238 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXI - n° 4 - avril 2012
Cancer colorectal : nouveautés
DOSSIER THÉMATIQUE
XXIIIe Journée scientifi que
FFCD-PRODIGE
bénéfi ce/risque du bévacizumab persiste quel que
soit l’âge des patients, y compris pour ceux de plus de
80 ans, que ce soit en première ou en seconde ligne
(ASCO® 2011, abstract 3625). En analyse multivariée,
les patients de plus de 70 ans, traités en première
ligne métastatique, avaient cependant un risque de
mortalité accru, toutes causes de décès confondues,
mais leur SSP ne différait pas de celle des patients
de moins de 70 ans.
➤
L’afl ibercept, nouvel inhibiteur de l’angiogenèse
(VEGF-Trap) ciblant le VEGF-A, le VEGF-B et le PIGF,
a fait l’objet d’une évaluation en phase III, associé
au FOLFIRI (versus FOLFIRI seul) chez 1 226 patients
en échec d’une première ligne à base d’oxaliplatine.
Une stratifi cation était réalisée sur la délivrance
antérieure du bévacizumab (30 % des patients).
Les données de survie présentées au WCGC 2011
sont en faveur de l’association (réduction de 19 %
du risque relatif de décès (p = 0,003) et réduction de
24 % du risque relatif de progression, p < 0,0001).
Ce bénéfi ce s’observait dans tous les sous-groupes,
et en particulier, que les patients aient ou pas reçu
du bévacizumab en première ligne et quel que soit
leur état général (OMS 0, 1 ou 2). Un traitement
antérieur par bévacizumab n’augmentait pas la
toxicité qui était similaire à celle connue avec le
bévacizumab (ESMO 2011, abstract 6LBA). Cette
molécule se présente donc comme une nouvelle
thérapeutique ciblée anti-angiogénique effi cace
dans le cancer colorectal métastatique dont le
développement en première ligne est attendu.
➤
La résection de la tumeur primitive (non compli-
quée) en cas de métastases synchrones fait débat.
B.S. Lin et al. ont rapporté à l’ASCO® 2011 (abstract
3564) les résultats d’une large étude rétrospective
sur 12 239 patients. La résection de la tumeur primi-
tive, réalisée chez 76,6 % des patients, s’est révélée
être un critère pronostique. La survie globale chez
les patients “réséqués” était de 17 mois versus 8 mois
chez ceux qui ne l’étaient pas (p < 0,0001).
La survie relative était également améliorée :
18 mois versus 9 mois (p < 0,0001). En analyse
multivariée, après ajustement sur les principaux
facteurs pronostiques (âge, sexe, site de la tumeur
primitive, chirurgie des métastases et statut socio-
économique), la résection de la tumeur primitive
restait un critère pronostique majeur. Le bénéfi ce
était observé tant pour les cancers du côlon que
pour ceux du rectum. Ces données, déjà rappor-
tées dans des études de plus faible effectif, doivent
être validées en prospectif car il existe de nombreux
facteurs confondants non pris en compte dans ce
travail (différenciation tumorale, nombre d’organes
concernés, importance de l’envahissement hépatique
et caractère menaçant des métastases). Un essai de
phase III commence au sein du groupe PRODIGE.
Conclusion
Le traitement adjuvant des cancers du côlon n’a pas
évolué depuis l’avènement du FOLFOX4, qui reste le
schéma de référence pour les tumeurs de stade III.
Le bévacizumab n’apporte pas de bénéfi ce supplé-
mentaire. La radiochimiothérapie des cancers du
rectum a fait l’objet d’un certain nombre de mises au
point. Elle n’améliore pas le pronostic des patients.
Son rôle dans le contrôle local est confi rmé et ne
nécessite pas l’ajout d’oxaliplatine au 5FU qui semble
n’apporter que de la toxicité supplémentaire.
Après le cétuximab, le panitumumab fait la preuve
de son intérêt en première ligne dans les cancers
colorectaux métastatiques KRAS sauvage et a obtenu
une AMM associé à l’oxaliplatine.
La publication récente de l’essai stratégique
“FFCD 2000-05” rappelle que le 5FU seul a sa place
en première ligne des cancers colorectaux dans la
population des patients de pronostic spontané-
ment sombre (personnes âgées, métastases multi-
sites maladie non résécable, état général altéré).
Cette stratégie séquentielle doit être évaluée avec
les biothérapies. ■
1. Gérard JP, Azria D, Gourgou-Bourgade S et al. Compa-
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Références bibliographiques
L’auteur déclare avoir un conflit
d’intérêts avec les laboratoires
Merck, Roche, Amgen, Novartis,
Chugai, Ipsen.
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