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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no301 - novembre-décembre 2005
dans un deuxième temps opératoire en présence d’une métastase
médiastino-récurrentielle.
●
●Le Dr Venissac a présenté une technique de vidéomédiastino-
scopie permettant de réaliser une exploration et un évidement du
médiastin moyen dans les cancers thyroïdiens. Si cette technique
semble relativement simple, elle nécessite cependant une bonne
connaissance de la chirurgie thoracique, car, outre les risques
récurrentiels, il existe des risques de plaie vasculaire et/ou œso-
phagienne et de pneumothorax.
Traitements médicaux
●
●Le Dr Bussière a rappelé les principes de l’IRAthérapie, qui
repose sur l’administration orale d’iode 131 au cours d’une hos-
pitalisation de trois à cinq jours, après un arrêt de la lévo-
thyroxine de quatre à cinq semaines. Le délai optimal entre
l’intervention chirurgicale et l’IRAthérapie est de quatre à six
semaines. Les précautions liées à l’IRAthérapie consistent à évi-
ter une surcharge iodée au préalable (TDM injectée, etc.) et à ne
pas être enceinte avant le traitement et un an après. Les compli-
cations de l’IRAthérapie peuvent être aiguës (œdème cervical,
sialadénite, dacryocystite) ou retardées (infertilité transitoire,
hyposialie et, selon les auteurs, cancers radio-induits). Au CHU
de Nice, les indications retenues pour l’IRAthérapie dans le trai-
tement des cancers différenciés de la thyroïde sont : un patient
âgé de plus de 40 ans et/ou un cancer de plus de 1 cm et/ou une
métastase ganglionnaire ou générale. L’IRAthérapie est option-
nelle en cas de patient de moins de 40 ans et de cancer T1 ou de
microcancer inférieur à 5 mm, en l’absence de métastase gan-
glionnaire et générale.
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●Le Dr Bensadoun a présenté les indications de la radiothéra-
pie externe retenues par le groupe PACARAD dans le traitement
des cancers thyroïdiens :
–Dans les cancers différenciés, une irradiation (50 Gy en
moyenne ± champs d’électrons sur les adénopathies métastatiques
en rupture capsulaire) est réalisée dans les deux mois post-
thyroïdectomie totale si au moins trois des critères suivants sont
présents : sexe masculin, âge supérieur à 40 ans, adénopathie
métastatique en rupture capsulaire, rupture de la capsule thyroï-
dienne par le cancer, cancer classé T4. Le but de la radiothéra-
pie externe est de diminuer la récidive locorégionale.
–Dans les cancers médullaires, une irradiation est réalisée après
thyroïdectomie totale, selon les mêmes modalités que dans les
cancers différenciés, si au moins deux des critères suivants sont
présents : adénopathie métastatique en rupture capsulaire, rup-
ture de la capsule thyroïdienne par le cancer, cancer classé T3
ou T4.
–Dans les cancers anaplasiques, l’irradiation peut être réalisée
après thyroïdectomie totale ou en traitement exclusif. Si le patient
est âgé de moins de 70 ans, et en l’absence de contre-indication,
une chimiothérapie néoadjuvante par deux cycles de sels de pla-
tine (cisplatine) associés à l’adriamycine précède l’irradiation
(54 Gy en moyenne), qui est suivie de quatre cycles de chimio-
thérapie adjuvante (cisplatine + adriamycine). Si le patient est
âgé de plus de 70 ans, l’irradiation est réalisée en association
avec de l’adriamycine hebdomadaire, en l’absence de contre-
indication.
PRÉVENTION DES RISQUES
DE LA CHIRURGIE THYROÏDIENNE
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●Le Pr Dehesdin a présenté les principes du monitorage récur-
rentiel au cours de la chirurgie thyroïdienne, tout en rappelant la
place prépondérante du repérage anatomique du nerf récurrent.
La revue de la littérature ne dégage pas de consensus pour un
monitorage récurrentiel de principe. Le monitorage est option-
nel et semble donc justifié en cas de goitre plongeant, de paraly-
sie récurrentielle préopératoire, de chirurgie secondaire ou post-
radiothérapie, de curage récurrentiel ou chez l’enfant. Par ailleurs,
dans plusieurs études qui restent à confirmer, le monitorage récur-
rentiel pourrait avoir une valeur prédictive de paralysie récur-
rentielle en cas d’élévation du seuil de stimulation (supérieur à
0,8 %) entre le début du repérage et la fin de l’intervention.
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●Le Pr Périé et les Drs Ferrari, Bozec et Breuil ont abordé les
risques parathyroïdiens de la chirurgie de la thyroïde en rappe-
lant la valeur du repérage anatomique des glandes parathyroïdes,
qui, dans plus de 95 % des cas, sont au nombre de quatre (cinq
glandes ou plus dans 1,5 % des cas). Les glandes parathyroïdes
supérieures sont situées à proximité de l’articulation crico-
thyroïdienne dans 77 % des cas, et les glandes parathyroïdes infé-
rieures se situent à proximité du pôle inférieur de la thyroïde ou
dans le reliquat thymique dans 80 % des cas. L’incidence de
l’hypocalcémie postopératoire après thyroïdectomie totale est
variable selon les études, allant de 4 à 33 % pour l’hypocalcémie
transitoire et de 0 à 14 % pour l’hypocalcémie définitive. L’inté-
rêt du dosage postopératoire précoce (une heure postopératoire)
de la parathormone (PTH) a fait l’objet d’une étude prospective
sur soixante-deux patients opérés de thyroïdectomie totale. Chez
les patients ayant présenté une hypocalcémie postopératoire
(25,8 %), la PTH précoce était toujours inférieure à 16 pg/ml. La
sensibilité et la spécificité du dosage précoce de la PTH étaient
respectivement de 100 % et 71,7 %. De plus, les valeurs prédic-
tives négative et positive du dosage précoce de la PTH étaient
respectivement de 100 % et 55,2 %. En conclusion, ces résultats
méritent une confirmation, mais ils suggèrent que, en présence
d’une PTH inférieure à 16 pg/ml, une heure après thyroïdecto-
mie totale, le risque d’hypoparathyroïdie est suffisamment élevé
pour qu’une supplémentation calcique précoce soit proposée.
D’après la littérature, l’hypoparathyroïdie à long terme ne semble
pas augmenter le risque d’ostéoporose, mais elle semble s’accom-
pagner d’une atteinte neurologique (principalement des crises de
tétanie) peu régressive lors de la supplémentation calcique, ce
qui pourrait faire discuter une supplémentation en PTH en cas
d’atteinte neurologique sévère.
SURVEILLANCE
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●Le Dr Brucker-Davis a rappelé la nécessité d’une surveillance
à vie des patients atteints de cancers thyroïdiens différenciés et
a présenté les objectifs de cette surveillance :
–découvrir aussi précocement que possible la présence d’une
maladie persistante ou d’une rechute, ce qui en permettra un trai-
tement efficace, qui pourra améliorer l’espérance de vie ;
–s’assurer que le patient est traité par la dose de lévothyroxine