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JIM.fr
14 avril 2016
L’IRM multiparamétrique peut changer la donne dans la prise en charge du cancer de la
prostate
La prise en charge du cancer prostatique avant une radiothérapie externe repose sur un bilan le plus
exhaustif possible qui inclut, certes les données cliniques et biologiques, mais aussi les résultats de la
biopsie et l’appréciation de son extension tant loco-régionale que systémique. Toutes ces informations
concourent à l’optimisation des protocoles thérapeutiques, mais les stratégies méritent d’être encore
affinées à l’aide des techniques d’imagerie morphologique et fonctionnelle actuellement disponibles.
Encore faut-il évaluer leur apport dans des études cliniques avant d’envisager leur diffusion dans la
pratique médicale courante.
Un cas typique est celui de l’IRM multiparamétrique (IRMmp) réalisée au moyen d’un aimant de 3,0
Tesla qui n’est pas l’équipement de base de toutes les machines utilisées dans ce pays. Cette technique
est-elle à même de modifier la prise en charge thérapeutique de certains cancers prostatiques ? C’est à
cette question que répond une étude prospective dans laquelle ont été inclus 44 patients atteints de
cette pathologie, pour laquelle avait été initialement prévue une radiothérapie externe. L’IRMmp a
permis d’obtenir des images multiparamétriques multiplanaires diverses et variées, en tout cas
complémentaires, en jouant sur des facteurs multiples : (1) pondération en T2 ; (2) pondération en
diffusion ; (3) acquisition dynamiques avec injection de produit de contraste.
Avant cette exploration, les patients avaient été répartis en cinq catégories de risque (faible/très faible,
intermédiaire, élevé, très élevé, métastatique) selon les critères du NCCN (National comprehensive
cancer network) qui prennent en compte les taux de PSA, le score de Gleason et le stade T de la
tumeur estimé par le toucher rectal. Cette estimation clinique et biologique du risque (ECB-R) a été
comparée à une l’ évaluation de ce risque dérivée de l’IRMmp (IRMmp-R). C’est le test kappa de Cohen
qui a été utilisé pour évaluer la concordance entre les résultats fournis par les deux approches.
Réévaluation du niveau du risque lié à la maladie et à son extension pour 41 % des patients
L’approche clinique avait conduit à répartir les 44 patients dans les 5 catégories précédemment définies
dans les proportions suivantes, respectivement 22,7 %, 40,9 %, 34,1 %, 2,3 % et 0 %. L’IRMmp a
conduit aux chiffres suivants, respectivement, 18,2 %, 31,8 %, 31,8 %, 9,1 % et 9,1 %. La concordance
entre les deux approches s’est avérée médiocre, le kappa étant en effet estimé à 0,43. Si l’on compare
les séries de pourcentages précédentes, il apparaît que l’IRMmp a changé de catégorie 18 patients : 2
sont passés à un niveau de risque inférieur, cependant que la majorité (n = 16/44) est passée à un
niveau supérieur, par exemple du fait d’une extension locorégionale ou systémique inaccessible à
l’évaluation dite clinique et biologique. Certes, après l’évaluation par IRMmp, tous les patients sont
restés justiciables d’une radiothérapie externe, mais selon un protocole qui a quelque peu varié pour
intégrer d’autres cibles que la prostate elle-même, à titre d’exemple.