Compte-rendu du congrès du Mount-Sinaï
Correspondances en Onco-Urologie - Vol. V - no 1 - janvier-février-mars 2014
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Tableau III. Autres expériences menées avec le MVAC accéléré.
Étude rétrospective (Blick, Cancer 2012) Étude prospective (Qu, ASCO 2013)
80 patients,
3-4 cycles avant chirurgie ouradiothérapie
39 patients 4 cycles avant chirurgie
43 patients N1 à l’inclusion
84 % ont reçu les cycles prévus 10 % de toxicité grade 3-4
100 % ont eu le traitement local prévu
Taux de pCR=43 % pour les patients opérés Taux de pCR=28 %
CPRCm (tableau II). Il prolonge également signifi ca-
tivement le temps jusqu’à événement osseux sympto-
matique (HR = 0,66 ; IC : 0,52-0,83 ; p < 0,001). Il faut
encore attendre l’actualisation à long terme et les
données de qualité de vie. S. Blacksburg a décrit son
expérience dans la vraie vie, confi rmant en pratique
usuelle l’absence notable de toxicité. Parmi les futures
directions, l’essai NCT01106352 de phase I-II évalue
la combinaison avec le docétaxel.
Rôle de la chimiothérapie dans les CPRCm :
qu’en reste-t-il ?
(D’après W.K. Kelly, Thomas Jeff erson University)
L’activité clinique et le bénéfice du docétaxel ne
sont pas remis en cause par les nouvelles hormono-
thérapies. En revanche, les essais randomisés de
phase III concernant la chimiothérapie associée à des
traitements ciblés se sont montrés négatifs.
Le CPRC reste une maladie hétérogène. Dans l’avenir,
une meilleure connaissance de la biologie de ces
tumeurs devrait permettre un choix plus approprié
des traitements.
Comment s’adapter à l’environnement de castration ?
Comment s’adapter aux résistances croisées entre les
diff érentes nouvelles hormonothérapies ?
Certaines approches tentent de déterminer l’activité
du RA dans le CPRC par la mesure des androgènes
médullaires (Efstathiou), le statut de Rb, la recherche
d’une composante neuroendocrine. Les tumeurs
avec une activation du RA mais déficientes en Rb
seraient plus chimiosensibles (Sharma A. J Clin Invest
2010;120(12):4478-92). Les véritables formes neuro-
endocrines sont caractérisées par des amplifi cations des
gènes AURKA (AURora Kinase A) et MYCN (Mosquera JM
et al. Neoplasia 2013;15(1):1-10).
L’objectif, dans l’avenir, pourrait être de “traquer” l’ori-
gine clonale du cancer de la prostate létal avec des
techniques de séquençage, comme cela vient d’être
décrit (Haff ner MC. J Clin Invest 2013;123(11):4918-22)
[fi gure 4].
Cancer de la vessie envahissant le muscle
Traitement néo-adjuvant par MVAC accéléré
(D’après E.R. Plimarck, Fox Chase Center)
Seuls 11,6 % des patients atteints d’un cancer invasif
de la vessie de stade III ont reçu une chimiothérapie
aux États-Unis entre 1998 et 2003, selon les banques de
données nationales (David KA. J Urol 2007;177(6):2081-6).
Les données de 14 centres académiques entre 2003 et
Tableau II. CPRC métastatique : études de phase III.
Agents Stade CPRCm Comparateur HR p
Sipuleucel-T Chimio-naïf Mitoxantrone 0,775 0,032
Docétaxel Chimio-naïf Mitoxantrone 0,76 0,009
Cabazitaxel Post-docétaxel Placebo 0,70 < 0,0001
Abiratérone Post-docétaxel
Pré-docétaxel
Placebo
Placebo
0,646
0,75
< 0,0001
0,0097
Enzalutamide Post-docétaxel Placebo 0,631 < 0,001
Radium 223 Post-docétaxel Placebo 0,70 0,002
2008 rapportaient que 35 % des sujets avaient été traités
par une chimiothérapie péri-opératoire (30 % en néo-
adjuvant, 60 % en adjuvant). Seuls 65 % des traitements
néoadjuvants contenaient du cisplatine (Feifer et al..
Congrès américain en oncologie clinique GU 2011). Les
recommandations du National Comprehensive Cancer
Network (NCCN) off rent comme options les protocoles
GC (gemcitabine + cisplatine), CMV (cisplatine, métho-
trexate, vinblastine) et MVAC accéléré (méthotrexate,
vinblastine, doxorubicine, cisplatine). Le MVAC classique
n’est paradoxalement plus recommandé, alors que seuls
le MVAC et le CMV ont montré un bénéfi ce en situation
néo-adjuvante. En pratique, le GC est le plus utilisé.
E.R. Plimarck a rapporté les données d’une étude de
phase II multicentrique concernant le MVAC accéléré
chez 64 patients (36 T2N0, 19 T3N0, 6 T4a, 3 N1 quel
que soit le T). Huit patients ont présenté un total de
22 toxicités de grade 3-4. Le taux de pT0, critère de
jugement principal, a été de 38 %.
Les autres expériences concernant le MVAC accéléré
en néo-adjuvant sont exposées dans le tableau III.
Les auteurs ont conclu que le MVAC accéléré était
“faisable” en pratique ; l’administration toutes les
2 semaines permet de raccourcir le délai jusqu’à la
chirurgie. Le nombre optimal de cycles n’est pas iden-
tifi é, mais 3 ou 4 cycles permettent d’obtenir des résul-
tats similaires à ceux des contrôles histo riques.