Tableau I. Tableaux cliniques en fonction de l’étiologie.
Étiologie Virale
Bactérienne
Streptococcus
pneumoniae
Mycoplasma
pneumoniae
Staphylococcus
aureus
Épidémiologie Épidémique Sporadique Épidémique Sporadique
Âge Tout âge Tout âge À partir de 3 ans Nourrisson
Début Progressif Brutal Progressif Brutal
Fièvre Variable Très élevée ± frissons Variable Élevée
Signes
respiratoires
Rhinite, pharyngite,
conjonctivite, toux,
ronchi, sibilants
Toux sèche, signes en foyer
(crépitants, souffle tubaire,
matité)
Toux paroxystique,
ronchi, sibilants
Détresse respiratoire
aiguë, hémoptysies
possibles
Signes extra-
respiratoires
Éruption, diarrhée,
myalgies
Altération de l’état général,
méningisme, douleurs abdomi-
nales, rougeur des pommettes
Éruption, myalgies,
arthralgies
Météorisme abdominal,
atteinte cutanée
Tolérance Bonne Bonne Mauvaise Mauvaise
La Lettre du Pneumologue • Vol. XVI - n° 5 - septembre-octobre 2013 | 175
Résumé
Les pneumopathies aiguës communautaires (PAC) de l’enfant sont la conséquence d’une infection du paren-
chyme pulmonaire, acquise en dehors d’une structure de soins. Elles sont principalement virales chez le
nourrisson ; au-delà, le pneumocoque reste le germe principal à évoquer, du fait de sa gravité potentielle. La
vaccination antipneumococcique a permis de diminuer le portage des sérotypes vaccinaux ainsi que l’inci-
dence des infections invasives à pneumocoque, mais on constate une augmentation des pleurésies dues à des
sérotypes non vaccinaux. La surveillance épidémiologique doit se poursuivre après l’introduction de Prevenar
13
®
. Les recommandations concernant l’antibiothérapie sont toujours celles éditées par l’Afssaps en 2005,
même si des durées plus courtes de traitement seraient possibles dans les formes non compliquées. Toute
pneumopathie doit être réévaluée cliniquement après 72 heures de traitement bien conduit. La radiographie
thoracique n’est plus contrôlée systématiquement à 1 mois dans les formes non compliquées.
Mots-clés
Pneumopathies
Enfant
Pneumocoques
Antibiotiques
Summary
Childhood acute community-
acquired pneumonia (CAP) is
caused by an infection in the
lung parenchyma, acquired
outside a healthcare institu-
tion. In infants, the disease is
generally viral; in older children,
a pneumococcal origin should
be sought, due to its potential
seriousness.
Antipneumococcal vaccina-
tion has made it possible to
decrease the number of sero-
type vaccine carriers, as well as
the incidence of invasive pneu-
mococcal infections, but the
number of cases of pleurisy due
to nonvaccine serotypes has
been rising. Epidemiological
surveillance must continue
after the introduction of
Prevenar 13
®
. AFSSAPS antibi-
otic therapy recommendations
are to be followed, although
shorter treatment regimens
may be possible in uncom-
plicated forms of the disease.
Any pulmonary disease should
be clinically re-evaluated after
72hours of assiduous treat-
ment. Chest X-rays are no
longer systematically repeated
at 1 month in uncomplicated
forms.
Keywords
Pneumonia
Child
Streptococcus pneumoniae
Antibiotics
signes respiratoires : tachypnée, signes de lutte,
anomalies auscultatoires (foyer de crépitants,
diminution du murmure vésiculaire, parfois souffle
tubaire). La tachypnée a une excellente valeur prédic-
tive négative : son absence est le meilleur critère
permettant d’infirmer le diagnostic de pneumo-
pathie
(9)
. Les tableaux cliniques varient en fonction
du germe incriminé (tableau I).
Deux grands tableaux cliniques prédominent chez l’en-
fant et gardent leur valeur en pratique quotidienne :
➤une fièvre élevée à début brutal, une altération
de l’état général, une douleur thoracique, souvent
une douleur abdominale, associées à des signes
auscultatoires en foyer, sont des signes évocateurs
d'une pneumonie à pneumocoque ;
➤
après l’âge de 3 ans, un début progressif, une
fièvre modérée, un état général conservé et une
toux prolongée sont évocateurs de
M. pneumoniae
.
Des manifestations associées articulaires, cutanées,
hématologiques (anémie hémolytique) peuvent
renforcer le diagnostic. Cependant, la distinction
entre mycoplasme et virus est parfois difficile.
Radiographie thoracique
La radiographie thoracique permet de confirmer la
pneumopathie. Sa réalisation n’est pas systématique
pour les patients ambulatoires, lorsque la clinique
est évocatrice et que l’enfant ne présente pas de
complications. Elle doit en revanche être réalisée
chez tous les enfants hospitalisés afin de confirmer
la pneumopathie, son siège et son extension, et de
rechercher des complications éventuelles. Le cliché
doit être réalisé de face, debout si possible, en inspi-
ration. Le profil n’est pas utile en première intention.
Le diagnostic de pneumopathie repose sur la présence
d’une opacité parenchymateuse alvéolaire. Une
opacité systématisée segmentaire ou lobaire avec
un bronchogramme aérique est évocatrice d’un pneu-
mocoque (figure 1, p. 176). Les pneumopathies à
mycoplasme sont moins typiques et peuvent revêtir
plusieurs aspects : un infiltrat hétérogène intersti-
tiel périhilaire le plus souvent avec “cœur hirsute”
(figure 2, p. 176), une opacité alvéolaire systéma-
tisée, une pneumonie ronde, ou même, plus rare-
ment, un épanchement pleural. Les pneumopathies
virales se présentent sous la forme d’opacités alvéo-
laires infiltratives diffuses, bilatérales, hétérogènes,
mal limitées. Enfin, les pneumopathies à
S. aureus
revêtent souvent des formes excavées et nécrosantes.
La radiographie peut être normale dans les
72 premières heures suivant le début des symptômes.
La radiographie de contrôle à distance de l’épisode n’est
plus recommandée de façon systématique en cas de
guérison clinique complète dans les PAC non compli-
quées, que ce soit par la Haute Autorité de santé en
2009
(10)
ou par les recommandations américaines
(11)
.
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