Récupération rapide après chirurgie Réhabilitation périopératoire et multidisciplinarité sont les deux lignes de force de ce premier ouvrage en langue française consacré à la récupération rapide après une intervention chirurgicale. La chirurgie est, aujourd’hui encore, potentiellement associée à un certain nombre de complications postopératoires qui, si elles n’engagent pas inéluctablement le pronostic vital, retardent dans de nombreux cas la récupération postopératoire. La douleur est au nombre de ces complications ; elle prolonge la durée de convalescence, retarde une bonne récupération fonctionnelle et peut être source de séquelles fonctionnelles parfois définitives : syndromes douloureux chronicisés, enraidissement articulaire... En s’interrogeant sur le fait qu’une intervention techniquement réussie peut aboutir à un résultat défavorable pour le patient, Henrik Kehlet, chirurgien danois et pionnier de l’analgésie multimodale puis de la réhabilitation postopératoire, posait, il y a près de dix ans, la véritable question de fond. L’objectif est donc d’optimiser le résultat de la chirurgie et d’en tirer le meilleur bénéfice en créant l’environnement péri-opératoire adapté. Cette phase est, de fait, de la responsabilité de chacun, anesthésiste, chirurgien, rééducateur, infirmier, kinésithérapeutes, etc., sans omettre un environnement administratif et organisationnel favorable. La qualité de l’analgésie, multimodale, joue un rôle majeur qui doit s’intégrer dans un concept plus global de récupération postopératoire. L’analgésie représente l’un des éléments d’une prise en charge extrêmement active des patients opérés dans le but de hâter leur réhabilitation fonctionnelle : information préalable, réflexion personnalisée sur les stratégies et techniques chirurgicales, mobilisation rapide, kinésithérapie active, ablation précoce des drains et de la sonde gastrique, nutrition entérale précoce, oxygénothérapie et finalement, réduction volontariste de la durée d’hospitalisation… L’utilisation d’objectifs quantifiables précis, qui permettent d’évaluer et d’adapter en permanence chacun de ces éléments, est recommandée, dans le cadre d’une procédure d’assurance qualité. Ainsi peuvent être résumés les objectifs de cet ouvrage qui réunit, traités par des auteurs d’horizons et d’environnements divers, les différents aspects de la récupération rapide après chirurgie (RRAC). Saluons ici l’initiative des laboratoires GrünenthalFrance, à l’origine du groupe de travail multidisciplinaire et médico-chirurgical qui constitue le comité de rédaction de cet ouvrage original. E. Viel, J.J. Eledjam DEQUAD RRAC : récupération rapide après chirurgie, ouvrage collectif coordonné par E. Viel et J.J. Eledjam, Paris : Arnette, 2007:290 p. La voie pulmonaire pour l’administration d’opioïdes La délivrance d’opioïdes pour le traitement des accès douloureux paroxystiques (ADP) peut s’envisager par la voie pulmonaire. L’efficacité de cette voie repose sur le fait que les petites molécules peuvent passer rapidement et être complètement absorbées en périphérie pulmonaire. La littérature est riche de publications pour le traitement de la dyspnée, mais peu concernent la prise en charge des ADP. Morphine et fentanyl ont été évalués en administration pulmonaire, soit pour les douleurs postopératoires soit pour les douleurs cancéreuses. Cette revue de la littérature recense les dernières publications sur la pharmacocinétique et la pharmacodynamie des opioïdes inhalés, avec une discussion sur l’efficacité et la tolérance comparativement aux voies injectables ou orales déjà disponibles. Revue de presse Revue de presse L. Labrèze, F. Lakdja Farr SJ, Otulana BA. Pulmonary delivery of opioids as pain therapeutics. Adv Drug Deliv Rev 2006; 58(9-10):1076-88. Tablette buccale de fentanyl pour les ADP : essai contrôlé Les accès douloureux paroxystiques (ADP) requièrent des formes rapides de délivrance des opioïdes. Plusieurs voies de recherche sont en cours. Beaucoup d’ADP sont trop courts dans leur déroulement pour miser sur une efficacité des opioïdes par voie orale. Il est clair que les 5 premières minutes sont cruciales. Cet essai randomisé, en double aveugle contre placebo a évalué l’efficacité et la tolérance de la délivrance de fentanyl transmuqueux buccal sous forme de tablettes pour le traitement d’ADP de patients cancéreux. Soixante-dix-sept patients ont été retenus. Toutes les mesures indiquent clairement une efficacité de cette méthode de délivrance par rapport au placebo, en termes de délai, de durée d’action et de sécurité. Les effets indésirables ont été ceux retrouvés classiquement pour ce type de traitement. Seuls 2 patients ont eu une mauvaise tolérance buccale. Toutes les voies sont actuellement explorées pour offrir aux patients un large éventail de méthode de délivrance acceptables et efficaces. Toutes les voies buccales posent le proLe Courrier de l’algologie (6), n° 1-2, janvier-juin 2007 33 Revue de presse Revue de presse Perspectives des biphosphonates Cette revue reprend les données d’efficacité et de tolérance des bisphosphonates dans le traitement des métastases osseuses ainsi que leurs possibles indications. Les essais cliniques de phase III du clodronate et du pamidronate ont établi leur efficacité sur les complications osseuses des cancers du sein et des myélomes multiples, alors que les essais randomisés ont montré des réductions des effets indésirables osseux avec l’acide zolédronique dans le cancer du sein, le myélome multiple, les cancers de la prostate, le cancer du poumon ainsi que d’autres types de tumeurs pleines. Ces bisphosphonates ont également un certain effet sur la douleur osseuse métastatique. L’ibandronate est un nouvel aminobisphosphonate, disponible dans plus de 40 pays en dehors des États-Unis en formulations intraveineuses et orales pour la prévention des effets indésirables osseux chez les patients porteurs de métastases de cancer osseux ou mammaire. Les études de phase III ont prouvé que l’ibandronate par voie injectable et orale a une efficacité pour la réduction des douleurs osseuses métastatiques. Outre leur efficacité, la tolérance à long terme des bisphosphonates dans les métastases osseuses influence le choix des médicaments. Les données récentes suggèrent que les bisphosphonates ont également une activité adjuvante pour la prise en charge des ostéopénies induites par les traitements anticancéreux. L. Labrèze, F. Lakdja Body JJ. Bisphosphonates for malignancy-related bone disease: current status, future developments. Support Care Cancer 2006;14:408-18. 34 blème de la sécheresse secondaire à ces produits qui, dans certains cas, empêche toute utilisation. L. Labrèze, F. Lakdja Portenoy RK, Taylor D, Messina J, Tremmel L. A randomized, placebo-controlled study of fentanyl buccal tablet for breakthrough pain in opioid-treated patients with cancer. Clin J Pain 2006;22:805-11. La dexaméthasone pour la prophylaxie des douleurs après radiothérapie La dexaméthasone peut être utilisée comme adjuvant prophylactique pour diminuer les douleurs fulgurantes induites par la radiothérapie locale de métastases osseuses.Trente-trois patients ont été inclus dans cette étude et traités par des doses uniques de 8 Gy pour une métastase osseuse, avec 8 mg de dexaméthasone avant l’irradiation. La survenue de douleurs fulgurantes et leur nombre ont été notés pendant 10 jours, observation complétée par un Brief Pain Inventory en début en et fin d’essai. La demi-vie de la dexaméthasone est comprise entre 36 et 54 heures. La tolérance a été bonne à ces doses. Résultats : un seul patient a présenté une douleur dans les deux premiers jours ayant suivi l’irradiation. Le faible nombre de sujets demande des compléments d’investigations randomisés. L. Labrèze, F. Lakdja Chow E, Loblaw A, Harris K, Doyle M et al. Dexamethasone for the prophylaxis of radiation-induced pain flare after palliative radiotherapy for bone metastasesA pilot study. Support Care Cancer 2007;Jan 23 [Epub ahead of print]. Samarium et douleurs osseuses métastatiques Le samarium est un radioélément indiqué et utilisé pour les métastases osseuses, vecteur d’un radioisotope (émetteur γ et β) se concentrant au niveau des métastases osseuses (liaison à l’hydroxyapatite). Les concentrations y sont 5 à 6 fois supérieures à celles présentes dans les tissus sains. L’irradiation délivrée (β–) sélectivement au niveau des métastases osseuses permet d’observer un effet antalgique dans la semaine qui suit l’injection, qui peut persister de 4 semaines à 4 mois (d’après BIAM). Quatre-vingt-cinq pour cent de l’activité injectée sont éliminés du compartiment sanguin en 30 minutes. La fixation osseuse moyenne chez des patients présentant des tumeurs malignes primitives est voisine de 65 % de l’activité injectée. La demivie radioactive du samarium est d’environ 46 heu- Le Courrier de l’algologie (6), n° 1-2, janvier-juin 2007 res. Il n’est pas métabolisé, et son élimination est principalement rénale : 35 % de l’activité injectée sont éliminés dans les urines en 12 heures (d’après BIAM). Dans cette étude, 202 patients ont bénéficié d’injections répétées de lexidronam (entre 2 et 3) à la dose de 1 mCi/kg par injection. L’effet secondaire le plus fréquent était une thrombopénie, maximale 4 semaines après l’injection, avec un retour aux valeurs normales après 8 semaines pour 90 % des patients. Les scores douleur sont significativement diminués à 4 semaines après 2 ou 3 injections. L’utilisation répétée (2 à 3 injections) en 4 semaines semble donc efficace et sûre à la dose de 1 mCi/kg, à condition de fonctions hématologiques normales au moment des injections. L. Labrèze, F. Lakdja Sartor O, Reid RH, Bushnell DL, Quick DP, Ell PJ. Safety and efficacy of repeat administration of samarium Sm-153 lexidronam to patients with metastatic bone pain. Cancer 2007;109(3):637-43. Place du fentanyl transdermique dans les recommandations : une étude italienne Toutes les recommandations, en particulier celles de l’OMS, précisent que la voie orale est la voie préférentielle de mise en route d’un traitement opioïde. Le fentanyl transdermique (FT) est considéré comme une alternative de rotation ou comme la solution de choix pour les patients ne pouvant pas utiliser la voie orale. Cette étude italienne a recherché les raisons par lesquelles le FT est souvent utilisé en première intention. L’étude rétrospective a porté sur 98 dossiers de patients, 63 en unité de soins palliatifs et 35 en unité d’oncologie médicale. Avant la mise en place du FT, les médicaments le plus souvent en place étaient des AINS et du tramadol. En accord avec les recommandations, la rotation était considérée comme inappropriée dans 29 % des cas de patients en unité de soins palliatifs et pour 53 % des patients d’oncologie. Les conclusions ne remettent pas en cause les recommandations, mais la facilité d’utilisation des patchs fait qu’ils sont de plus en plus utilisés chez des patients naïfs d’opioïdes. L. Labrèze, F. Lakdja Ripamonti C, Fagnoni E, Campa T, Brunelli C, de Conno F. Is the use of transdermal fentanyl inappropriate according to the WHO guidelines and the EAPC recommendations? A study of cancer patients in Italy. Support Care Cancer 2006;14:400-7 [Epub 2006, Feb 17].