Revue de presse
Correspondances en Onco-Urologie - Vol. V - no 1 - janvier-février-mars 2014
Commentaire. La survie dans les pays de l’est
de l’Europe est inférieure et sous la moyenne
européenne, particulièrement pour les cancers
de bon pronostic ou de pronostic intermédiaire.
Il existe de fortes disparités, même en Europe
de l’Ouest, qui s’expliquent essentiellement par
des attitudes diff érentes concernant la précocité
du diagnostic, avec pour corollaire une prise en
charge à des stades plus tardifs de la maladie,
notamment chez les patients plus âgés. Cela
explique, en particulier pour les cancers du rein,
les faibles taux de survie au Royaume-Uni et au
Danemark. Rappelons que, en France, environ
deux tiers des cancers du rein sont diagnostiqués
fortuitement à l’occasion d’une échographie ou
d’un scanner.
P. Beuzeboc, Paris
• De Angelis R, Sant M, Coleman MP et al.; EUROCARE-5
Working Group. Cancer survival in Europe 1999—2007 by
country and age: results of EUROCARE-5—a population-
based study. Lancet Oncol 2014;15(1):23-34.
Tumeurs germinales
métastatiques :
BEP accéléré australien
Une étude multicentrique australienne de
phase II a évalué, chez 43 patients, la faisa-
bilité, la tolérance et l’activité en première
ligne du traitement de tumeurs germinales
métastatiques d’un BEP avec étoposide
(100 mg/ m
2
× 5 jours) et cisplatine (20 mg/ m
2
× 5 jours) repris toutes les 2 semaines avec
des injections hebdomadaires de bléomycine
(30 000 UI × 9 ou 12 doses) et du pegfi lgrastim
6 mg à J6 du cycle. Trois cycles devaient être
administrés pour les 12 tumeurs de bon pro-
nostic, et 4 pour les 15 tumeurs de risque
intermédiaire et les 16 tumeurs de mauvais
pronostic. Ce schéma a été possible chez
86 % des patients. Les principales toxicités
de grade 3 ou 4 ont été les neutropénies
fébriles (12 %) et les infections non neutro-
péniques (16 %). Sur une médiane de suivi de
27 mois, la SSP était de 50 % dans les formes
de mauvais pronostic et respectivement
de 94 et 92 % pour les formes de pronostic
intermédiaire et de bon pronostic.
TUMEURS GERMINALES
Commentaire. La principale limite de cette
étude est qu’elle ne permet pas de déterminer si
ce schéma accéléré est plus effi cace que le schéma
classique. Il faut aussi signaler que les patients
âgés de plus de 40ans ont été exclus, et qu’il
faudra attendre la fi n du suivi pour être certain
de l’absence de toxicité à long terme.
P. Beuzeboc, Paris
• Grimison PS, Stockler MR, Chatfi eld M et al.; Australian
and New Zealand Urogenital and Prostate Cancer Trials
Group. Accelerated BEP for metastatic germ cell tumours: a
multicenter phase II trial by the Australian and New Zealand
Urogenital and Prostate Cancer Trials Group (ANZUP). Ann
Oncol 2014;25(1):143-8.
Cancers à petites cellules localisées
delavessie : caractéristiques
cliniques et traitements
deplusde600patients
àpartirdela base dedonnées
nationale américaine
Les carcinomes à petites cellules de la vessie
sont des tumeurs de mauvais pronostic.
Il n’y a pas de réel consensus quant à leur
traitement, du fait de leur rareté (0,5 à 1 %
des tumeurs de la vessie). Les stratégies sont
souvent établies de façon empirique à partir
des résultats d’autres localisations primitives
de carcinomes à petites cellules, avec des
combinaisons variées de chimiothérapie,
de radiothérapie et de chirurgie.
À partir de la base de données nationale
américaine représentant 70 % des cancers
diagnostiqués aux États-Unis et provenant de
plus de 1 400 hôpitaux, les caractéristiques
cliniques et thérapeutiques de 625 patients
souff rant d’une tumeur localisée (cTis-cT4,
cN0, cM0), diagnostiquée sur une pièce de
résection transuréthrale entre 1998 et 2010,
ont été analysées (1). Des données complètes
étaient disponibles pour 429 patients ; l’âge
moyen était de 73 ans (extrêmes : 36-90),
65 % des tumeurs étaient de stade cT2
(82 % ≤ T2). Sur le plan de la prise en charge,
53 % des patients ont été traités dans des
Comprehensive Community Cancer Centers, et
27 % dans des Academic Centers. Seuls 19 %
ont eu une cystectomie radicale. Au fi nal,
VESSIE
174 patients (27,8 %) ont été traités sim-
plement localement par une préservation
vésicale, 333 (53,3 %) ont reçu un traitement
multimodal avec une préservation vésicale, 46
(7,4 %), une cystectomie seule, et 72 (11,5 %),
un traitement multimodal avec cystectomie.
Sur l’ensemble de la cohorte, le taux de sur-
vivants à 3 ans était de 33 %.
Les meilleurs résultats en termes de survie
ont été obtenus par une chimiothérapie néo-
adjuvante suivie d’une cystectomie, avec un
taux de survivants à 3 ans de 53 % (IC95 : 19-79),
contre 39 % (IC
95
: 17-60) pour la cystectomie
seule et 14 % (IC
95
: 1-43) pour la cystectomie
suivie d’une chimiothérapie adjuvante. En cas
d’approche multimodale avec préservation
vésicale, le taux de survivants à 3 ans était de
38 %. En analyse multivariée, l’âge, l’index de
comorbidité de Charlson et le stade étaient
des facteurs pronostiques indépendants.
Commentaire. Ces données, qui font recom-
mander une chimiothérapie néo-adjuvante
suivie d’une cystectomie, corroborent l’expérience
rapportée par le MDAnderson Cancer Center.
Dans une étude rétrospective ancienne, les taux
de survie à 5ans étaient respectivement de 78 et
36 % pour les patients traités par chimiothérapie
néo-adjuvante et cystectomie, d’une part, ou par
cystectomie radicale et chimiothérapie adjuvante,
d’autre part(2). Dans un essai prospectif plus
récent incluant 18patients traités par 4cycles de
chimiothérapie néo-adjuvante alternant doxo-
rubicine/ifosfamide avec étoposide/cisplatine,
un down-staging pathologique était rapporté
dans 78 % des cas, avec une médiane de survie
de 58mois(3). S.P.Lynch etal.(4) viennent de
confi rmer récemment ce taux élevé de down-
staging (68 %) et de SG (79 % à 5ans) dans une
série étendue à 48patients.
P. Beuzeboc, Paris
1. Patel SG, Stimson CJ, Zaid HB et al. Locoregional small
cell carcinoma of the bladder: clinical characteristics and
treatment patterns. J Urol 2014;191(2):329-34.
2. Siefker-Radtke AO, Dinney CP, Abrahams NA et al. Evidence
supporting preoperative chemotherapy for small cell car-
cinoma of the bladder: a retrospective review of the MD
Anderson cancer experience. J Urol 2004;172(2):481-4.
3. Siefker-Radtke AO, Kamat AM, Grossman HB et al. Phase II
clinical trial of neoadjuvant alternating doublet chemo-
therapy with ifosfamide/doxorubicin and etoposide/cisplatin
in small-cell urothelial cancer. J Clin Oncol 2009;27(16):2592-7.
4. Lynch SP, Shen Y, Kamat A et al. Neoadjuvant chemotherapy
in small cell urothelial cancer improves pathologic downstaging
and long-term outcomes: results from a retrospective study at
the MD Anderson Cancer Center. Eur Urol 2013;64(2):307-13.