Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. VI - n° 1 - janvier-février-mars 2017
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Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. VI - n° 1 - janvier-février-mars 2017
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CAS CLINIQUE Grand Prix 2016
3e lauréat
Cancer du sein • HER2 équi-
voque • Trastuzumab.
Breast cancer • Equivocal HER2
• Trastuzumab.
Un cancer du sein bilatéral HER2
pas totalement équivoque…
Was this bilateral breast cancer really HER2
equivocal?
D. Farneti*, G. Saada-Sébag**, A. Mc Leer***, E. Col**, C. Costan*, J. Mondet***
* Unité fonctionnelle d’oncologie médicale, service d’oncologie
médicale, pôle cancérologie, CHU de Grenoble.
** Unité fonctionnelle d’anatomie et de cytologie patholo-
giques, département d’anatomie et de cytologie pathologiques,
pôle biologie, CHU de Grenoble.
*** Unité fonctionnelle de pathologie moléculaire, départe-
ment d’anatomie et de cytologie pathologiques, pôle biologie,
CHU de Grenoble.
Observation
Lors d’une mammographie de dépistage individuel pour antécédents familiaux de cancer
du sein, une lésion du sein gauche classée 4 selon l’American College of Radiology (ACR4)
est mise en évidence chez une femme de 51 ans sans antécédent personnel notable.
À l’échographie, le nodule gauche mesure 15 mm de grand axe, à la jonction des quadrants
supérieurs, et une lésion kystique de 27 mm du quadrant supéro-externe du sein droit est
mise en évidence. L’IRM mammaire retrouve 2 lésions sous-aréolaires du sein gauche de 17
et 5 mm de grand axe. À droite, des prises de contraste sous-mamelonnaires suspectes de
15 × 10 mm sont retrouvées (fi gure 1) . L’analyse histologique retrouve à droite une lésion
de métaplasie cylindrique atypique. À gauche, il s’agit d’un carcinome infi ltrant de type non
spécifi que (NST) selon l’OMS 2012 (ex-carcinome canalaire), de grade de Scarff, Bloom
et Richardson (SBR) II (2 + 3 + 1), Ki67 à 15 %, positif pour les récepteurs hormonaux aux
estrogènes (RE+) et à la progestérone (RP+) [fi gure 2] (1) . La tumeur est classée luminale
B. L’immunohistochimie (VENTANA anti-HER2/neu [4B5], Roche) retrouve une expression
2+ de l’oncogène HER2, avec un marquage modéré et incomplet dans plus de 10 % des
cellules tumorales. Une technique d’hybridation in situ à révélation argentique (silver in
situ hybridization [SISH], VENTANA, Roche) retrouve un statut équivoque de l’expression
de l’oncogène HER2 au niveau du contingent infi ltrant.
Une tumorectomie à droite et, à gauche, une mastectomie avec technique du ganglion
sentinelle ont été pratiquées. Les résultats anatomopathologiques sont exposés dans le
tableau . Du fait d’une expression HER2 2+ sur la pièce gauche (fi gure 3) , une SISH est
réalisée : le nombre moyen de copies HER2 est compris entre 4 et 6 et le rapport HER2/
centromère du chromosome 17 est inférieur à 2. Il s’agit donc d’un statut du gène HER2
équivoque (fi gure 4) . Conformément aux recommandations de 2014 du Groupe d’étude
des facteurs pronostiques immunohistochimiques dans le cancer du sein (GEFPICS), une
SISH a été réalisée sur un deuxième bloc, retrouvant un statut amplifi é (fi gure 5) [2] .
En réunion de concertation pluridisciplinaire, un traitement adjuvant par trastuzumab
associé à une chimiothérapie par 4 cures de docétaxel-cyclophosphamide a été validé,
suivi d’une radiothérapie mammaire bilatérale et d’une hormonothérapie adjuvante.
La patiente a bénéfi cié de l’ensemble de ces traitements. Huit mois après la fi n du
traitement par trastuzumab , elle est en rémission complète.
Discussion
Conformément aux recommandations, la chimiothérapie adjuvante pour les tumeurs
luminales B est validée, quel que soit le statut HER2 (3) . Dans ce cas de cancer du sein
bilatéral, la détermination du statut HER2 a nécessité la réalisation de 3 SISH pour
conclure à un statut amplifi é . Malgré l’hétérogénéité tumorale, l’indication d’un trai-
tement adjuvant par trastuzumab en association avec une chimiothérapie est retenue.
Conclusion
Dans les cas HER équivoques en SISH, la répétition du test sur différents blocs est
pertinente pour la détermination du statut HER2. La décision thérapeutique défi nitive
doit reposer sur l’ensemble des facteurs histopronostiques et la collaboration entre le
clinicien et le pathologiste.
II
Légendes
D. Farneti et les coauteurs déclarent ne pas avoir
deliens d’intérêts.
Figure 1. IRM mammaire. À gauche, 2 lésions
sous-aérolaires : 11 × 17 mm et 5 × 4 mm. À droite,
prises de contraste suspectes sous-mamellaires
de 15 × 10 mm.
Figure 2. Carcinome infi ltrant de type non spé-
cifi que sur la pièce opératoire gauche (coloration
hématoxyline , éosine, safran [HES]).
Figure 3 . Immunomarquage HER2 2+ réalisé sur
la pièce opératoire : le marquage est modéré et
incomplet sur le contingent infi ltrant (à gauche :
objectif × 10 ; à droite : objectif × 20). L’encadré en
bas à droite montre la positivité 3+ du témoin.
Figure 4. Hybridation in situ à révélation argen-
tique et colorimétrique réalisée sur la pièce opéra-
toire. Les copies du gène HER2 sont marquées en
noir, les copies du centromère du chromosome 17
sont marquées en rouge. Après repérage des zones
intensément marquées en IHC HER2 2+ et du
contingent invasif grâce à p63, le comptage a été
réalisé sur 2 × 20 cellules contiguës. Sur ce bloc, un
nombre de copies HER2 à 4,5 associé à un ratio du
nombre de copies HER2/nombre de copies CEN17 à
1,8 confère à la tumeur un statut HER2 équivoque.
Figure 5.
Hybridation in situ à révélation argen-
tique et colorimétrique réalisée sur un second bloc
de la pièce opératoire. Les copies du gène HER2
sont marquées en noir, les copies du centromère
du chromosome 17 sont marquées en rouge.
Après repérage des zones intensément marquées
en IHC HER2 2+ et du contingent invasif grâce à
p63, le comptage a été réalisé sur 2 × 20 cellules
contiguës. Sur ce bloc, on dénombre un nombre
de copies HER2 à 6,3, conférant à la tumeur un
statut HER2 amplifi é. On peut remarquer la pré-
sence de petites chaînettes et de petits clusters.
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