Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XIV - n° 3 - mars 2010
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dossier thématique
Le diabète de type 2
P
lusieurs études ont bien démontré que le dia-
bète est un facteur de risque cardio-vasculaire
indépendant, avec un risque d’infarctus du
myocarde multiplié par 2 à 3 chez l’homme et par 3 à
5 chez la femme diabétique, avec un risque relatif (RR)
encore plus élevé pour l’artériopathie des membres
inférieurs (RR de 4 chez l’homme et de 6 chez la femme).
Globalement, la mortalité cardio-vasculaire est multi-
pliée par 1,5 à 2 chez l’homme et par 2,5 à 3 chez la
femme diabétique, et ce quel que soit le risque vascu-
laire absolu de la population non diabétique. Le diabète
apparaît donc essentiellement comme un potentiali-
sateur du risque cardio-vasculaire induit par les autres
facteurs de risque classiques que sont l’hypertension
artérielle, l’hypercholestérolémie et le tabagisme. De
plus, il fait perdre aux femmes, avant l’âge de la méno-
pause, une partie de leur protection naturelle vis-à-vis
du risque cardio-vasculaire. Si le diabète est donc un
facteur de risque bien établi, le véritable responsable
fait encore l’objet de débats…
La responsable est-elle l’hyperglycémie
elle-même ?
La réponse est évidemment oui, lorsque l’hyperglycémie
est responsable d’une glomérulopathie diabétique.
Plusieurs études menées dans le diabète de type 1
comme dans le diabète de type 2 ont bien démontré
que la néphropathie diabétique était un facteur d’athé-
rosclérose évolutive, véritable angiopathie maligne, et
ce depuis le stade de microalbuminurie jusqu’à celui
de l’insusance rénale.
En labsence de glomérulopathie diabétique, l’hyper-
glycémie est-elle un facteur de risque cardio-vascu-
laire indépendant ? Plusieurs études ont montré qu’à
1 point d’HbA1c en plus (soit environ 0,30 g/l de gly-
cémie moyenne pendant 2 mois) correspond une aug-
mentation du risque d’infarctus du myocarde de 10 à
15 % sur 5 à 10 ans. Concernant la microangiopathie et
l’artérite distale, 1 point d’HbA1c en plus correspond à
30 % d’apparition de complications supplémentaires.
Plusieurs études ont également montré de manière
convergente que la diminution d’1 point d’HbA1c per-
mettait de réduire de 30 % ces complications. Qu’en
est-il pour linsusance coronaire ? Le fait d’abaisser
l’HbA1c diminue-t-il la survenue dinfarctus du myo-
carde ? Les études épidémiologiques apportent un
argument indirect, en montrant une corrélation entre
la rétinopathie sévère et l’insusance coronaire, si bien
que l’existence d’une rétinopathie sévère doit être consi-
dérée comme un marqueur de risque dinsusance
Hyperglycémie
et risque cardio-vasculaire :
les données de l’evidence-based medicine
Hyperglycemia and cardiovascular risk: data from evidence-based medicine
Pr André Grimaldi*
* Service de diabétologie-
métabolisme,
groupe hospitalier
Pitié-Salpêtrière, Paris.
»
Le diabète de type 2 est un facteur de risque cardio-vasculaire
majeur, mais le rôle de l’hyperglycémie reste discuté.
»
Il existe une mémoire de l’hyperglycémie, qui explique le bénéfice
rémanent d’un traitement précoce intensif de l’hyperglycémie au
début du diabète.
»
À un stade plus avancé, ou lorsque le patient a un haut risque
cardio-vasculaire, le bénéfice du traitement intensif n’est pas démontré,
tandis que l’hypoglycémie semble responsable d’une augmentation
de la morbi-mortalité cardio-vasculaire.
»
Lobjectif doit donc être modulé en fonction du risque cardio-
vasculaire et du risque d’hypoglycémie. On doit viser une HbA1c
inférieure à 7 %, et même si possible inférieure à 6,5 %, lorsque le risque
cardio-vasculaire est faible ou s’il n’y a pas de risque hypoglycémique.
»
En cas de risque hypoglycémique (sulfamides et insuline) et de risque
cardio-vasculaire élevé, il faut relever la barre et viser une HbA1c à 7,5 %.
Mots-clés : Diabète de type 2 Hyperglycémie Hypoglycémie –
Hémoglobine A1c – Mortalité cardio-vasculaire.
Keywords: Type 2 diabetes Hyperglycemia Hypoglycemia Hemoglobin
A1c – Cardiovascular mortality.
Points forts
Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XIV - n° 3 - mars 2010
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Hyperglycémie et risque cardio-vasculaire : les données de l’evidence-based medicine
coronaire chez les patients diabétiques. Mais la preuve
directe n’a pas été apportée. Dans l’étude UKPDS (1), sur
une durée moyenne de 8 ans, une baisse d’HbA1c de
0,9 point a entraîné une diminution d’infarctus du myo-
carde de 16 %, à la limite de la signicativité (p = 0,052).
Dans l’étude DCCT (2), menée chez des diabétiques de
type 1, une baisse d’HbA1c de 1,8 % pendant 6,5 ans a
entraîné une réduction des événements cardio-vascu-
laires de 41 %, sans atteindre la signicativité en raison
du très faible nombre d’événements. Ce n’est que dans
les études de suivi post-UKPDS (3) et post-DCCT (4),
alors même que l’HbA1c était devenue identique entre
le groupe contrôle et le groupe traitement intensif, que
la réduction des événements est devenue signicative :
moins 15 % d’infarctus du myocarde dans l’étude post-
UKPDS, et moins 42 % d’événements cardio-vasculaires
dans l’étude post-DCCT. Bien sûr, ces résultats de suivi
après étude peuvent être entachés de biais, notamment
en raison des patients perdus de vue. Notons cepen-
dant que ces deux grandes études menées chez des
diabétiques de type 1 et 2 ont montré un bénéce de
l’amélioration de l’HbA1c chez des patients en préven-
tion primaire, avec un bénéce rémanent 10 ans après
la n de l’étude, ou plutôt une persistance prolongée
des eets délétères d’un mauvais équilibre.
Les résultats des trois études ACCORD (5), ADVANCE (6)
et VADT (7), visant à comparer un traitement hypogly-
miant standard et un traitement intensif, étaient donc
particulièrement attendus. Les patients inclus étaient
des diabétiques de type 2 âgés de 65 ans, en préven-
tion primaire (deux tiers des patients) ou secondaire
(un tiers des patients), et diabétiques depuis environ
10 ans. La diérence d’HbA1c entre le groupe inten-
sif et le groupe contrôle a été respectivement de 6,4
versus 7,5 dans l’étude ACCORD, 6,5 versus 7,3 dans
l’étude ADVANCE, et 6,9 versus 8,4 dans l’étude VADT. La
réduction des événements cardio-vasculaires majeurs
n’a été significative dans aucun des groupes. Dans
l’étude ACCORD, les infarctus non fatals ont certes été
réduits signicativement de 24 % (p = 0,004), mais les
décès ont augmenté signicativement de 22 %, avec un
accroissement de 35 % de la mortalité cardio-vasculaire
(p = 0,02), si bien que l’étude a été arrêtée au bout de
3 ans et demi. Létude VADT a également montré une
augmentation de 23 % de la mortalité cardio-vascu-
laire sur 6 ans dans le groupe traitement intensif, sans
atteindre la signicativité ; dans l’étude ADVANCE, on
observait sur une durée de 5 ans une diminution de 7 %
(non signicative) des décès et une baisse de 13 % de la
mortalité cardio-vasculaire. Donc, loin de démontrer un
bénéce de la réduction de l’HbA1c, deux de ces trois
études (ACCORD et VADT) qui cherchaient à obtenir la
normalisation de l’HbA1c (HbA1c inférieure à 6 %) ont
mis en évidence une surmortalité.
Plusieurs analyses secondaires tentent d’expliquer ce
phénomène. Notons tout d’abord quil s’agit d’une aug-
mentation relative importante de la mortalité (22 %),
mais que l’augmentation en valeur absolue est faible
(3 patients sur 1 000 par an). En eet, la mortalité du
groupe contrôle de l’étude ACCORD est particulière-
ment faible : 1,14 % par an versus 1,92 % dans l’étude
ADVANCE. Cette faible mortalité du groupe contrôle
peut sexpliquer par l’optimisation des traitements
cardio-vasculaires, avec 88 % de patients sous statines
dans ACCORD contre 48 % dans ADVANCE et 76 % de
patients sous aspirine dans ACCORD contre 55 % dans
ADVANCE. Surtout, l’étude ACCORD avait un objectif
de normalisation des glycémies, avec une HbA1c infé-
rieure à 6 %, 50 % des glycémies à jeun inférieures à 1 g/l,
et 50 % des glycémies postprandiales 2 heures après
le repas inférieures à 1,40 g/l. Tant que ces objectifs
nétaient pas atteints, il était impératif d’intensier le
traitement, en augmentant si besoin les doses d’insu-
line, lesquelles ne devaient être réduites quen cas de
survenue d’hypoglycémie sévère. En conséquence,
les hypoglycémies sévères nécessitant une assistance
médicale ont été 3 fois plus fréquentes dans le groupe
intensif que dans le groupe contrôle (10,5 % versus
3,5 %). Or, les analyses ont montré une augmentation
de la mortalité chez les patients ayant fait une hypogly-
cémie sévère, avec un RR de 2 dans le groupe intensif
et un RR de 4 dans le groupe contrôle. Les hypoglycé-
mies sévères comme marqueur ou comme facteur de
risque ont donc joué un rôle important dans lexpli-
cation de la surmortalité. Remarquons toutefois que,
dans ACCORD comme dans VADT, le risque de mortali
lié à la survenue d’hypoglycémies sévères était plus
important dans le groupe contrôle que dans le groupe
intensif. Observation en partie inexpliquée, bien que
l’on sache que la répétition des hypoglycémies entraîne
une diminution de la contre-régulation hormonale et de
la réponse neurovégétative, et donc possiblement une
diminution des manifestations cardio-vasculaires secon-
daires à l’hypoglycémie. Quoi qu’il en soit, les auteurs
ont insisté sur le fait quil existait une surmortalité dans
le groupe traitement intensif, même en l’absence d’hy-
poglycémies. Les hypoglycémies répétées entraînant
un défaut de perception des hypoglycémies, en par-
ticulier durant la nuit, des hypoglycémies nocturnes
sévères asymptomatiques ont pu être responsables
de troubles du rythme, eux-mêmes responsables de
morts subites. En revanche, les analyses secondaires ont
réfuté l’hypothèse d’une baisse trop rapide de l’HbA1c
à l’origine de cette surmortalité cardio-vasculaire.
Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XIV - n° 3 - mars 2010
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dossier thématique
Le diabète de type 2
Cette hypothèse avait été soulevée par analogie avec
l’aggravation de la microangiopathie observée lorsquon
corrige rapidement unséquilibre glycémique. En réa-
lité, la surmortalité est apparue surtout après les deux
premières années de l’étude. A contrario, la mortalité
a été plus importante chez les patients dont l’HbA1c
n’avait pas baissé rapidement. Une dernière hypothèse
est encore à l’étude, selon laquelle la surmortalité pour-
rait être secondaire à la surcharge pondérale induite
par le traitement hypoglycémiant intensif, avec une
prise moyenne de 3,5 kg versus 0,4 kg et, surtout, une
augmentation de plus de 10 kg chez 28 % des patients
du groupe intensif contre 14 % des patients du groupe
contrôle, alorsme que l’indice de masse corporelle à
l’inclusion était de 32. Il faut dire que 77 % des patients
du groupe intensif recevaient de l’insuline et que 92 %
d’entre eux recevaient une glitazone (essentiellement
rosiglitazone).
Les 7 leçons des études ACCORD,
VADT et ADVANCE
Leçon n° 1
Nous n’avons toujours pas la preuve absolue du béné-
ce cardio-vasculaire du traitement de l’hyperglycémie,
en dehors de la prévention de la glomérulopathie dia-
tique. On peut, bien sûr, être convaincu de ce bénéce
sur la base d’études observationnelles ayant montré un
bénéce cardio-vasculaire chez les patients diabétiques
de type 2 greés rein/pancréas versus les patients dia-
bétiques ayant perdu le greon pancréatique, mais ces
deux types de patients sont très diérents puisque les
greés rein/pancréas ont une HbA1c normale (inférieure
à 6 %) et ne font pas d’hypoglycémie, alors que les gref-
fés du rein isolés ayant perdu le greon pancréatique
ont une HbA1c élevée (9 %) et continuent à faire des
hypoglycémies.
Leçon n° 2
Les analyses des sous-groupes des études ACCORD (5)
et VADT (7) montrent un bénéce du traitement intensif
chez les patients en prévention primaire ayant un dia-
bète récent, comme cela avait été le cas dans l’étude
UKPDS (1). Dans l’étude VADT, le bénéce cardio-vas-
culaire est inversement corrélé au score calcique coro-
naire (7).
Leçon n° 3
Il existe un bénéce rémanent 10 ans après le bon équi-
libre glycémique initial. Il nous paraît plus exact de dire
qu’il existe une pénalité rémanente 10 ans après un
mauvais équilibre glycémique initial. Cette héritabilité
de l’hyperglycémie est bien diérente de ce qui est
observé avec l’hypertension artérielle et l’hypercholes-
térolémie. Son explication complexe pourrait relever
d’une diérence du rôle de l’hyperglycémie dans la
pathogénie de l’athérosclérose. Si l’hyperglycémie très
élevée avec un diabète très déséquilibré est un facteur
indiscutable de dyslipidémie et de thrombose, parti-
cipant au processus athérogène, une hyperglycémie
modérée avec une HbA1c entre 6 et 8 % serait plutôt
un facteur d’artériosclérose, cest-à-dire en quelque
sorte de vieillissement artériel, avec un processus de
hyalinosclérose et de calcications de la média. On
comprend mieux alors que le processus de vieillisse-
ment accéléré soit irréversible.
Leçon n° 4
Les études ACCORD et VADT ont rappelé que l’hypo-
glycémie sévère chez les patients coronariens pouvait
comporter un risque mortel. Dans ces études, il est
dicile de savoir si l’hypoglycémie est un simple mar-
queur ou plutôt un facteur de risque. Plusieurs études
menées chez des diabétiques de type 1 ayant réalisé
de manière concomitante un holter glycémique et un
holter cardiaque ont montré que l’hypoglycémie était
responsable de troubles du rythme cardiaque et de
phénomènes ischémiques. Du coup, à la lumière de
ces données, il est indispensable de revoir les objectifs
d’HbA1c. Au début du diabète, en prévention primaire,
il paraît raisonnable de xer un objectif inférieur à 6,5 %.
Chez un diabétique ancien à haut risque cardio-vascu-
laire, ce niveau d’HbA1c ne peut être maintenu que si
les médicaments utilisés ne comportent pas de risque
d’hypoglycémie. Si on a recours à des sulfamides hypo-
glycémiants, il semble raisonnable de xer un objectif
d’HbA1c inférieur à 7 %. Avec l’insuline, lobjectif devrait
être inférieur à 7,5 %, voire à 8 %. Remarquons que dans
le groupe contrôle de létude ACCORD, qui était celui
ayant montré le plus faible taux de mortalité parmi
l’ensemble des études prospectives réalisées chez des
diabétiques de type 2, l’HbA1c était de 7,5 %.
Leçon n° 5
De façon presque étonnante, les trois études ACCORD,
ADVANCE et VADT ont montré la possibilité de stabili-
ser l’HbA1c sur plusieurs années, alors que les études
UKPDS (1) et ADOPT (8) avaient montré une aggra-
vation spontanée de l’HbA1c d’environ 0,2 point par
an sous monothérapie. En effet, ACCORD et VADT
nétaient pas des études comparant des monothéra-
pies mais des études de stratégie utilisant une escalade
thérapeutique. Les glitazones, qui ont une propriété
Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XIV - n° 3 - mars 2010
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Hyperglycémie et risque cardio-vasculaire : les données de l’evidence-based medicine
de bêta- protection actuellement bien documentée,
étaient utilisées dans 98 % des cas chez les patients de
l’étude ACCORD, dans 85 % des cas chez les patients de
l’étude VADT, mais seulement dans 17 % des cas chez
les patients de l’étude ADVANCE.
Leçon n° 6
Les études en sous-groupes n’ont montré ni risque ni
bénéce particulier d’une classe thérapeutique, en
particulier pas de rôle délétère des glitazones, ni des
sulfonylurées, ni de l’insuline, en dehors des hypogly-
cémies.
Leçon n° 7
Les grandes études néchappent pas aux biais d’interpré-
tation. Lorsqu’on compare des stratégies, on ne compare
pas des médicaments, même si on donne le nom d’un
médicament au groupe traitement intensif. De même,
lorsqu’on retient comme critère de jugement un critère
combiassociant macro- et microangiopathie, qui nest
signicativement amélioré que grâce à la réduction de
la néphropathie, il nest pas permis d’écrire que telle
stratégie (ou pis tel médicament) améliore l’ensemble
des paramètres du critère combiné.
À la recherche d’autres coupables
La responsabilide l’hyperglycémie chronique comme
facteur de risque cardio-vasculaire majeur reste donc
débattue, même si personne ne doute que le diabète
de type 2 est un facteur de risque cardio-vasculaire
majeur. Il est donc légitime de se demander si d’autres
paramètres taboliques observés au cours du diabète
ne sont pas en cause, notamment l’hyperglycémie post-
prandiale et l’insulinorésistance.
L’hyperglycémie post-prandiale
L’hyperglycémie post-prandiale est un marqueur de
risque vasculaire reconnu chez le non-diabétique et
chez le prédiabétique, mais elle nest pas un marqueur
démontré chez le patient diabétique. Bien sûr, des argu-
ments physiopathologiques montrent que l’hypergly-
cémie post-prandiale est corrélée au stress oxydant. À
notre connaissance, seules trois études d’intervention
randomisées ont permis de comparer une diérence
de glycémie post-prandiale, et plus exactement de
delta glycémique, entre les glycémies préprandiales et
post-prandiales, avec une HbA1c identique.
La première est l’étude STOP-NIDDM (9), qui a comparé
acarbose versus placebo chez des patients prédiabé-
tiques, avec une réduction importante du nombre
d’infarctus du myocarde, mais ce nétait pas l’objectif
principal de l’étude, qui était celui de la prévention du
diabète de type 2. Les glycémies post-prandiales nont
pas été mesurées ; surtout, le nombre dévénements
a étrès réduit (19 versus 1), si bien qu’il n’est pas
possible de conclure. Une étude est en cours en Chine.
Une deuxième étude a comparé le glibenclamide
(Daonil
®
) et le repaglinide (Novonorm
®
), avec une
HbA1c identique et une diérence de glycémie post-
prandiale. Sous Novonorm
®
, l’épaisseur intima-média
a signicativement moins augmenté que sous Daonil
®
.
Cependant, il ne s’agit que d’un critère de substitution
qui ne saurait en aucune façon remplacer une étude
de morbi-mortalité cardio-vasculaire (10).
Enn, l’étude Heart 2D (11), réalisée chez 1 116 patients
diabétiques de type 2 ayant fait un infarctus du myo-
carde dans les 3 semaines, n’a pas montré de dié-
rence d’événement cardio-vasculaire majeur chez les
patients traités par insuline basale, comparativement
aux patients traités par 3 injections d’insuline analogue
rapide, alors que l’HbA1c était identique dans les deux
groupes (7,8 %) et que seule la glycémie post-prandiale
diérait.
À ce jour, donc, la glycémie post-prandiale n’est pas
un facteur de risque cardio-vasculaire chez le patient
diabétique, mais seulement un marqueur chez les
non-diabétiques et chez les prédiabétiques, reétant
sûrement l’insulinorésistance.
Linsulinorésistance
L’insulinorésistance est-elle coupable ? On sait qu’elle
s’accompagne d’une hyperinsulinémie d’une part,
et d’une augmentation des acides gras libres d’autre
part, toutes deux responsables d’une dyslipidémie
avec augmentation des triglycérides, diminution du
HDL-cholestérol et augmentation des LDL petites et
denses, d’une dysfonction endothéliale, d’une tention
hydrosodée et d’une augmentation du tonus sympa-
thique participant à la pathogénie d’une hypertension
artérielle, d’un état prothrombotique avec augmenta-
tion de l’agrégation plaquettaire et augmentation du
PAI1, et, enn, d’un syndrome inammatoire et d’une
diminution de ladiponectine corrélée à la répartition
androïde des graisses. Cest pourquoi le diabétique de
type 2 est un malade vasculaire avant d’être un patient
hyperglycémique.
Pour réduire le risque cardio-vasculaire du diabète de
type 2, il faut donc :
Traiter l’insulinorésistance grâce à l’activiphysique
et aux mesures diététiques. Létude BARI 2 (12) a com-
paré de façon randomisée le traitement de première
intention par insulinosensibilisateurs (metformine et
Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XIV - n° 3 - mars 2010
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dossier thématique
Le diabète de type 2
glitazones) et le traitement par insulinoproducteurs
(sulfonylurées et insuline). Il n’y a pas eu de diérence
en termes de mortalité. En revanche, chez les patients
diabétiques à très haut risque ayant bénécié d’un
pontage coronarien, le traitement par insulinosensi-
bilisateurs s’est montré supérieur au traitement par
insulinoprotecteur en matière d’événements cardio-
vasculaires majeurs. Cependant, l’HbA1c était inférieure
de 0,5 point dans le traitement par insulinosensibili-
sateurs.
Traiter les conséquences de l’insulinorésistance,
deuxième voie, qui a d’ores et déjà fait preuve de son
ecacité. Le traitement de la dyslipidémie fait appel
en premier lieu aux statines. On attend les résultats
du bras lipidique de létude ACCORD pour savoir si
l’association statines + brate permettra de réduire
le surrisque des diabétiques de type 2. Le traitement
de la pression artérielle privilégie en première ligne
les inhibiteurs de l’enzyme de conversion associés si
nécessaire aux diurétiques thiazidiques ou aux dihy-
dropyridines, sachant qu’il faut souvent recourir à une
multithérapie antihypertensive.
Enn, le traitement antithrombotique par aspirine
a démontré son ecacité en prévention secondaire. Il
reste discuté en prévention primaire. La posologie de
l’aspirine est également discutée chez les diabétiques
de type 2.
Pour conclure, rappelons que l’étude Steno 2 (13),
réalisée chez 160 diabétiques de type 2 microalbu-
minuriques âgés de 55 ans et diabétiques depuis
8 ans, a montré une réduction du risque de 50 % de la
morbi-mortalicardio-vasculaire, grâce à un traitement
intensif de l’ensemble des facteurs de risque cardio-
vasculaire. Cependant, dans cette étude, l’objectif d’une
HbA1c inférieure à 6,5 % n’a été atteint que chez 10 %
des patients du groupe intensif dont l’HbA1c moyenne
était de 7,7 %.
Conclusion
L’hyperglycémie est le facteur causal de la microangio-
pathie. La pression arrielle joue ici un rôle aggravant.
Le rapport entre l’HbA1c et la microangiopathie est
exponentiel. Une valeur d’HbA1c inférieure à 6,5 % peut
être considérée comme un équilibre parfait, une valeur
inférieure à 7 % comme un bon équilibre, une valeur
inférieure à 7,5 % comme un équilibre acceptable, et une
HbA1c supérieure à 8 % comme un mauvais équilibre
nécessitant une révision du traitement. L’hyperglycémie
apparaît comme un facteur aggravant du risque
cardio-vasculaire. Le bénéce de son traitement est
quasi montré en pvention primaire. Chez les
patients ayant un risque cardio-vasculaire faible, l’ob-
jectif d’HbA1c est voisin de celui déni pour la microan-
gioapthie. Lorsque le patient diabétique présente un
risque cardio-vasculaire élevé ou est en prévention
secondaire, il faut éviter l’hypoglycémie, en particulier
lors du recours à l’insulinothérapie. Un objectif d’HbA1c
inférieur à 7,5 % paraît alors raisonnable.
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