
relationnel, familial et scolaire (ce dont
personne ne doute).
2. On prend 488 enfants entre sept et
dix-sept ans, qui viennent de six Etats
différents des Etats-Unis, qui sont trai-
tés pendant douze semaines, qui souf-
frent tous d’une anxiété modérée à sé-
vère de type anxiété de séparation,
anxiété généralisée ou phobie sociale.
Beaucoup souffrent d’une
« comorbidité », avec une anxiété liée à
un THADA ou à des problèmes d’ap-
prentissage.
On constitue quatre groupes que l’on va
traiter différemment : le premier grou-
pe reçoit une thérapie comportementa-
le et cognitive (x séances) [CBT] ; le se-
cond reçoit un traitement par Zoloft
®
,
seul IRSS (inhibiteur de recaptage spé-
cifique de la sérotonine) qui a l’AMM
chez l’enfant, grâce notamment à sa for-
me 25 mg. C’est usuellement un antidé-
presseur, mais le laboratoire veut le po-
sitionner pour son action anxiolytique
chez l’enfant, l’anxiété de l’enfant ayant
peut-être (dans certains cas) une origi-
ne dépressive ; le troisième groupe re-
çoit un CBT et du Zoloft
®
; le quatrième
reçoit un placebo (du sucre).
Résultats : 60 % de réussite dans le pre-
mier groupe, 55 % dans le deuxième,
81 % dans le troisième, 24 % dans le
quatrième.
Les auteurs constatent également que le
Zoloft
®
ne donne pas davantage d’effets
secondaires que le placebo.
L’option d’emblée médicamenteuse
n’est pas dans les habitudes françaises.
Chez l’enfant, le traitement médica-
menteux sera instauré en cas d’échec
des autres modes d’abord ; il est consi-
déré comme visant à atténuer une dou-
leur psychique invalidante, pour le
temps où l’abord psychothérapique se
met en place.
Après avoir lu cette étude, qui résistera
à la prescription qui donnerait au pa-
tient les meilleures chances de guérir ?
A court terme, avouons-le, ce type de
démarche de soins est très efficace.
Mais il faut toujours chez l’enfant pen-
ser à long terme, sauf si l’on recherche
une efficacité immédiate et symptoma-
tique.
ORIENTATIONS
THÉRAPEUTIQUES
L’ANXIÉTÉ RÉACTIONNELLE
Elle relève du domaine du pédiatre, qui
connaît la famille et prend du temps,
car la parole, la réassurance, la mise en
liens (« C’est parce que vous venez
d’avoir un bébé, que votre mari ne vous
aide pas suffisamment et que vous avez
moins de temps à consacrer à votre en-
fant qu’il ressent cette angoisse de sépa-
ration qui augmente »), l’explication
provenant d’un tiers, médecin qui ne
fait pas partie de la famille, mais en qui
elle a confiance, sont d’une grande aide.
L’ANXIÉTÉ DE SÉPARATION
PERSISTANTE
Elle nécessite souvent qu’on aborde de
manière plus globale le fonctionnement
familial et les dysfonctionnements, qui
quelquefois sont insolubles : absence de
père ou père absent ; enfant en fusion
avec la mère depuis la petite enfance
(cet enfant reste pour elle un soutien,
un consolateur, un petit défenseur
« contre le père »). Un suivi individuel
est à associer au suivi familial.
LES PHOBIES SCOLAIRES
La difficulté est plus grande, car soit la
phobie est brève et correspond à des
difficultés réactionnelles, soit elle est
plus forte, plus tenace, au premier
abord incompréhensible, et l’hospitali-
sation est alors parfois nécessaire, afin
que l’hôpital prenne une place tercei-
sante dans le lien fusionnel mère-enfant
(l’enfant ne veut pas aller à l’école pour
ne pas quitter sa mère) et impose à l’en-
fant la loi manquante du père. C’est cet-
te configuration qui permet à l’enfant
(qui craint une réhospitalisation qui
mettrait un terme à sa toute-puissance)
de reprendre l’école.
L’ANGOISSE DE
DÉPERSONNALISATION
Elle est d’un autre ordre. Il s’agit d’un mo-
ment où les parents parlent de « disjonc-
tage », de « possession », d’impression de
« deux personnes ». Ces épisodes sont
considérés aujourd’hui comme compor-
tant un risque d’être un mode d’entrée
dans la schizophrénie infantile très pré-
coce, car l’enfant manifeste une dissocia-
tion de ses contenus psychiques, dont il
ne parvient plus dans ces moments-là à
maintenir l’unité. Un suivi pédopsychia-
trique est nécessaire, et le consensus se
dirige aujourd’hui vers la mise en place
d’un traitement précoce psychothéra-
pique et/ou médicamenteux. On estime
que la prolongation d’un vécu altérant
son rapport à la réalité est un élément
pronostique négatif, d’où l’importance de
ne pas banaliser ces épisodes.
LES ATTAQUES DE PANIQUE
Dans ces manifestations, la symptoma-
tologie disparaît au bout de quelques
semaines de traitement avec un antidé-
presseur de type IRSS (la paroxétine est
le traitement de choix, mais il n’a pas
l’AMM chez l’enfant, et le Zoloft
®
à 25,
50 ou 75 mg est le traitement le plus
souvent prescrit). Cela ne dispense pas
d’un suivi psychothérapique, mais ce
sont généralement des patients qui ont
du mal à parler, sauf de leurs crises. On
retrouve souvent, à l’origine de ces at-
taques (sans que le patient lui-même
fasse le lien), un événement trauma-
tique de type deuil, perte, rupture,
contrariété refoulée.
CONCLUSION
L’angoisse est, chez l’enfant, un symptô-
me à la fois fréquent et polysémique. Il
vaut toujours mieux en rechercher le
sens que de masquer la souffrance par
un médicament dont l’effet ne va durer
que le temps de sa prise.
L’angoisse prend des formes différentes
selon les problèmes sous-jacents de per-
sonnalité. Mais elle peut aussi évoluer
dans sa symptomatologie au cours de la
vie de l’enfant. Chez le même enfant, on
peut voir des phobies succéder à des at-
taques de panique, puis être suivies,
quelques années plus tard, de somatisa-
tions ou d’angoisses de dépersonnalisa-
tion. L’important est toujours d’aider le
patient à établir des liens au long cours,
à avoir, plutôt qu’un médicament, des
Médecine
& enfance
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