traitée : très sévères ! En cas d’assistance ventriculaire pour infarctus du myocarde, les résultats du registre international sont décevants dans l’hypothèse d’une récupération myocardique (9,3 % de survivants), ils sont meilleurs dans l’hypothèse d’une attente de transplantation (42,7 % de survivants). Ces résultats incitent à opter pour cette attitude chez ces malades. Malgré la lourdeur des moyens, il est ainsi possible de sauver la moitié de ces jeunes patients, autrement irrémédiablement condamnés. Dr Ph. Jauffrion, Paris EMBOLIE PULMONAIRE H. Sors a exposé quelques problèmes d’actualité posés par la pathologie thromboembolique (TE) : – problèmes épidémiologiques avec le dépistage des sujets à risque ; – diagnostiques avec la stratification des examens complémentaires ; – thérapeutiques avec la place des héparines de bas poids moléculaire (HBPM) et de la thrombolyse. Problèmes épidémiologiques La recherche de sujets à risque a permis d’aborder le dépistage des anomalies de la coagulation, l’influence des traitements hormonaux et celle des pathologies tumorales. Anomalie génétique. Deux anomalies génétiques fréquentes de la coagulation ont été abordées. – Facteur 5 Leiden : il s’agit d’une mutation très fréquente, dont l’incidence est estimée de 5 à 7 %. Cette incidence monte à 10-20 % lorsqu’il existe un antécédent de pathologie TE idiopathique récidivante. Le risque relatif de faire une maladie TE en cas d’atteinte hétérozygote serait de 4 à 8 et le risque de récidive à l’arrêt du traitement en cas de mutation passerait de 18 % à 40 % sur quatre ans. Certaines études ne confirment cependant pas de tels résultats, mais il est actuellement admis qu’il faut traiter ces patients plus longtemps, s’il n’existe pas de risque hémorragique trop important. La Lettre du Cardiologue - n° 303 - novembre 1998 N F O R M A T I O N S Un traitement de six mois est donc envisageable en cas de premier épisode, avec un traitement plus prolongé en cas de récidive. La recherche systématique d’une telle anomalie génétique en cas de pathologie TE ne semble cependant pas être validée, mais sera certainement intéressante en cas de maladie embolique récidivante chez un sujet jeune, ou lorsqu’il existe une histoire familiale. L’enquête familiale est souhaitable si le patient a une atteinte homozygote, afin d’envisager un diagnostic anténatal pour une fratrie éventuelle. – Mutation du facteur 2 : la prévalence est de 2 % et le risque relatif de faire une maladie TE est compris entre 2 et 4. Cette mutation est fréquemment retrouvée chez les patients ayant fait une thrombophlébite cérébrale. Traitement estroprogestatif (OP). L’incidence d’une thrombose veineuse dans la population générale est faible : 0,8/10 000 femmesannée. Cette incidence est augmentée lorsqu’il existe un traitement hormonal, mais le risque relatif reste inférieur à trois. Ce taux reste faible, compte tenu de la faible incidence dans la population. En revanche, l’existence d’une mutation du facteur 5 chez les femmes ayant un traitement estroprogestatif représente un problème puisque le risque relatif est multiplié par 18. Le risque survient dans les quatre mois qui suivent le début du traitement. Il régresse environ trois mois après son arrêt. Faut-il, par conséquent, faire un dépistage du facteur 5 Leiden avant un traitement estroprogestatif ? La réponse est a priori non, compte tenu du faible risque de mortalité et du coût qu’entraînerait un tel dépistage. Les estroprogestatifs de troisième génération ont été accusés de majorer nettement le risque TE, mais les dernières études ne confirment pas cette hypothèse. Le traitement hormonal substitutif accroît également le risque relatif de maladie TE, mais ce risque reste infime par rapport au bénéfice d’un tel traitement. Pathologie cancéreuse. L’association pathologie cancéreuse et maladie TE est un fait établi. Le risque de voir survenir un cancer est trois fois plus important dans les six premiers mois qui suivent une pathologie TE. Au-delà de cette période, le risque redevient identique à celui de la population générale et la surveillance peut donc se limiter à la première année après l’épisode TE. Stratégie diagnostique De nombreuses techniques sont disponibles pour conduire au diagnostic d’embolie pulmonaire (EP), chacune ayant ses propres spécificités : D dimères, écho-doppler des membres inférieurs, scintigraphie pulmonaire, échographie cardiaque, scanner hélicoïdal, angiographie pulmonaire... Le problème qui se pose est donc celui du choix de ces techniques dans la stratégie diagnostique. Le premier point à prendre en considération est celui de la prévalence de la maladie : – si la prévalence est faible, il faut privilégier un examen qui a une forte valeur prédictive négative afin d’éliminer ce diagnostic ; 13 I N F O R M A T I O N S – en cas de forte prévalence, il faudra privilégier un examen à forte valeur prédictive positive, afin d’affirmer l’EP. La gravité du tableau clinique et la disponibilité des examens sont également à prendre en considération. Il n’y a malheureusement pas de “recette” établie, et la stratégie décisionnelle qui associe plusieurs examens (scintigraphie ± dimère ± doppler des membres inférieurs...) doit être évaluée. Le scanner spiralé a un grand intérêt, et sa disponibilité va en augmentant. Il a de très bonnes valeurs prédictives positive (93 %) et négative (95 %) en cas d’embolies proximales, mais il est moins performant pour des embolies sous-segmentaires. Il nécessite une évaluation précise, car il s’agit d’un examen très “opérateurdépendant”. Il faut également tenir compte des quantités d’iode injectées si une angiographie est nécessaire dans un second temps. Les héparines de bas poids moléculaire sont également efficaces en cas d’embolie pulmonaire, avec un relais précoce par les AVK entre le premier et le troisième jour. Il n’y a pas, cependant, de publication sur leur utilisation en ville. Thérapeutique Le traitement des pathologies TE fait actuellement très souvent appel aux héparines de bas poids moléculaire (HBPM), qui ont démontré leur intérêt en cas de pathologie veineuse. Elles permettent de traiter, en ville, un certain nombre de patients qui ont un risque hémorragique faible et de diminuer ainsi les coûts du traitement, de l’ordre de 60 % par rapport à un traitement hospitalier. Cette XIe journée de l’APIC a montré, s’il était nécessaire, la complexité et l’actualité toujours brûlante de l’urgence coronarienne, gage pour les patients de solutions toujours plus adaptées et performantes pour leur assurer une meilleure survie. Tous ces sujets sont, bien entendu, à suivre dans les mois à venir, un grand nombre d’études étant en cours pour valider chaque décision thérapeutique. ■ L’avantage de ces héparines réside dans leur facilité d’administration, de surveillance, et dans leur bonne tolérance plaquettaire. La thrombolyse a un intérêt fondamental en cas d’embolie pulmonaire massive avec signes cliniques de gravité. Dr J.M. Aouate, Bagneux CONCLUSION ✁ À découper ou à photocopier A A BB O O N N N N Merci d’écrire nom et adresse en lettres majuscules Dr, M., Mme, Mlle ........................................................................... Prénom .......................................................................................... Pratique : ❏ hospitalière ❏ libérale EE ZZ -- VV O O UU SS !! Tarif 1998 / L C / Bimensuel ABONNEMENT FRANCE / DOM-TOM et CEE ❐ 1 an / 580 F ❐ 2 ans / 940 F ❐ 1 an / 290 F étudiants joindre la photocopie de la carte ❐ + 60 F par avion pour les DOM - TOM ❏ autre.......................... ABONNEMENT ETRANGER / autre que CEE Adresse.......................................................................................... ❐ 1 an / 720 F POUR RECEVOIR LA RELIURE ...................................................................................................... Code postal ................................................................................... ❐ + 190 F par avion ❐ 70 F avec un abonnement ou un réabonnement ❐ 140 F par reliure supplémentaire (franco de port et d’emballage) Ville ................................................................................................ Pays................................................................................................ Tél.................................................................................................. MODE DE PAIEMENT ❐ par carte Visa N° ou Eurocard Mastercard Signature : Date d’expiration ❐ par chèque (à établir à l'ordre d'EDIMARK) Avez-vous une adresse E-mail : oui ❏ non ❏ Sinon, êtes-vous intéressé(e) par une adresse E-mail : oui ❏ non ❏ Merci de joindre votre dernière étiquette-adresse en cas de réabonnement, changement d’adresse ou demande de renseignements. EDIMARK - 62-64, rue Jean-Jaurès - 92800 Puteaux Tél. : 01 41 45 80 00 - Fax : 01 41 45 80 25 - E-mail : [email protected] Votre abonnement prendra effet dans un délai de 3 à 6 semaines à réception de votre ordre. Un justificatif de votre règlement vous sera adressé quelques semaines après son enregistrement. Dans le cadre de la Formation Médicale Continue : ABONNEZ-VOUS ! 14 La Lettre du Cardiologue - n° 303 - novembre 1998