Thromboses et hémopathies malignes dossier La thrombose dans le myélome multiple Thrombosis in multiple myeloma G. Fouquet*, L. Renaud*, E.M. Boyle*, B. Carpentier*, A. Simonnet*, Z. Van de Wyngaert*, X. Leleu* RÉSUMÉ particulier sont associés à un risque accru d’événements thromboemboliques, particulièrement veineux. Ce risque est lié à une physiopathologie complexe, faisant intervenir un état inflammatoire, une hypercoagulabilité, ainsi que des lésions endothéliales. Les chimiothérapies, et notamment les IMiD (molécules immunomodulatrices) comme le thalidomide, le lénalidomide et, plus récemment, le pomalidomide, peuvent entraîner une majoration supplémentaire de l’incidence de thrombose, avec des conséquences parfois sévères en termes de morbi-mortalité. Ce risque est plus élevé au diagnostic qu’à la rechute, et surtout lorsque ces molécules sont utilisées en association (notamment avec la dexaméthasone). Des recommandations sont nécessaires concernant la prise en charge de ces thromboses dans le MM. Ainsi, la prophylaxie thromboembolique n’est pas recommandée dans tous les cas de MM, mais son utilisation doit être systématique avec l’utilisation des IMiD. Cette pratique a permis de diminuer, mais non de supprimer, le risque de survenue de thromboses chez les patients souffrant d’un MM. La persistance d’une incidence non nulle de ces complications rend nécessaire l’amélioration des pratiques, en ce qui concerne l’évaluation du risque individuel ainsi que les traitements actuellement utilisés, grâce notamment à une meilleure compréhension des mécanismes physiopathologiques. Summary » Les néoplasies en général et le myélome multiple (MM) en Mots-clés : Myélome multiple − IMiD − Thrombose. L’ * Service des maladies du sang, hôpital ClaudeHuriez, CHRU de Lille. 62 association entre thrombose et cancer est connue depuis longtemps. En 1865, Armand Trousseau fut ainsi le premier médecin à décrire un lien entre thrombose et cancer en autopsiant des patients thrombotiques chez qui il trouvait, post mortem, la tumeur responsable. Il donna son nom au “syndrome de Trousseau”, qui désigne les pathologies thrombotiques paranéoplasiques. Ironiquement, il mourut d’un cancer gastrique qu’il s’était auto-diagnostiqué à la suite de l’apparition d’une thrombose veineuse du membre supérieur qui lui avait fait prononcer ces mots célèbres : “Je suis perdu, une phlébite qui vient de se Neoplasia, and amongst them multiple myeloma (MM), are associated with an increased risk of thromboembolic events, especially of the venous kind. This risk is related to complex mechanisms, involving inflammation, hypercoagulability, and endothelial damage. Chemotherapies, including IMiD (immunomodulatory drugs) such as thalidomide, lenalidomide, and more recently pomalidomide, can cause an additional increase of incidence of thrombosis, which can lead to severe consequences for the patients. This risk appears to be higher in newly diagnosed MM, and when IMiD are used with other chemotherapies and especially dexamethasone. Guidelines for the management of these thromboses are necessary. Antithrombotic prophylaxis is not mandatory for all cases of MM, but has to be systematic when IMiD are prescribed. This has enabled a decrease, but not the suppression, of the risk of thrombosis in patients with MM. These complications remain a matter of concern and there is a great need for improvement in the management of MM-associated thromboses, in terms of individual risk assessment and of treatment, thanks to a better understanding of the underlying mechanisms. Keywords: Multiple myeloma − IMiD − Thrombosis. déclarer cette nuit ne me laisse plus aucun doute sur la nature de mon mal.” Les événements thromboemboliques veineux profonds (thrombose veineuse profonde et embolie pulmonaire) représentent une situation pathologique préoccupante. L’embolie pulmonaire est en effet la troisième cause de décès de cause cardiovasculaire, après les accidents vasculaires coronaires et cérébraux (1). Or 20 % de ces événements surviennent dans un contexte néoplasique. Si le risque de thrombose − essentiellement veineuse − est augmenté de 4 à 6 fois dans les cancers (2, 3), il peut être augmenté jusqu’à plus de 20 fois dans certaines Correspondances en Onco-Hématologie - Vol. IX - n° 2 - mars-avril 2014 La thrombose dans le myélome multiple hémopathies malignes (4). Les thromboses sont alors liées à l’hémopathie elle-même (fréquemment les syndromes myéloprolifératifs [SMP] ou le myélome multiple [MM]) ou à ses traitements (tels que la L-asparaginase ou les IMiD, molécules immunomodulatrices). Sur le plan physiopathologique, les événements thromboemboliques veineux sont déclenchés par l’association de 3 éléments présents dans tous les cancers, à des degrés divers : ✓ une stase veineuse ; ✓ une hypercoagulabilité ; ✓ des lésions endothéliales. On parle de triade de Virchow. Aujourd’hui, l’estimation du risque thrombotique conditionne la prise en charge des patients atteints d’un cancer, et cela s’applique tout particulièrement à la prise en charge thérapeutique du MM. Cette estimation doit prendre en compte les facteurs de risque liés au patient, à sa maladie, ainsi qu’à son traitement afin de déterminer la meilleure approche prophylactique, l’évaluation du risque participant également pleinement à la décision et à l’éducation thérapeutique des patients (5). Dans cet article vont être abordées les caractéristiques ainsi que la prise en charge des thromboses dans le cas particulier du MM, et plus spécifiquement de celles liées à l’utilisation de la classe thérapeutique des IMiD, tels que le lénalidomide, le thalidomide et plus récemment le pomalidomide. Épidémiologie et physiopathologie Incidence des thromboses Les patients atteints de MM présentent un risque accru de thromboses par rapport à la population générale. L’incidence des événements thromboemboliques veineux se rapproche en effet de 10 % depuis l’introduction des IMiD (6), allant même jusqu’à 30 à 50 % en l’absence de prophylaxie adaptée. Une partie de ce risque semble intrinsèquement lié à la pathologie plasmocytaire, puisque l’on retrouve également une augmentation du risque thromboembolique dans les gammapathies monoclonales de signification indéterminée (Monoclonal Gammopathy of Undetermined Significance [MGUS]) avec une incidence pouvant aller jusqu’à 7,5 % (7, 8), ce qui suggère un rôle indépendant de l’isotype de l’immunoglobuline monoclonale (IgG ou IgA). Cette incidence est donc équivalente à celle rapportée dans le MM, traduisant que la survenue d’un événement thrombotique n’est pas uniquement associée à la progression en MM (9). Depuis l’avènement du thalidomide dans le MM, une augmentation franche de l’incidence des compli- Correspondances en Onco-Hématologie - Vol. IX - n° 2 - mars-avril 2014 cations thromboemboliques veineuses, et dans une moindre mesure artérielles, a été constatée (10). Cela s’est confirmé avec le développement des autres IMiD, ce qui suggère un effet de classe, et a contribué à placer le MM traité par IMiD en tête de liste des situations à risque thrombotique en hématologie. Physiopathologie des thromboses La physiopathologie de ces événements est multifactorielle et résulte de mécanismes complexes. Le composant monoclonal, d’une part, est responsable d’une dysfonction plaquettaire qualitative, avec en particulier une majoration des capacités d’adhésion et d’agrégation (11), ainsi qu’une altération de l’assemblage de la fibrine via l’augmentation des protofibrilles de fibrine (12). Cette thrombopathie peut être majorée par les IMiD, en raison du relargage d’enzymes contenues dans les granulations azurophiles des promyélocytes, ces derniers s’accumulant en raison du blocage de maturation granulocytaire induit par le lénalidomide (13). Par ailleurs, on observe dans le MM un taux élevé de microparticules transportant le facteur tissulaire, et l’absence de normalisation de ce taux sous traitement favorise la survenue d’une thrombose (14). D’autre part, la cellule tumorale elle-même joue un rôle néfaste, par son interaction avec les cellules du microenvironnement et notamment avec les cellules endothéliales (6, 15). Cette interaction entraîne le relargage de cytokines pro-inflammatoires (TNF, IL-1, IL-6), et participe à l’instauration d’un état d’hypercoagulabilité via l’augmentation de facteurs procoagulants tels que le facteur VIII et le facteur de von Willebrand − dans un contexte de néovascularisation induite par la tumeur, à laquelle participe également l’élévation du VEGF − et via des phénomènes de résistance acquise à la protéine C activée (15). Ces phénomènes sont majorés par le thalidomide et le lénalidomide, en particulier dans les 2 premiers mois de traitement (16). Les IMiD entraînent également une diminution de la thrombomoduline soluble (17) et une augmentation de l’expression de protéines prothrombotiques à la surface des cellules endothéliales (notamment PAR-1 [Protease-Activated Receptor 1], récepteur à la thrombine responsable de l’activation des plaquettes) [18]. Par ailleurs, la dexaméthasone et la doxorubicine favorisent l’expression de molécules d’adhésion (ICAM1, VCAM-1, E-sélectine), altérant par ce biais la voie de coagulation intrinsèque (19). Les fortes doses de dexaméthasone sont également responsables d’un effet antifibrinolytique (20), une altération de la fibrinolyse étant également constatée dans les premiers mois d’un traitement par IMiD (21). 63 Thromboses et hémopathies malignes dossier Les auto-anticorps peuvent participer à ces phénomènes procoagulants, par leur activité non spécifique (lupus-anticoagulant-like, IgGκ et IgMλ, chaînes légères) ou spécifique (antiprotéine S, antiprotéine C) [22]. Les anomalies constitutionnelles de l’hémostase, en revanche, semblent jouer un rôle marginal dans ce contexte. Incidence des événements thromboemboliques associés aux IMiD IMiD en monothérapie Utilisés en monothérapie, les IMiD (thalidomide, lénalidomide ou pomalidomide) ne sont pas responsables d’une majoration importante du risque thromboembolique, avec une incidence souvent proche de 5 % (tableau I). Cependant, bien que relativement basse, cette incidence d’événements thromboemboliques n’est pas négligeable et n’est jamais nulle, ce qui justifie l’utilisation systématique d’une prophylaxie. IMiD en association Le risque thrombotique est surtout présent lorsque les IMiD sont utilisés en association, historiquement avec de fortes doses de dexaméthasone mais également avec de faibles doses, des anthracyclines ou d’autres chimiothérapies (tableau II), en particulier chez des patients nouvellement diagnostiqués. L’incidence d’événements thromboemboliques veineux peut ainsi aller jusqu’à 30 % sans prophylaxie, alors que cette dernière permet de faire baisser ce chiffre en dessous de 10 %, voire 5 %, sans toutefois disparition totale du risque (15, 18). Ce risque est surtout élevé dans les 2 à 3 premiers mois qui suivent l’introduction du traitement, mais peut persister parfois pendant plusieurs années chez les patients traités par IMiD au long cours (32, 33). Il est à noter que si les thromboses veineuses restent la complication la plus fréquente, le risque de thrombose artérielle existe également. Pas d’effet protecteur du bortézomib Une revue d’études de phase III combinant le bortézomib avec un IMiD (thalidomide ou lénalidomide) avait suggéré un effet protecteur du bortézomib (52), mais cette observation a été infirmée par d’autres travaux retrouvant un risque thrombotique élevé avec le bortézomib, en dépit d’une prophylaxie (53, 54). Dans l’étude randomisée de phase III de l’IFM 2005-04, comparant l’association bortézomib-thalidomide-dexaméthasone (VTD) à celle du thalidomide-dexaméthasone (TD) chez des patients atteints d’un MM en rechute ou réfractaire, L. Garderet et al. (53) ont retrouvé une incidence d’événements thromboemboliques de 7,4 % avec VTD et de 8,9 % avec TD, sous prophylaxie par héparine de bas poids moléculaire (HBPM) à dose préventive. Tableau I. Incidence des événements thromboemboliques veineux chez les patients traités par IMiD en monothérapie. Étude Phase Nombre Incidence d’événements Références de patients thromboemboliques (%) Thalidomide en monothérapie Au diagnostic • Sans prophylaxie II 31 3 Rajkumar (2003) [23] • Prophylaxie : HBPM/AVK II 28 4 Weber (2003) [24] II 75 à 169 0-4 Barlogie (2001) [25], Neben (2002) [26], Mileshkin (2003) [27] III 231 à 307 1-6 Attal (2012) [28], McCarthy (2012) [29] II 27 0 Richardson (2002) [30] I 45 12,5 En rechute ou réfractaire • Sans prophylaxie Lénalidomide en monothérapie Au diagnostic • Sans prophylaxie En rechute ou réfractaire • Sans prophylaxie Pomalidomide en monothérapie En rechute ou réfractaire • Sans prophylaxie Schey (2011) [31] AVK : antivitamine K ; HBPM : héparine de bas poids moléculaire. 64 Correspondances en Onco-Hématologie - Vol. IX - n° 2 - mars-avril 2014 La thrombose dans le myélome multiple Tableau II. Incidence des événements thromboemboliques veineux chez les patients traités par IMiD en association. Étude Phase Nombre Incidence d’événements Références de patients thromboemboliques (%) Thalidomide + dexaméthasone Au diagnostic • Sans prophylaxie II 19 26 II-III 71 à 102 16-17 Rétro/II 45 à 120 2-8 • Prophylaxie : HBPM/AVK dose curative En rechute ou réfractaire • Sans prophylaxie Cavo (2004) [34] Cavo (2004) [34], Rajkumar (2006) [35] Osman (2001) [10], Anagnostopoulos (2003) [36], Palumbo (2004) [37] Thalidomide + alkylant (melphalan) ± prednisone Au diagnostic • Sans prophylaxie II-III 125-129 12-17 III 65 3 Rétro 27 11 (+ Dex) • Sans prophylaxie II 53 à 119 4-7 • Prophylaxie : AVK II 52 11,5 • Prophylaxie : HBPM Palumbo (2006) [38], Facon (2007) [39] Palumbo (2006) [38] Thalidomide + alkylant (cyclophosphamide) Au diagnostic • Sans prophylaxie Wu (2006) [40] En rechute ou réfractaire Moehler (2001) [41], Dimopoulos (2004) [42], Garcia-Sanz (2004) [43] Kyriakou (2005) [44] Thalidomide + association contenant une anthracycline Au diagnostic • Sans prophylaxie II-III 31 à 162 6-34 Zangari (2001) [32], Zervas (2004) [45], Barlogie (2006) [46] Rétro/II 19 à 192 16-58 II 58 19 Zangari (2002) [47], Urbauer (2002) [48], Baz (2005) [49] Baz (2005) [49] En rechute ou réfractaire • Sans prophylaxie • Prophylaxie : aspirine Lénalidomide + dexaméthasone faible dose Au diagnostic • Sans prophylaxie III 222 8 Rajkumar (2010) [50] • Prophylaxie : aspirine III 222 5 Rajkumar (2010) [50] 14 Morgan (2007) [51] Lénalidomide + cyclophosphamide + dexaméthasone faible dose En rechute ou réfractaire • Prophylaxie : aspirine/HBPM/AVK II 21 Lénalidomide + bortézomib + dexaméthasone faible dose En rechute ou réfractaire • Sans prophylaxie I 28 0 Richardson (2005) [52] II 60 0 Lacy (2011) [53] Pomalidomide + dexaméthasone En rechute ou réfractaire • Prophylaxie : aspirine AVK : antivitamine K ; HBPM : héparine de bas poids moléculaire ; Rétro : étude rétrospective. Correspondances en Onco-Hématologie - Vol. IX - n° 2 - mars-avril 2014 65 Thromboses et hémopathies malignes dossier Conséquence des thromboses Une étude rétrospective suédoise réalisée sur près de 10 000 patients atteints d’un MM avait montré que la survenue d’événements thromboemboliques était associée à une survie plus courte chez ces sujets, avec une augmentation du risque de décès lié aux thromboses veineuses (HR = 2,9 ; IC95 : 2,4-3,5 ; à 1 an) comme aux thromboses artérielles (HR = 3,4 ; IC95 : 3-3,8 ; à 1 an) [57]. Cependant, cela n’a pas été retrouvé dans d’autres études et il ne semble globalement pas exister d’impact des complications thromboemboliques sur l’évolution du MM, avec une survie sans progression et une survie globale similaires entre les patients ayant présenté ces complications et ceux n’ayant pas développé de thrombose (58). Facteurs de risque Facteurs de risque classiques D’après les recommandations de l’IMWG (33, 57), il est primordial d’évaluer, pour chaque patient, le niveau de risque de thrombose sous IMiD, qui doit prendre en compte les facteurs de risque thromboembolique liés aux caractéristiques individuelles du patient, de la pathologie, ainsi qu’aux traitements (tableau III). Cette estimation du risque guide la conduite à tenir, qui doit être personnalisée. On peut également distinguer les facteurs de risque selon leur caractère temporaire (chirurgie, immobilisation, masse tumorale, etc.) ou permanent (hypertension artérielle, obésité, dyslipidémie, diabète, tabac, thrombophilie, etc.). Rôle de l’érythropoïétine On a suspecté l’érythropoïétine (EPO) de majorer le risque thrombotique, en raison de sa capacité à augmenter l’expression du facteur tissulaire (60) et à entraîner un état hypofibrinolytique (61). Plusieurs études ont conforté cette suspicion (62, 63), même si ce risque n’a pas été retrouvé dans toutes les séries, certaines suggérant que le risque de thrombose lié à l’EPO n’était présent qu’en cas de taux d’hémoglobine supérieur à 13 g/dL (64). Les experts s’accordent sur la nécessité d’une prophylaxie thromboembolique efficace chez les patients sous EPO, de préférence à l’aide d’HBPM. Perspectives Les recherches actuelles portent sur la mise en évidence de facteurs de risque de susceptibilité génétique. Il est intéressant à ce titre de noter que l’incidence des thromboses semble très faible en Asie. Une étude a suggéré un impact péjoratif de mutations de type SNP (Single Nucleotide Polymorphism) sur le gène de NF-κB1 (facteur de transcription impliqué dans la réponse inflammatoire, mais également dans la progression de tumeurs) et de CDKN1A (qui joue un rôle majeur dans la réponse aux dommages de l’ADN) [19]. En revanche, les taux de protéine C réactive (CRP) ou de thrombomoduline ne prédisent pas le développement de thrombose, et aucun des patients de cette étude n’était porteur d’une mutation du facteur V de Leiden ou du facteur II G20210A (19). Prise en charge Prise en charge préventive Il est actuellement recommandé de prescrire une prophylaxie thromboembolique veineuse de façon systématique pour les patients traités par IMiD pour un MM, indépendamment de l’âge, de la ligne de traitement, de la masse tumorale, des facteurs pronostiques de la maladie ou encore de la fonction rénale (33, 65). Cette recommandation est également valable en cas d’utilisation d’un IMiD en monothérapie, même si ce point reste encore discuté. Molécules utilisables en prophylaxie Concernant la prophylaxie à utiliser, 3 options sont possibles : l’aspirine à la dose de 75 à 325 mg/j, les HBPM à dose préventive, ou les antivitamines K (AVK) à dose curative (INR cible entre 2 et 3). Le rôle préventif de l’aspirine sur la survenue d’une thrombose veineuse est controversé. Plusieurs études Tableau III. Facteurs de risque thromboembolique chez les patients sous IMiD pour un MM, d’après les recommandations de l’IMWG (33) actualisées par J.A. Snowden et al. (59). Facteurs liés au patient Facteurs liés à la pathologie Facteurs liés au traitement • • • • • • • • • • Dexaméthasone à haute dose • Anthracyclines • Plusieurs agents de chimiothérapie Obésité (IMC > 30) Antécédents personnels ou familiaux de thromboses veineuses Thrombophilie constitutionnelle Comorbidités (cardiaque, diabète, insuffisance rénale, maladies inflammatoires chroniques) • Immobilisation, traumatisme, chirurgie récente à risque de thrombose (< 3 mois) • Traitements concomitants (EPO, hormone de remplacement, tamoxifène) 66 MM nouvellement diagnostiqué Hyperviscosité Masse tumorale, compression Cathéter veineux central Infection aiguë Correspondances en Onco-Hématologie - Vol. IX - n° 2 - mars-avril 2014 La thrombose dans le myélome multiple ont cependant pu montrer son effet protecteur dans le cadre du MM traité par IMiD (48, 66). L’aspirine est fréquemment responsable d’hémorragies, notamment chez des patients thrombopéniques, mais ces hémorragies sont rarement sévères. Les avantages liés à l’utilisation de l’aspirine sont sa facilité d’utilisation ainsi que son effet protecteur sur les thromboses artérielles, mais elle n’est pas recommandée en cas de risque thromboembolique veineux avéré. Les HBPM à dose préventive permettent une protection efficace. M. Zangari et al. (67) ont en effet montré une réduction de l’incidence de thrombose de 20 à 3 % grâce aux HBPM. Cette dernière reste cependant non nulle et certains patients pourraient bénéficier d’une posologie plus élevée d’HBPM. Leurs autres limites sont les difficultés d’utilisation en cas d’insuffisance rénale (nécessitant des précautions d’emploi et la surveillance de l’activité anti-Xa en cas de clairance de la créatinine < 30 mL/mn), et la pénibilité de l’administration au long cours par voie sous-cutanée chez des patients parfois traités pendant plusieurs années avec les IMiD. Un relais par un traitement oral peut donc être discuté après 4 à 6 mois de traitement. Malgré l’altération de la thrombopoïèse par ces molécules, en particulier par un mécanisme immuno-allergique, les HBPM sont rarement responsables de complications hémorragiques et sont donc à privilégier chez les patients thrombopéniques. Les AVK, utilisés à dose curative avec un INR cible entre 2 et 3, sont très efficaces lorsque l’INR reste de façon stable dans cette zone cible, et la prise orale peut être prolongée. Cependant, les AVK sont difficiles à manier dans le contexte du MM. Leur concentration est souvent fluctuante, l’adaptation des doses peut être laborieuse, et ils sont donc associés à la fois à un risque thrombotique en cas de sous-dosage et à un risque d’hémorragies − peu fréquentes mais parfois très sévères − en cas de surdosage, en particulier s’il existe une thrombopénie. Aujourd’hui, tous les patients atteints de MM traités par IMiD doivent bénéficier d’une thromboprophylaxie. Les patients à faible risque de thrombose doivent recevoir au minimum de l’aspirine, alors que les patients ayant un risque avéré doivent bénéficier d’un traitement par HBPM en première intention, ou par AVK en deuxième intention si le traitement par HBPM n’est pas possible (tableau III). d’événements thromboemboliques), tant que la dexaméthasone est poursuivie et tant que la maladie n’est pas contrôlée de manière efficace (59). On peut ensuite proposer une désescalade ou un arrêt de la prophylaxie, ou encore un relais des HBPM par les AVK, en fonction encore une fois du niveau de risque du patient. Risque hémorragique Concernant le risque hémorragique, il est conseillé d’interrompre la thromboprophylaxie en cas de thrombopénie inférieure à 50 G/L (ou 80 G/L pour les AVK), en dehors éventuellement des cas considérés comme à très haut risque de thrombose (59). Prise en charge diagnostique La prise en charge diagnostique d’une thrombose sous IMiD ne diffère pas de l’algorithme classique, en dehors de la contre-indication à l’injection de produit de contraste chez les patients souffrant d’un MM. Prise en charge curative d’une thrombose dans le contexte du MM, avec ou sans IMiD Le traitement initial doit également suivre les recommandations classiques. La question principale est celle de la poursuite du traitement, une fois l’épisode aigu traité. Dans le MM, il existe un risque de récurrence de thrombose élevé (jusqu’à 10 % après arrêt du traitement), et il est donc justifié de poursuivre une anticoagulation par HBPM à dose préventive, qui permet une réduction significative du risque thrombotique, sans majorer le risque de saignement, par rapport aux AVK (59). Il faut cependant prendre en compte ce risque de saignement, la nécessité de surveiller le taux de plaquettes et la fonction rénale, la pénibilité des injections sous-cutanées quotidiennes ainsi que le coût de ce traitement. En cas de thrombose survenant en cours de traitement par IMiD, il semble raisonnable d’interrompre transitoirement ce traitement, jusqu’à ce qu’une anticoagulation efficace soit instaurée. L’IMiD pourra ensuite être repris sous couvert d’une anticoagulation efficace continue et d’une surveillance rapprochée du risque de thrombose, après un délai qui n’est pas déterminé mais en évitant généralement de le reprendre dans le même cycle de traitement (59). Conclusion Durée de la prophylaxie La durée de la prophylaxie reste discutée, mais il semble judicieux de la poursuivre au moins pendant les 4 à 6 premiers mois de traitement (qui sont les plus à risque Correspondances en Onco-Hématologie - Vol. IX - n° 2 - mars-avril 2014 Le MM est associé de façon intrinsèque à un risque élevé d’événements thromboemboliques. Depuis l’avènement des IMiD, devant la majoration importante de 67 Thromboses et hémopathies malignes dossier G. Fouquet déclare ne pas avoir de liens d’intérêts. l’incidence des thromboses, des recommandations internationales ont été publiées afin de généraliser l’utilisation systématique d’une prophylaxie antithrombotique, adaptée au niveau de risque des patients. Malgré l’application de ces recommandations, 1 à 5 % des sujets développent une thrombose, avec un impact non nul en termes de morbi-mortalité. Des progrès semblent donc encore nécessaires, et de nombreuses questions restent en suspens. Quelle est la durée optimale de la prophylaxie ? Existet-il une place pour un éventuel relais par aspirine ? Quelle est la place des nouveaux anticoagulants oraux, qui ne sont pas recommandés aujourd’hui dans le MM mais pour lesquels des études sont en cours ? Les patients développant une thrombose sous HBPM présentent-ils des facteurs de risque particuliers, et bénéficieraient-ils d’une posologie plus élevée d’HBPM ? ■ Références 1. Goldhaber SZ, Bounameaux H. Pulmonary embolism and 7. Sallah S, Husain A, Wan J et al. The risk of venous throm- 12. Gabriel DA, Smith LA, Folds JD et al. The influence of deep vein thrombosis. Lancet 2012;379(9828):1835-46. boembolic disease in patients with monoclonal gammopathy of undetermined significance. Annals of oncology ESMO 2004;15(10):1490-4. immunoglobulin (IgG) on the assembly of fibrin gels. J Lab Clin Med 1983;101(4):545-52. 2. Khorana AA, Connolly GC. Assessing risk of venous thromboembolism in the patient with cancer. J Clin Oncol 2009;27(29):4839-47. 8. Srkalovic G, Cameron MG, Rybicki L et al. Monoclonal gam- treatment, and survival benefits of anticoagulants. Hematology Am Soc Hematol Educ Program 2010; 2010:144-9. mopathy of undetermined significance and multiple myeloma are associated with an increased incidence of venothromboembolic disease. Cancer 2004;101(3):558-66. 4. Falanga A, Marchetti M. Thrombotic disease in the myelo- 9. Kristinsson S, Pfeiffer R, Bjorkholm M. Arterial and venous 3. Lee AY. Thrombosis in cancer: an update on prevention, proliferative neoplasms. Hematology Am Soc Hematol Educ Program 2012;2012:571-81. 5. Piazza G, Goldhaber SZ. Venous thromboembolism and atherothrombosis: an integrated approach. Circulation 2010;121(19):2146-50. 6. Zangari M, Berno T, Zhan F et al. Mechanisms of thrombosis in paraproteinemias: the effects of immunomodulatory drugs. Semin Thromb Hemost 2012;38(8):768-79. Milan, 12-15 juin 2014 Retour sur l’EHA European Hematology Association DÉCOUVREZ > LE POINT > LES ESSENTIELS > LES PAROLES D’EXPERTS Coordonnateur Pr Thierry Lamy (Rennes) Sous l’égide de thrombosis in monoclonal gammopathy of undetermined significance and multiple myeloma: a population-based study. Blood 2010;115(24):4991-8. 10. Osman K, Comenzo R, Rajkumar SV. Deep venous thrombosis and thalidomide therapy for multiple myeloma. N Engl J Med 2001;344(25):1951-2. 11. Eby C, Blinder M. Hemostatic complications associated with paraproteinemias. Curr Hematol Rep 2003;2(5):388-94. 13. Pal R, Monaghan SA, Hassett AC et al. Immunomodulatory derivatives induce PU.1 down-regulation, myeloid maturation arrest, and neutropenia. Blood 2010;115(3):605-14. 14. Auwerda JJ, Yuana Y, Osanto S et al. Microparticleassociated tissue factor activity and venous thrombosis in multiple myeloma. Thromb Haemost 2011;105(1):14-20. 15. Leebeek FW, Kruip MJ, Sonneveld P. Risk and management of thrombosis in multiple myeloma. Thromb Res 2012;129(Suppl 1):S88-92. @ Retrouvez l’intégralité des références bibliographiques sur www.edimark.fr Actualités sur les lymphomes de Hodgkin et anaplasiques à grandes cellules RETROUVEZ PROCHAINEMENT L’INTÉGRALITÉ DU FLASH-INFOS SUR : www.edimark.fr/flashinfo/EHA/2014 Site réservé aux professionnels de santé Directeur de la publication : Claudie Damour-Terrasson - Rédacteur en chef : Pr Noël Milpied (Bordeaux) Attention : les comptes-rendus de congrès ont pour objectif de fournir des informations sur l’état actuel de la recherche ; ainsi, les données présentées seront susceptibles de ne pas être validées par les autorités françaises et ne doivent donc pas être mises en pratique. Ces informations sont sous la seule responsabilité des auteurs et du directeur de la publication qui sont garants de l’objectivité de cette publication. Ce Flash-Infos est édité par Edimark SAS, 2, rue Sainte-Marie - 92418 Courbevoie Cedex - Tél. : 01 46 67 63 00 - Fax : 01 46 67 63 10 68 Avec le soutien institutionnel de Correspondances en Onco-Hématologie - Vol. IX - n° 2 - mars-avril 2014 La thrombose dans le myélome multiple Références 16. Zangari M, Saghafifar F, Anaissie E et al. Activated protein C resistance in the absence of factor V Leiden mutation is a common finding in multiple myeloma and is associated with an increased risk of thrombotic complications. Blood Coag Fibrinolysis 2002;13(3):187-92. 17. Corso A, Lorenzi A, Terulla V et al. Modification of thrombomodulin plasma levels in refractory myeloma patients during treatment with thalidomide and dexamethasone. Annals of hematology 2004;83(9):588-91. 18. Musallam KM, Dahdaleh FS, Shamseddine AI et al. Incidence and prophylaxis of venous thromboembolic events in multiple myeloma patients receiving immunomodulatory therapy. Thromb res 2009;123(5):679-86. 19. Bagratuni T, Kastritis E, Politou M et al. Clinical and genetic factors associated with venous thromboembolism in myeloma patients treated with lenalidomide-based regimens. Am J Hematol 2013;88(9):765-70. 20. van Giezen JJ, Brakkee JG, Dreteler GH et al. Dexamethasone affects platelet aggregation and fibrinolytic activity in rats at different doses which is reflected by their effect on arterial thrombosis. Blood coagulation & fibrinolysis 1994;5(2):249-55. 21. Van Marion AM, Auwerda JJ, Minnema MC et al. Hypofibrinolysis during induction treatment of multiple myeloma may increase the risk of venous thrombosis. Thromb Haemosts 2005;94(6):1341-3. 22. Yasin Z, Quick D, Thiagarajan P et al. Light-chain paraproteins with lupus anticoagulant activity. Am J Hematol 1999;62(2):99-102. 23. Rajkumar SV, Gertz MA, Lacy MQ et al. Thalidomide as initial therapy for early-stage myeloma. Leukemia 2003;17(4):775-9. 24. Weber D, Rankin K, Gavino M et al. Thalidomide alone or with dexamethasone for previously untreated multiple myeloma. J Clin Oncol 2003;21(1):16-9. 25. Barlogie B, Desikan R, Eddlemon P et al. Extended survival in methasone alone in newly diagnosed multiple myeloma: a clinical trial coordinated by the Eastern Cooperative Oncology Group. J Clin Oncol 2006;24(3):431-6. 52. Richardson P, Schlossman R, Munshi N et al. A phase 1 36. Anagnostopoulos A, Weber D, Rankin K et al. Thalidomide 53. Lacy MQ, Allred JB, Gertz MA et al. Pomalidomide plus and dexamethasone for resistant multiple myeloma. Br J Haematol 2003;121(5):768-71. low-dose dexamethasone in myeloma refractory to both bortezomib and lenalidomide: comparison of 2 dosing strategies in dual-refractory disease. Blood 2011;118(11):2970-5. 37. Palumbo A, Bertola A, Falco P et al. Efficacy of low-dose thalidomide and dexamethasone as first salvage regimen in multiple myeloma. Hematol J 2004;5(4):318-24. 38. Palumbo A, Bringhen S, Caravita T et al. Oral melphalan and prednisone chemotherapy plus thalidomide compared with melphalan and prednisone alone in elderly patients with multiple myeloma: randomised controlled trial. Lancet 2006;367(9513):825-31. 39. Facon T, Mary JY, Hulin C et al. Melphalan and prednisone plus thalidomide versus melphalan and prednisone alone or reduced-intensity autologous stem cell transplantation in elderly patients with multiple myeloma (IFM 99-06): a randomised trial. Lancet 2007;370(9594):1209-18. 40. Wu P, Davies FE, Horton C et al. The combination of cyclophosphomide, thalidomide and dexamethasone is an effective alternative to cyclophosphamide - vincristine - doxorubicin - methylprednisolone as induction chemotherapy prior to autologous transplantation for multiple myeloma: a casematched analysis. Leuk Lymphoma 2006;47(11):2335-8. 41. Moehler TM, Neben K, Benner A et al. Salvage therapy for multiple myeloma with thalidomide and CED chemotherapy. Blood 2001;98(13):3846-8. 42. Dimopoulos MA, Hamilos G, Zomas A et al. Pulsed cyclophosphamide, thalidomide and dexamethasone: an oral regimen for previously treated patients with multiple myeloma. Hematol J 2004;5(2):112-7. 43. Garcia-Sanz R, Gonzalez-Porras JR, Hernandez JM et al. trial of lenalidomide (R) with bortezomib (R) in relapsed and refractory multiple myeloma. Blood 2005;106(11):110a. 54. Zangari M, Fink L, Zhan F, Tricot G. Low venous thromboembolic risk with bortezomib in multiple myeloma and potential protective effect with thalidomide/lenalidomidebased therapy: review of data from phase 3 trials and studies of novel combination regimens. Clin Lymphoma, myeloma Leuk 2011;11(2):228-36. 55. Garderet L, Iacobelli S, Moreau P et al. Superiority of the triple combination of bortezomib-thalidomide-dexamethasone over the dual combination of thalidomide-dexamethasone in patients with multiple myeloma progressing or relapsing after autologous transplantation: the MMVAR/IFM 2005-04 Randomized Phase III Trial from the Chronic Leukemia Working Party of the European Group for Blood and Marrow Transplantation. J Clin Oncol 2012;30(20):2475-82. 56. Cavo M, Tacchetti P, Patriarca F et al. Bortezomib with thalidomide plus dexamethasone compared with thalidomide plus dexamethasone as induction therapy before, and consolidation therapy after, double autologous stem-cell transplantation in newly diagnosed multiple myeloma: a randomised phase 3 study. Lancet 2010;376(9758):2075-85. 57. Kristinsson SY, Pfeiffer RM, Bjorkholm M et al. Thrombosis is associated with inferior survival in multiple myeloma. Haematol 2012;97(10):1603-7. 58. Zangari M, Barlogie B, Cavallo F, Bolejack V, Fink L, Tricot G. Effect on survival of treatment-associated venous thromboembolism in newly diagnosed multiple myeloma patients. Blood Coag Fibrinolysis 2007;18(7):595-8. advanced and refractory multiple myeloma after single-agent thalidomide: identification of prognostic factors in a phase 2 study of 169 patients. Blood 2001;98(2):492-4. The oral combination of thalidomide, cyclophosphamide and dexamethasone (ThaCyDex) is effective in relapsed/refractory multiple myeloma. Leukemia 2004;18(4):856-63. 59. Snowden JA, Ahmedzai SH, Ashcroft J et al. Guidelines 26. Neben K, Moehler T, Benner A et al. Dose-dependent effect 44. Kyriakou C, Thomson K, D’Sa S et al. Low-dose thalidomide 60. Fuste B, Serradell M, Escolar G et al. Erythropoietin triggers in combination with oral weekly cyclophosphamide and pulsed dexamethasone is a well tolerated and effective regimen in patients with relapsed and refractory multiple myeloma. Br J Haematol 2005;129(6):763-70. a signaling pathway in endothelial cells and increases the thrombogenicity of their extracellular matrices in vitro. Thromb Haemost 2002;88(4):678-85. 61. Tobu M, Iqbal O, Fareed D et al. Erythropoietin-induced 45. Zervas K, Dimopoulos MA, Hatzicharissi E et al. Primary thrombosis as a result of increased inflammation and thrombin activatable fibrinolytic inhibitor. Clin Appl Thromb Hemost 2004;10(3):225-32. of thalidomide on overall survival in relapsed multiple myeloma. Clin Cancer Res 2002;8(11):3377-82. 27. Mileshkin L, Biagi JJ, Mitchell P et al. Multicenter phase 2 trial of thalidomide in relapsed/refractory multiple myeloma: adverse prognostic impact of advanced age. Blood 2003;102(1):69-77. 28. Attal M, Lauwers-Cances V, Marit G et al. Lenalidomide maintenance after stem-cell transplantation for multiple myeloma. N Engl J Med 2012;366(19):1782-91. 29. McCarthy PL, Owzar K, Hofmeister CC et al. Lenalidomide after stem-cell transplantation for multiple myeloma. N Engl J Med 2012;366(19):1770-81. 30. Richardson PG, Schlossman RL, Weller E et al. Immunomodulatory drug CC-5013 overcomes drug resistance and is well tolerated in patients with relapsed multiple myeloma. Blood 2002;100(9):3063-7. treatment of multiple myeloma with thalidomide, vincristine, liposomal doxorubicin and dexamethasone (T-VAD doxil): a phase II multicenter study. Ann Oncol. 2004;15(1):134-8. 46. Barlogie B, Tricot G, Anaissie E et al. Thalidomide and hematopoietic-cell transplantation for multiple myeloma. N Engl J Med 2006;354(10):1021-30. 47. Zangari M, Siegel E, Barlogie B et al. Thrombogenic activity of doxorubicin in myeloma patients receiving thalidomide: implications for therapy. Blood 2002;100(4):1168-71. 48. 31. Schey S, Ramasamy K. Pomalidomide therapy for myeloma. Urbauer E, K aufmann H, Nosslinger T et al. Thromboembolic events during treatment with thalidomide. Blood 2002;99(11):4247-8. Expert opinion on investigational drugs 2011;20(5):691-700. 49. Baz R, Li L, Kottke-Marchant K et al. The role of aspirin in 32. Zangari M, Anaissie E, Barlogie B et al. Increased risk of deep-vein thrombosis in patients with multiple myeloma receiving thalidomide and chemotherapy. Blood 2001;98(5):1614-5. the prevention of thrombotic complications of thalidomide and anthracycline-based chemotherapy for multiple myeloma. Mayo Clin Proc 2005;80(12):1568-74. 33. Palumbo A, Rajkumar SV, Dimopoulos MA et al. Prevention 50. Rajkumar SV, Jacobus S, Callander NS et al. Lenalidomide of thalidomide- and lenalidomide-associated thrombosis in myeloma. Leukemia 2008;22(2):414-23. plus high-dose dexamethasone versus lenalidomide plus lowdose dexamethasone as initial therapy for newly diagnosed multiple myeloma: an open-label randomised controlled trial. Lancet Oncol 2010;11(1):29-37. 34. Cavo M, Zamagni E, Tosi P et al. First-line therapy with thalidomide and dexamethasone in preparation for autologous stem cell transplantation for multiple myeloma. Haematol 2004;89(7):826-31. 35. Rajkumar SV, Blood E, Vesole D et al. Phase III clinical trial of thalidomide plus dexamethasone compared with dexa- for supportive care in multiple myeloma 2011. Br J Haematol 2011;154(1):76-103. 62. Leleu X, Rodon P, Hulin C et al. MELISSE, a large multicentric observational study to determine risk factors of venous thromboembolism in patients with multiple myeloma treated with immunomodulatory drugs. Thrombosis and haemostasis 2013;110(4):844-51. 63. Larocca A, Cavallo F, Bringhen S et al. Aspirin or enoxaparin thromboprophylaxis for patients with newly diagnosed multiple myeloma treated with lenalidomide. Blood 2012;119(4):933-9. 64. Menon SP, Rajkumar SV, Lacy M et al. Thromboembolic events with lenalidomide-based therapy for multiple myeloma. Cancer 2008;112(7):1522-8. 65. Palumbo A, Davies F, Kropff M et al. Consensus guidelines for the optimal management of adverse events in newly diagnosed, transplant-ineligible patients receiving melphalan and prednisone in combination with thalidomide (MPT) for the treatment of multiple myeloma. Ann Hematol 2010;89(8):803-11. 66. Prevention of pulmonary embolism and deep vein thrombosis with low dose aspirin: Pulmonary Embolism Prevention (PEP) trial. Lancet 2000;355(9212):1295-302. 51. Morgan GJ, Schey SA, Wu P et al. Lenalidomide (Revlimid), 67. Zangari M, Barlogie B, Anaissie E et al. Deep vein thrombo- in combination with cyclophosphamide and dexamethasone (RCD), is an effective and tolerated regimen for myeloma patients. Br J Haematol 2007;137(3):268-9. sis in patients with multiple myeloma treated with thalidomide and chemotherapy: effects of prophylactic and therapeutic anticoagulation. Br J Haematol 2004;126(5):715-21. Correspondances en Onco-Hématologie - Vol. IX - n° 2 - mars-avril 2014 89