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Elle accepta le paiement des honoraires dus, qu’elle transmettrait et me demanda si j’avais besoin d’autre chose.
Après un court instant, je lui proposai de m’établir une ordonnance pour un bilan sanguin tel qu’il est utile de
le faire de temps en temps : le dosage des cholestérols et de la glycémie.
Je ne souffrais de rien mais mes dernières analyses datant de plus de trois ans il me sembla en cet instant qu’une
actualisation avait du sens.
Je lui ai fait ajouter le dosage du PSA pour que le bilan soit complet.
J’ai cinquante cinq ans et quelques jours plus tôt, cette idée m’était venue à l’esprit quand, dans une
conversation entendue sur une station de Radio, la question avait été évoquée.
Il me semblait à cet instant que ma demande s’inscrivait dans une logique sans appel et pourtant ce jeune
médecin hésita au prétexte que je n’avais aucun symptôme d’aucune sorte qui puisse justifier la nécessité d’un
contrôle prostatique.
Elle inscrivit malgré tout ma demande en complément et j’ai rejoint ma voiture.
Ce jour-est un des jours les plus étranges de ma vie et les conséquences qui vont découler du résultat de cet
examen disent beaucoup sur la valeur de la destinée ou de l’intuition.
Il n’y a pas de hasard, jamais, excepté sans doute lors des tirages du loto. Et dans la situation présente j’ai
plutôt tendance à croire qu’il s’agit d’une intuition qui fait dire à l’inconscient que c’est le moment, que c’est la bonne
décision, mais sans savoir l’expliquer pour autant.
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Je ne suis ni différent ni un modèle pour l’Homme, je suis l’un d’entre eux, disposant d’une virilité qui
m’apporte ce qu’un homme peut en attendre, la part de rêve, la satisfaction des fantasmes partagés avec celle qui
partage ma vie, le renouvellement de cette énergie qui nous fait dire « ça fait du bien ».
C’est pourquoi la demande que mon état « après l’opération » soit préservé de toutes les détériorations
sauvages et radicales possibles et hélas trop souvent définitives, avait du sens.
La rencontre avec le Docteur Arnaud M. m’a confirmé à ses premiers mots qu’il n’était pas seulement un
homme de l’art chirurgical, expérimenté et un habitué des opérations complexes et lourdes, mais qu’il était surtout
un homme passionné, modeste, simple et clair, il avait le même vocabulaire que le mien et sur une feuille de papier
il savait avec précision dessiner mon anatomie personnelle pour me permettre de comprendre son bistouri
allait passer et pourquoi.
Un dessin n’est rien en soi, c’est très peu de chose et en néophyte je ne pouvais à l’instant son stylo traçait le
contour de la prostate, plaçait le col vésical ou ébauchait le parcours des canaux déférents, contester quoi que ce soit,
puisque l’information étant claire, maîtrisée et accessible, elle en devenait crédible et emportait mon adhésion,
immédiate. J’étais certain qu’il me parlait de moi à livre ouvert.
Concernant le point majeur évoqué plus haut, son discours était le même : rien de définitif, mais pas de fausses
promesses non plus. Il agirait techniquement pour apporter une réponse qui devrait prévoir un retour à la normale
dans des délais suffisamment précis pour que les choix deviennent simples.
« Je ne peux rien garantir de façon absolue, mais mon expérience m’autorise à vous dire que le risque
d’incontinence à deux mois est nul et la récupération de l’érection est assez probable dans la majorité des cas, entre
quatre et six mois. Compte tenu de votre jeunesse et votre excellent état général, je suis très optimiste, mais n’oubliez
jamais que beaucoup dépendra de vous et pour la récupération de vos fonctions sexuelles une part majeure est sous la
responsabilité patiente et amoureuse de votre partenaire ».
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Réveillé
Une semaine ça passe vite, parce que l’emploi du temps de l’hospitalisé est sans cesse haché par les incursions
des infirmières et aides-soignantes pour les besoins du pouls, d’une prise de sang, de la température et autre
palpation.
Le chirurgien est venu pratiquement deux fois par jour pour prendre de mes nouvelles et pour s’assurer qu’il
ne perdait pas le contrôle sur mes questions.
Une équipe devient un peu ce que celui qui l’anime sait en faire, sait transformer chacun de ses collaborateurs
en héros. J’ai passé une semaine entouré et dorloté par ces héros en blanc, par celles et ceux qui savent au quotidien
faire du bien avec rien que des petits tracas. Ils ne sont pas magiciens, mais attentifs, discrets, présents, chaleureux, ils
sont toujours là et comme c’est bien parfois de se laisser faire sous des regards amis.
Redon et sondes extraits, j’ai quitté le cocon hospitalier huit jours après y être entré.
Il est étrange de pouvoir se dire dans la voiture qui vous ramène à votre point de départ que selon les indications
données, le mal est au loin.
Il a fallu si peu en fait pour passer du destin suspendu à l’avenir certifié, trois heures trente sous un scialytique
entre les pinces, les lames et les sutures d’un expert. C’est peu pour une vie gagnée, c’est très peu pour autant que ce
soit bien décidé.
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Un cancer discret
Contrairement à l’hyperplasie bénigne de la prostate (HBP) qui peut provoquer des troubles urinaires, le cancer
de la prostate évolue en silence, sans aucun symptôme au début. La tumeur se développe lentement dans la partie
périphérique de la glande à partir d’un foyer de cellules anormales qui s’accroît à vitesse variable selon les individus.
Lorsque la tumeur est plus développée, elle peut provoquer des symptômes qui conduisent les patients à
consulter : troubles urinaires (jet urinaire faible, envies fréquentes d’uriner, sang dans les urines), impression de
pesanteur au niveau du pelvis, difficultés sexuelles, fatigue, douleurs osseuses.
L’objectif du dépistage est donc de détecter le cancer lorsqu’il n’est pas symptomatique afin de proposer un
traitement avant la survenue de complications pouvant mettre en jeu le pronostic vital.
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6. Le rôle du patient
et celui de l’urologue
L’accompagnement du patient tout au long de sa maladie fait partie intégrante de la prise en charge. Elle
commence dès l’annonce du diagnostic et tient compte de l’état psychologique, du projet de vie et de
l’environnement du patient. Elle se poursuit tout au long du parcours du patient, à l’égard duquel accompagnement
et soutien psychologique jouent un rôle essentiel dans la qualité de la prise en charge. C’est dans cette optique que
doit être orchestrée par l’urologue la prise en charge du cancer de prostate.
La mortali par cancer de prostate est en baisse constante depuis 1990. Compte tenu de l’évolution
démographique de la population masculine et donc de l’augmentation de la population exposée au risque, la
réduction de la mortalité spécifique en France a é d’au moins 2,5 % par an les 10 dernières années. Parmi les
hypothèses pouvant rendre compte de cette baisse de la mortalité alors même que le taux d’incidence a augmen
fortement, le dépistage par le PSA semble jouer un le prépondérant. Il permet en effet le diagnostic, à un stade
précoce donc localisé, des cancers à haut risque, beaucoup plus accessibles à un traitement curatif que les stades
avancés. Une modélisation a suggéré que plus de 50 % de cette réduction de mortalité est liée au dépistage.
L’évolution concomitante de l’accès à des prises en charge standardisées et à des progrès thérapeutiques y a aussi
largement contribué (techniques de prostatectomie, radiothérapie conformationnelle, traitements locaux).
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