Correspondances en Onco-urologie - Vol. II - n° 1 - janvier-février-mars 2011
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Revue de presse
était plus fréquente chez les patients ayant
présenté une RB que chez les non RB (47cas,
24 % versus 38cas, 11 %, respectivement)
[p<0,0001]. Les modications concernaient
essentiellement le SM (30versus 0cas),
le score de Gleason (14versus 29cas) et, dans
une moindre mesure, le stade pTNM (3versus
9cas). Elles consistaient en une aggravation
45fois sur47 (96 %) pour les patients avec
RB et seulement 16fois sur 38 (42 %) pour
les patients sans RB. Les auteurs expliquent
ces variations par l’application des nouvelles
recommandations de grading émises par
l’Inter national Society of Uropathology (ISUP)
en 2005(3) et par les nouvelles modalités
d’appréciation des marges et de l’extension
au tissu extraprostatique (comme recomman-
dées lors de la réunion de consensus de l’ISUP
à Boston en2009)[4,5].
Commentaire. Les auteurs démontrent ainsi
que les variations observées dans l’analyse
histologique ne sont pas seulement issues des
variations inter- ou intra-observateurs telles
qu’elles ont déjà été plusieurs fois rapportées(6),
mais qu’elles sont également dues à des évolu-
tions conceptuelles qui peuvent modifier de
façon non négligeable (15 %) l’appréciation des
caractéristiques initiales de la maladie. Ce travail
unique en son genre souligne l’importance d’une
analyse histologique cohérente des cas inclus
dans des protocoles de recherche. Les auteurs
recommandent qu’une nouvelle analyse des
caractéristiques histologiques des lésions soit un
prérequis avant toute inclusion de patients dans
des protocoles d’étude concernant des marqueurs
pronostiques. Il reste cependant à en définir les
modalités optimales (expert unique ou groupe
d’experts avec avis consensuel).
P. Camparo, Suresnes
1. Gofrit ON, Zorn KC, Steinberg GD et al. The Will Rogers phe-
nomenon in urological oncology. J Urol 2008;179(1):28-33.
2. Fromont G, Validire P, Prapotnich D et al. Pathologic
reassessment of prostate cancer surgical specimens
before molecular retrospective studies. Clin Cancer Res
2011;17(4):836-40.
3. Epstein JI, Allsbrook WC, Amin MB et al. The 2005
International Society of Urological Pathology (ISUP)
Consensus Conference on Gleason Grading of Prostatic
Carcinoma. Am J Surg Pathol 2005;29(9):1228-42.
4. Magi-Galluzzi C, Evans AJ, Delahunt B et al. International
Society of Urological Pathology (ISUP) Consensus Conference
on Handling and Staging of Radical Prostatectomy
Specimens. Working group 3: extraprostatic extension,
lymphovascular invasion and locally advanced disease.
Mod Pathol 2010;24(1):26-38.
5. Tan PH, Cheng L, Srigley JR et al. International Society
of Urological Pathology (ISUP) Consensus Conference on
Handling and Staging of Radical Prostatectomy Specimens.
Working group 5: surgical margins. Mod Pathol 2010;
24(1):48-57.
6. Netto GJ, Eisenberger M, Epstein JI. Interobserver variability
in histologic evaluation of radical prostatectomy between
central and local pathologists: findings of TAX 3501 multi-
national clinical trial. Urology 2010 (sous presse).
OGX-011, ou l’ajout d’un inhibiteur
antisens de clustérine
au docétaxel dans le cancer de
la prostate résistant à la castration
en phase métastatique
La clustérine est une molécule impli-
quée dans le processus antiapoptotique
cellulaire, dont la concentration est élevée
au sein des tumeurs et dont la transcription
est sous la dépendance des récepteurs aux
androgènes. Son expression est corrélée au
score de Gleason et au statut de résistance
à la castration androgénique. L’OGX-011 est
un inhibiteur antisens de l’expression de la
clustérine.
Dans une étude multicentrique de phaseII,
82patients atteints d’un adénocarcinome
prostatique métastatique résistant à la
castration androgénique ont été rando-
misés en 2bras : docétaxel +OGX-011 à la
dose de 640mg ×3 pendant la première
semaine, puis de façon hebdomadaire, versus
docétaxel seul. L’objectif primaire était de
déterminer la proportion de patients avec
une diminution du PSA supérieure à50 %
par rapport au taux initial, sans preuve de
progression.
Aucune diérence de réponse PSA n’a été
relevée entre les 2bras de traitement : 58 %
(IC
90
: 43,3-70,8) versus 54 % (IC
90
: 39,8-67,1).
La variation du taux de clustérine sérique
a été de − 26 % dans le bras OGX-011
+docétaxel, versus une augmentation de
0,9 % dans le bras docétaxel seul, à la n du
premier cycle. Les médianes de survie sans
progression sont superposables (7,3mois
versus 6,1mois) ; en revanche, la médiane
de survie globale montre un allongement
impressionnant (bien que non signicatif),
de 23,8mois (OR=0,61 ; IC95 : 0,36-1,02), dans
le groupe OGX-011 versus 16,9 mois (IC
95
:
12,8-25,8). La tolérance clinique a été excel-
lente, la seule diérence étant un taux de
lymphopénie de grade3-4 augmenté dans
le premier groupe (52,5 % versus 22 %), sans
manifestation clinique infectieuse.
Commentaire. Cette étude de phaseII évaluant
un inhibiteur antisens de l’expression de la
clustérine associé au docétaxel montre des
résultats intéressants en termes de diminution
du taux circulant de clustérine, et une augmen-
tation de la survie globale qui justifie pleinement
le lancement actuel d’un essai de phaseIII de
l’OGX-011, ou custirsen, chez les patients atteints
d'un cancer prostatique métastatique en première
ligne associé à la chimiothérapie standard.
E. Kempf, Paris
•Chi KN, Hotte SJ, Yu EY et al. Randomized phase II study
of docetaxel and prednisone with or without OGX-011 in
patients with metastatic castration-resistant prostate cancer.
J Clin Oncol 2010;28(27):4247-54.
Le cabazitaxel, nouveau taxane,
dans les traitements innovants,
en cas de résistance à la castration
Le traitement de première ligne des stades
résistant à la castration repose sur l’adminis-
tration de docétaxel à la dose de 75 mg/ m²
toutes les 3semaines. L’étude de phaseIII
TAX327, en2004, a démontré une amélio-
ration de la survie avec le docétaxel versus
la mitoxantrone, de plus de 20 % (la survie
passait de 16,5 à 18,9mois [p=0,009]),
ainsi qu’une meilleure réponse biologique,
avec une diminution supérieure ou égale
à50 % du PSA dans le groupe docétaxel
(45-48 %) par rapport au bras mitoxantrone
(32 % [p<0,001])[1]. Pour faire suite à cette
phase de chimiosensibilité, peu de traite-
ments étaient disponibles, et aucun d’entre
eux (hormonothérapie, corticothérapie,etc.)
ne s’accompagnait d’un allongement de la
survie. Un nouveau taxane, le cabazitaxel,
vient de démontrer un avantage en termes
de survie après traitement par docétaxel dans
une large étude de phaseIII.
L’étude TROPIC a comparé le cabazitaxel et la
mitoxantrone chez 755patients résistant à la
castration androgénique et au docétaxel. Elle
a mis en évidence un gain de survie globale
de 2,4mois (15,1mois versus 12,7mois ;