THÈSE En vue de l'obtention du DOCTORAT DE L’UNIVERSITÉ DE TOULOUSE Délivré par l’Université Toulouse III – Paul Sabatier Discipline ou spécialité : Génie Electrique Présentée et soutenue par HOANG Mai Quyen Le 10 décembre 2014 Titre : Implémentation de la polarisation dans un modèle de transport de charges appliqué au PEN sous contrainte électrique JURY P. DEMONT L. FLANDIN P. NOTINGHER N. ZOUZOU L. BOUDOU S. LE ROY G. TEYSSEDRE Professeur à l’Université Toulouse III – Paul Sabatier Professeur à l’Université de Savoie, Le Bourget-du-Lac Professeur à l’Université Montpellier II Maître de Conférences à l’Université de Poitiers Maître de Conférences à l’Université Toulouse III – Paul Sabatier Chargée de Recherche à l’Université Toulouse III – Paul Sabatier Directeur de Recherche à l’Université Toulouse III – Paul Sabatier Président du jury Rapporteur Rapporteur Examinateur Directeur de thèse Co-directrice de thèse Invité Ecole doctorale : Génie Electrique, Electronique, Télécommunications Unité de recherche : Laboratoire Plasma et Conversion d’Energie - UMR 5213 Directeur(s) de Thèse : Laurent BOUDOU, Séverine LE ROY Rapporteurs : Lionel FLANDIN, Petru NOTINGHER Remerciements Le travail présenté dans ce mémoire fait partie du projet Agence Nationale de la Recherche (ANR) « ModElec » et a été réalisé pendant trois années au Laboratoire Plasma et Conversion d’Énergie (LAPLACE) UMR 5213 | Toulouse au sein de l’équipe « Diélectriques Solides et Fiabilité » (DSF). Pendant cette période, j’ai eu la chance d’être accueilli et d’avoir rencontré des personnes envers lesquelles je voudrais exprimer ma gratitude pour leur soutien. Mes premiers remerciements sont tout naturellement pour mes directeurs de thèse, Séverine Le Roy et Laurent Boudou, pour m'avoir fait confiance, et puis pour m'avoir guidé, encouragé, conseillé tout au long de mes trois années de thèse. Votre disponibilité et votre générosité m’ont permis d’évoluer dans les meilleures conditions en me laissant une grande liberté et en me faisant l'honneur de me déléguer plusieurs responsabilités. Merci infiniment. Je remercie sincèrement Monsieur Philippe Demont, Professeur | l’Université Toulouse III – Paul Sabatier, de m’avoir fait l’honneur de présider mon jury de thèse. J’adresse également ma profonde reconnaissance | Monsieur Lionel Flandin, Professeur | l’Université de Savoie, Le Bourget-du-Lac et à Monsieur Petru Notingher, Professeur à l’Université Montpellier II, pour avoir accepté d’être les rapporteurs de mon travail. Je souhaite aussi remercier Monsieur Noureddine Zouzou, Maître de Conférences | l’Université de Poitiers, pour l’honneur que vous m’avez fait en acceptant de faire partie du jury. Vos remarques et commentaires m’ont permis d’améliorer ce mémoire et je vous en suis très reconnaissant. Je remercie Monsieur Christian Laurent, Directeur du LAPLACE, ainsi que Monsieur Gilbert Teyssèdre, Responsable de l’équipe DSF, pour m'avoir accueilli et pour les conseils stimulants que j'ai eu l'honneur de recevoir de votre part. Je tiens | remercier l’ensemble du personnel du laboratoire, | ceux qui m’ont beaucoup aidé dans mon travail et à tous les autres qui ont contribué à la bonne ambiance du labo. Un grand remerciement s’adresse | Madame Catherine Stasiulis, qui m’a aidé avec enthousiasme pour les procédures administratives. Je tiens aussi | remercier Monsieur Stéphane Clain, Professeur | l’Université do Minho, Portugal pour m’avoir accueilli pendant un mois inoubliable | Braga, Portugal ainsi que pour les discussions scientifiques que nous avons échangées. Je remercie bien évidemment mes camarades de bureau, Abderrahmane et Lucie, pour votre aide, votre soutien quotidien, vos cours français authentiques avec de l’humour et pour les bons moments passés ensemble. Je pense aussi à mes collègues Laplaciens : Laurent R, Siham, Xiaolin, Christina, Jonathan, Bo, Florian, Laurent M,…. Merci pour l’amitié que vous m’avez témoignée. Mes remerciements s'adressent aussi à tous mes amis vietnamiens, de Grenoble, de Toulouse et d’ailleurs qui m’ont permis de sentir que la distance géographique FranceVietnam est réduite en partageant des moments agréables ensemble. Je ne pourrais pas finir cette page sans dire un grand merci à ma famille au Vietnam. Leurs encouragements et leur assistance morale m’ont permis de passer les moments difficiles. Tout naturellement, je pense | mon épouse Dung qui m’accompagne et qui me soutient tout le temps par la force et l’énergie qui lui sont disponibles. En fin, je dédie ce travail à ma fille chérie, Hà Anh Émilie, le soleil de ma vie … A mes parents, à ma famille A Dung, à petite Émilie Quyển luận văn tiến sĩ n|y con xin d|nh tặng bố mẹ v| gia đình Công cha như núi Th{i Sơn Nghĩa mẹ như nước trong nguồn chảy ra Tặng vợ v| con g{i yêu quý Table des matières Liste des abréviations et symboles ..................................................................................... V Table des figures ..............................................................................................................VIII Liste des tableaux ............................................................................................................. XV INTRODUCTION GENERALE ....................................................................... 1 CHAPITRE I ETAT DE L’ART ................................................................ 5 I.1 I.1.1 I.1.2 I.1.3 Introduction .......................................................................................................... 7 Applications des polymères dans l’industrie électrique et électronique ................ 7 Problématique......................................................................................................... 8 Objectifs ................................................................................................................. 9 I.2 I.2.1 I.2.2 I.2.2.1 I.2.2.2 I.2.3 I.2.3.1 I.2.3.2 I.2.3.3 I.2.3.4 Physique des polymères ..................................................................................... 10 Définitions ............................................................................................................ 10 Microstructure des polymères .............................................................................. 11 Structure moléculaire ....................................................................................... 11 Etat amorphe, état cristallin, morphologie cristalline ..................................... 13 Domaines d'état et zones de transition ................................................................. 14 Domaines d’état ............................................................................................... 14 Zones de transition ........................................................................................... 15 Diagrammes d’état des polymères ................................................................... 16 Etude des transitions ........................................................................................ 17 I.3 I.3.1 I.3.2 I.3.3 I.3.3.1 I.3.3.2 Charge d’espace et mécanismes de conduction ............................................... 17 Origine et effets de la charge d’espace sur le champ appliqué ............................ 17 Théorie des bandes ............................................................................................... 19 Mécanismes de conduction .................................................................................. 20 Conduction électronique .................................................................................. 20 Conduction ionique .......................................................................................... 27 I.4 I.4.1 Polarisation, mécanismes de relaxation diélectrique ...................................... 29 Polarisation diélectrique ....................................................................................... 29 I I.4.1.1 Définition de la polarisation diélectrique ........................................................ 29 I.4.1.2 Différentes contributions à la polarisation ...................................................... 30 I.4.1.3 Polarisation dans le domaine temporel ........................................................... 31 I.4.1.4 Relation temps-fréquence ................................................................................. 35 I.4.2 Courants transitoires ............................................................................................. 36 I.4.2.1 Généralités ....................................................................................................... 36 I.4.2.2 Expression du courant de déplacement ............................................................ 37 I.4.2.3 Caractéristiques des courants transitoires ...................................................... 37 I.4.2.4 Cas d’un courant de dépolarisation anormal .................................................. 38 I.4.3 Relaxation diélectrique sous tension sinusoïdale ................................................. 39 I.4.3.1 Comportement dynamique de la polarisation .................................................. 39 I.4.3.2 Dépendance en température des temps de relaxation ...................................... 46 I.4.3.3 Relaxations multiples dans les diélectriques .................................................... 47 I.4.3.4 Comportement global des caractéristiques diélectriques ................................ 49 I.5 Modélisation du comportement d’un diélectrique sous contraintes de champ électrique et de température .............................................................................................. 51 I.5.1 Modélisation du transport de charges................................................................... 51 I.5.1.1 Modèles semi-macroscopiques ......................................................................... 52 I.5.1.2 Modèle de base de notre étude ......................................................................... 54 I.5.2 Modélisation de la polarisation dans le domaine temporel .................................. 58 I.5.2.1 Modélisation du courant transitoire ................................................................ 58 I.5.2.2 Notre approche ................................................................................................. 58 CHAPITRE II APPROCHE EXPERIMENTALE................................. 61 II.1 II.1.1 II.1.2 Matériau d’étude ................................................................................................ 63 Poly(éthylène naphtalène 2,6- dicarboxylate) - PEN ........................................... 63 Métallisation ......................................................................................................... 65 II.2 II.2.1 II.2.2 II.2.3 Analyse enthalpique différentielle (DSC) ......................................................... 65 Principe................................................................................................................. 65 Dispositif expérimental ........................................................................................ 65 Analyse ................................................................................................................. 66 II.3 II.3.1 II.3.2 Mesure de charge d’espace ................................................................................ 67 Principe de la méthode PEA................................................................................. 68 Dispositif expérimental ........................................................................................ 69 II.4 Mesures de courant ............................................................................................ 70 II.4.1 Courant de Dépolarisation Thermo-Stimulés (TSDC) ......................................... 70 II.4.1.1 Principe ............................................................................................................ 71 II.4.1.2 Dispositif expérimental .................................................................................... 72 II.4.1.3 Analyse des pics de relaxation ......................................................................... 73 II.4.2 Courant de polarisation alternée (APC) ............................................................... 74 II.4.2.1 Principe ............................................................................................................ 74 II.4.2.2 Dispositif expérimental .................................................................................... 76 II II.5 II.5.1 II.5.2 Mesure d’électroluminescence (EL) ................................................................. 77 Principe................................................................................................................. 77 Dispositif expérimental ........................................................................................ 78 II.6 II.6.1 II.6.2 Mesure de la spectroscopie diélectrique ........................................................... 79 Principe................................................................................................................. 79 Dispositif expérimental ........................................................................................ 81 II.7 Conclusion ........................................................................................................... 83 CHAPITRE III CARACTERISATION ELECTRIQUE ET DIELECTRIQUE DU PEN .............................................................................. 85 III.1 III.1.1 III.1.2 Caractérisation du PEN polarisé à 130ºC par des mesures TSDC ................ 87 Evolution des pics de relaxation en fonction de la tension de polarisation.......... 88 Evolution des pics de relaxation en fonction de la vitesse de chauffage ............. 89 III.2 III.2.1 III.2.2 III.2.3 III.2.4 III.2.5 III.2.6 Caractérisation du PEN polarisé à 170ºC ........................................................ 91 Evolution des pics de relaxation en fonction de la tension de polarisation.......... 91 Analyse bibliographique de l’origine du pic ρ ..................................................... 92 Caractérisation non-électrique par DSC et lien avec le pic de relaxation ρ ......... 96 Mesures TSDC sur du PEN pour différents temps de polarisation à 170ºC ........ 97 Méthode de chauffage partiel ............................................................................... 98 « Driving voltage » pendant la dépolarisation ................................................... 100 III.3 Profils de charge d’espace ............................................................................... 103 III.3.1 Conditions expérimentales ................................................................................. 103 III.3.2 Profils de charge d’espace pendant le protocole classique de TSDC ................ 104 III.3.3 Profils de charge d’espace pendant le protocole de TSDC utilisant la méthode de chauffage partiel ................................................................................................................. 109 III.4 III.4.1 III.4.2 III.4.3 Mesures par spectroscopie diélectrique ......................................................... 112 Protocole de mesure ........................................................................................... 112 Evolution des relaxations en fonction de la température ................................... 112 Evolution des relaxations en fonction de la fréquence ....................................... 114 III.5 III.5.1 III.5.2 Mesures du courant de polarisation à champ faible ..................................... 115 Conditions de mesure ......................................................................................... 115 Courants de polarisation à champ faible ............................................................ 117 III.6 III.6.1 III.6.2 III.6.3 Mesures de courants à champ fort et d’électroluminescence (EL) .............. 118 Protocole expérimental ....................................................................................... 118 Courants de polarisation à champ fort................................................................ 118 Electroluminescence........................................................................................... 122 III.7 Conclusion ......................................................................................................... 124 III CHAPITRE IV MODELISATION DE LA POLARISATION ET DU TRANSPORT DANS LE PEN ....................................................................... 127 IV.1 Modélisation de la polarisation ....................................................................... 130 IV.1.1 Analyse diélectrique dans le domaine fréquentiel .............................................. 130 IV.1.1.1 Modélisation du pic β ................................................................................. 131 IV.1.1.2 Modélisation du pic β*................................................................................ 136 IV.1.1.3 Modélisation du pic α et la conduction σ ................................................... 139 IV.1.2 Cohérence des résultats de spectroscopie diélectrique et du courant de polarisation mesuré à champ faible .................................................................................... 141 IV.1.2.1 Méthode d’inversion utilisant la transformée de Fourier inverse ............. 141 IV.1.2.2 Courant de polarisation dans une large gamme de temps ......................... 144 IV.2 Modélisation du transport ............................................................................... 146 IV.2.1 Présentation du modèle de transport de charges en Matlab ............................... 146 IV.2.2 Implémentation de la polarisation dans le modèle de transport de charges ....... 147 IV.2.2.1 Evolution des équations dans le modèle de transport de charges ............. 147 IV.2.2.2 Validation isotherme à champ faible ......................................................... 150 IV.2.3 Modèle d’optimisation ....................................................................................... 151 IV.2.4 Validation du modèle à champ fort .................................................................... 153 IV.2.4.1 Extraction des paramètres de transport des mesures expérimentales ....... 153 IV.2.4.2 Validation du modèle de conduction pour du PEN .................................... 163 IV.3 IV.3.1 IV.3.2 IV.3.3 Discussion .......................................................................................................... 167 Stratégie adoptée ................................................................................................ 167 Modélisation des spectres TSDC ....................................................................... 169 Amélioration du modèle ..................................................................................... 171 CONCLUSION GENERALE ........................................................................ 175 REFERENCES BIBLIOGRAPHIES ............................................................ 179 IV Liste des abréviations et symboles ADN Acide désoxyribonucléique APC Alternate polarization current BTP Bâtiment et Travaux Publics CFL Courant-Friedrichs-Lewy DMA Dynamic mechanical analysis DSC Differential scanning calorimetry DTA Differential thermal analysis EL Electroluminescence EPDM Ethylène-propylène-diène monomère EPR Ethylène-propylène rubber EVA Ethylène-acétate de vinyle FLIMM Focused Laser Induced Modulation Method HDPE Polyéthylène haute densité HN Havriliak-Negami HVDC Courant continu haute tension iFFT Transformée de Fourier inverse rapide KWW Kohlrausch-Williams-Watts LDPE Polyéthylène basse densité LIMM Laser Induced Modulation Method LIPP Laser Induced Pressure Pulse LNCA Liquid Nitrogen Cooling Accessory NDM Mobilité différentielle négative PA Polyamide PE Polyéthylène PEA Electro-acoustique pulsée PEN Poly(éthylène naphtalène 2,6- dicarboxylate) PES Polyester sulfone PET Polyéthylène téréphtalate PI Polyimide V PMMA Polyméthyl-méthacrylate PP Polypropylène PS Polystyrène PTFE Polytétrafluoroéthylène PVC Polychlorure de vinyle PVDF Polyvinylidene fluoride PWP Pressure Wave Propagation SCLC Courant limité par charge d’espace SMT Surface Mount Technology SSP Solid-State Polymerization TFL Trap Filled Limit TPM Thermal Pulse Method TPT Thermal Pulse Tomography TSDC Courants de Dépolarisation Thermo-Stimulés TSM Thermal Step Method TSPC Courants de Polarisation Thermo-Stimulés VFT Vogel-Fulcher-Tammann XLPE Polyéthylène réticulé a Distance inter-pièges (m) A Constante de Richardson (1,2.106A.m-2K-2) Bk Coefficient de piégeage de l’espèce k (s-1) d Epaisseur du diélectrique (m) D Déplacement électrique (C.m-2) Dk Coefficient de dépiégeage de l’espèce k (s-1) E Champ électrique (V.m-1) h Constante de Plank (6,626.10-34 J.s) I Courant (A) J Densité de courant (A.m-2) kB Constante de Boltzmann (1,3806.10-23J.K-1=8,617.10-5eV.K-1) m Masse de l’électron (9,109.10-31 kg) nl Densité de charges injectées libres (m-3) np Densité de charges piégées (m-3) n0 Densité de porteurs intrinsèques (m-3) VI Nt Densité totale de pièges (m-3) P Polarisation (C.m-2) q Charge élémentaire (1,6.10-19 C) S0 Coefficient de recombinaison des électrons piégés avec les trous piégés (m3.C-1.s-1) S1 Coefficient de recombinaison des électrons libres avec les trous piégés (m3.C-1.s-1) S2 Coefficient de recombinaison des électrons piégés avec les trous libres (m3.C-1.s-1) S3 Coefficient de recombinaison des électrons libres avec les trous libres (m3.C-1.s-1) t Temps (s) T Température (K) V Tension (V) WC Bande de conduction (eV) WF Niveau de Fermi (eV) Wi Energie d’ionisation (eV) WV Bande de valence (eV) ε0 Permittivité du vide (8,85.10-12 F.m-1) εr Permittivité relative θ Paramètre de piégeage ϕ Travail de sortie (eV) Φp Fonction impulsionnelle η Temps de relaxation (s) μ Mobilité de charges (m2V-1s-1) ν Fréquence des sauts (s-1) χ Affinité électronique (eV) VII Table des figures Figure I-1. Une macromolécule composée de n monomères ................................................... 10 Figure I-2. Représentation de la disposition spatiale d’une macromolécule de PE ................. 12 Figure I-3. Représentation schématique des différents types de macromolécules [EHR00] ........ 13 Figure I-4. Structures d’un polymère amorphe et d’un polymère semi-cristallin .................... 13 Figure I-5. Morphologie du PE montrant des sphérolites composés de rubans cristallins – amorphes [JON05] et une observation par microscope optique en lumière polarisée des sphérolites du PE [DOU10] ........................................................................................................... 14 Figure I-6. Diagrammes d’état des polymères ......................................................................... 16 Figure I-7. Mécanismes de génération des charges électriques dans un isolant entre électrodes [LAU99] ....................................................................................................................... 18 Figure I-8. Profil de la distribution des charges et du champ interne en fonction de l’épaisseur de l’isolant avec différents champs appliqués [LAU99]............................................. 18 Figure I-9. Diagramme des bandes d’énergie (a) d’un isolant parfait et (b) d’un isolant réel ............................................................................................................................................ 20 Figure I-10. Diagramme de bande énergétique associé à une interface de type métalisolant ....................................................................................................................................... 21 Figure I-11. Attraction électrostatique d’un électron avec le métal ......................................... 21 Figure I-12. Caractéristique courant-tension du phénomène de courant limité par charge d’espace .................................................................................................................................... 24 Figure I-13. Positions d’un ion dans une série de puits de potentiel (a) en l’absence de champ électrique et (b) soumis à un champ électrique [SEG00]. ................................................. 28 Figure I-14. Différentes contributions à la polarisation [DUB01] ................................................ 31 Figure I-15. Polarisation en fonction du temps quand un champ électrique est appliqué à t0 [AMB07] .................................................................................................................................... 32 Figure I-16. Polarisation en fonction du temps quand un champ électrique change de E1 à E2 ........................................................................................................................................... 33 Figure I-17. Allure classique des courants transitoires lors de l’application d’un échelon de tension.................................................................................................................................. 37 Figure I-18. Courants anormaux : (a) allure lors de l’application d’un échelon de tension, (b) courants de dépolarisation pour de l’éthylène-acétate de vinyle (EVA) à différents champs électriques à 25°C [KIT85] ............................................................................. 39 Figure I-19. Modèle de Debye : (a) évolution des parties réelle et imaginaire de la permittivité, (b) diagramme Cole-Cole .................................................................................... 41 Figure I-20. Evolution des parties réelle et imaginaire de la permittivité et du diagramme Cole-Cole en fonction des paramètres de forme du modèle de HavriliakVIII Negami ( 1, 1, 1/ 2 ) : (a) type Cole-Cole (c=1), (b) type ColeDavidson(b=1) .......................................................................................................................... 43 Figure I-21. Paramètres de forme de la relaxation diélectrique α pour différentes polymères (○) et systèmes de faible poids moléculaire (□) ..................................................... 46 Figure I-22. Relaxations dans un diélectrique en fonction de la température. ......................... 47 Figure I-23. Dépendance en température du temps de relaxation pour des relaxations primaire (α) et secondaire (β). .................................................................................................. 49 Figure I-24. (a) Permittivité réelle et (b) conductivité réelle dans le domaine fréquentiel en fonction de la température pour du poly(3n-decylpyrrole) [CAP98]. ...................................... 49 Figure I-25. Modélisation de la permittivité réelle (a) et de la permittivité imaginaire (b) dans le domaine fréquentiel en superposant toutes les contributions : relaxation γ de type Cole-Cole, relaxation β de type Cole-Cole, relaxation α de type Havriliak-Negami, conduction ζ ............................................................................................................................. 51 Figure I-26. Schématisation du mécanisme de conduction ...................................................... 55 Figure I-27. Comparaison entre le courant simulé par le modèle de transport de charges et le courant expérimental pour du LDPE soumis à un champ appliqué de 40kV/mm [ROY04] à 25°C ............................................................................................................................ 57 Figure II-1. Structure chimique du PET et du PEN ................................................................. 63 Figure II-2. Dispositif expérimental de la mesure DSC [GRE10] ................................................ 66 Figure II-3. Exemples de thermogramme représentant différentes transitions de structure pour un échantillon de : (a) LDPE semi-cristallin [TAL11], (b) PEN amorphe et semicristallin [CHA04] ......................................................................................................................... 67 Figure II-4. Principe de la méthode PEA [THO08] ...................................................................... 68 Figure II-5. Dispositif expérimental de la méthode PEA ......................................................... 70 Figure II-6. Principe de la TSDC ............................................................................................. 71 Figure II-7. Dispositif expérimental de la mesure TSDC ........................................................ 72 Figure II-8. Principe de la méthode APC ................................................................................. 75 Figure II-9. Dispositif expérimental de la mesure APC ........................................................... 76 Figure II-10. Montage expérimental de la mesure APC à température ambiante .................... 77 Figure II-11. Dispositif expérimental de la mesure de l’EL .................................................... 78 Figure II-12. Principe de mesure en spectroscopie diélectrique (a) et formes d’onde des signaux (b) [NOV10]..................................................................................................................... 79 Figure II-13. Schéma électrique équivalent du comportement diélectrique d’un isolant ........ 81 Figure II-14. Dispositif expérimental de mesure de spectroscopie diélectrique [NOV10, NOV14] ......................................................................................................................................... 82 Figure III-1. Protocoles de tension et de température utilisés pour les mesures TSDC classiques TP=130ºC................................................................................................................. 88 Figure III-2. Spectres TSDC obtenus sur du PEN polarisé à 130°C pour différentes tensions de polarisation ............................................................................................................ 89 IX Figure III-3. Protocoles de tension et de température des mesures TSDC pour différentes vitesses de chauffage pendant la dépolarisation ..................................................... 90 Figure III-4. Spectres TSDC obtenus sur du PEN polarisé à 130°C pour différentes vitesses de chauffage : (a) Densité de courant, (b) Courant normalisé .................................... 90 Figure III-5. Protocoles de tension et de température utilisés pour les mesures TSDC classiques TP=170ºC................................................................................................................. 91 Figure III-6. Spectres TSDC obtenus sur du PEN polarisé à 170°C pour différentes tensions de polarisation ............................................................................................................ 92 Figure III-7. Spectres de DMA à 10Hz pour des échantillons de PEN après avoir recuit à différentes températures [CAÑ00] ................................................................................................ 93 Figure III-8. Thermogrammes DSC (vitesse de montée 10°C/min) obtenus pour des échantillons de PEN recuits à différentes températures [CAÑ00] ................................................ 93 Figure III-9. Spectroscopie diélectrique pour du PEN initialement amorphe pendant : (a) premier cycle à différentes fréquences ; (b) trois cycles à 1kHz [PSA06] ................................... 95 Figure III-10. Spectres TSDC du PEN pour différentes températures de recuit, correspondant donc à différents taux de cristallinité (voir Tableau III-1) : (1) Ta = 160ºC ; (2) Ta = 166ºC ; (3) Ta = 172ºC ; (4) Ta = 175ºC ; (5) Ta = 177ºC ; (6) Ta = 178ºC ; (7) Ta = 179ºC. (TP =130ºC, VP = 1,5 kV, tP = 30 min) [CAÑ00] ................................... 95 Figure III-11. Protocole des mesures DSC............................................................................... 96 Figure III-12. Thermogrammes DSC obtenus sur du PEN semi-cristallin en fonction de la température et du temps de recuit......................................................................................... 97 Figure III-13. Spectres TSDC obtenus sur du PEN semi-cristallin polarisé à 170°C pour deux temps de polarisation différents....................................................................................... 98 Figure III-14. Protocoles de tension et de température de la mesure TSDC utilisant la méthode de chauffage partiel ................................................................................................... 99 Figure III-15. Comparaison des résultats obtenus à partir de la TSDC classique et celle utilisant la méthode de chauffage partiel.................................................................................. 99 Figure III-16. Protocoles de tension et de température de la mesure TSDC classique (Test 1) et des mesures TSDC utilisant la méthode « driving voltage » pendant la dépolarisation (Test 2 & 3)..................................................................................................... 100 Figure III-17. Comparaison entre la TSDC classique et les TSDC utilisant la méthode « driving voltage » pour du PEN ............................................................................................ 101 Figure III-18. Soustraction des spectres TSDC des tests 2 (+50V) & 3 (-50V) .................... 102 Figure III-19. Protocoles de tension et de température utilisés pour les mesures TSDC et faisant apparaitre les temps auxquels l’échantillon est sorti de l’enceinte TSDC pour réaliser les mesures PEA ........................................................................................................ 104 Figure III-20. Profils de charge d’espace obtenus par la méthode PEA en condition de court-circuit à 25°C sur du PEN pré-polarisé à 130°C : (a) Avant la rampe de température (PEA-1 sur la Figure III-19), (b) Après la rampe de température (PEA-2 sur la Figure III-19) du protocole de TSDC ; C : Cathode, A : Anode pendant la polarisation .. 105 Figure III-21. Signal de calibration à t=0 du protocole dans la Figure III-19 en appliquant une tension de 1kV pendant 10s (PEA-0) ............................................................ 107 X Figure III-22. Profils de charge d’espace obtenus par la méthode PEA pendant le courtcircuit à 25°C sur du PEN pré-polarisé à 170°C : (a) Avant la rampe de température (PEA-1 sur la Figure III-19), (b) Après la rampe de température (PEA-2 sur la Figure III-19) du protocole de TSDC ; C : Cathode, A : Anode pendant la polarisation .................. 108 Figure III-23. Protocoles de tension et de température utilisés pour les mesures TSDC avec chauffage partiel et faisant apparaitre les temps auxquels l’échantillon est sorti de l’enceinte TSDC pour réaliser les mesures PEA .................................................................... 109 Figure III-24. Profils de charge d’espace obtenus par la méthode PEA en court-circuit à 25°C sur du PEN pré-polarisé à 170°C : les courbes noire, rouge et bleu sont respectivement le profil de charge d’espace avant le chauffage (PEA-p1 dans la Figure III-23), après le premier chauffage (PEA-p2 dans la Figure III-23) et après le deuxième chauffage (PEA-p3 dans la Figure III-23) du protocole de TSDC avec chauffage partiel ; C : Cathode, A : Anode pendant la polarisation ....................................................... 110 Figure III-25. Permittivité (a) réelle et (b) imaginaire du PEN entre -100 et 200°C pour des fréquences de 0,1 Hz à 1MHz .......................................................................................... 113 Figure III-26. Permittivité (a) réelle et (b) imaginaire du PEN entre 0,1 Hz et 1MHz pour des isothermes de -100 et 200°C.................................................................................... 115 Figure III-27. Comparaisons des courants normalisés mesurés dans deux enceintes de mesure différentes et pour différentes températures .............................................................. 117 Figure III-28. Courants de polarisation normalisés en fonction du temps à champ faible pour du PEN à différentes températures ................................................................................ 117 Figure III-29. Protocole de champ appliqué de mesure de l’électroluminescence pour du PEN ........................................................................................................................................ 118 Figure III-30. Courants de polarisation à champ fort pour différents champs et températures ........................................................................................................................... 119 Figure III-31. Effets de la charge d’espace sur les courants de polarisation à différentes températures pour (a) du PET sous 24 kV/mm et (b) du PEN sous 72 kV/mm [SAI06] ........... 120 Figure III-32. Densité de courant en fonction du champ électrique appliqué pour différentes températures ......................................................................................................... 121 Figure III-33. Transitoire de luminescence pour du PEN à 25ºC sous 210 kV/mm. Le bruit de fond est représenté par une ligne horizontale à 2 cps ............................................... 122 Figure III-34. Transitoire de luminescence pour du PEN à 25ºC sous 240 kV/mm. Le bruit de fond est représenté par une ligne horizontale à 2 cps ............................................... 123 Figure III-35. Electroluminescence en fonction du champ électrique appliqué à différentes températures ......................................................................................................... 123 Figure III-36. Densité de courant et électroluminescence en fonction de la température aux champs électriques allant de 240 à 300kV/mm pour du PEN ......................................... 124 Figure IV-1. Schéma du processus de modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN ............................................................................................................................ 129 Figure IV-2. Permittivité (a) imaginaire et (b) réelle vs log(fréquence) dans la région de température de la relaxation β dans le PEN. .......................................................................... 131 Figure IV-3. Permittivité (a) imaginaire et (b) réelle vs log(fréquence) du PEN : les mesures expérimentales et les résultats de fit à -80°C. .......................................................... 132 XI Figure IV-4. Permittivité (a) imaginaire et (b) réelle vs log(fréquence) du PEN : les mesures expérimentales et les résultats de fit à -50°C ........................................................... 133 Figure IV-5. Paramètres Cole-Cole obtenus pour la relaxation β : les symboles vides correspondent aux paramètres d’ajustement, les symboles pleins correspondent aux paramètres extrapolés ............................................................................................................. 135 Figure IV-6. Permittivité (a) imaginaire et (b) réelle vs log(fréquence) dans la région de température de la relaxation β* dans le PEN. ......................................................................... 136 Figure IV-7. Permittivité (a) imaginaire et (b) réelle vs log(fréquence) du PEN : mesures expérimentales et résultats de fit à 95°C ................................................................................ 137 Figure IV-8. Paramètres Cole-Cole obtenus par la procédure d’extrapolation de fit : les symboles creux correspondent aux paramètres de fit, les symboles pleins correspondent aux paramètres extrapolés ; relaxation β : triangles, relaxation β* : cercles ........................... 138 Figure IV-9. Permittivité (a) imaginaire et (b) réelle vs log(fréquence) dans la région de température de la relaxation α dans le PEN. .......................................................................... 139 Figure IV-10. Permittivité (a) imaginaire et (b) réelle vs log(fréquence) du PEN : les mesures expérimentales et les résultats de fit à 150°C........................................................... 140 Figure IV-11. Méthode de découpage du domaine de fréquence pendant la transformée de Fourier inverse pour obtenir la réponse temporelle ........................................................... 144 Figure IV-12. Permittivité (a) imaginaire et (b) réelle vs log(fréquence) du PEN : les mesures expérimentales et les résultats de fit à 50°C............................................................. 144 Figure IV-13. Courants de polarisation normalisés de temps courts à temps longs. Entre deux colonnes : gamme de temps commune aux deux méthodes (spectroscopie diélectrique et APC, de 3 à 10s) ............................................................................................. 145 Figure IV-14. Algorithme du modèle de transport de charges ............................................... 147 Figure IV-15. Algorithme du modèle de transport de charges prenant en compte la polarisation : les blocs pointillés sont ceux ajoutés au modèle de transport de charges déjà développé. ....................................................................................................................... 149 Figure IV-16. Comparaison des courants mesurés et simulés par le modèle de transport de charges à la polarisation a été implémentée ...................................................................... 151 Figure IV-17. Principe du modèle d’optimisation ................................................................. 152 Figure IV-18. Profils de charge d’espace obtenus par la méthode PEA à 25°C : (a) Polarisation pendant 1 heure sous 75 kV/mm, (b) Dépolarisation pendant 1 heure ; C : Cathode, A : Anode ................................................................................................................ 154 Figure IV-19. Caractéristique courant normalisé (J/E) - temps aux champs faibles et champs forts à 25°C. .............................................................................................................. 155 Figure IV-20. Courant normalisé (J/E) en fonction du champ électrique à 25°C : les valeurs sont déterminées à 1000s à partir des caractéristiques courant normalisé - temps. ... 156 Figure IV-21. Caractéristiques courant normalisé – temps pour un champ faible de 0,053 kV/mm et un champ fort de 240 kV/mm à différentes températures. .......................... 156 Figure IV-22. Extraction des courants de conduction à partir des courants aux champs forts allant de 210 à 300 kV/mm à 25ºC ................................................................................ 158 XII Figure IV-23. Comparaison des courants de conduction aux champs forts allant de 210 à 300 kV/mm à 25ºC ................................................................................................................. 158 Figure IV-24. Extraction des courants de conduction à partir des courants à champ fort de 240 kV/mm aux températures allant de 25 à 90ºC ............................................................ 159 Figure IV-25. Comparaison des courants de conduction aux températures allant de 25 à 90°C à champ fort de 240 kV/mm ......................................................................................... 159 Figure IV-26. Densité de courant en fonction du champ électrique appliqué pour différentes températures ......................................................................................................... 160 Figure IV-27. Variation de la mobilité effective en fonction de la température ajustée par une fonction d’Arrhénius ................................................................................................. 161 Figure IV-28. Courants de polarisation à champ fort pour différents champs et températures ........................................................................................................................... 163 Figure IV-29. Densité de courant de conduction de simulation à 25°C et 240 kV/mm prenant compte l’injection Schottky et la mobilité « hopping » pour les électrons. Comparaison avec la densité de courant de conduction extraite de la mesure ...................... 165 Figure IV-30. Densité de courant totale de simulation à 90°C et 30 kV/mm en utilisant le modèle bipolaire prenant en compte la polarisation. Comparaison avec la densité de courant totale expérimentale .................................................................................................. 166 Figure IV-31. Densité de charge issue de la simulation utilisant les paramètres optimisés à 90°C et 30 kV/mm ............................................................................................................... 167 Figure IV-32. Densités de courant de polarisation (mesurée) et de conduction (simulée) et la comparaison avec la densité de courant totale à 25°C et 40kV/mm dans le LDPE ....... 168 Figure IV-33. Courant TSDC (a) simulé et (b)mesuré pour TP = 50°C et EP = 25 kV/mm dans le LDPE [HOA12] .............................................................................................................. 171 XIII XIV Liste des tableaux Tableau I-1. Applications des polymères dans l’industrie électrique et électroniques [FUK88, OGA90, WAK90, TEY10] . ............................................................................................................ 8 Tableau I-2. Principaux mécanismes régissant la réponse transitoire des courants et leur dépendance en fonction de plusieurs paramètres caractéristiques [GUP76] (E : champ électrique ; T : température ; j : densité de courant ; V : tension ; d : épaisseur ; -- : non renseigné). ................................................................................................................................ 38 Tableau I-3. Modèles utilisés pour décrire une relaxation diélectrique. .................................. 44 Tableau II-1. Comparaison des propriétés des films en PEN et en PET. ................................. 64 Tableau II-2. Effets des conditions de polarisation sur les pics de dipôles et de charge d’espace pour des polymères amorphes [TUR71, TUR87] ............................................................... 74 Tableau III-1. Température de transition vitreuse (Tg), température des pics exothermiques (Texo) ou des pics endothermiques (Tendo) et taux de cristallinité calculés en fonction de la température de recuit (Ta) [CAÑ00] .................................................................. 94 Tableau IV-1. Synthèse de modélisation des pics de relaxation obtenus par la spectroscopie diélectrique sur du PEN. .................................................................................. 130 Tableau IV-2. Paramètres du pic de relaxation β à différentes températures. ....................... 134 Tableau IV-3. Paramètres du pic de relaxation β* à différentes températures. ...................... 137 Tableau IV-4. Paramètres optimisés du modèle global pour le courant mesuré à 90°C et 30 kV/mm ............................................................................................................................... 166 XV XVI Introduction Générale Introduction Générale Les polymères occupent une place très importante en tant qu’isolants électriques dans l’industrie électrique et électronique grâce à leurs excellentes propriétés thermoélectriques et mécaniques. Ils sont utilisés comme diélectriques dans une grande variété de composants et de systèmes, tels que les câbles, les condensateurs, les machines électriques, les revêtements thermiques dans les satellites, etc. Les isolants polymères sont alors soumis à des contraintes thermoélectriques pouvant conduire à l’accumulation de charges électriques et à terme à la rupture diélectrique de l’isolant. Au cours du temps, la conception des systèmes a évolué avec une tendance à l’augmentation des champs électriques appliqués aux isolations ainsi qu’un accroissement de leur température de fonctionnement. Cependant, les mécanismes de génération, d’accumulation et de stockage des charges électriques à l'intérieur des matériaux ne sont pas encore bien compris, ce qui rend difficile la prédiction de leur comportement électrique et de leur durée de vie. Les modèles décrivant la génération et le transport de charges dans les isolants polymères sont donc extrêmement utiles pour prédire les comportements électriques des matériaux et pour répondre à des problématiques industrielles telles que : le développement de nouveaux matériaux pour l’isolation électrique, plus respectueux de l’environnement ; l’augmentation de la fiabilité des matériaux et systèmes dans lesquels les matériaux isolants sont utilisés, par exemple, pour le transport d’énergie Haute Tension Courant Continu (HVDC). Dans ce contexte, l’équipe de recherche « Diélectriques Solides et Fiabilité » (DSF), du Laboratoire Plasma et Conversion d’Energie (LAPLACE), a développé depuis une dizaine d’années un modèle numérique tenant compte des mécanismes de génération (injection) et de transport (piégeage, dépiégeage, recombinaison) de charges (électrons et trous) dans les isolants polymères. Ce modèle permet de reproduire des résultats expérimentaux, notamment des résultats de mesures de charge d’espace, d’électroluminescence et de courant de conduction. Des résultats de modélisation de la conduction dans le polyéthylène basse densité (LDPE), un polymère peu polaire, ont été obtenus pour différentes contraintes électriques. Ce matériau présente l’avantage d’être l’un des plus simples à modéliser, puisqu’il existe beaucoup de données expérimentales ou théoriques le concernant. De plus, le LDPE étant un matériau peu polaire, les phénomènes de polarisation peuvent être négligés en première 1 Introduction Générale approximation dans le modèle de transport de charges. Cependant le modèle dans ce cas ne reproduit pas complètement les comportements mis en évidence par les mesures de courant transitoire, notamment aux temps courts. L’objectif de la thèse, qui s’inscrit dans le cadre du projet de recherche ‘ModElec’ financé par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), est de prendre en considération les phénomènes de polarisation dans le modèle de transport de charges. Pour cela, un matériau polaire, le poly(éthylène naphtalène 2,6-dicarboxylate) (PEN) a été étudié pour mettre en évidence les phénomènes de polarisation. Ce mémoire de thèse est structuré en quatre chapitres. Le premier chapitre est consacré à une étude bibliographique. Nous positionnerons la problématique de notre étude vis à vis des applications des polymères, nous introduirons la physique de la conduction, de la polarisation et de la relaxation diélectrique dans les isolants polymères et nous présenterons finalement les différentes approches de modélisation du transport et de la polarisation développées par différents auteurs jusqu’à l’heure actuelle. Dans le deuxième chapitre, nous présenterons tout d’abord le matériau d’étude dont la structure chimique et les différentes propriétés physiques nous permettent de qualifier ce matériau de bon isolant thermique et électrique. Ensuite, nous présenterons les différentes techniques expérimentales permettant de caractériser les propriétés électriques, diélectriques et physico-chimiques du matériau. Le troisième chapitre est destiné à la présentation des résultats expérimentaux qui nous ont permis d’étudier les phénomènes de polarisation et de transport dans le PEN, qui nous ont ensuite servi de base pour la prise en considération de la polarisation dans le modèle de transport de charges ainsi que pour la validation du modèle global ainsi réalisé. Plusieurs protocoles expérimentaux de température et de champ électrique ont été adoptés. Nous présenterons les mesures des courants de dépolarisation thermo-stimulés (TSDC) qui sont utilisées afin de caractériser les pics de relaxation de dipôles et de charge d’espace. Une étude des mécanismes responsables du pic ρ qui apparait après la transition vitreuse du matériau sera ensuite présentée à l’aide de l’analyse enthalpique différentielle (DSC) et de la méthode électro-ascoutique pulsée (PEA). Pour la prise en considération de la polarisation dans le modèle de transport, les mesures de spectroscopie d’impédance et de courant de polarisation à 2 Introduction Générale champ faible seront réalisées. Nous présenterons enfin les mesures de courant de polarisation et d’électroluminescence à champs forts qui nous permettent de valider le modèle global. Nous consacrerons le dernier chapitre à la présentation des résultats de modélisation. La stratégie adoptée peut se décomposer en plusieurs étapes qui seront détaillées dans ce chapitre. Le point de départ est la mesure de la permittivité dans le domaine fréquentiel, la dernière étape dite de validation concerne les modélisations (de la polarisation et du transport) et les mesures du courant de polarisation et d’électroluminescence dans le domaine temporel. Des discussions sur les différents objectifs réalisés ainsi que sur les difficultés rencontrées lors des étapes de modélisation seront présentées à la fin de ce chapitre. Une conclusion générale ainsi que des perspectives de recherche clôtureront ce mémoire. 3 Chapitre I Etat de l’art Etat de l’art Chapitre I Ce premier chapitre basé sur la littérature nous permet d’introduire les phénomènes physiques rencontrés dans les isolants électriques polymères soumis à des contraintes de champ électrique et de température, et en particulier les phénomènes dipolaires. Tout d’abord, une étude bibliographique rappellera les bases permettant d’avoir une compréhension de la structure chimique des polymères : structure microscopique, domaines d’état, zones de transition. Puis, nous présenterons la théorie des bandes d’énergie appliquée aux isolants organiques, la charge d’espace ainsi que les mécanismes de conduction liés à la présence de charges dans un polymère. Cette bibliographie se concentre ensuite sur les bases physiques de la polarisation des matériaux diélectriques: nous parlerons des courants transitoires sous polarisation statique et des mécanismes de relaxation diélectrique sous polarisation sinusoïdale. Cette partie associe étroitement les domaines temporel et fréquentiel. Enfin, nous présenterons une bibliographie de la modélisation du transport de charges, dans laquelle notre travail de modélisation de la polarisation est positionné. I.1 Introduction I.1.1 Applications des polymères dans l’industrie électrique et électronique Il ne fait maintenant aucun doute que les matériaux polymères jouent un rôle important dans la vie de l’Homme. Depuis la synthèse du premier polymère en 1833, la production mondiale des polymères synthétiques ne cesse de s’accroitre et dépasse actuellement cent millions de tonnes par an. Il est difficile de trouver un aspect de notre vie quotidienne en général et de l’industrie en particulier qui ne soit pas affecté par les polymères. Ces derniers, quelle que soit leur origine, occupent des secteurs de plus en plus variés dans l’industrie. Nous citons ici les plus grands secteurs que les polymères couvrent [EHR00] : l’industrie de l’emballage (38%), le BTP (23%), l’industrie du textile (20%), le transport (13%), l’industrie des loisirs (4%) et l’ameublement (4%). L’industrie électrique et électronique, avec 8% de la consommation des polymères, fait partir des plus importants consommateurs. Dans ce secteur, les polymères sont largement utilisés comme des matériaux isolants électriques grâce à leurs excellentes propriétés 7 Etat de l’art Chapitre I thermoélectriques et mécaniques. En général, les polymères ont une très faible conductivité électrique (~10-16 S.cm-1 pour le polyéthylène par rapport à 6,3.107 S.cm-1 pour l'argent). Ils peuvent être recyclables et les coûts de maintenance pour les systèmes dans lesquels ils sont inclus (câbles HVDC par exemple) sont moindres comparativement aux isolants liquides. Les applications importantes des matériaux polymères en tant qu’isolants électriques dans l’industrie électrique et électronique sont résumées dans le Tableau I-1. Tableau I-1. Applications des polymères dans l’industrie électrique et électroniques [FUK88, OGA90, WAK90, TEY10]. Applications Polymères Câble de transport d’énergie - Haute et très haute tension LDPE, HDPE, XLPE - Basse tension PVC, EPR, EPDM, PTFE Machine tournante & transformateur de puissance PVC, PES, PI, PA Condensateur de puissance PP, PS Condensateur électronique PET, PEN Dispositif électronique et circuit imprimé PI, PET, époxy Revêtements spatiaux PTFE, PI I.1.2 Problématique La pérennité de fonction des polymères est extrêmement importante puisqu’elle conditionne la fiabilité des dispositifs et des systèmes dans lesquels ils sont intégrés. En effet, lorsque des matériaux polymères sont soumis à des contraintes sévères et multi-physiques telles qu'un champ électrique fort, une température élevée, des irradiations, ou des frottements mécaniques importants, ils sont capables de stocker des charges qui peuvent affecter leurs propriétés diélectriques. La présence de charges à l’intérieur du matériau peut conduire au vieillissement à travers la relaxation d’énergie cinétique et potentielle. Le vieillissement prématuré du matériau peut diminuer la durée de vie de l'isolant électrique par rupture diélectrique. Un autre effet néfaste de l’accumulation de charges dans le matériau lorsqu’il est soumis à un champ continu est la distorsion du champ électrique local. Ce champ perturbé 8 Etat de l’art Chapitre I peut atteindre une valeur critique et conduire aussi à la rupture diélectrique. Des études sont donc nécessaires pour comprendre les phénomènes liés à ces effets néfastes afin d’améliorer les propriétés du matériau polymère et de développer de nouveaux matériaux plus performants. Plusieurs chercheurs ont mené des études expérimentales afin de comprendre les phénomènes relatifs à la présence de charges dans les matériaux polymères MON05, ARA13] [SAN93, AHM97, . D’autre part, des activités de modélisation [CHO74, ALI94, FUK94, KAN99, ROY04, BOU06, XIA11, LV13] ont été aussi menées dans le but de comprendre et de prédire des phénomènes de génération et de transport de charges dans les isolants polymères lorsqu’ils sont soumis à des contraintes électriques. Les résultats publiés sont nombreux, notamment dans le cas du polyéthylène. Cependant, il existe à l'heure actuelle très peu de modèles de transport de charges prenant en compte les phénomènes de polarisation du matériau [BER12], alors que la plupart des matériaux utilisés comme isolants électriques sont polaires. Or, lorsqu'un isolant est soumis à des contraintes thermoélectriques, ces phénomènes de polarisation peuvent être dominants. I.1.3 Objectifs Depuis une dizaine d’année, un modèle de transport de charges a été développé par Le Roy et al. [ROY04] au sein de l’équipe Diélectriques Solides et Fiabilité -DSF- du laboratoire LAPLACE. Ce modèle est bipolaire, et permet de décrire des phénomènes de génération et de transport de charges dans les diélectriques solides organiques. Il donne déjà de bons résultats concernant des mécanismes de conduction sur du polyéthylène basse densité pour différentes contraintes électriques appliquées. Le but de ce travail est la prise en considération des phénomènes de polarisation dans le modèle de transport de charges afin de rendre compte du comportement d'un matériau diélectrique solide quelconque sous contrainte électrique. Dans cette étude, un matériau polaire, le Poly(éthylène naphtalène 2,6- dicarboxylate) (PEN), est choisi pour mettre en évidence les phénomènes de polarisation. Une étroite association entre les démarches expérimentales et de modélisation permet de comprendre les phénomènes de polarisation et de les prendre en considération dans le modèle de transport de charges. Pour les démarches expérimentales, des mesures physico-chimiques, diélectriques, thermoélectriques et des mesures de charges d’espace sont réalisées afin de comprendre le 9 Etat de l’art Chapitre I comportement global du matériau PEN sous contrainte électrique, ainsi que les phénomènes de polarisation dans ce matériau. Concernant ceux-ci, des mesures complémentaires dans le domaine fréquentiel et temporel ont été utilisées afin de caractériser au mieux les mécanismes dipolaires. Un modèle de polarisation est ensuite développé sur la base des mesures expérimentales. Celui-ci est ensuite inséré dans le modèle de transport de charges et ce modèle global est validé grâce à des mesures de courant pour des champs faibles, où les mécanismes de polarisation dominent. Des simulations ont aussi été effectuées à champ plus fort, où polarisation et conduction jouent un rôle. Nous discutons enfin de la difficulté à paramétrer le modèle de transport de charges. Toutes les démarches expérimentales et de modélisation sont réalisées au sein du laboratoire LAPLACE dans le cadre du projet ANR-ModElec. Le matériau PEN est fourni par Dupont Teijin films. I.2 Physique des polymères I.2.1 Définitions Un polymère est une molécule constituée d’unités fondamentales appelées monomères (ou motifs monomères) reliées par des liaisons covalentes (Figure I-1). Le terme macromolécule est souvent utilisé à la place de polymère. M : motif monomère n : degré de polymérisation Figure I-1. Une macromolécule composée de n monomères La polymérisation est la réaction qui, à partir des monomères, forme en les liant des composés de masse moléculaire plus élevée : les polymères ou macromolécules. Les noyaux des monomères sont le plus souvent constitués d’un atome de carbone (molécules organiques) ou d’un atome de silicium (polymères siliconés). 10 Etat de l’art Chapitre I La chaîne principale d’un polymère (chaîne carbonée ou chaîne siliconée) est appelée squelette du polymère. Les polymères peuvent être d’origine naturelle (animale ou végétale) ou d’origine synthétique. Les macromolécules naturelles sont les caoutchoucs, les polysaccharides, le glycogène, l’acide désoxyribonucléique (ADN), les protéines… Les macromolécules synthétiques sont préparées par polymérisation de molécules monomères, par exemple : le polyéthylène (PE), le polypropylène (PP), le polystyrène (PS), le polychlorure de vinyle (PVC), le polytétrafluoroéthylène (PTFE), les polyesters (PET, PEN)… Les propriétés électriques, thermiques et mécaniques de ces macromolécules dépendent de la nature chimique des unités constitutives de la chaîne, de sa conformation mais aussi des conditions de mise en œuvre. Une des questions fondamentales concerne le lien qui existe entre les propriétés électriques des isolants polymères et leur structure microscopique. I.2.2 Microstructure des polymères La structure chimique du motif monomère est naturellement la caractéristique la plus importante pour un polymère. En effet, la structure chimique conditionne les interactions inter et intramoléculaires, et par voie de conséquence les propriétés physicochimiques du matériau (par exemple la résistance mécanique, la constante diélectrique, la résistance aux solvants et aux rayonnements etc.) ainsi que les propriétés thermophysiques (par exemple, la température de transition vitreuse, la température de fusion ou de dégradation...). En outre, la présence de groupes latéraux encombrants joue un rôle important au niveau de la mobilité des segments de macromolécules. I.2.2.1 Structure moléculaire La liaison covalente est à la base de la notion de polymère. Elle porte une énergie forte de 100 à 450kJ/mol (348kJ/mol pour une liaison C-C). Une conséquence importante est qu’un polymère possède intrinsèquement un module d’élasticité élevé dans la direction de la chaîne macromoléculaire. Dans la liaison covalente, outre une distance de liaison entre atomes liés, il existe un angle de liaison. Par exemple, pour une chaîne carbonée, la distance et l’angle de liaison sont 0,154nm et 109°28’ respectivement (Figure I-2). L’angle de liaison est fixé, mais il existe plusieurs possibilités de rotations autour des segments de liaison [GOU06]. 11 Etat de l’art Chapitre I Figure I-2. Représentation de la disposition spatiale d’une macromolécule de PE Les forces de cohésion, c’est-à-dire les forces de liaisons entre atomes ou groupes d’atomes, sont déterminées par la structure du motif monomère. Il est important de distinguer les liaisons fortes intramoléculaires et les liaisons faibles interchaînes [ETI12] , étant donné qu’une élévation de température ou l’application de contraintes mécaniques élevées pourra entraîner la destruction des liaisons faibles tandis que les liaisons fortes seront conservées. Selon que les enchaînements covalents se développent dans une, deux ou trois directions de l’espace, on distingue les macromolécules mono- (1D), bi- (2D) et tridimensionnelles (3D). Les macromolécules monodimensionnelles comportent d’abord les macromolécules linéaires, par exemple : les polymères polyvinyliques (PE, PP, PVC, PS), les polyamides (PA6, 6-6, 11, 12), les polyesters (PET, PEN), les polycarbonates, etc. Une macromolécule linéaire peut présenter des accidents de structure sous la forme de chaînes latérales ou ramifications, de faible longueur par rapport à celle du squelette. On parle alors de polymère ramifié, par exemple, le polyéthylène basse densité (LDPE). Polymère linéaires et polymères ramifiés font partie de la famille des thermoplastiques. La macromolécule bidimensionnelle ou lamellaire (par exemple le graphite) est formée de plans d’atomes de carbone liés par des liaisons covalentes qui lui confèrent d’excellentes propriétés lubrifiantes. Les macromolécules tridimensionnelles ont une structure en réseau ou structure réticulée. Deux grandes classes de polymères sont associées à une structure en réseau : les élastomères (réseau lâche) et les thermodurcissables (réseau dense). La Figure I-3 représente les différents types de macromolécules : macromolécules linéaires, ramifiées (1D) et réticulées (2D&3D). 12 Etat de l’art Chapitre I Figure I-3. Représentation schématique des différents types de macromolécules [EHR00] I.2.2.2 Etat amorphe, état cristallin, morphologie cristalline Les polymères peuvent exister sous forme amorphe ou cristalline. L’état amorphe des matériaux polymères est caractérisé par l’absence d’ordre à grande distance. L’état cristallin au contraire, se caractérise par un arrangement très ordonné des macromolécules les unes par rapport aux autres. Les polymères ne sont jamais totalement cristallins et doivent en fait être considérés comme des mélanges de phase cristalline et de phase amorphe, d’où le nom de polymères semi-cristallins qui leur est classiquement attribué. La Figure I-4 présente les structures d’un polymère amorphe et d’un polymère semi-cristallin. Figure I-4. Structures d’un polymère amorphe et d’un polymère semi-cristallin L’arrangement spatial des chaines moléculaires est souvent décrit par un modèle à chaines repliées. Il s’agit d’une structure composée de minces rubans de lamelles cristallines de forme régulière, d’épaisseur de l’ordre de la dizaine de nanomètres et d’une longueur de la dizaine de micromètres. Ces rubans, quant à eux, sont constitués de couches multiples. Il a été 13 Etat de l’art Chapitre I proposé [JON05] que les chaînes moléculaires (cas de chaînes souples) de chaque ruban se replient constamment sur elles-mêmes et que les plis se forment à la surface des lamelles cristallines. Dans les polymères synthétiques, les lamelles cristallines, peuvent s’organiser en structures de plus grande dimension (de quelques micromètres à plusieurs dizaines de micromètres) appelées sphérolites. Par exemple, dans la morphologie cristalline du PE (Figure I-5), les rubans lamellaires sont séparés par une zone amorphe où existent des molécules de liaison ou molécules pont assurant un lien entre des lamelles adjacentes. Figure I-5. Morphologie du PE montrant des sphérolites composés de rubans cristallins – amorphes [JON05] et une observation par microscope optique en lumière polarisée des sphérolites du PE [DOU10] I.2.3 Domaines d'état et zones de transition I.2.3.1 Domaines d’état Le domaine d’état exprime le fait que les propriétés d’un matériau varient peu dans un certain domaine de température. I.2.3.1.a Etat vitreux A l’état vitreux, les polymères sont durs et fragiles, et ont un comportement analogue à celui des verres. Les seules libertés de mouvements moléculaires correspondent aux oscillations des atomes autour de leur position moyenne d’équilibre. Certains segments de chaînes seulement peuvent commencer à vibrer et à créer une certaine mobilité moléculaire dans leur proche voisinage tandis que la température croît. Ces mouvements moléculaires se produisent dans un certain domaine de température appelé zone de relaxation secondaire. 14 Etat de l’art Chapitre I I.2.3.1.b Etat caoutchouteux L’état caoutchouteux est un comportement analogue à celui du caoutchouc. Ce domaine est caractéristique des polymères amorphes. Les mouvements de rotation et de transition de segments de chaînes et de chaînes latérales que l’on appelle les mouvements micro browniens, sont possibles. La mobilité moléculaire dans ce domaine est 103 à 104 plus forte que dans l’état vitreux. I.2.3.1.c Etat visqueux Lorsque la température est plus élevée, le polymère se trouve à l’état visqueux (ou état fondu, d’écoulement). Quand une déformation est appliquée à un polymère à l’état visqueux, ses segments moléculaires s’orientent dans la direction de la déformation. Les molécules perdent donc leur forme initiale de pelote, connue pour être la forme la plus stable d’un point de vue entropique. I.2.3.2 Zones de transition I.2.3.2.a Transition vitreuse La transition vitreuse marque le passage de l’état vitreux à un état caoutchouteux. Elle est parfois décrite comme étant une transition de phase du deuxième ordre [BUK07] : elle ne s’accompagne pas d’un changement d’état solide à l’état liquide (visqueux) du matériau. Cette zone permet de définir une température caractéristique de la transition dite température de transition vitreuse (Tg). La Tg est définie par convention comme la température à laquelle le polymère, après refroidissement, retrouve son équilibre thermodynamique au bout de 1000s [MAR86] . La valeur de Tg dépend de la vitesse de refroidissement du matériau lors du passage de l’état liquide surfondu à l’état solide vitreux [PER92]. I.2.3.2.b Zone de fusion ou de fluidification La fusion (Tf) est une transition du premier ordre : il y a effectivement un changement d'état du matériau, qui passe de caoutchouteux à liquide (visqueux en pratique). Il n'y a fusion que pour les polymères semi-cristallins (seule la partie cristalline est concernée). La fluidification (Tfl) est une transition du second ordre qui se traduit par la fluidification de la partie amorphe des polymères à une dimension. 15 Etat de l’art Chapitre I En raison de l’augmentation de la mobilité moléculaire, les enchevêtrements et les ordres à courte distance peuvent être supprimés plus facilement et les molécules peuvent glisser les unes par rapport aux autres. I.2.3.2.c Zone de cristallisation La cristallisation se produit lors du refroidissement à partir de l’état fondu et est fortement influencée par la vitesse de refroidissement. Alors qu’un apport d’énergie supplémentaire est nécessaire à la fusion des cristallites, une chaleur de cristallisation doit être dissipée pendant le refroidissement. La zone de cristallisation (ou phase cristalline) se situe toujours à des températures inférieures à celles de la fusion. I.2.3.3 Diagrammes d’état des polymères Si certains polymères, tels le polystyrène, les thermodurcissables ou les élastomères, sont totalement amorphes à l’état solide, de nombreux autres, en revanche, ont la faculté de cristalliser. Les polymères sont donc classés en quatre catégories : les polymères thermoplastiques amorphes et semi-cristallins, thermodurcissables et élastomères. La Figure I-6 présente les diagrammes d’état de ces quatre catégories. Thermoplastique amorphe état vitreux état caoutchouteux état visqueux Tg Thermoplastique semi-cristallin Tfl phase cristalline + phase caoutchouteuse phase cristalline + phase vitreuse Tg Thermodurcissable état visqueux Tc état vitreux Tf Td état caoutchouteux Td Tg Elastomère Td état vitreux état caoutchouteux Td Tg Figure I-6. Diagrammes d’état des polymères En effet, les thermodurcissables et les élastomères sont des réseaux 3D plus ou moins réticulés et qui ne se fluidifient pas. Dans tous les cas, si l'on chauffe trop, on finit par détruire le polymère (Td). 16 Etat de l’art Chapitre I I.2.3.4 Etude des transitions Les différentes transitions peuvent être observées par différentes techniques d’analyse : les techniques thermiques telles que l’analyse enthalpique différentielle (DSC) l’analyse thermique différentielle (DTA) l’analyse mécanique dynamique (DMA) [GRE10] et [MAC72] ; les techniques mécaniques telles que [AKL83] ; les techniques électriques telles que les courants de dépolarisation thermo-stimulés (TSDC) [TUR87] et la spectroscopie d’impédance (DEA) [MEN97]. Les polymères sont donc des matériaux complexes. Il est de plus nécessaire dans nos domaines d’application d’en étudier et comprendre les propriétés électriques. I.3 Charge d’espace et mécanismes de conduction I.3.1 Origine et effets de la charge d’espace sur le champ appliqué La charge d’espace correspond à une accumulation de porteurs de charge dans une région localisée de l’isolant lorsqu’il est soumis à des contraintes électrique, thermique ou mécanique. La charge d’espace joue un rôle important dans le comportement diélectrique des isolants, puisqu’elle a un impact sur le facteur de dissipation diélectrique, le vieillissement du diélectrique, la fiabilité à haute tension, par exemple. La charge d’espace a pour origine : Des charges intrinsèques : ions ou charges électroniques contenus initialement dans l’isolant, ou générés soit par électrodissociation d’espèces neutres, soit par ionisation des constituants du solide par interaction avec des rayonnements énergétiques ou des particules énergétiques ; Des charges extrinsèques : charges électroniques injectées à partir des électrodes, ou ions qui diffusent des électrodes vers l’isolant. Elles peuvent aussi résulter du contact entre la surface libre du diélectrique et un plasma gazeux ou un faisceau de particules chargées. Une synthèse des mécanismes de la génération des charges dans un isolant entre électrodes est représentée schématiquement sur la Figure I-7. 17 Etat de l’art Chapitre I Figure I-7. Mécanismes de génération des charges électriques dans un isolant entre électrodes [LAU99] L’effet majeur de la présence de charge d’espace dans un diélectrique est la modification de la distribution interne du champ électrique. La Figure I-8 décrit une situation très simple où l’on considère un film isolant d’épaisseur d et ses électrodes en supposant le problème unidimensionnel. Figure I-8. Profil de la distribution des charges et du champ interne en fonction de l’épaisseur de l’isolant avec différents champs appliqués [LAU99] 18 Etat de l’art Chapitre I D’une manière générale, la présence de charges intrinsèques génère des hétérocharges lorsqu’un champ électrique est appliqué. Ici, l’hétérocharge signifie que la polarité de la charge d’espace est opposée à celle de l’électrode voisine, et l’homocharge est la situation inverse. La présence des hétérocharges conduit donc à une augmentation du champ interfacial et à une diminution du champ volumique. Les charges injectées apparaissent, quant à elles, suite à des contraintes électrique et thermique plus élevées. I.3.2 Théorie des bandes La théorie des bandes d’énergie a initialement été élaborée pour les matériaux semi- conducteurs. Elle peut être aussi utilisée pour représenter la conductivité des isolants en considérant le diélectrique comme un semi-conducteur de bande interdite supérieure à 5eV [KIT07] . Les interactions entre orbitales moléculaires des atomes forment des états dégénérés, qui conduisent à deux bandes d’énergies distinctes : la bande de valence (WV) où les trous peuvent se mouvoir, et la bande de conduction (WC) où les électrons peuvent bouger librement. Ces deux bandes sont séparées par une bande interdite, ou gap (Figure I-9a). Les notions importantes liées à la théorie des bandes sont données ci-dessous: Niveau du vide : correspond à l’énergie potentielle d'un électron à un point où la force d'attraction entre les électrons et la surface du matériau est négligeable, autrement dit, il correspond à l’énergie d’un électron entièrement sorti du matériau. χ (affinité électronique) : énergie nécessaire pour amener un électron du bas de la bande de conduction au niveau du vide. WF (niveau de Fermi) : niveau de référence appelé également potentiel électrochimique. Il se situe au milieu de la bande interdite pour les isolants à température ambiante. ϕ (travail de sortie) : énergie minimum pour amener un électron du niveau de Fermi d’un matériau dans le vide. Wi (énergie d’ionisation) : énergie nécessaire pour amener un électron de la bande de valence au niveau du vide. Pour les polymères, il faudra également tenir compte des défauts de structure dus à la présence d’impuretés chimiques et physiques. Ces défauts de structure se traduisent par des 19 Etat de l’art Chapitre I états d’énergie intermédiaires dans la bande interdite (Figure I-9b), qui peuvent piéger des charges dans le polymère. niveau du vide bande de conduction WC bande de conduction ϕ Wi pièges peu profonds bande interdite WF pièges profonds pièges peu profonds bande de valence WV bande de valence (b) Isolant imparfait (a) Isolant parfait Figure I-9. Diagramme des bandes d’énergie (a) d’un isolant parfait et (b) d’un isolant réel Selon l’origine des pièges, on peut les distinguer par deux types d’états localisés [BLA01] : les pièges peu profonds : dus aux impuretés physiques. Les électrons piégés et les trous piégés se localisent respectivement dans des niveaux d’énergie proches des bandes de conduction et de valence. Ces porteurs peuvent se dépiéger en acquérant une énergie suffisante pour franchir la barrière de potentiel. les pièges profonds : dus aux impuretés chimiques, et dans lesquels les charges peuvent se piéger durablement. Ces porteurs doivent acquérir une énergie beaucoup plus élevée par rapport aux charges piégées dans des pièges peu profonds pour se dépiéger. I.3.3 Mécanismes de conduction I.3.3.1 Conduction électronique I.3.3.1.a Génération La génération intrinsèque de charges électroniques dans les matériaux diélectriques organiques est peu connue, car il est difficile d’accéder à des phénomènes se passant ponctuellement à une échelle microscopique. Les mécanismes de génération de charges extrinsèques sont plus connus. De nombreuses études théoriques [FOW28, LAM70, ODW73, DIS92] ou de modélisations [TOO80, LEW86, TAL13] menées à ce sujet ont permis de comprendre en partie ces processus contrôlés par les interfaces. Dans le cadre de ce travail, nous discuterons plus particulièrement de la génération de charges aux interfaces de type métal-isolant. 20 Etat de l’art Chapitre I La Figure I-10 présente le diagramme de bande énergétique à l’interface métal-isolant. Un électron situé au niveau de Fermi du métal a trois possibilités [GOO56, DUK69, ODW73, DIS92] pour pénétrer dans le diélectrique : Voie 1 : passage par-dessus la barrière. Elle est appelée effet thermoélectronique (ou Schottky). Voie 2: passage à travers la barrière à énergie constante. Voie 3: passage à travers la barrière après un gain d’énergie (énergie thermique par exemple). Les voies 2 et 3 sont appelées effet Fowler-Nordheim et sont traitées comme l’effet tunnel à travers une barrière d’énergie triangulaire. Figure I-10. Diagramme de bande énergétique associé à une interface de type métal-isolant Injection Schottky L’effet Schottky tient compte de l’attraction électrostatique d’un électron avec le métal. Lorsqu’un électron extrait d’un métal se trouve à une distance x de l’interface dans l’isolant, il induit une charge image sur le métal (Figure I-11). Figure I-11. Attraction électrostatique d’un électron avec le métal 21 Etat de l’art Chapitre I Lorsqu’un champ électrique est appliqué au système métal-isolant, une force de Coulomb est exercée par le conducteur sur l’électron dans l’isolant et l’énergie potentielle diminue sous l’effet combiné de la charge image et du champ électrique extérieur. La diminution de l’énergie potentielle est alors exprimée par : dim ( x) qEx q2 Equation I-1 16 0 r x où q est la charge de l’électron (q=1,6.10-19 C), E est le champ électrique appliqué. La première partie du terme de droite est due au champ électrique extérieur tandis que la seconde est due à la charge image. La distance pour laquelle la hauteur de la barrière de potentiel est minimale ( dim ( x) min ) est donné par : xm q Equation I-2 16 0 r E En xm, la hauteur de barrière est diminuée : q3 E 4 0 r S E1/2 Equation I-3 où S est la constante de Schottky. La hauteur de barrière d’injection devient donc : w Equation I-4 La densité de courant d’injection Schottky tenant compte de la diminution de barrière de potentiel est donnée par [ODW73, DIS92] : q q jSchottky AT 2 exp exp kBT kBT 4 0 r qE où A est la constante de Richardson, A 4 qmkB2 1, 2.106 A.m2 .K 2 . 3 h h : constante de Plank, h=6,626.10-34 J.s, m : masse de l’électron, m=9,109.10-31 kg. 22 Equation I-5 Etat de l’art Chapitre I L’injection de Schottky se produit donc sous contraintes thermique et électrique. Quand le champ appliqué est nul, la densité de courant n’est pas nulle, mais provient simplement de l’effet thermique. Injection Fowler-Nordheim L’effet Fowler-Nordheim (ou effet tunnel) traduit l’injection de charges dans l’isolant directement à travers la barrière de potentiel à l’interface. Cet effet ne devient significatif que pour des champs élevés (109 V.m-1). Dans ce cas, l’épaisseur de la barrière de potentiel (dm sur la Figure I-10) est très fine. La densité de courant s’exprime uniquement en fonction du champ électrique appliqué et de la hauteur de barrière [DUK69]: K2 jFN K1E 2 exp E Equation I-6 Avec : q3 K1 8 h K2 Equation I-7 8 (2m)1/2 3/2 3hq Equation I-8 L’Equation I-8 montre que l’injection Fowler-Nordheim est indépendante de la température. Cependant, des études ont montré que l’effet tunnel était aussi fonction de la température. Ainsi, lors de l’augmentation de température, des électrons se trouvant dans un état excité dans le métal ont une probabilité plus grande de passer dans la bande de conduction de l’isolant par effet tunnel [GOO56]. I.3.3.1.b Mécanismes de transport Courant limité par charge d’espace (SCLC) Le régime de conduction SCLC décrit l’évolution de la densité de courant lorsque les charges injectées sont plus importantes que les charges intrinsèques. La Figure I-12 présente la caractéristique courant-tension dans un diagramme logarithmique avec les différentes régions associées : 23 Etat de l’art Chapitre I Figure I-12. Caractéristique courant-tension du phénomène de courant limité par charge d’espace Région A : lorsque la tension V est inférieure à une tension de transition VtrP (V<VtrP), la densité de charges injectées est négligeable devant la densité de porteurs intrinsèques n 0, le comportement est ohmique : j qn0 E qn0 où : V d Equation I-9 d : épaisseur du diélectrique, μ : mobilité de charges. Ici, la pente de la caractéristique logarithmique courant-tension est p=1. Région B : lorsque V>VtrP, ce sont les porteurs injectés, dont une partie est piégée, qui constituent l’espèce dominante. Le transport est contrôlé par la loi de Mott-Gurney, pour laquelle le courant est proportionnel au carré de la tension, et qui s’écrit : 9 V2 j 0 r 3 8 d où Equation I-10 nl est la fraction de charges injectées libres par rapport aux charges piégées. np Donc, est la mobilité effective. Région C : lorsque tous les pièges sont remplis par les charges, la conduction augmente brusquement et les charges libres peuvent se mouvoir, comme si le diélectrique était exempt de pièges. La tension appliquée vaut alors VTFL (Trap Filled Limit). 24 Etat de l’art Chapitre I Région D : lorsque V>VTFL, la caractéristique rejoint celle d’un diélectrique sans pièges ( 1 ) exprimée par : 9 V2 j 0 r 3 8 d Equation I-11 Les valeurs de VtrP, VTFL, VtrS (Figure I-12) sont déterminées à partir des Equations I-9,10 et 11 : 8 d2 VtrS qn0 9 0 r Equation I-12 8 d2 VtrP qn0 9 0 r Equation I-13 VTFL qNt d2 Equation I-14 0 r où Nt est la densité totale de pièges. L’Equation I-10 suppose que la tension appliquée au diélectrique permet de remplir des pièges situés à un niveau d’énergie bien défini, situé dans la bande interdite de l’isolant. La réalité est souvent plus complexe. Le régime d’injection va dépendre fortement de la répartition énergétique des pièges (profonds ou pas), de leur densité dans la bande interdite, de l’influence de la diffusion des porteurs de charge, etc [BAR83] . L’influence générale de ces effets apparaît souvent vers VtrP et tendra à masquer la transition VTFL. Dans ce cas, le calcul analytique précédent n’est plus valable et les lois de comportement sont déterminées par un calcul numérique. Le comportement général cependant reste du type : 9 V k 1 j 0 r 2 k 1 8 d Equation I-15 où k est un nombre variant entre 0 et 3 et dont la valeur dépend de la distribution des pièges en énergie. Mécanisme de Poole-Frenkel Le mécanisme de Poole-Frenkel dans le volume est l’analogue de l’injection de Schottky à l’interface métal-isolant. Ce mécanisme de conduction volumique décrit généralement, dans les isolants, le déplacement des porteurs qui se trouvent dans la bande de conduction et qui peuvent se piéger à la profondeur ϕ mais peuvent se dépiéger en acquérant 25 Etat de l’art Chapitre I une énergie thermique kBT suffisante leur permettant de franchir la barrière de potentiel w. L’effet du champ électrique facilite ce dépiégeage grâce à l’abaissement de la hauteur de barrière, dont l’expression est : w PF .E1/2 Equation I-16 où PF est la constante de Pool-Frenkel. PF q3 0 r 2 S . L’expression de la densité de courant résultant de ce phénomène peut être écrite selon [ODW73] : q q jPF j0 exp exp kBT k BT 4 0 r qE Equation I-17 où j0 est la densité de courant à T = 0 K. Conduction par « hopping » Une description réaliste d’un isolant consiste à considérer qu’il existe une distribution de pièges allant du niveau de Fermi jusqu’aux bandes de valence et de conduction, donnant lieu respectivement à des pièges à trous et à électrons. Les porteurs de charge injectés dans le diélectrique sont attirés et restent dans les pièges positifs ou négatifs profonds. Lorsqu’une charge a acquis une énergie suffisante pour sortir d’un piège occupé et franchir la barrière de potentiel, elle se repiège immédiatement dans un piège vide voisin. Ce mécanisme de transport s’appelle conduction par saut ou hopping. Cette énergie de dépiégeage vient généralement de l’excitation thermique du matériau. L’expression de la densité de courant pour le hopping doit alors tenir compte de la distance entre les deux pièges et des valeurs des barrières de potentiel à franchir. L’expression du courant pour une conduction par saut est de la forme [MOT48] : q qEa jhop 2a n.exp sinh kBT 2kBT où : Equation I-18 a : distance inter-pièges (m), : fréquence des sauts (Hz), n : densité de charges (C.m-3). 26 Etat de l’art Chapitre I En pratique, la mobilité obtenue pour une conduction par hopping est plus faible par rapport à celle obtenue pour un courant limité par charge d’espace car les charges restent la plupart du temps piégées et participent donc moins au transport. I.3.3.2 Conduction ionique I.3.3.2.a Génération Des ions, en plus ou moins grandes quantités, existent dans tous les matériaux diélectriques. Ils proviennent d’impuretés, dépendant des procédés de fabrication, des processus d’ionisation, par exemple : le soufre présent dans certains anti-oxydants, des ions organiques (oxalate…) issus de l’oxydation du polymère [GIL89] , des molécules d’eau contenues dans l’isolant intervenant dans l’ionisation des impuretés [AID97]. D’autre part, des ions peuvent être créés par dissociation de paire cation-anion : A B N I.3.3.2.b Mécanisme de transport ionique Le transport des ions se différencie de celui des électrons ou trous par deux facteurs principaux [SEG00] : la taille des espèces transportées est incomparablement plus importante et les simples effets stériques peuvent, à eux seuls, expliquer que les mobilités ioniques sont inférieures, de plusieurs ordres de grandeurs, aux mobilités électroniques ; le transport d’ions résulte en un transport de matière Il est difficile de connaître exactement la nature des ions participant à la conduction, surtout lorsque le matériau d’étude est complexe. Ces ions peuvent se piéger dans des puits de potentiel créés par la conformation de la chaîne de polymère. Le mécanisme de transport est une série de sauts au-dessus des barrières de potentiel, qui permet aux ions de se mouvoir d’un site à un autre. Ces barrières de potentiel sont modifiées par le champ électrique appliqué. La Figure I-13 décrit cette situation. Si ϕ est la profondeur du puits de potentiel que voit un ion situé en A en l’absence de champ appliqué (Figure I-13a), la hauteur de barrière qu’il aura à franchir lorsqu’on applique un champ E est ϕd dans le sens direct ou ϕi dans le sens inverse (Figure I-13b). La relation entre eux est donc : ϕd < ϕ < ϕi. 27 Etat de l’art Chapitre I (a) (b) Figure I-13. Positions d’un ion dans une série de puits de potentiel (a) en l’absence de champ électrique et (b) soumis à un champ électrique [SEG00]. La densité de courant résultant de la conduction ionique est exprimée par G qEa jion 2nion a 0 exp sinh kBT 2k BT Où : [DIS92] : Equation I-19 nion : densité d’ions a : distance inter-pièges (m) ν0 : fréquence d’activation (Hz) q : charge élémentaire, q=1,6. 10-19 C kB : constante de Boltzmann, kB = 1,3806.10-23 J.K-1 ΔG : énergie libre de Gibbs (J). Nous venons de lister les mécanismes de conduction électronique et ionique qui sont liés à la charge d’espace, aux pièges et aux ions à l’interface métal/isolant et à l’intérieur du matériau diélectrique. Cependant, dans les études particulières portant sur les matériaux polaires, il est en plus nécessaire de comprendre les propriétés électriques liées à la polarisation et à la relaxation diélectrique. 28 Etat de l’art Chapitre I I.4 Polarisation, mécanismes de relaxation diélectrique I.4.1 Polarisation diélectrique I.4.1.1 Définition de la polarisation diélectrique Il suffit de réaliser une expérience simple sur un condensateur constitué d’un matériau diélectrique placé entre deux armatures métalliques pour mettre en évidence le phénomène de polarisation. Lorsqu’on applique un champ électrique E sur des charges libres entre deux armatures dans le vide, en utilisant la loi de Gauss, le déplacement électrique D induit s’écrit [COE93, FOU00] : D 0 E Equation I-20 où 0 8,854.1012 F .m1 est la permittivité du vide. Maintenant, si un matériau diélectrique est placé entre deux armatures, il faut prendre en compte l’aptitude que possède le matériau à pouvoir se polariser sous l’action du champ. Le déplacement électrique induit devient alors : D 0 E P Equation I-21 La plupart des diélectriques ou isolants utilisés en électrotechnique sont homogènes, linéaires et isotropes. Dans ce cas, la polarisation diélectrique P est proportionnelle au champ électrique E : P N0 g E 0 E où : Equation I-22 N0 : densité de dipôles intrinsèques, g : polarisabilité globale, : susceptibilité diélectrique. On en déduit, en tenant compte de l’Equation I-22 : D 0 1 E Equation I-23 En posant : r 1 Equation I-24 29 Etat de l’art Chapitre I où r est permittivité relative. On note que le vide ( r 1 et 0 ) n’est pas polarisable. On obtient le déplacement diélectrique sous la forme : D 0 r E Equation I-25 D’après les Equations I-22 et 24, la polarisation s’écrit également : P 0 r 1 E Equation I-26 I.4.1.2 Différentes contributions à la polarisation La polarisation est la résultante de tous les moments dipolaires microscopiques permanents ou induits [KRE02] . Elle peut être séparée en quatre types de contributions : électronique, atomique, d’orientation et interfaciale [DUB98, DUB01] . La Figure I-14 présente schématiquement ces contributions de la polarisation diélectrique, qui sont: La polarisation électronique (Pe): due à la déformation du nuage électronique entourant chaque noyau d'un atome. Cette polarisation est habituellement établie à temps très court (~10-15 s). La polarisation atomique (ou ionique – Pa) : si on soumet une molécule à un champ électrique, le déplacement des atomes les uns par rapport aux autres au sein de cette molécule laisse apparaître un moment dipolaire atomique µa conduisant à la polarisation atomique. Cette dernière a aussi un temps d’établissement très court (~10-13 à 10-12 s). La polarisation d’orientation (ou dipolaire – Por) : si les molécules soumises au champ électrique possèdent un moment dipolaire permanent, elles ont tendance à s’orienter suivant le sens de ce champ. Le temps d’orientation des dipôles est beaucoup plus important que dans les deux cas précédents (~10-9 à 105 s) en raison de la grande diversité des dipôles impliqués et de leur environnement moléculaire. La polarisation d’orientation est fortement dépendante de la température. La polarisation interfaciale (ou de charge d’espace- Pi) : Cette polarisation apparaît dans les matériaux hétérogènes. Elle provient de l’accumulation des charges électriques aux interfaces entre les différentes phases constituant le matériau lorsque celles-ci possèdent 30 Etat de l’art Chapitre I des permittivités et des conductivités différentes. Ce mécanisme induit un moment dipolaire macroscopique dont le temps d’établissement est long (>103s). Figure I-14. Différentes contributions à la polarisation [DUB01] I.4.1.3 Polarisation dans le domaine temporel L’expression de la polarisation en fonction du temps quand un champ électrique constant E est appliqué s’appuie généralement sur l’évolution dans le temps de la permittivité. Elle peut alors s’écrire : P(t ) 0 (t ) 1 E Equation I-27 Pour une gamme d’étude en temps comprise entre quelques millisecondes et quelques milliers de secondes, le temps d’établissement (<10-12 s) des contributions rapides de polarisation (polarisation électronique et atomique) est négligé et ces contributions sont souvent regroupées dans un seul terme appelé polarisation instantanée P0 (t→0) : P0 Pe P a 0 1 E Equation I-28 où est la permittivité infinie à t=0 ou f= . Dans ces conditions seule la polarisation d’orientation évolue en fonction du temps. Elle est extraite de la polarisation totale : 31 Etat de l’art Chapitre I Por (t ) P(t ) P0 0 (t ) E Equation I-29 Le diélectrique contient un nombre fini de dipôles susceptibles de s’orienter, donc aux temps très longs (t→ ), la polarisation doit avoir une valeur finie Ps (état statique). Ps 0 s 1 E Equation I-30 où s est la permittivité statique à t= ou f=0. La valeur d’équilibre de la polarisation d’orientation est : Peqor 0 s E 0 E Equation I-31 où s est la dispersion diélectrique. La Figure I-15 présente l’évolution de la polarisation en fonction du temps quand un échelon de champ électrique E0 est appliqué à t=t0. Figure I-15. Polarisation en fonction du temps quand un champ électrique est appliqué à t0 [AMB07] Pour les calculs de la polarisation, nous allons considérer la théorie phénoménologique générale du comportement des diélectriques linéaires et isotropes soumis à un champ électrique dépendant du temps. Dans cette théorie, le principe de superposition est valide pour un diélectrique linéaire. Ainsi la polarisation à un temps t0 due à un champ électrique décomposable en une somme E(t)+E’(t), est donnée par les polarisations P(t0) et P’(t0) dues aux champs E(t) et E’(t) pris séparément [BÖT78] . La plupart des diélectriques sont linéaires quand les champs électriques appliqués ne sont pas très élevés. Le principe de superposition permet de décrire la polarisation induite par un champ électrique dépendant du temps. Ceci est 32 Etat de l’art Chapitre I possible avec l’aide de fonctions de réponses. Pour l’introduction de ces fonctions, il est utile de considérer un changement instantané du champ appliqué d’une valeur E1 à une valeur E2 à un moment t’ : E (t ) E1 E2 E1 S (t t ') Equation I-32 où S est une fonction échelon unité : 0 si t 0 S (t ) 1 si t 0 Equation I-33 L’Equation I-32 peut être aussi écrite comme la superposition d’un champ statique E2 avec le champ E’ défini par l’Equation I-34. E '(t ) E1 E2 1 S (t t ') Equation I-34 Ainsi la polarisation induite par E(t) pour les temps t ≥ t’ est donnée par la polarisation d’équilibre 0 E2 et la réponse à la variation du champ E1-E2. Pour un matériau linéaire la réponse sera proportionnelle à E1-E2, la polarisation d’orientation est donc : Por (t ) 0 E2 0 E1 E2 (t t ') Equation I-35 où α(t) est appelée fonction de réponse à un échelon ou fonction de relaxation de la polarisation. Les conditions aux limites de cette fonction sont : α(0)=1 et α(∞)=0. La Figure I-16 présente l’évolution de la polarisation en fonction du temps quand un champ électrique change de E1 à E2 à t=t’. Figure I-16. Polarisation en fonction du temps quand un champ électrique change de E 1 à E2 33 Etat de l’art Chapitre I Pour décrire la polarisation d’un matériau soumis à un champ dépendant arbitrairement du temps, il est nécessaire de faire le même raisonnement mais avec des fonctions de Block. Considérons une fonction créneau telle que le champ est égal à Ek pour tk-∆t < t < tk et est nul pour t ≤ tk-∆t et t > tk. Cette fonction peut être considérée grâce au principe de superposition comme une somme de deux champs échelon : E (t ) Ek S (t tk t ) Ek S (t tk ) Equation I-36 Il en est de même pour la polarisation d’orientation : Por (t ) 0 Ek (t tk t ) (t tk ) Equation I-37 Un champ E ayant une dépendance temporelle arbitraire peut être discrétisé en champ Ek pour tk-dt < t ≤ tk. Les effets d’un de ces champs sur la polarisation sont donnés par Equation I-37. D’après le principe de superposition en considérant que dt est suffisamment petit, il est possible d’écrire la polarisation sous forme intégrale : P or (t ) 0 (t t ') dt ' t t E (t ') 0 Equation I-38 t E (t ') p (t t ')dt ' où p (t ) (t ) est la fonction réponse impulsionnelle. t La polarisation d’orientation s’exprime alors naturellement comme le produit de convolution entre la réponse impulsionnelle p (t ) et le signal d’entrée E(t) : Por (t ) 0 E (t)* p (t ) Equation I-39 En ajoutant la polarisation instantanée nous obtenons la polarisation totale : P(t ) 0 1 E (t ) 0 E (t )* p (t ) Equation I-40 Selon l’Equation I-21, le déplacement électrique s’écrit alors : D(t ) 0 E (t ) 0 E (t )* p (t ) Equation I-41 34 Etat de l’art Chapitre I I.4.1.4 Relation temps-fréquence En appliquant la transformée de Laplace à l’Equation I-41, nous obtenons la réponse en fréquence : D( ) TL D(t ) 0 E ( ) 0 E () p ( ) Equation I-42 où p ( ) représente la transformée de Fourier de p (t ) : p ( ) TF p (t ) p (t) e jt dt p '( ) j p "( ) Equation I-43 0 p '( ) , p "( ) sont les fonctions de réponse impulsionnelle réelle et imaginaire qui peuvent être exprimées par : p '( ) p (t) cos(t )dt 0 Equation I-44 p "( ) p (t) sin(t )dt 0 Le déplacement électrique peut s’écrire : D( ) 0 p ( ) E ( ) 0 *( ) E ( ) Equation I-45 Ici, on a posé : *( ) p ( ) '( ) j "( ) où *(), '(), "() sont les permittivités complexe, réelle et imaginaire. En séparant les parties réelle et imaginaire, on peut écrire : '( ) p (t) cos(t )dt 0 Equation I-46 "( ) p (t) sin(t )dt 0 Ces deux parties de la permittivité sont liées par les relations de Kramers-Kronig [DAN67] qui correspondent mathématiquement à la transformation intégrale d’Hilbert [ERD54] : '( ) 2 u "(u ) du 2 2 u 0 Equation I-47 2 '(u ) "( ) du 0 u 2 2 35 Etat de l’art Chapitre I Les relations de Kramers-Kronig sont une conséquence directe du principe de causalité du système et pré-supposent sa linéarité et sa stabilité dans le temps. L’évaluation de ces relations est généralement fastidieuse analytiquement. Cependant, l’estimation de la dispersion diélectrique devient plus simple en la mettant sous la forme : '(0) I.4.2 2 "( )d (ln ) Equation I-48 0 Courants transitoires Dans ce paragraphe, nous présentons la réponse en courant dans le domaine temporel sous polarisation statique. Ce rappel théorique nous permet de définir le contexte d’analyse de nos résultats expérimentaux en ce qui concerne l’étude des caractéristiques courant-temps en fonction du champ appliqué et de la température. I.4.2.1 Généralités Lorsqu’un matériau diélectrique est soumis à un échelon de tension, le courant qui le traverse évolue dans le temps et est appelé courant transitoire, on distingue deux phases : La phase de polarisation (en appliquant une tension constante V) : il apparaît d’abord un courant d’absorption IA (ou courant de déplacement - Id) qui peut être initialement intense, mais qui s’amortit en première approximation de manière exponentielle, avec une constante de temps plus ou moins rapide. Dans un diélectrique idéal, cette constante de temps est le produit de la capacité de l’échantillon par la résistance du circuit, incluant éventuellement celle de l’échantillon [FOU00] . Après ce temps, le courant atteint une valeur stationnaire (le courant de conduction – IC). Le courant total durant cette phase, qui se compose de IA et IC, s’appelle le courant de polarisation IP : I P I A IC Equation I-49 La phase de dépolarisation (en supprimant la tension appliquée) : le courant de conduction devient nul (IC = 0) mais il apparaît un courant de résorption IR qui doit suivre les mêmes lois que IA pour un isolant linéaire. Le courant durant cette phase s’appelle le courant de dépolarisation IDép : I Dép I R I A Equation I-50 36 Etat de l’art Chapitre I Les courants transitoires lors de l’application d’un échelon de tension aux bornes d’un matériau diélectrique sont représentés sur la Figure I-17. Figure I-17. Allure classique des courants transitoires lors de l’application d’un échelon de tension. I.4.2.2 Expression du courant de déplacement Le courant de conduction est détaillé au paragraphe I.3.3. Nous allons exprimer dans ce paragraphe le courant de déplacement ou le courant d’absorption. En dérivant l’Equation I-41, la densité de courant de déplacement s’écrit : Jd D 0 (t ) p (t ) E (t ) t Equation I-51 où δ(t) est la fonction de Dirac. Le premier terme correspond à la densité de courant instantanée due à la composante capacitive, et le second correspond au courant issu de la polarisation du matériau, donné par la fonction de réponse impulsionnelle p (t ) . I.4.2.3 Caractéristiques des courants transitoires Le courant de déplacement et de conduction résultent de différents phénomènes physiques. Ces derniers et leur dépendance en fonction de plusieurs paramètres caractéristiques sont énumérés sur le Tableau I-2. 37 Etat de l’art Chapitre I Tableau I-2. Principaux mécanismes régissant la réponse transitoire des courants et leur dépendance en fonction de plusieurs paramètres caractéristiques [GUP76] (E : champ électrique ; T : température ; j : densité de courant ; V : tension ; d : épaisseur ; -- : non renseigné). Mécanisme Dépendance avec E Dépendance avec T Dépendance avec d à E=cte Influence de la nature des électrodes Réversibilité entre IA et IR Polarisation d’électrodes jE Activée thermiquement -- Fortement dépendante (électrode bloquante) Incertaine Orientation dipolaire jE Activée thermiquement Indépendante Indépendante Oui Injection de charges avec piégeage Reliée aux mécanismes d’injection Reliée aux mécanismes d’injection Indépendante Reliée aux mécanismes d’injection Non Activée thermiquement j d k Reliés au caractère bloquant des électrodes Non Courant limités par charge d’espace j V k 1 d ,0 k 3 2 k 1 Mécanisme Poole-Frenkel jE Activée thermiquement Indépendante Indépendante -- Conduction « hopping » jE Activée thermiquement Indépendante Indépendante -- Il sera cependant difficile à partir de cette seule caractéristique d’identifier clairement l’origine du mécanisme responsable du courant transitoire dans les résultats expérimentaux. I.4.2.4 Cas d’un courant de dépolarisation anormal Contrairement au cas des courants réversibles, dans la pratique, on observe des courants de résorption dont le comportement n'est pas symétrique aux courants d’absorption. Dans ce cas, on appelle le courant d’absorption irréversible et le courant de dépolarisation anormal. Ces courants sont représentés schématiquement sur la Figure I-18a où la valeur du courant de dépolarisation change de signe (de négatif à positif) au cours du temps. Le courant de dépolarisation anormal a été observé en premier par Stetter [STE65] en 1965. Il apparaît lorsque le matériau diélectrique est soumis à des champs électriques plus élevés qu’une valeur définie, qu’on appelle champ de seuil et qui dépend de la température [AMR93] . Par exemple pour un spectre de courant de dépolarisation dans l’éthylène-acétate de vinyle (EVA) à 25°C [KIT85] (Figure I-18b), les courants de dépolarisation anormaux ne sont 38 Etat de l’art Chapitre I observés qu'à partir de 1,5.108 V/m. Pour un champ électrique plus faible (108 V/m), on a un courant de dépolarisation normal. (b) (a) Figure I-18. Courants anormaux : (a) allure lors de l’application d’un échelon de tension, (b) courants de dépolarisation pour de l’éthylène-acétate de vinyle (EVA) à différents champs électriques à 25°C [KIT85] Plusieurs études ont été réalisées dans le but d’expliquer le mécanisme responsable du courant de dépolarisation anormal. Amroun et al. [AMR93] ont conclu qu'il est causé par des charges injectées depuis les électrodes conduisant à l'existence d'une charge d'espace dans le diélectrique. Dans d'autres études sur le polyéthylène, Mizutani et al. [MIZ79, MIZ81, MIZ82] arrivaient à la même conclusion. Les auteurs ont de plus proposé que le courant de dépolarisation anormal est aussi causé par le blocage total ou partiel des charges au contact métal-isolant. Kitani et al. [KIT83, KIT84, KIT85] en utilisant une analyse numérique, ont montré que le courant de dépolarisation anormal peut aussi être obtenu avec une injection bipolaire (électrons et trous), et avec une interface non bloquante. I.4.3 Relaxation diélectrique sous tension sinusoïdale Ce paragraphe se focalise sur la réponse de la relaxation diélectrique dans le domaine fréquentiel sous tension sinusoïdale. Ce rappel théorique nous permet d’analyser les résultats expérimentaux dans le domaine fréquentiel qui seront ensuite convertis en une réponse en courant dans le domaine temporel. I.4.3.1 Comportement dynamique de la polarisation Au début du XXème siècle, lors d’étude des molécules polaires dans les diélectriques liquides sous l’effet d’un champ électrique appliqué, Debye a utilisé un modèle analytique pour analyser les relaxations diélectriques qui sont dues à des dipôles présents dans le 39 Etat de l’art Chapitre I diélectrique. De nombreux travaux ultérieurs basés sur ce modèle de Debye ont apporté des modèles empiriques qui nous permettent d’obtenir une bonne approximation des données expérimentales dépendant du type de relaxation et de matériau. Dans ce paragraphe, nous focaliserons sur le modèle d'Havriliak-Negami ainsi que ses cas particuliers qui s'adaptent largement aux relaxations diélectriques dans le domaine fréquentiel obtenues sous polarisation sinusoïdale. I.4.3.1.a Modèle de Debye Debye considéra des dipôles, en excluant leurs possibles interactions, dans un milieu visqueux [DEB29] . Il supposa, dans le cas exposé, que la polarisation augmente de manière exponentielle avec un unique temps de relaxation . La fonction réponse à un échelon est alors de la forme : t (t ) exp Equation I-52 La fonction impulsionnelle s’écrit : 1 t p (t ) exp Equation I-53 Après utilisation de la transformée de Fourier de la réponse impulsionnelle, la permittivité complexe en fonction de la pulsation s’écrit alors : *( ) 1 j Equation I-54 En séparant la partie réelle et la partie imaginaire de la permittivité complexe, on obtient : '( ) "( ) 1 Equation I-55 2 2 1 Equation I-56 La Figure I-19 présente l’évolution des parties réelle et imaginaire de la permittivité complexe en fonction de la fréquence et le diagramme Cole-Cole ( " en fonction de ' ) du modèle de Debye. 40 Etat de l’art Chapitre I s =1 ' " " WD /2 p=1/ log(f) (a) /2 ' s (b) Figure I-19. Modèle de Debye : (a) évolution des parties réelle et imaginaire de la permittivité, (b) diagramme Cole-Cole La relaxation diélectrique de type Debye se caractérise par la largeur à mi-hauteur du pic de la permittivité imaginaire WD et la position du maximum des pertes diélectriques p ou p 2 p . Avec : WD = 1,144 décades en échelle logarithmique. p 1 Equation I-57 La représentation dans un diagramme Cole-Cole est un demi-cercle de rayon s / 2 dont le centre est situé à s / 2 . I.4.3.1.b Distribution des temps de relaxation Les résultats expérimentaux obtenus dans des diélectriques solides montrent très rarement des relaxations de type Debye. Les relaxations observées sont généralement plus larges et dissymétriques comparées à celle de type Debye. Cette observation traduit le fait que la taille des dipôles est distribuée dans le matériau. Par conséquent, le temps de relaxation dipolaire n’est plus unique et devient défini par une fonction de distribution de temps de relaxation, ( ) ou (ln ) . La réponse impulsionnelle devient donc : t t p (t ) ( ) exp d (ln ) exp d ln 0 41 Equation I-58 Etat de l’art Chapitre I La permittivité diélectrique dans le domaine fréquentiel s’écrit alors : ( ) (ln ) *( ) d d ln 1 j 1 j 0 Equation I-59 où ( ) , (ln ) satisfont les relations : ( )d 1 et 0 (ln )d ln 1 Equation I-60 Plusieurs méthodes ont été proposées afin de trouver la fonction de distribution de temps de relaxation [ROU53, FER80, TSC89, IMA88] mais le problème n’est pas bien résolu aujourd’hui encore. Pour cette raison, des modèles empiriques ont été développés, dont la forme générale peut être présentée par le modèle de Havriliak-Negami. I.4.3.1.c Modèle de Havriliak-Negami L’équation de Havriliak-Negami (HN) est donnée par [HAV66, HAV67] : *( ) 1 j b Equation I-61 c où b est le paramètre donnant la largeur de la distribution de temps de relaxation symétrique et c est le paramètre de dissymétrie de la distribution de temps de relaxation. et b, c satisfont 0 < b, c 1. Selon les différentes valeurs particulières de ces paramètres de forme, on obtient les différentes formes de relaxation diélectrique qui correspondent aux cas particuliers du modèle de Havriliak-Negami : b=c=1 : type Debye, c=1 : type Cole-Cole [COL41], b=1 : type Cole-Davidson [DAV51]. La Figure I-20 montre des exemples d’évolution des courbes de '(f) , "(f) en échelle semi-logarithmique et du diagramme Cole-Cole pour un modèle de type Cole-Cole (Figure I-20a) et un modèle de type Cole-Davidson (Figure I-20b). Pour le modèle de type Cole-Cole, 42 Etat de l’art Chapitre I la largeur de la relaxation augmente avec une valeur décroissante de b. Pour le modèle de type Cole-Davidson, la dissymétrie de la relaxation augmente avec une valeur décroissante de c. 2 2 b=1 b=0.8 b=0.6 b=0.4 b=0.2 1.8 1.8 1.6 ' ' 1.6 c=1 c=0.8 c=0.6 c=0.4 c=0.2 1.4 1.4 1.2 1.2 1 -4 -2 0 log(f) 2 1 -4 4 0.5 0.4 0.4 0.3 0.3 0 log(f) 2 4 -2 0 log(f) 2 4 " " 0.5 -2 0.2 0.2 0.1 0.1 0 -4 -2 0 log(f) 2 0 -4 4 0.5 0.4 0.4 0.3 0.3 " " 0.5 0.2 0.2 0.1 0.1 0 1 1.2 1.4 ' 1.6 1.8 0 1 2 1.2 (a) 1.4 ' 1.6 1.8 2 (b) Figure I-20. Evolution des parties réelle et imaginaire de la permittivité et du diagramme Cole-Cole en fonction des paramètres de forme du modèle de Havriliak-Negami ( 1, 1, 1/ 2 ) : (a) type Cole-Cole (c=1), (b) type Cole-Davidson(b=1) 43 Etat de l’art Chapitre I La position du maximum des pertes diélectriques suivant le modèle de HavriliakNegami suit la relation [SCH03] : 1 b bc p sin sin 2 2c 2 2c 1/ b I.4.3.1.d 1/ b Equation I-62 Autres modèles dans le domaine fréquentiel D’autre modèles empiriques dans le domaine fréquentiel, décrivant les relaxations [FUO41, WIL70, JON75, HIL78, DIS79] diélectriques peuvent être rencontrés dans la littérature . Le Tableau I-3 représente la synthèse de ces différents modèles. Tableau I-3. Modèles utilisés pour décrire une relaxation diélectrique. Modèle p ( ) , *( ) , *( ) 1 paramètre de forme Debye [DEB29] p ( ) 1 j Cole-Cole [COL41] p ( ) 1 j Cole-Davidson [DAV51] p ( ) 1 j Fuoss-Kirwood [FUO41] Williams-Watts [WIL70] 1 1 "( ) m ".sech m.ln p (s) exp( j / 2) p ( ) s 1 ( s 1)! s 2 paramètres de forme Havriliak-Negami [HAV66, HAV67] Jonscher [JON75] Hill [HIL78] Dissado-Hill [DIS79] b p ( ) 1 j c m 1n "( ) p1 p 2 "( ) ( ) 1 m 2s p 2s ( m 1 n )/2 s p . F (1 n,1 m; 2 n; ) 2 1 1 n p j p j 1pn 44 Etat de l’art Chapitre I avec : p ( ) * Equation I-63 où α, β, m, n, Δ, b, c sont des paramètres de forme tous positifs. I.4.3.1.e Modèle de Kohlrausch-Williams-Watts dans le domaine temporel Dans la littérature, nous trouvons souvent le modèle empirique de KohlrauschWilliams-Watts (KWW) [KOH54, WIL70] dans le domaine temporel pour décrire p (t ) . L’expression de ce modèle est donnée par : t KWW p (t ) 1 exp Equation I-64 où βKWW est un paramètre d’asymétrie de la distribution des temps de relaxation. Patterson et Lindsay [LIN80] ont développé une relation entre les modèles de Cole- Davidson et de KWW car les deux modèles ont un paramètre de forme asymétrique. Cette étude est complétée par celles d’Alvarez et al. [ALV91, ALV93] qui relient le modèle de HavriliakNegami (HN) et celui de KWW par l’approximation suivante. 1,23 KWW bc Equation I-65 Pour les limites de cette relation, il est important de noter que le modèle de HN a deux paramètres de forme tandis que le celui de KWW a un seul paramètre de forme. Par conséquent, pendant la transformation du domaine fréquentiel au domaine temporel, des informations ont été perdues Snyder et Mopsik [SNY99] [ALV91] . Cette remarque a été aussi discutée dans une étude de . La figure Figure I-21 présente la relation entre les paramètres de forme, b et (bc), de la relaxation diélectrique α d’un nombre représentatif de matériaux polymères et de faible poids moléculaire [RUN97]. La Figure I-21 prouve qu’il n’existe pas de corrélation entre les paramètres de forme. Il doit donc être conclu que deux paramètres de forme sont nécessaires, en général, pour décrire un processus de relaxation diélectrique. 45 Etat de l’art Chapitre I Figure I-21. Paramètres de forme de la relaxation diélectrique α pour différentes polymères (○) et systèmes de faible poids moléculaire (□) I.4.3.2 Dépendance en température des temps de relaxation Dans les diélectriques, les relaxations sont accélérées lors d’une augmentation de la température. On observe en général deux types de comportement. I.4.3.2.a Comportement suivant la loi d’Arrhénius La loi d’Arrhénius est une loi empirique. Elle a pris par la suite une grande importance théorique car elle est compatible avec la théorie des collisions et celle du complexe activé d’Eyring [EYR35]. Le comportement suivant la loi d’Arrhénius présente une dépendance linéaire du temps de relaxation dans une échelle semi-logarithmique, en fonction de l’inverse de la température (diagramme d’Arrhénius) : Ea kBT (T ) 0 exp où : Equation I-66 0 : facteur pré-exponentiel Ea : énergie d’activation. Ce comportement est caractéristique de l’état vitreux (T < Tg) où seules les entités relaxantes localisées peuvent être sollicitées. 46 Etat de l’art Chapitre I I.4.3.2.b Comportement suivant la loi de Vogel-Fulcher-Tammann Au voisinage et au-delà de la température de transition vitreuse, la dépendance en température des temps de relaxation n’obéit plus à la loi d’Arrhénius. La loi de VogelFulcher-Tammann (VFT) permet de décrire le comportement en température du temps de relaxation dans cette région de température : B T T0 (T ) 0 exp Equation I-67 où B est une constante, T0 est une température au-dessous de la température de transition vitreuse où la mobilité est figée. La valeur de T0 peut être estimée par [WIL55] : T0 Tg 51,6C Equation I-68 L’Equation I-67 présente donc un comportement non-linéaire du temps de relaxation dans le diagramme d’Arrhénius. I.4.3.3 Relaxations multiples dans les diélectriques Dans un diélectrique, des phénomènes de relaxation multiples se produisent, correspondant à des mouvements moléculaires à des échelles variables, nommés α, β, γ, δ … par ordre de fréquence d’apparition croissante (à température fixe) ou par ordre de température décroissante (à fréquence fixe) [TEY10] (Figure I-22). Les différents processus de relaxation par lesquels les différents types de dipôles sont orientés peuvent être classés en deux catégories. Figure I-22. Relaxations dans un diélectrique en fonction de la température. 47 Etat de l’art Chapitre I I.4.3.3.a Relaxation primaire La relaxation primaire, nommée α, a pour origine les mouvements micro browniens des longs segments de chaînes qui sont liés à la transition vitreuse du matériau. Dans les phases amorphes, la coexistence dans les longues chaînes enchevêtrées de liaisons intramoléculaires fortes et de liaisons intermoléculaires plus faibles, implique la possibilité d’existence d’un très grand nombre de degrés de liberté. L’amplitude de la relaxation α dans un polymère amorphe ou dans les phases amorphes d’un polymère semi-cristallin est donc généralement plus grande que celle dans les phases cristallines. En comparaison avec la relaxation de type Debye, la largeur du pic de relaxation α est plus large mais elle reste encore assez faible par rapport à la largeur des pics de relaxations secondaires. D’autre part, la dépendance en température du temps de relaxation pour la relaxation primaire est en général non-linéaire dans le diagramme d’Arrhénius et suit la loi de VFT [COB86]. I.4.3.3.b Relaxation secondaire Les processus de relaxation secondaire nommés β, γ, δ … sont observés dans l’état vitreux du matériau. Ces relaxations sont dues aux groupements latéraux de la chaîne de polymères tandis que des libérations de mouvements d’unités moléculaires sont de plus en plus petites avec une décroissance de la température. Une relaxation secondaire d’un diélectrique est étudiée, par exemple, par la spectrométrie diélectrique dans le domaine fréquentiel. La caractéristique obtenue montre souvent un pic de relaxation de faible amplitude, symétrique et très large. Dans le domaine fréquentiel, la largeur à mi-hauteur du pic de relaxation secondaire des pertes diélectriques est de 3 à 6 décades [RUN97] . D’autre part, la dépendance en température du temps de relaxation dans le diagramme d’Arrhénius est linéaire et suit la loi d’Arrhénius d’activation est relativement faible [KAU48] [MEN99] , dont l’énergie . La Figure I-23 illustre les comportements d’une relaxation primaire α et d’une relaxation secondaire β d’un matériau diélectrique dans un diagramme d’Arrhénius. Au-delà de la température de transition vitreuse (Tg), les deux processus ont tendance à converger afin de constituer un processus complexe αβ. De façon générale, le processus α ou β peut s’éteindre avant la convergence. 48 Etat de l’art Chapitre I Figure I-23. Dépendance en température du temps de relaxation pour des relaxations primaire (α) et secondaire (β). I.4.3.4 Comportement global des caractéristiques diélectriques D’un point de vue expérimental, les réponses diélectriques des matériaux solides mettent en jeu des phénomènes de relaxations multiples. En se basant sur le modèle d’Havriliak-Negami, le comportement des caractéristiques diélectriques d’un matériau est donc représenté pour un nombre n de relaxations sous la forme : n *( ) i 1 i 1 j i bi Equation I-69 ci A basse fréquence et pour des températures supérieures à celles de l’ambiante, il est souvent nécessaire de prendre en compte l’influence de la conductivité électrique du matériau (Figure I-24a). On observe que lorsque la température augmente, l’amplitude de la conductivité augmente également et s’étend vers les plus hautes fréquences (Figure I-24b). Figure I-24. (a) Permittivité réelle et (b) conductivité réelle dans le domaine fréquentiel en fonction de la température pour du poly(3n-decylpyrrole) [CAP98]. 49 Etat de l’art Chapitre I Cela est expliqué par l’effet d’activation thermique des porteurs de charge localisés dans la bande de conduction. Ces porteurs sont excités et peuvent se déplacer plus facilement, le temps d’établissement du régime permanent devient alors plus court, le phénomène de conduction s’observe par conséquence à plus haute fréquence. Le comportement global de la permittivité complexe d’un matériau diélectrique s’écrit alors [RAÏ05, GAB10] : n *( ) i 1 i 1 j i bi ci s 0 j Equation I-70 où est le terme de conduction dépendant de la fréquence de perturbation par une loi de puissance s . Ici, et s satisfont les relations : 0 ; 0 s 1 . En pratique, afin d’éviter ce problème complexe, on réalise successivement des ajustements partiels pour la partie imaginaire et la partie réelle lors de l’approximation de la permittivité par le modèle de Havriliak-Negami. Les expressions de ces parties déduites à partir de l’Equation I-70 s’écrivent alors : n '( ) i 1 n "( ) i 1 i .cos(ci i ) 1 bi bi 2b i i 1 2 i sin 2 i .sin(ci i ) 1 bi bi 2b i i 1 2 i sin 2 ci /2 ci /2 s cos s 0 2 s sin s 0 2 Equation I-71 Equation I-72 Avec : 1 bi bi i cos 2 i arctan 1 bi sin 1 bi i 2 Equation I-73 Par exemple, la Figure I-25 montre les résultats de modélisation utilisant les Equations I-71 et 72 pour le comportement global d’un matériau diélectrique qui se compose de quatre contributions séparées : deux relaxations secondaires (γ, β) de type Cole-Cole, une relaxation primaire (α) de type Havriliak-Negami et une conduction (ζ). 50 Etat de l’art Chapitre I 2.45 0.02 +'+' +'+' +'+' +' 0.015 " 2.4 2.35 2.3 " ' +'+' +' 5 log(f) 10 0.005 0 0.01 15 0 0 5 log(f) (a) 10 15 (b) Figure I-25. Modélisation de la permittivité réelle (a) et de la permittivité imaginaire (b) dans le domaine fréquentiel en superposant toutes les contributions : relaxation γ de type Cole-Cole, relaxation β de type ColeCole, relaxation α de type Havriliak-Negami, conduction σ Il faut noter que ces résultats modélisés s’étendent sur une très large gamme allant des très basses fréquences aux très hautes fréquences, tandis que les spectrométries d’impédance, en réalité, n’ont la capacité de faire des mesures que sur une gamme de fréquences réduite (de 10-2 à 107 Hz). Des difficultés expérimentales peuvent donc être rencontrées pour étudier le comportement global des caractéristiques diélectriques du matériau. I.5 Modélisation du comportement d’un diélectrique sous contraintes de champ électrique et de température I.5.1 Modélisation du transport de charges La description physique du transport de charges dans les matériaux isolants polymères est difficile à réaliser. Pour modéliser la conduction, il faut avoir accès à un certain nombre de paramètres intrinsèques du matériau, tels que la densité totale de pièges, leur distribution dans la bande interdite, mais aussi à des paramètres relatifs aux charges : la mobilité, le taux de recombinaison, etc. De nombreuses simulations du transport de charges dans les diélectriques solides sont réalisées suivant différentes approches. Certaines se basent sur des approches microscopiques 51 Etat de l’art Chapitre I afin de trouver les paramètres nécessaires à la modélisation du transport de charges ANT02, HUZ13] [MEU01, . Mais ces approches n’ont pas pour but de modéliser la conduction à proprement parler. Contrairement à une approche microscopique, les modèles de type macroscopique traitent dans la globalité les phénomènes physiques mis en jeu lors du transport de charges dans les diélectriques solides en les simplifiant fortement. Les paramètres sont des grandeurs macroscopiques mesurables, telles que la permittivité, la conductivité … les approches macroscopiques sont capables de rendre compte de systèmes complexes utilisant plusieurs matériaux, mais ne peuvent pas décrire des phénomènes tels que la charge d’espace. Les approches semi-macroscopiques prennent quant à elles en compte les paramètres microscopiques calculés dans les modèles et traitent dans la globalité les phénomènes physiques. Le but de ces approches est avant tout de pouvoir comparer des résultats simulés à des expériences, telles que la mesure de charge d’espace ou la mesure de courant qui sont des mesures dépendantes du temps. Ce type de modélisation s’est développé fortement ces deux dernières décennies. Nous allons donc focaliser notre étude sur ce type de modèles intermédiaires. I.5.1.1 Modèles semi-macroscopiques La modélisation du comportement des charges dans un matériau isolant combine deux phases principales qui sont la génération de charges et le transport de charges. Le but du développement de ces approches théoriques à long terme est la prédiction du comportement du matériau sous une contrainte électrique quelconque, mais aussi la prédiction de la dégradation ou du vieillissement du matériau isolant menant à la rupture diélectrique. Cependant, la difficulté commune à toutes les approches est de prendre en considération l’ensemble des phénomènes physiques qui jouent un rôle dans le comportement du matériau. Différents modèles bipolaires prennent en compte la possibilité d’avoir des pièges pour les électrons et pour les trous dans le volume du diélectrique. Nous citerons en premier les approches de Garton [GAR74] et Chowdry [CHO74] . Chowdry et al. considèrent un modèle bipolaire (électron et trou) basé sur la théorie de Garton avec des pièges et s’appuyant sur des expériences en électrification de contact sur des polymères tels que le polycarbonate, le nylon 66 et le polyimide. Ce modèle tient compte de deux niveaux d’énergie de piégeage, d’une barrière d’injection pour chaque type de charge mais ne prend pas en compte la recombinaison des charges. 52 Etat de l’art Chapitre I Alison et Hill [ALI94] ont développé un modèle bipolaire de transport de charges dans le polyéthylène réticulé (XLPE). La phase de génération de charges se fait uniquement par injection constante aux électrodes. Il n’y a pas de phénomène de dissociation dans le volume, ni de diffusion. Le transport de charges est modélisé par une mobilité effective indépendante du champ, tenant compte du possible piégeage et dépiégeage des charges dans des pièges peu profonds. Les impuretés de type chimique, créant des états localisés profonds dans le gap, sont représentées par un niveau unique de piégeage pour chaque espèce de porteurs de charges. Le temps de résidence dans ce niveau de piège profond est considéré comme infini. La recombinaison via des coefficients de recombinaison pour chaque niveau d’énergie et chaque espèce, est prise en compte. D’autres modèles de transport ont été proposés par la suite, prenant en compte d’autres hypothèses pour l’injection et le transport [FUK94, KAN99] . Pour ces deux derniers, la génération de charges se fait par injection de type Schottky, à l’anode et à la cathode pour les trous et les électrons respectivement, le transport est décrit par « hopping ». Ces modèles ont également pris en compte la recombinaison des charges. Le modèle de Fukuma utilise une barrière d’extraction pour les porteurs de charges et tient compte d’un seul niveau de piégeage dans des pièges profonds. Un paramètre de température est ajouté afin de tenir compte de l’augmentation de la température par effet Joule avec l’augmentation du champ local et de la conduction. Le modèle de Kaneko n’utilise pas de barrière d’extraction mais tient compte de deux niveaux de piégeage. En 2004, Le Roy et al. [ROY04] présentent un modèle bipolaire s'appuyant sur le modèle d’Alison et Hill avec une injection de type Schottky et une barrière de dépiégeage pour les pièges profonds qui est activé thermiquement. L’échantillon simulé est le LDPE. Une densité initiale de charges est ajoutée afin de reproduire les expériences. Les résultats obtenus sont comparés à des mesures expérimentales de charge d’espace, de luminescence et de courants. Un second modèle bipolaire est aussi développé par Boufayed [BOU06] en parallèle à celui décrit dans [ROY04] , dans la même équipe de recherche, pour du XLPE, en considérant une distribution exponentielle pour le piégeage et un niveau maximal de profondeur de pièges (électrons, trous) qui remplace le niveau unique de piégeage profond du modèle [ROY04] . Ce modèle ne tient pas compte de la recombinaison des charges, et les seules expériences auxquelles les résultats peuvent être comparés sont les profils de charges et les courants externes. 53 Etat de l’art Chapitre I Dans les années suivantes, divers modèles bipolaires s'appuyant sur le modèle de Alison et Hill et de Le Roy ont été développés. Chacun d’entre eux a pris en considération des hypothèses particulières, soit pour la génération soit pour le transport de charges, afin d’adapter leurs modèles à l’application visée. Xia et al. [XIA11] ont considéré une zone d’interface à une électrode, dans laquelle des charges injectées depuis le métal par injection Schottky pouvaient se piéger si le champ électrique était inférieur à un champ seuil. Ils ont aussi considéré une mobilité différentielle négative (NDM) qui permet de simuler des paquets de charges. Un modèle de Min et al. [MIN12] s’appuyant sur celui de [ROY04] considère que les électrons, déposés par décharge couronne, sont piégés à la surface air/diélectrique, puis sont « injectés » dans le volume par effet Poole-Frenkel, alors que les trous sont injectés depuis le métal par injection Schottky. Ils ont simulé le potentiel de surface pour différents matériaux : tissu de verre époxy FR4 et polytétrafluoroéthylène (PTFE). Lv et al. [LV13] ont proposé sur la base du modèle de [ROY04] d’associer la densité maximale de pièges à la quantité de nanoparticules introduites dans une matrice LDPE. Ils tiennent également compte d’un coefficient d’extraction des charges ainsi que de la diffusion. Dans notre travail, le modèle de base adopté est celui de Le Roy et al. [ROY04]. I.5.1.2 Modèle de base de notre étude Depuis une dizaine d’années, une activité de modélisation du transport de charges dans les isolants sous contraintes électriques [ROY06, ROY10] a été initiée par Le Roy et ses collaborateurs dans l’équipe Diélectriques Solides et Fiabilité (DSF) du Laboratoire LAPLACE. Un modèle numérique bipolaire et unidimensionnel, fonction de l’épaisseur du diélectrique, décrit l’injection et le transport des charges électroniques (électrons et trous) dans un diélectrique solide organique. La Figure I-26 présente le schéma des mécanismes pris en considération dans ce modèle. Chaque type de charges peut être mobile ou piégé. Un électron mobile ou un trou mobile a une mobilité constante. Dans ce modèle de transport de charges, on considère un seul niveau de piégeage profond et une densité maximale de charges piégées pour chaque type de charges. La recombinaison peut se produire entre des porteurs de signe opposé sans créer de nouvelle espèce dans l’isolant polymère. Après recombinaison, le piège est libéré et le piégeage redevient donc possible. 54 Etat de l’art Chapitre I Figure I-26. Schématisation du mécanisme de conduction Le modèle s’appuie sur un système couplé d’équations : L’équation de Poisson : E ( x, t ) ( x, t ) x 0 r L’équation de transport : ja ( x, t ) a na ( x, t ) E ( x, t ) L’équation de continuité : qna ( x, t ) ja ( x, t ) sa ( x, t ) t x Equation I-74 Equation I-75 Equation I-76 où x est la coordonnée dans l’espace, a représentant les électrons et les trous, ja est la densité de courant, na est la densité de charges et µa représente la mobilité de l’espèce considérée. Le terme sa représente les termes sources, qui traduisent l’apparition et la disparition de charges non liées au transport. Cette variation est due dans le cas de ce modèle au piégeage, au dépiégeage et à la recombinaison. Les mobilités des charges mobiles peuvent être soit constantes, soit fonction du champ et de la température. Elles suivent pour ce dernier cas l’équation de type « hopping » : e,h ( x, t ) qwe,h qE ( x, t )a 2a exp sinh E (x, t) k BT (t ) 2k BT (t ) Equation I-77 où w e et w h sont les barrières de « hopping » respectivement pour les électrons et les trous ; a est la distance inter-pièges par « hopping ». Les coefficients de dépiégeage sont donnés par : qwtre,h De,h (t ) exp kBT (t ) Equation I-78 où wtre et wtrh sont les barrières de dépiégeage respectivement pour les électrons et les trous. 55 Etat de l’art Chapitre I La recombinaison entre charges est considérée comme étant de type Langevin [LAN45] : S0 0 S1 S2 S3 Equation I-79 q e Equation I-80 0 r qh Equation I-81 0 r q e h Equation I-82 0 r où S 0 , S1 , S 2 , et S3 sont les coefficients de recombinaison respectivement entre électron piégé – trou piégé, électron libre – trou piégé, électron piégé – trou libre et électron libre – trou libre. L’injection de charges aux électrodes est prise en considération au travers d’un terme d’injection de type Schottky modifiée, qui s’écrit à la cathode (x=0) et à l’anode (x=d), pour les électrons et les trous, respectivement : q qwe jinje (0, t ) AT 2 exp exp kBT k BT qE (0, t ) 1 4 0 r Equation I-83 q qwh jinjh (d , t ) AT 2 exp exp kBT k BT qE (d , t ) 1 4 0 r Equation I-84 où we et wh sont les barrières d’injection respectivement pour les électrons et les trous. Cette équation de Schottky modifiée tient compte du courant qui va du diélectrique vers le métal, et qui n'est pas nul. Il n’y a pas de barrières d’extraction pour les porteurs de charges. Les électrons et les trous ont une densité de courant d’extraction suivant l’Equation I-75, à l’anode et à la cathode, respectivement : je (d , t ) e ne (d , t ) E (d , t ) Equation I-85 jh (0, t ) h nh (0, t ) E (0, t ) Equation I-86 Le courant total est calculé par l’équation de Maxwell-Ampère : 56 Etat de l’art Chapitre I JT ( x, t ) jc ( x, t ) D( x, t ) t Equation I-87 où la première partie du terme de droite représente le courant de conduction alors que la seconde est celui de déplacement. Jusqu'à présent, la permittivité relative ɛr a été considérée comme une constante quel que soit le temps. L’expression du courant total s’écrit alors : JT ( x, t ) jc ( x, t ) 0 r E ( x, t ) t Equation I-88 Ce modèle a été appliqué au LDPE, un isolant polymère peu polaire et très populaire dans l'industrie puisqu'il sert de résine de base aux isolants de câbles électriques haute tension alternative (AC) et continue (DC). Ce modèle donne de bons résultats, puisqu'il existe une bonne adéquation entre les mesures et la simulation pour de nombreux protocoles d'applications de la tension[ROY04, ROY06, ROY10] . Cependant, les mesures de courant à temps courts (<300s) montrent des transitoires que le modèle n'est pas capable de reproduire (Figure I-27), et qui semblent liés à des phénomènes de polarisation, qui sont négligés dans le modèle. Figure I-27. Comparaison entre le courant simulé par le modèle de transport de charges et le courant expérimental pour du LDPE soumis à un champ appliqué de 40kV/mm [ROY04] à 25°C Donc, l’évolution de ce modèle dans le domaine temporel prenant en compte les mécanismes dipolaires semble nécessaire. 57 Etat de l’art Chapitre I I.5.2 Modélisation de la polarisation dans le domaine temporel I.5.2.1 Modélisation du courant transitoire En 2004, un modèle unipolaire couplant transport de charges et polarisation a été initié par l’équipe de recherche de Saidi-Amroun [SAI04] . En 2012, les mêmes auteurs ont proposé une amélioration importante du modèle qui concerne la prise en considération d’une injection bipolaire [BER12] , qui permet de mieux décrire les phénomènes liés à la présence des charges d’espace dans le matériau. La génération de charges se fait par injection de type Schottky, à l’anode et à la cathode, le transport est modélisé par une mobilité effective constante en tenant compte d’un niveau de piégeage. La diffusion est prise en compte mais ce modèle ne tient par contre pas compte la recombinaison. Les paramètres de ce modèle ont été adapté pour du PET [SAI07, BER11, BER12] afin de pouvoir comparer les résultats du modèle à des mesures de courants. Dans ces simulations, la contribution due à la polarisation est approchée par la loi empirique de Curie-Von Schweidler : I (t ) At n , où A est une constante à une température donnée et n représente la pente de la décroissance du courant en fonction du temps. La permittivité est indépendante du temps et de la température. I.5.2.2 Notre approche Dans ce travail, nous avons choisi le modèle de transport développé par [ROY04] pour la partie concernant les mécanismes d’injection et de conduction. La polarisation (P) et le déplacement (D) en fonction du champ électrique (E) et du temps (t) sont exprimés respectivement par les Equations I-40 et 41. Pour déterminer E, P ou D, il faut en premier lieu connaître la fonction impulsionnelle p (t ) . Les résultats expérimentaux dans le domaine fréquentiel seront approximés grâce à un modèle de type Havriliak-Negami pour obtenir p ( ) , puis cette fonction sera obtenue dans le domaine temporel à l’aide d’une transformée de Fourier inverse. Le déplacement électrique D pourra ainsi être calculé. 58 Etat de l’art Chapitre I La polarisation sera ensuite introduite dans le modèle de transport de charges développé par Le Roy et al. et le modèle ainsi amélioré sera appliqué à un matériau polaire, le PEN (poly(éthylène naphtalène 2,6- dicarboxylate)). Enfin, dans l’étape de validation du modèle global (transport et polarisation), et pour simplifier le problème, nous partirons du cas où seule la polarisation joue un rôle dans les mesures, c'est à dire quand l’échantillon est soumis à un champ électrique faible. Par conséquence, l'injection, le piégeage, le dépiégeage et la recombinaison seront négligés dans cette étape. Des essais de simulation à champ fort, où polarisation et conduction sont présentes, seront ensuite discutés. 59 Chapitre II Approche expérimentale Chapitre II Approche expérimentale Dans ce chapitre, nous présentons d’abord le matériau utilisé dans cette étude : le Poly(éthylène naphtalène 2,6- dicarboxylate) (PEN). Ensuite, nous présentons les différentes techniques expérimentales permettant de caractériser les propriétés électriques, diélectriques et physico-chimiques du matériau. Le principe et le banc de mesure seront décrits pour chaque technique expérimentale utilisée. II.1 Matériau d’étude II.1.1 Poly(éthylène naphtalène 2,6- dicarboxylate) - PEN Dans le but de comprendre les phénomènes de polarisation et de les prendre en considération dans le modèle de transport de charges, un matériau polaire, le Poly(éthylène naphtalène 2,6-dicarboxylate) (PEN) est choisi. Le PEN appartient à la famille des polyesters aromatiques saturés, tout comme le Polyéthylène téréphtalate, ou PET. Les structures chimiques de ces deux matériaux sont présentées à la Figure II-1. La seule différence entre le PEN et le PET est le cycle aromatique unique dans le squelette carboné du PET qui est remplacé par un double cycle dans le PEN. Cette différence de structure confère au PEN des propriétés thermiques et mécaniques accrues par rapport au PET. O O C CH2 O O C CH2 CH2 O O CH2 C C O O n n PEN PET Figure II-1. Structure chimique du PET et du PEN La synthèse du PEN se fait soit par transestérification du méthyl ester avec l'éthylène glycol [BUC89] , soit par polycondensation d'un acide naphtalène 2,6-dicarboxylate avec l'éthylène glycol [VES63] . La polymérisation à l’état solide (Solid-State Polymerization –SSP) des granules de résine fondus est le procédé privilégié permettant d’augmenter la masse moléculaire moyenne du PEN [DUH95, STE13]. 63 Chapitre II Approche expérimentale Le PEN, grâce à ses bonnes propriétés thermiques et mécaniques, a de nombreuses applications dans l’industrie. Dans le domaine du génie électrique, il est utilisé, par exemple, comme isolant de classe F (opérationnel jusqu’à 155°C) permettant l’enrubannage des conducteurs dans les moteurs électriques. Il est particulièrement bien adapté pour la fabrication de condensateurs [GUA99] dans le domaine de l’électronique. Le PEN est aussi utilisé dans le domaine de la microélectronique. En effet, la technologie SMT (Surface Mount Technology) pour le montage d'éléments miniaturés en surface, impliquant la résistance du matériau à une impulsion de soudage de 10 secondes à 260°C, était irréalisable avec les autres polyesters [YEN93] . Le PEN est également utilisé pour afficher les propriétés de scintillation suprême et devrait remplacer les scintillateurs plastiques classiques [NAK11]. Dans le cadre de notre étude, les films de PEN de type Teonex® Q51 de 12 à 250µm sont fournis par DuPont Teijin Films Co [TEI02]. Ces films sont orientés biaxialement, flexibles et légèrement grisés. Une comparaison entre les propriétés des films PEN TEONEX Q51 et d'un film PET provenant du même fournisseur est donnée au Tableau II-1. Le PEN Teonex® Q51 a été spécialement conçu pour l’isolation et la fermeture des encoches ainsi que l’isolation d’entre phases dans les moteurs électriques soumis à de fortes contraintes. Tableau II-1. Comparaison des propriétés des films en PEN et en PET. Propriétés Unité PEN (Teonex® Q51) PET (biaxial) Structure Densité g/cm3 1,36 1,40 Mécanique Résistance à la traction MPa 280 230 Allongement à la rupture % 90 120 Absorption d’eau % 0,3 0,4 Température d’utilisation prolongée (mécanique/électrique) °C 160/180 105 Température de transition vitreuse °C 121 110 Température de fusion °C 269 258 Champ de claquage kV/mm 300 280 Constante diélectrique (AC 60Hz, 25°C) 3 3,2 Dissipation diélectrique (AC 60Hz, 25°C) 0,003 0,002 Thermique Electrique Résistivité superficielle 1017Ω 2 6 Résistivité volumique 1017Ωcm 10 7 64 Chapitre II Approche expérimentale II.1.2 Métallisation Dans notre étude, pour toutes les mesures exceptée l’analyse enthalpique différentielle (DSC), les échantillons se présentent sous forme de films métallisés par pulvérisation o cathodique d’or sur les deux faces. L’épaisseur des couches d’or est de 300 A , le diamètre des électrodes dépend du type de mesure. Ce procédé, encore appelée sputtering, permet de réaliser des dépôts avec une augmentation modérée de la température du substrat, contrairement aux autres moyens de métallisation tels que l’évaporation sous vide. Ce procédé de métallisation par pulvérisation catholique est donc adapté aux matériaux polymères dans la mesure où celui-ci ne modifie pas la morphologie du matériau par effet de recuit thermique. II.2 Analyse enthalpique différentielle (DSC) II.2.1 Principe Le principe de l’analyse enthalpique différentielle ou Differential Scanning Calorimetry (DSC) [GRE10] , repose sur la mesure du flux d’énergie thermique à fournir à l’échantillon et à un corps de référence, de façon à maintenir leurs températures identiques lors d’un protocole de température imposé. La DSC est largement utilisée afin d’étudier les transitions des polymères. Cette technique permet de détecter les effets thermiques qui se produisent lors d’un changement d’état physique ou d’une transition d’une phase cristalline en une autre phase cristalline du matériau. Parmi les applications classiques de la DSC [TEY97] , on peut citer : la détermination de la température de transition vitreuse et de fusion, les mesures de taux de cristallinité, l’étude de la ségrégation de phase. II.2.2 Dispositif expérimental L’appareil de mesure DSC utilisé est le calorimètre DSC 2010 [TAI98] (Figure II-2) de TA Instruments associé au système de refroidissement par azote liquide LNCA (Liquid Nitrogen Cooling Accessory) permettant d’assurer le refroidissement programmable de 725 à -150°C lorsqu’il est utilisé avec le DSC Heat Exchanger installé sur la cellule DSC. Le calorimètre est constitué d’un four unique, régulé en température et contenant deux plots. Sur 65 Chapitre II Approche expérimentale l’un repose la capsule dans laquelle se trouve l’échantillon et sur l’autre la capsule de référence, vide. L’enregistrement de la différence de température entre les deux plots pendant le protocole de température constitue un thermogramme d’analyse thermique différentielle. Cette différence de température est transformée en évolution du flux de chaleur ∆W en fonction de la température. Figure II-2. Dispositif expérimental de la mesure DSC [GRE10] II.2.3 Analyse Les transitions d’un polymère se traduisent par des pics ou des sauts dans le spectre de DSC. Nous illustrons ici les analyses des spectres DSC du LDPE et du PEN. La Figure II-3a présente un thermogramme DSC obtenu à partir d’un échantillon de LDPE qui a une structure semi-cristalline. Un pic endothermique correspondant à la température de fusion (109°C) est observé lors du chauffage et un pic exothermique correspondant à la cristallisation (92,64°C) lors du refroidissement à partir de l’état fondu. La Figure II-3b présente un thermogramme obtenu à partir des échantillons de PEN amorphe (courbe 1) et des PEN semi-cristallins (courbes 2 et 3). Un pic endothermique correspondant à la température de fusion (270°C) est observé pour tous les échantillons. Un pic correspondant à la cristallisation « froide » et un saut de chaleur correspondant à la température de transition vitreuse (130°C) ne sont observés que pour l’échantillon amorphe. Pour les échantillons SC1 et SC2, un pic de pré-fusion est détecté. 66 Chapitre II Approche expérimentale (a) (b) Figure II-3. Exemples de thermogramme représentant différentes transitions de structure pour un échantillon de : (a) LDPE semi-cristallin [TAL11], (b) PEN amorphe et semi-cristallin [CHA04] Le taux de cristallinité du matériau est calculé à l’aide de la relation suivante GRE10] [CHA04, . (%) où : H f H c H 0f .100 Equation II-1 H f : enthalpie de fusion spécifique mesurée, H 0f : enthalpie de fusion du polymère 100% cristallin, H c : enthalpie de cristallisation « froide ». Dans certains cas particuliers, l’échantillon ne cristallise plus lors du chauffage, H c = 0 (par exemple LDPE - Figure II-3a). II.3 Mesure de charge d’espace Deux catégories majeures de méthodes de mesure de la charge d’espace sont décrites dans la littérature [LAU99] : les méthodes avec et sans résolution spatiale. Parmi les techniques sans résolution spatiale, on peut citer les courants de dépolarisation thermo-stimulés (TSDC) [BUC64] et la méthode miroir [GRE91] . Ces mesures donnent une information sur la présence de charge d’espace dans le matériau mais il n’est pas possible de mesurer une distribution en volume. Pour obtenir cette information, on utilise des techniques de mesure avec résolution spatiale telles que l’impulsion thermique (TPM [COL75], TPT [MEL05]) , la modulation thermique 67 Chapitre II (LIMM Approche expérimentale [LAN81] (LIPP) [SES82] (PEA) [MAE85] , FLIMM [FRA97] ), l’échelon thermique (TSM) , l’échelon de pression (PWP) [EIS82] [TOU87] , l’impulsion de pression et la méthode électro-acoustique pulsée . Toutes ces méthodes utilisent le même principe physique qui consiste à perturber l’équilibre entre les forces électrostatiques et les forces élastiques, cependant les perturbations utilisées sont différentes. Elles peuvent être classées en deux sous-catégories : les méthodes thermiques (TPM, TPT, LIMM, FLIMM, TSM) et acoustiques (LIPP, PWP, PEA). Nous ne présentons par la suite que la méthode PEA qui a été choisie dans notre étude car elle est plus adaptée à des mesures sous contrainte sur des matériaux dont l’épaisseur varie de 100µm à 200µm. II.3.1 Principe de la méthode PEA La méthode PEA a été mise au point en 1985 par Maeno et al. [MAE85] . La Figure II-4 présente le principe de la méthode PEA. Son principe est lié à la génération d’ondes acoustiques par la charge d’espace lorsque cette dernière est soumise à un champ électrique. Lorsqu’une impulsion électrique est appliquée sur une charge, celle-ci est soumise à une force de type Coulombien, qui induit un déplacement élémentaire transitoire de cette charge autour de sa position d’équilibre. L’interaction coulombienne entre l’impulsion et la charge nette d’espace engendre donc deux ondes de pression de même amplitude et proportionnelles à la densité de charge. L’une des deux composantes se propage en direction du capteur piézoélectrique qui convertit le signal acoustique en signal électrique. Le signal électrique est amplifié avant d’être enregistré au moyen d’un oscilloscope. Un traitement numérique adéquat du signal permet de reconstruire le profil de charge d’espace [VIS14]. Figure II-4. Principe de la méthode PEA [THO08] 68 Chapitre II Approche expérimentale L’avantage majeur de la méthode PEA est l’utilisation d’un capteur piézoélectrique très fin (dizaine de micromètres) ayant une large gamme de fréquences de l’ordre du kilohertz et une impulsion de tension très courte (la largeur à mi-hauteur est de quelques nanosecondes) permettant d’éviter une déconvolution mathématique délicate, souvent utilisée pour les méthodes thermiques. Les signaux obtenus sont directement l’image de la distribution de charge. Cependant, la résolution de la méthode dépend de l’épaisseur du capteur piézoélectrique et limite la PEA à l’étude des films épais de l’ordre de la centaine de micromètres à quelques millimètres. II.3.2 Dispositif expérimental Le dispositif expérimental de la mesure PEA utilisé pour ce travail est représenté sur la Figure II-5. La cellule PEA (TechImp®) est placée dans une enceinte thermique pour des mesures en température sur une gamme allant de 0°C à 70°C maximum. Une alimentation haute tension continue ±35kV est utilisée afin de mettre l’échantillon sous contrainte électrique. Un générateur d’impulsion d’amplitude et de fréquence de répétition réglables dont les valeurs maximales sont respectivement de 2kV et 50kHz, qui génère les impulsions au moyen de transistors à effet de champ (FET), délivre les stimuli nécessaires à la mesure et permet la synchronisation du signal PEA sur l’oscilloscope (trigger). La largeur des impulsions à mi-hauteur est de l’ordre de 5ns. L’électrode supérieure est un semi-conducteur (polyéthylène chargé de noir de carbone), de diamètre 10mm, ayant des propriétés acoustiques proches de celles du matériau étudié et ce afin de minimiser les réflexions d’onde au niveau de l’interface échantillon/électrode. L’électrode inférieure en aluminium est connectée à la masse. Du point de vue acoustique l’aluminium se comporte comme une ligne de retard. Le capteur piézoélectrique, généralement en polyvinylidene fluoride (PVDF), est placé sous l’aluminium et convertit l’onde acoustique en signal électrique. Enfin, sous le PVDF est placé un absorbeur en polyméthyl-méthacrylate (PMMA) destiné à atténuer au maximum l’onde sortant du PVDF ce qui empêche toute réflexion de revenir vers le capteur. Un oscilloscope numérique Lecroy LT374L (vitesse d’échantillonnage de 4GS/s, bande passante de 500MHz, profondeur de mémoire de 16Mb) enregistre et moyenne le signal issu du capteur piézoélectrique. La cellule PEA utilisée a une résolution spatiale de l’ordre de 10µm et une sensibilité de 0,1 C.m-3. 69 Chapitre II Approche expérimentale GPIB IEEE 488 Acquisition numérique Alimentation H. T. oscilloscope numérique Trig. Signal Enceinte thermique électrode supérieure Générateur d’impulsions isolant électrode inférieure semi-conducteur ampli échantillon capteur piézoélectrique Absorbeur (PMMA) Figure II-5. Dispositif expérimental de la méthode PEA II.4 Mesures de courant II.4.1 Courant de Dépolarisation Thermo-Stimulés (TSDC) La mesure des courants de dépolarisation thermo-stimulés, ou Thermo-Stimulated Depolarization Currents (TSDC), couplant à la fois une contrainte électrique et thermique, est utilisée pour la caractérisation de nos matériaux diélectriques. Historiquement, la mesure TSDC a été mise au point par Frei et Groetzinger en 1936 [FRE36] . Les auteurs ont mesuré le courant de dépolarisation d’un électret en fonction de la température. La première base théorique pour le courant thermo-stimulé a été établie par Bucci et Fieschi en 1964 sur la base de leur étude des dipôles de défaut dans les cristaux ioniques [BUC64] . Depuis le milieu des années 1970, cette technique est devenue une méthode populaire afin d’étudier tous les mécanismes fondamentaux de stockage et de libération de charges ainsi que le lien entre structure et charges dans les semi-conducteurs et les isolants [MIL73, ADA75, ZIE77, TEB08] . 70 Chapitre II Approche expérimentale II.4.1.1 Principe Le principe d’obtention d’un courant de dépolarisation thermo-stimulé est représenté sur la Figure II-6. L’échantillon est d’abord polarisé par un champ électrique continu EP à une température constante TP durant un temps fixe tP. Cette phase est généralement effectuée à une température plus élevée que la température ambiante. L’élévation de température a pour effet de réduire, d’une part, le temps de relaxation des dipôles, et d’autre part, l’intensité et la durée du champ appliqué, pour que l’ensemble des dipôles présents dans le solide puisse s’orienter plus facilement suivant la direction du champ. Cette orientation est visualisée par une décroissance rapide du courant transitoire. L’échantillon est ensuite refroidi sous champ à une température T1, ce qui fige les dipôles dans l’orientation acquise. Une fois la température basse T1 atteinte, le champ électrique est supprimé et l’échantillon court-circuité pendant un temps tCC afin d’évacuer les charges libres de surface et permettre aux dipôles ayant une cinétique de relaxation élevée à T1 de pouvoir relaxer et revenir à leur état d’équilibre. Enfin, l’échantillon est réchauffé grâce à une rampe de température linéaire de T 1 à T2 à une vitesse constante ν. Le courant de dépolarisation est enregistré durant cette rampe de montée en température. Les fluctuations thermiques croissantes dans le diélectrique vont induire le retour à l’équilibre séquentiel des différentes familles de dipôles précédemment orientés. En fonction de la température, chaque famille de dipôles est relaxée, ou les charges accumulées sont libérées, induisant des pics de relaxation sur le courant externe. Champ appliqué (V.m-1) Protocole de mesure EP 0 Temps (s) Température (oC) T2 TP ν= Tamb T1 dΤ dτ tCC tP Résultat Temps (s) Courant de dépolarisation (A) relaxations Température (oC) Figure II-6. Principe de la TSDC 71 Chapitre II Approche expérimentale II.4.1.2 Dispositif expérimental Le montage expérimental pour les mesures TSDC est illustré sur la Figure II-7. L’échantillon est placé entre deux électrodes circulaires. Le système échantillon/électrodes est mis dans une enceinte. L’enceinte est mise sous vide primaire avant d’être remplie d’hélium (à la pression atmosphérique), un gaz inerte et conducteur thermique. Le banc de mesure TSDC se compose d'une partie électrique et d'une partie thermique, qui sont pilotées simultanément par ordinateur. Figure II-7. Dispositif expérimental de la mesure TSDC Une alimentation haute tension (HT) continue réversible (entre 0kV et 6,5kV) est connectée à l'anode (électrode supérieure) afin d’appliquer le champ électrique continu aux bornes de l’échantillon. Un ampèremètre Keithley 617 d’une précision de 5.10-15A relié à la cathode (électrode inférieure) et à la masse permet de mesurer le courant qui traverse l'échantillon. 72 Chapitre II Approche expérimentale Une sonde de température platine reliée à un Eurotherm mesure la température au niveau de l’échantillon. Une source de puissance alimente des résistances chauffantes reliées à l’alimentation de puissance qui assurent la régulation thermique entre -150°C et 300°C. Le refroidissement de l’échantillon est réalisé à l’aide d’une circulation d’azote liquide. Ce dispositif permet de contrôler la température de l’échantillon à 0,1°C près et d’appliquer de manière contrôlée une rampe de température avec une vitesse constante (de 1 à 9°C/min). II.4.1.3 Analyse des pics de relaxation La TSDC donne des informations relatives au réarrangement des dipôles électriques et à la libération des charges piégées. Cette technique permet de solliciter les matériaux à une fréquence équivalente très faible de l’ordre de 10-3Hz [SUH92]. Elle est donc complémentaire de la spectroscopie diélectrique pour l’analyse des relaxations de structure. Cependant, dans la pratique, les spectres de TSDC sont souvent complexes et il est difficile de dissocier les mécanismes de relaxation et le dépiégeage de charges. Certains pics de relaxation sont liés aux transitions du matériau (α, β, γ, …), et il est donc facile de relier l’origine de ces pics à des mécanises dipolaire. Au-dessus de la température de transition vitreuse, un pic supplémentaire peut être obtenu pour certains matériaux, et est en général appelé ρ. Ce pic est souvent attribué à des effets liés à la présence de charge d’espace [BHA84] ou à des mouvements délocalisés tout le long de la chaîne principale [LAV93]. Les résultats obtenus grâce à la TSDC sont largement dépendants du protocole expérimental appliqué (champ électrique appliqué EP, température de polarisation TP, vitesse de rampe ν, etc). Le Tableau II-2 liste les effets des différentes conditions de polarisation sur les pics de dipôles et de charge d’espace pour des polymères amorphes. La similitude trompeuse entre pics de dipôles et de charge d’espace rend difficile la distinction entre les deux. Nous devons souvent recourir à d’autres méthodes ou techniques pour obtenir des informations supplémentaires. Un premier élément important concerne la nature du matériau. Les relaxations de dipôles et de charge d’espace peuvent se produire dans les matériaux polaires, mais dans les matériaux non polaires, qui ne contiennent donc pas de dipôles permanents, seule la relaxation de charge d’espace peut être activée. De plus, la polarisabilité d'un matériau peut être facilement mesurée de manière diélectrique. Une comparaison des données de TSDC avec des mesures de spectroscopie diélectrique, en particulier aux basses fréquences, peut 73 Chapitre II Approche expérimentale donc être utile pour identifier l'origine d'un pic. En effet, les pertes diélectriques ne se manifestent généralement pas dans le pic ρ, celui-ci est donc facile à reconnaître même, la TSDC peut être associée à des mesures mécaniques [MON77, OSH76] [TUR71] . De . Nous trouvons également dans la littérature plusieurs techniques associées à la mesure TSDC permettant de dissocier le processus de charge d’espace des processus dipolaires, par exemple les techniques de fluage thermiquement stimulé [MON77] , de courant piézo-stimulé thermo-stimulée et courant de polarisation thermo-stimulé (TSPC) [AI75] [MCK75] , de conductivité , des polarisations fractionnées [VAN77], etc. Tableau II-2. Effets des conditions de polarisation sur les pics de dipôles et de charge d’espace pour des polymères amorphes [TUR71, TUR87] Paramètre de polarisation Effet sur le pic de dipôle Effet sur le pic de charge d’espace TP Pic se décale quand TP<Tg ; ne se décale pas quand TP>Tg Pic se développe pleinement quand TP>Tg ; sa position est indépendante de TP mais sa hauteur passe par un maximum tP Indépendance de tP quand TP>Tg Pic passe par un maximum EP Dépendance linéaire avec EP Non linéaire Electrodes Pas d’effet Electrodes affectent la position et la hauteur du pic Epaisseur de l’échantillon Pas d’effet Pic plus grand et apparaît à des températures plus basses pour des échantillons plus minces Préparation de l’échantillon Pas d’effet Hydratation, gonflement et dopage ont des effets prononcés Radiations nucléaires Pas d’effet Pic plus petit Reproductibilité Bonne Modérée II.4.2 Courant de polarisation alternée (APC) II.4.2.1 Principe La méthode APC (Alternate Polarization Current) dérive de la méthode des ondes rectangulaires alternatives (ou créneaux alternés de tension) utilisée pour la mesure de la conductivité des liquides très isolants [HIL88, TOB94] 74 et est exploitée depuis 1992 par l'entreprise Chapitre II Irlab Approche expérimentale [IRL00] . Cette méthode a été étendue aux isolants solides afin de mesurer leur résistivité, mais aussi de caractériser les différents mécanismes responsables de la conduction ESC01, FIL04] [TOB98, . Le principe de la méthode APC est représenté sur la Figure II-8. L’échantillon est soumis à un champ électrique en créneaux alternés, positifs et négatifs, de faible amplitude E 0 et de période réglable selon le domaine de temps que l’on souhaite analyser. On mesure pendant toute la durée de chacune des demi-périodes (T/2) la valeur absolue du courant traversant l’échantillon : la valeur moyenne, sur un nombre suffisant de périodes, permet d’obtenir une loi de décroissance du courant en fonction du temps (courant de polarisation) parfaitement reproductible et caractéristique du matériau. La méthode APC remédie ainsi aux inconvénients de la méthode classique qui mesure les courants de polarisation/dépolarisation pendant une seule période dont les résultats dépendent souvent des applications antérieures du champ électrique sur le matériau. En effet, la méthode classique est généralement utilisée avec des champs électriques plus élevés qui rendent plus difficile l’élimination des charges responsables de l’effet « mémoire » observé[ADA81]. La reproductibilité des résultats obtenus avec la méthode APC tient à la nature périodique de la tension appliquée qui place l’échantillon dans un état de pseudo-équilibre. Cette nature périodique joue également un rôle fondamental au niveau de la mesure, permettant de réaliser un appareil de haute sensibilité compatible avec les mesures sous faible champ. Figure II-8. Principe de la méthode APC 75 Chapitre II Approche expérimentale II.4.2.2 Dispositif expérimental Les mesures de courant de polarisation APC ont été réalisées à l’aide du dispositif fourni par l'entreprise Irlab. Les Figures II-9 et 10 présentent le schéma de principe d’acquisition du courant de polarisation ainsi que les appareils utilisés pour les mesures. Pour des mesures dans une gamme de températures de 0 à 100°C, la cellule Irlab CS-1 est utilisée. Celle-ci est placée dans une enceinte thermique. Pour des températures plus élevées, on utilise l’enceinte de mesure TSDC. Dans les deux cas, la cellule de mesure est connectée à un coffret électronique (Irlab APC-1) par des câbles BNC. L’appareil APC-1 est constitué d’un générateur de créneaux de tension alternée de haute stabilité de durée et d’amplitude réglable de 0,1V à 10V et d’un analyseur de courant de grande résolution. Pour des mesures sous champ faible (tension inférieure ou égale à 10V), le générateur interne de l'APC-1 est utilisé (commutateurs K1 et K2 sont mis en position « Int » sur la Figure II-9). Lorsque les mesures sont effectuées pour un champ plus élevé (tension égale à 100V), un générateur externe (Gen Ext) est mis en série avec le coffret électronique APC-1 et la cellule de mesure (K1 et K2 sont mis en position « Ext »). Une fois les paramètres de mesure établis et la tension appliquée, la courbe courant-temps s’affiche en coordonnées logarithmiques sur une acquisition numérique. Figure II-9. Dispositif expérimental de la mesure APC 76 Chapitre II Approche expérimentale Figure II-10. Montage expérimental de la mesure APC à température ambiante Un dernier type de mesure de courant sera présenté dans le paragraphe II.5. Cette mesure de courant est réalisée simultanément avec les mesures d’électroluminescence à des champs forts. II.5 Mesure d’électroluminescence (EL) II.5.1 Principe La luminescence est une émission de lumière d’un matériau. Elle a différentes origines, selon la nature de l’excitation [AUB08]. La photoluminescence est la résultante d’une excitation par absorption de photons, la chimiluminescence est la résultante d’une excitation produite par une réaction chimique. L’électroluminescence est de plus en plus employée pour désigner la propriété que possèdent certaines substances solides de s’illuminer sous l’action d’un champ électrique. Pour expliquer l’électroluminescence, Bernanose [BER55] avait pensé initialement à une activation directe des molécules par le champ électrique. Cependant, la structure des polymères isolants est complexe, et les processus d’excitation sont nombreux. Il existe donc plusieurs mécanismes d’excitation dans les milieux organiques. Les signaux lumineux peuvent être générés par [PIP55] : Ionisation par impact : les porteurs de charges mobiles sont accélérés par un champ électrique et acquièrent une énergie cinétique. Ils peuvent provoquer des collisions inélastiques avec des molécules de la matrice ou des impuretés. Selon l’énergie cinétique des porteurs mobiles, les molécules peuvent être ionisées si l’énergie cinétique est 77 Chapitre II Approche expérimentale supérieure à l’énergie d’ionisation de la molécule, ou seulement excitées dans le cas contraire. Les molécules peuvent retourner à l’état fondamental en libérant leur excès d’énergie sous forme de rayonnement radiatif. Recombinaison de charges positives et négatives : crée des états électroniques excités, qui se désexcitent par relaxation radiative ou non radiative. L’électroluminescence peut être due à la combinaison de ces deux mécanismes d’excitation : ionisation par impact et recombinaison [ZAN91] . D’autre part, la mesure de l’électroluminescence est étroitement liée au comportement de la charge d’espace. L’électroluminescence est liée à l’injection de porteurs de charge à la cathode et l’anode, la migration et la recombinaison [AUG00a]. La détection d’électroluminescence signifie que l’on se trouve dans un régime de contrainte où des phénomènes de dégradation de l’isolant peuvent se produire [AUG00b]. II.5.2 Dispositif expérimental Le dispositif expérimental permet de mesurer simultanément l’électroluminescence et le courant. Les résultats présentés dans le cadre de ce travail ont été obtenus sous tension continue. La Figure II-11 présente schématiquement le dispositif expérimental de la mesure. photomultiplicateur acquisition numérique optique de collection émission alimentation H.T. (DC ou AC) échantillon isolant mesure du courant (DC) pompage admission (azote) Figure II-11. Dispositif expérimental de la mesure de l’EL 78 Chapitre II Approche expérimentale L’enceinte permet le contrôle de l’atmosphère gazeuse et assure l’étanchéité à la lumière extérieure. Elle est couplée à une pompe primaire et secondaire permettant d’atteindre un vide de l’ordre de 10-9 bars. La température à l’intérieur de cette enceinte peut être réglée de -20 à 90°C à l’aide d’une alimentation de puissance et d’une circulation d’eau. Le banc de mesure est muni d’un photomultiplicateur, qui collecte les photons émis par le matériau durant l’application de la tension, d’une alimentation haute tension continue ou alternative, qui délivre une tension continue maximale de 65kV, et d’un ampèremètre de type Keithley 617 d’une précision de 5.10-15A pour la mesure du courant. L’échantillon est placé dans l'enceinte entre deux électrodes en laiton, dont la forme est adaptée à l’émission des photons. L’électrode supérieure a une forme annulaire, pour laisser passer uniquement les photons provenant de la partie centrale de l’échantillon. II.6 Mesure de la spectroscopie diélectrique La spectroscopie diélectrique permet d’obtenir la permittivité diélectrique complexe (ε*) qui est une grandeur intrinsèque du matériau. La partie réelle de la permittivité (ε’) permet de quantifier la polarisabilité du matériau, alors que la partie imaginaire (ε’’) est reliée à l’énergie dissipée. II.6.1 Principe Le principe de la spectroscopie diélectrique repose sur l’application d’une tension sinusoïdale aux bornes de l’échantillon et sur la mesure de l’amplitude du courant traversant l’échantillon et de son déphasage par rapport à la tension [MEN97] . La Figure II-12 présente le principe de mesure de la spectroscopie diélectrique ainsi que les formes d’onde des signaux de tension et de courant enregistrés. (b) (a) Figure II-12. Principe de mesure en spectroscopie diélectrique (a) et formes d’onde des signaux (b) [NOV10] 79 Chapitre II Approche expérimentale Le rapport entre l’amplitude de la tension et celle du courant définit le module de l’impédance complexe : |Z*| = U0/I0. Le déphasage θ entre la tension u(t) et le courant i(t) donne accès aux parties réelle et imaginaire de l’impédance complexe. Alors, l’impédance complexe s’exprime : Z *( ) Z '( ) jZ "( ) U0 cos () j sin () I0 Equation II-2 La capacité géométrique sans la contribution du diélectrique solide s’écrit : C0 où : 0S Equation II-3 d ε0 : permittivité du vide (F.m-1), ε0 = 8,85.10-12F.m-1, d : épaisseur d’isolant (m), S : surface des électrodes (m2). La permittivité diélectrique complexe et le facteur de pertes diélectriques sont donnés par : *( ) '( ) j "( ) tan ( ) où : j jdY *( ) Z *( )C0 0 S "( ) Z "( ) '( ) Z '( ) Equation II-4 Equation II-5 δ=π/2-θ définit l’angle de pertes diélectriques (rad), Y* : admittance complexe (S). En spectroscopie diélectrique, les grandeurs ε’ et ε’’ sont connues indirectement par l’Equation II-4. Pour déterminer ces grandeurs, on utilise généralement un schéma électrique équivalent simple qui peut être assimilé à un condensateur imparfait. Le comportement diélectrique d’un isolant peut se représenter par un schéma électrique équivalent constitué de composants passifs R et C [WIL98]. Le schéma le plus simple, correspondant à une relaxation de Debye, est un circuit constitué d’une résistance et d’une capacité en série ou en parallèle. Ici, le schéma d’une résistance et d’une capacité en parallèle (RP//CP) a été choisi comme le schéma électrique équivalent de l'isolant (Figure II-13). 80 Chapitre II Approche expérimentale Figure II-13. Schéma électrique équivalent du comportement diélectrique d’un isolant L’expression de l’admittance complexe Y* qui représente ce schéma électrique équivalent s’écrit alors : Y *( ) 1 1 jCP ( ) Z*( ) RP ( ) Equation II-6 En incluant l’Equation II-6 dans l’Equation II-4, les valeurs respectives des permittivités réelle et imaginaire et du facteur de pertes diélectriques sont déduites : ' " CP d 0S Equation II-7 d Equation II-8 RP 0 S tan 1 RP CP Equation II-9 Ces grandeurs servent ensuite à l’analyse des mécanismes de polarisation dans le matériau. II.6.2 Dispositif expérimental Les mesures de spectroscopie diélectrique ont été réalisées à l’aide d’un spectromètre diélectrique large bande Novocontrol Alpha-A sous une atmosphère d’azote (Figure II-14) qui permet de caractériser les échantillons sur une gamme de fréquences allant de 10 -1 à 106Hz et sur une gamme de températures allant de -150°C à 400°C, sous une tension sinusoïdale de valeur efficace comprise entre 5mV et 3V. La régulation en température et la résolution du 81 Chapitre II Approche expérimentale facteur de pertes diélectriques sont données avec, respectivement, des précisions de ±0,1°C et 5.10-5. Lors de la mesure, l'échantillon est placé entre deux pastilles métalliques de 2cm de diamètre, le tout étant posé sur un système à ressort afin d’assurer le contact entre les électrodes métallisées et les pastilles. Figure II-14. Dispositif expérimental de mesure de spectroscopie diélectrique [NOV10, NOV14] Pour l’obtention de résultats optimaux de mesure, la géométrie de l'échantillon doit être choisie selon les règles suivantes [NOV10] : La meilleure performance sera atteinte avec des capacités d'échantillon de 50pF à 200pF (optimum autour de 100pF) dans la gamme de fréquences de 100kHz à 10MHz. Pour les basses fréquences, des capacités supérieures jusqu'à 2nF donneront aussi de bons résultats. Il faut noter que pour la plupart des interfaces de test, l'Alpha-A sera capable de mesurer également des capacités dans une large gamme de 10-3pF à 1F en fonction de la fréquence, mais la précision diminue en dehors de la gamme de capacités indiquée ci-dessus. Si la constante diélectrique εr de l’échantillon est connue, la capacité de l’échantillon peut être obtenue à partir de la relation suivante : 82 Chapitre II C Approche expérimentale 0 r S d 0 r D 2 Equation II-10 4d où D est le diamètre des électrodes (m). II.7 Conclusion Dans ce chapitre, nous avons présenté les différentes techniques expérimentales permettant la caractérisation de nos matériaux. La mesure DSC permet de caractériser les propriétés physico-chimiques du matériau telles que les différentes transitions et le taux de cristallinité. Les mesures PEA, TSDC, APC et EL sont utilisées pour la caractérisation électrique du matériau, notamment les phénomènes de polarisation et de conduction. Les protocoles de mesures peuvent varier (champ électrique et température de polarisation) pour obtenir des comportements pour lesquels les mécanismes de polarisation et de conduction sont dissociés. Dans notre étude, la mesure APC est utilisée pour mesurer le courant de polarisation à champ faible (≤ 1,33kV.mm-1) sur du PEN dans le but d’obtenir un comportement pour lequel les mécanismes de polarisation sont dominants. Au contraire, les mesures d’EL sont réalisées sous des champs élevés (de quelques dizaines de kV.mm-1 jusqu’à une valeur proche du champ de rupture du matériau) pour trouver des comportements pour lesquels les mécanismes de conduction sont dominants. Par la suite, nous emploierons le terme de mesure à champ faible pour les mesures d’APC, et mesure à champ fort pour les mesures de courants réalisées simultanément avec les mesures d’EL. Enfin, la mesure de la spectroscopie diélectrique permet d’obtenir la permittivité du diélectrique dans le domaine fréquentiel qui résulte des relaxations diélectriques. Ces dernières sont liées aux mécanismes de polarisation et permettent de reproduire le courant dû à la polarisation dans le domaine temporel par une transformée de Fourier inverse. 83 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN Ce chapitre se focalise sur la compréhension du comportement global du matériau d’étude. Les différentes caractérisations sont réalisées sur du PEN semi-cristallin par différentes techniques expérimentales : la caractérisation électrique par les mesures TSDC, APC, EL et PEA, la caractérisation diélectrique par la mesure de spectroscopie d’impédance et la caractérisation physico-chimique par la mesure DSC. Dans une première partie, la mesure TSDC sera utilisée afin de caractériser des pics de relaxation de dipôles et de charge d’espace dans le PEN. Ces pics dépendent de différentes manières du protocole de mesure (température et tension de polarisation, vitesse de montée en température …). Ensuite, des mesures DSC et PEA seront réalisées, sur des échantillons ayant subi le protocole expérimental appliqué lors des mesures TSDC, pour mettre en évidence l’origine ainsi que les mécanismes responsables du pic qui apparait après la transition vitreuse du matériau. Nous présentons ensuite les mesures de spectroscopie d’impédance et de courant de polarisation à champ faible par la méthode APC, qui permettent d’obtenir les réponses dipolaires du PEN dans le domaine fréquentiel et temporel respectivement. Nous présentons enfin des mesures de courant et d’EL à champs forts, qui permettent d’observer en même temps les phénomènes de polarisation et de conduction, et qui viennent compléter les caractérisations électriques du PEN. Nous allons dans un premier temps nous intéresser aux études des pics de relaxation mis en évidence par des mesures TSDC qui ont été réalisées pour deux températures de polarisation, TP = 130 et 170°C. Ces températures ont été choisies en s’inspirant de la littérature [CAÑ99] où les auteurs ont étudié les relaxations du PEN amorphe. En effet, ces valeurs de températures correspondent respectivement à la température de transition vitreuse Tg du matériau et à une température supérieure à celle-ci. III.1 Caractérisation du PEN polarisé à 130ºC par des mesures TSDC Il existe plusieurs manières de réaliser des mesures TSDC, et les résultats expérimentaux sont largement fonction du champ électrique appliqué EP, de la température de polarisation TP, de la rampe de température et de la vitesse de celle-ci, etc. Dans tous les cas, 87 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN les spectres de courant de dépolarisation obtenus se caractérisent par une succession de pics de relaxation, dont l’origine est dipolaire ou liée à la présence de charges d’espace. Pour les mesures TSDC, les échantillons utilisés ont une épaisseur de 100 ou 188µm, et une électrode conductrice circulaire (diamètre 2 cm) est déposée par sputtering d’or sur chaque face de l’échantillon. Il est important de noter qu’un nouvel échantillon a été utilisé pour chaque expérience afin d'éviter d'éventuels changements du taux de cristallinité initial. III.1.1 Evolution des pics de relaxation en fonction de la tension de polarisation Le protocole expérimental utilisé pour effectuer les mesures TSDC est représenté sur la Figure III-1. Pour cette étude, des échantillons de PEN 188µm d’épaisseur ont été polarisés à une température TP = 130ºC pendant un temps fixe tP = 15 minutes. Les valeurs de VP sont de 1, 1,5 et 2kV. La vitesse de chauffage pendant la rampe de température est de ν = 3°C/min. 350 1 250 0 200 -1 Température de consigne Température mesurée 150 TP 100 -2 =dT/dt 50 0 -3 Tension (kV) Température (°C) 2 VP 300 -4 0 2000 4000 6000 -5 Temps (s) Figure III-1. Protocoles de tension et de température utilisés pour les mesures TSDC classiques TP=130ºC La Figure III-2 présente les spectres TSDC obtenus à TP = 130°C pour différentes tensions de polarisation. Deux pics de relaxation sont observés. Le premier pic, dont le maximum est situé à 60°C, est appelé β* et est lié au mouvement des deux cycles benzéniques et leurs groupes carbonyles voisins qui peuvent tourner autour du squelette du PEN DÖR97] [EZQ93, . Le second pic, appelé α, dont le maximum est situé à 140°C, est lié à la transition vitreuse du matériau et a pour origine les mouvements micro browniens des longs segments de chaînes [BEL93]. 88 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN -2 Densité de courant (A.m ) 0 -8 -1x10 -8 -2x10 -8 -3x10 -8 -4x10 -8 -5x10 1 kV 1.5 kV 2 kV -8 -6x10 20 60 100 140 180 220 Température (°C) Figure III-2. Spectres TSDC obtenus sur du PEN polarisé à 130°C pour différentes tensions de polarisation Pour cette température de polarisation, un accroissement de la tension de polarisation implique une réponse quasi-linéaire du pic β*. De même, l’amplitude du pic α augmente linéairement avec la tension de polarisation. Par exemple, le maximum du pic α est de 2,73.10-8 A.m-2 pour VP = 1kV et de 5,35.10-8 A.m-2 pour VP = 2kV. La réponse des pics β* et α est linéaire avec le champ électrique, ils sont donc vraisemblablement liés à des processus de polarisation d’orientation. III.1.2 Evolution des pics de relaxation en fonction de la vitesse de chauffage Pour cette étude, des échantillons de 100µm d’épaisseur ont été polarisés sous VP = 1kV, à TP = 130°C et pendant un temps fixe tP = 15 minutes. La vitesse de chauffage pendant la rampe de température est de 3, 6 et 9°C/min (Figure III-3). Les spectres TSDC obtenus pour différentes vitesses de chauffage sont représentés sur la Figure III-4a pour TP = 130°C. L’amplitude des pics β* et α augmente avec la vitesse de chauffage mais cette relation n’est pas linéaire. Pour mieux voir l’évolution de la position du pic α en fonction de la vitesse de chauffage, le courant de dépolarisation est normalisé entre 0 et -1 pour chaque vitesse de chauffage. La Figure III-4b présente les courants normalisés à différentes vitesses de chauffage. Le maximum du pic α se décale vers des températures plus élevées avec une vitesse de chauffage croissante de 3 à 6°C/min. Il semble que la position du maximum du pic est stable avec les vitesses de 6 et 9°C/min. 89 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN Figure III-3. Protocoles de tension et de température des mesures TSDC pour différentes vitesses de chauffage pendant la dépolarisation -2 Densité de courant (A.m ) 0.0 -3.0x10 -8 -6.0x10 -8 -9.0x10 -8 -1.2x10 -7 -1.5x10 -7 * 3°C/min 6°C/min 9°C/min 20 60 100 140 180 Température (°C) Courant normalisé I/|Imax| (a) 0.0 -0.2 -0.4 -0.6 -0.8 -1.0 20 3°C/min 6°C/min 9°C/min 60 100 140 180 Température (°C) (b) Figure III-4. Spectres TSDC obtenus sur du PEN polarisé à 130°C pour différentes vitesses de chauffage : (a) Densité de courant, (b) Courant normalisé 90 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN Ces observations expérimentales sont en accord avec les études expérimentales et de modélisation pour divers matériaux [MOU02, HEN99, HEN06] . Le maximum des pics se décale avec la vitesse de chauffage suivant la relation [MOU02] : ln Ea 1 . C R Tm Equation III-1 où Tm est la température du maximum du pic TSDC. Ea est l’énergie d’activation. R est la constante des gaz parfaits (R=8,314 J.mol-1.K-1) et C est une constante. L’Equation III-1 montre une relation croissante exponentielle entre le maximum du pic et la vitesse de chauffage. La position du maximum du pic en fonction de la température est donc de plus en plus stable lorsque la vitesse de chauffage augmente. L’étude du décalage du pic de relaxation en fonction de la vitesse de montée en température permet donc d’extraire l’énergie d’activation de la relaxation étudiée. Dans notre cas les mesures ont été réalisées pour 3 vitesses différentes, ce qui reste insuffisant pour calculer de manière fiable l’énergie d’activation par cette méthode. III.2 Caractérisation du PEN polarisé à 170ºC III.2.1 Evolution des pics de relaxation en fonction de la tension de polarisation Pour la température de polarisation TP = 170ºC, les conditions de mesure sont identiques à celles utilisées pour les mesures à TP = 130ºC. Le protocole expérimental et la température mesurée au niveau de l’échantillon sont représentés sur la Figure III-5. 350 1 250 0 Température de consigne Température mesurée 200 150 -1 TP -2 100 =dT/dt 50 0 -3 Tension (kV) Température (°C) 2 VP 300 -4 0 2000 4000 6000 -5 8000 Temps (s) Figure III-5. Protocoles de tension et de température utilisés pour les mesures TSDC classiques TP=170ºC 91 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN La Figure III-6 présente les spectres de TSDC obtenus pour TP = 170°C à différentes tensions de polarisation. Comme dans le cas TP = 130°C, deux pics de relaxations, β* et α, sont observés à 60 et 140°C respectivement. De plus, un troisième pic, appelé ρ, est détecté avec un maximum situé à 180°C. La réponse des pics β* et α est linéaire avec la tension de polarisation, comme pour les spectres TSDC de la Figure III-2. Par contre, la réponse du pic ρ n’est pas linéaire avec la tension de polarisation. -2 Densité de courant (A.m ) 0 -8 -2x10 * -8 -4x10 -8 -6x10 1 kV 1.5 kV 2 kV -8 -8x10 -7 -1x10 20 60 100 140 180 220 Température (°C) Figure III-6. Spectres TSDC obtenus sur du PEN polarisé à 170°C pour différentes tensions de polarisation On peut donc là aussi conclure à un processus de polarisation d’orientation pour les pics β* et α, en cohérence avec le résultat obtenu pour TP = 130°C. Il n’en est pas de même pour le pic ρ, qui ne présente pas un comportement linéaire avec le champ électrique. L’origine de ce pic ρ est attribué dans la littérature soit à des mécanismes de recristallisation [MAR01], soit à des mouvements de charges dans le matériau [CAÑ99] . Des mesures non-électriques et des mesures de charge d’espace seront nécessaires afin d’étudier plus précisément l’origine de ce pic ρ. III.2.2 Analyse bibliographique de l’origine du pic ρ Dans la littérature, des mesures non-électriques sur du PEN amorphe par analyse mécanique dynamique (DMA) [CAÑ00, HAR01] ont montré l’existence d’un épaulement à 165°C (Figure III-7) pour des échantillons recuits à une température inférieure à 175°C, c’est-à-dire pour des échantillons n’ayant pas atteint une cristallisation totale dans le cas de ces deux études. Cet épaulement, qui n’apparaît pas pour les échantillons recuits à des températures plus élevées, est attribué à un changement de la fraction cristalline du polymère par les différents auteurs. 92 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN Figure III-7. Spectres de DMA à 10Hz pour des échantillons de PEN après avoir recuit à différentes températures [CAÑ00] La DSC, qui explore les changements structurels dans le matériau, présente également un pic exothermique à 170°C lorsque la valeur initiale du taux de cristallinité de l’échantillon est faible, obtenu soit par une variation de la température de recuit Tableau III-1), soit par une variation du temps de recuit [MAR01] [CAÑ00] (Figure III-8 et . Ce pic est attribué à une cristallisation « froide » par tous les auteurs. Figure III-8. Thermogrammes DSC (vitesse de montée 10°C/min) obtenus pour des échantillons de PEN recuits à différentes températures [CAÑ00] 93 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN Tableau III-1. Température de transition vitreuse (Tg), température des pics exothermiques (Texo) ou des pics endothermiques (Tendo) et taux de cristallinité calculés en fonction de la température de recuit (Ta) [CAÑ00] Courbe Ta (°C) Tg (°C) Texo (°C) Tendo (°C) χc (%) 1 158 119,8 200,5 - 5,4 2 160 119,8 194,6 - 9 3 163 120,9 191,1 - 11,5 4 166 121,4 183,9 - 29 5 172 124,6 - 179,1 ≈48 6 175 124,8 - 180,2 ≈48 7 177 128,7 - 183,7 ≈48 8 178 128,4 - 184,8 ≈48 9 180 130,7 - 186,0 ≈48 10 190 132,0 - 195,3 ≈48 Lorsque l’échantillon est recuit à une température supérieure à 172°C ou pendant un temps plus long que 45 minutes à 160°C, la cristallisation totale du PEN est atteinte. Les thermogrammes de DSC montrent un pic endothermique situé à environ 170°C, qui est attribué à une réorganisation cristalline au niveau des interphases amorphe-cristal MAR01] [CAÑ00, . Ce phénomène est aussi rencontré pour d’autres polymères (par exemple LDPE [JON05]) sous le terme d’épaississement lamellaire. Ce pic endothermique se décale légèrement vers les températures élevées lorsque le temps de recuit augmente. L’analyse par spectroscopie diélectrique (DEA) sur du PEN est aussi rapportée dans la littérature [CAÑ00, HAR01, MAR01, PSA06] . Pour une faible cristallinité du PEN, et pour des fréquences relativement basses (1 – 1000 Hz) [HAR01, MAR01, PSA06] , un pic de relaxation est + observé à environ 170°C (mode α sur la Figure III-9a et premier cycle sur la Figure III-9b). Ce pic n’est pas observé lorsque la cristallisation totale est atteinte (deuxième et troisième cycle sur la Figure III-9b). Comme une tension est appliquée lors des mesures de DEA, ce pic est lié aux dipôles ou charges piégées, et associé à un changement structurel dans le matériau. Pour les hautes fréquences [CAÑ00] , si l’échantillon est amorphe ou semi-cristallin, ce pic n’est pas observé. Il est à noter que le pic α+ [PSA06] et ρ seul le nom attribué par chaque auteur diffère. 94 [CAÑ00] ont probablement la même origine, Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN (a) (b) Figure III-9. Spectroscopie diélectrique pour du PEN initialement amorphe pendant : (a) premier cycle à différentes fréquences ; (b) trois cycles à 1kHz [PSA06] Les mesures TSDC sur du PEN avec différents taux de cristallinité ont été réalisées par Cañadas et al. [CAÑ00] , en considérant un matériau initialement amorphe et en variant la température de recuit (Tf) de 160 à 179°C pendant un temps de recuit fixe (Figure III-10). Figure III-10. Spectres TSDC du PEN pour différentes températures de recuit, correspondant donc à différents taux de cristallinité (voir Tableau III-1) : (1) Ta = 160ºC ; (2) Ta = 166ºC ; (3) Ta = 172ºC ; (4) Ta = 175ºC ; (5) Ta = 177ºC ; (6) Ta = 178ºC ; (7) Ta = 179ºC. (TP =130ºC, VP = 1,5 kV, tP = 30 min) [CAÑ00] Dans les spectres TSDC, le pic ρ est observé autour de 145°C. L’intensité du pic augmente avec le taux de cristallinité lorsque l’échantillon passe de l’état amorphe à complètement cristallisé (Tf = 172ºC – Figure III-8). Cependant, lorsque la température de recuit continue à être augmentée alors que l’échantillon a atteint son taux de cristallinité 95 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN maximum, l’intensité du pic ρ diminue. Comme un pic endothermique a été observé par les mesures DSC pour des températures de recuit élevées, les auteurs ont conclu que le pic ρ est directement lié au réarrangement des interphases amorphe-cristal. Plus précisément, on peut penser que la zone d’interphase amorphe-cristal est le lieu de pièges pour les charges, et que le réarrangement de cette interphase suite à un recuit peut modifier la densité et la profondeur des pièges. Nous avons voulu vérifier dans quelle situation se trouvait notre PEN (amorphe, totalement cristallisé) et si nous pourrions aller plus loin dans la ségrégation entre phénomène de réarrangement des interphases amorphe-cristal uniquement, ou lien entre ce phénomène de structure et la charge d’espace. III.2.3 Caractérisation non-électrique par DSC et lien avec le pic de relaxation ρ Dans notre étude, les mesures DSC ont été réalisées sur les échantillons PEN suivant le protocole en température décrit à la Figure III-11, qui est celui des mesures TSDC. Figure III-11. Protocole des mesures DSC Les thermogrammes DSC obtenus, pour TP = 130°C, tP = 15 minutes et pour TP =170°C en variant tP de 15 à 60 minutes, sont représentés sur la Figure III-12. Lorsque l’échantillon est recuit à 130 ou 170°C, deux pics endothermiques sont révélés au cours de la rampe de température. Le maximum du premier pic est détecté à 140 et 180°C pour les échantillons recuits à 130 ou 170°C, respectivement. Le maximum du deuxième pic est détecté à 270°C quelle que soit la température de recuit. Cette température est celle de fusion du matériau (269°C dans les données du fournisseur [TEI02]). 96 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN Pour TP = 170°C, l’amplitude du pic endothermique situé à 180°C augmente avec le temps de recuit. Ce pic se décale légèrement vers les températures élevées lorsque le temps de recuit augmente. Nous n’observons pas de pic exothermique sur notre PEN du fait que le matériau reçu est déjà semi-cristallin. Flux de chaleur (W/g) -0.250 Flux de chaleur (W/g) 0.0 -0.275 -0.300 -0.325 125 150 175 200 Température (°C) -0.2 -0.4 -0.6 TP=130°C - tP=15 min TP=170°C - tP=15 min -0.8 TP=170°C - tP=30 min TP=170°C - tP=60 min -1.0 0 50 100 150 200 250 300 Température (°C) Figure III-12. Thermogrammes DSC obtenus sur du PEN semi-cristallin en fonction de la température et du temps de recuit Les questions qui se posent alors concernent l’existence ou non d’un lien entre les résultats TSDC et DSC, ainsi que l’origine de la réponse électrique du pic ρ observé par TSDC. Nous allons maintenant nous intéresser aux mesures TSDC sur du PEN pour différents temps de polarisation, correspondant donc à des échantillons ayant subi un recuit de 15 et 30 minutes, présentant un taux de cristallinité comparable, mais un arrangement semi-cristallin différent. III.2.4 Mesures TSDC sur du PEN pour différents temps de polarisation à 170ºC Les spectres TSDC ont été enregistrés pour différents temps de recuit (15 et 30 min) pour une température de polarisation TP = 170°C (Figure III-13). En accord avec les travaux 97 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN de [CAÑ00], l'intensité du pic ρ diminue avec l’augmentation du temps de recuit. Cependant, la question de l’origine du pic ρ demeure : est-il d’origine uniquement dipolaire ou des charges électriques dépiégées contribuent-elle au courant de dépolarisation mesuré en TSDC ? Il faut noter ici que, parmi les scénarii possibles pour la formation du pic ρ, la polarisation interfaciale, qui peut apparaître sous la forme de macro-dipôles associés à des régions cristallines, par exemple, devrait se manifester comme un processus de relaxation dipolaire dans les profils TSDC et de charge d'espace. La seule caractéristique qui pourrait permettre de la distinguer d'un véritable processus dipolaire est la dépendance en champ non-linéaire de la réponse dans une gamme de champs appropriée. -2 Densité de courant (A.m ) 0 -2x10 -8 -4x10 -8 -6x10 -8 -8x10 -8 -1x10 -7 tP=15 min tP=30 min 20 60 100 140 180 220 Température (°C) Figure III-13. Spectres TSDC obtenus sur du PEN semi-cristallin polarisé à 170°C pour deux temps de polarisation différents III.2.5 Méthode de chauffage partiel Dans le contexte de l’étude des mécanismes responsables des relaxations dans le PEN, la méthode de chauffage partiel [ISH11] est utilisée afin de séparer les différentes relaxations liées aux processus de polarisation d’orientation et la relaxation se produisant après Tg. Cette méthode est utilisée pour une température TP = 170°C, car le but est de comprendre l’origine du pic ρ, uniquement observable pour cette température de polarisation. Pour toutes les mesures TSDC présentées précédemment, nous n’avons effectué qu’une seule rampe de température. Le protocole expérimental est alors qualifié de classique. Pour cette étude, nous avons réalisé une mesure TSDC avec deux rampes de températures successives pendant le court-circuit (chauffage partiel). Le protocole de mesure est représenté sur la Figure III-14. Après une période de polarisation de 15 minutes sous VP = 1kV et à TP = 98 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN 170°C et un refroidissement rapide (9°C/min), l’échantillon de 188µm d’épaisseur est chauffé pendant une première rampe de la température ambiante jusqu’à 150°C avec une vitesse de 3°C/min. Cette température a été choisie selon la Figure III-6 et correspond à la température de transition entre les pics α et ρ. L’échantillon est ensuite refroidi à la température ambiante avec une vitesse de 9°C/min et réchauffé suivant une deuxième rampe jusqu’à 220°C avec la même vitesse de chauffage. Les courants sont enregistrés au cours de ces deux rampes de température. 350 1 250 0 2000 4000 ièm ux 6000 8000 Tension (kV) -2 -3 De Pr 50 -1 e ch ch au ffa ier 100 0 au ge TP 150 ffa 200 ge 0 Température de consigne Température de mesure em Température (°C) 2 VP 300 -4 -5 10000 12000 Temps (s) Figure III-14. Protocoles de tension et de température de la mesure TSDC utilisant la méthode de chauffage partiel La Figure III-15 présente la comparaison entre les courants enregistrés au cours des rampes de température (chauffage partiel) avec le courant de référence présenté à la Figure III-6 pour les mêmes conditions de polarisation (VP = 2kV et à TP = 170°C). -2 Densité de courant (A.m ) 0 -8 -2x10 * -8 -4x10 -8 -6x10 -8 -8x10 -7 -1x10 20 Référence Premier chauffage Deuxième chauffage 60 100 140 180 220 Température (°C) Figure III-15. Comparaison des résultats obtenus à partir de la TSDC classique et celle utilisant la méthode de chauffage partiel 99 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN Le spectre TSDC enregistré au cours du premier chauffage partiel est conforme à celui de référence. Les pics β* et α sont observés à 60 et 140°C, respectivement. Au cours du deuxième chauffage, les pics β* et α ne sont plus détectés et seul le pic ρ est observé à 180°C avec une amplitude plus faible que celle du pic ρ du spectre de référence. Le premier chauffage partiel a donc du relaxer les groupes polaires responsables des pics β* et α, ce qui implique la disparition de ceux-ci lors du deuxième chauffage. L’amplitude du pic ρ, plus faible dans le deuxième chauffage, peut être expliquée soit par la relaxation d’une partie des charges, soit par une participation du pic α dans l’amplitude du pic ρ, qui n’existe plus ou beaucoup moins pour le second chauffage, la majorité des dipôles ayant été relaxés lors du premier chauffage. III.2.6 « Driving voltage » pendant la dépolarisation Pour cette étude, des échantillons de 188µm d’épaisseur ont été polarisés sous VP = 2kV et à TP = 170°C. Après le refroidissement jusqu’à 25°C sous tension appliquée, l’échantillon est réchauffé grâce à une rampe de température utilisant une vitesse constante de 3°C/min. L’originalité ici est d’appliquer une petite tension (« driving voltage »), positive ou négative, pendant la rampe de température. Pour cela, trois tests différents ont été effectués suivant les protocoles de tension décrits sur la Figure III-16. Figure III-16. Protocoles de tension et de température de la mesure TSDC classique (Test 1) et des mesures TSDC utilisant la méthode « driving voltage » pendant la dépolarisation (Test 2 & 3) 100 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN Le test 1 correspond au protocole de la TSDC classique où l’échantillon est mis sous conditions de court-circuit pendant la rampe de température (référence dans le paragraphe précédent). Dans le test 2, une tension positive de 50V est appliquée pendant la rampe, alors que dans le test 3, une tension négative de -50V est appliquée. Ces tensions de ±50V correspondent à un champ électrique de 0,25 kV/mm, ce qui reste un champ très faible comparativement aux 10 kV/mm appliqués lors de la polarisation. La Figure III-17 présente les spectres TSDC obtenus pour ces trois tests. Un « driving voltage » positif conduit à diminuer l’amplitude de tous les pics de relaxation, β*, α et ρ et à un courant de conduction positif pour des températures élevées supérieures à la température du maximum du pic ρ. Le courant change donc de signe, en passant d’un signe négatif lié à un courant de dépolarisation dit « normal », à un signe positif lié à un courant de conduction sous tension positive. Dans le sens inverse, un « driving voltage » négatif conduit à augmenter l’amplitude de tous les pics de relaxation et à un courant de conduction négatif. Cependant, dans ce cas, il semble que le courant de conduction négatif est détecté avant le maximum (négatif) du pic ρ, ce qui a pour conséquence de masquer le pic ρ. -2 Densité de courant (A.m ) 0,0 -6 -2 Densité de courant (A.m ) 2x10 1x10 -8 -2,0x10 * -8 -4,0x10 -8 -6,0x10 -8 -8,0x10 -7 -1,0x10 20 60 -6 100 140 180 Température (°C) 0 -1x10 -6 -2x10 -6 20 Test 1 : Court-circuit Test 2 : + 50V Test 3 : - 50V 60 100 140 180 220 Température (°C) Figure III-17. Comparaison entre la TSDC classique et les TSDC utilisant la méthode « driving voltage » pour du PEN 101 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN Les spectres TSDC montrent que la variation d’amplitude des pics β* et α est quasi identique (au signe près) que la tension appliquée soit positive ou négative. De plus, la position en température des pics β* et α n’est pas affectée. Cela peut s’expliquer par l’origine dipolaire de ces deux pics. La variation d’amplitude du pic ρ lorsque de l’on passe du test 1 au test 3 est plus conséquente. De plus, le maximum du pic se décale vers les hautes températures lorsque l’on passe de V=-50 à V=+50V en passant par V=0. Il est donc probable que le pic ρ soit lié à la charge d’espace. Les résultats peuvent être interprétés et expliqués par un processus de dépiégeage de charges dans le diélectrique, où l’application d’une « driving voltage » positive et négative a respectivement affaibli et renforcé le champ électrique interne et donc modifié le transport et l’extraction des charges vers les électrodes. Pour ces deux cas, les courants de conduction des porteurs de charge sont clairement de signes opposés lorsque les échantillons sont soumis à des champs électriques inverses. De plus, par soustraction des spectres TSDC des tests 2 et 3, on observe qu’il n’y a pas de différence entre les deux spectres tant que la conduction n’est -2 Densité de courant (A.m ) pas dominante (au-delà de 150°C sur la Figure III-18). -6 4x10 -6 3x10 -6 2x10 -6 1x10 0 20 60 100 140 180 220 Température (°C) Figure III-18. Soustraction des spectres TSDC des tests 2 (+50V) & 3 (-50V) 102 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN III.3 Profils de charge d’espace Des mesures de charge d'espace ont été réalisées à l'aide de la méthode électroacoustique pulsée (PEA) afin de sonder la nature et la position de la charge stockée dans le PEN lors des mesures de TSDC. Le but de cette étude est de vérifier si le pic ρ, mesuré par la technique TSDC, peut être attribué à la charge dépiégée et/ou au processus dipolaire, associé à un changement structurel qui est dû à un phénomène de recuit. III.3.1 Conditions expérimentales Le montage PEA utilisé ne permet pas d'effectuer des mesures de charge d'espace à des températures supérieures à 70°C, alors qu’il est nécessaire de polariser et de chauffer l’échantillon de PEN à des températures beaucoup plus élevées (≥ 130°C). Notre stratégie a donc été de figer à la température ambiante l’état de polarisation du matériau pour différentes températures de polarisation. Tous les échantillons ont été pré-conditionnés dans la cellule TSDC, dans des conditions identiques à celles utilisées pour les mesures TSDC. L'échantillon a ensuite été refroidi à 25°C puis transféré dans la cellule PEA et les mesures de charge d’espace ont été effectuées en condition de court-circuit en utilisant des impulsions de tension de 20ns de largeur, de 300V d’amplitude et de 8kHz de fréquence répétition. Les mesures PEA ont été effectuées pendant 15 minutes à température ambiante afin de vérifier la stabilité du profil de charge. La méthode PEA nécessite une calibration de l'instrument en utilisant un échantillon vierge, c’est-à-dire un échantillon non-chargé. Avec la procédure adoptée ici, la calibration ne peut pas être faite avant chaque mesure PEA, car l'échantillon n'est plus « nonchargé » suite à sa polarisation à une température TP sous une tension VP conformément au protocole utilisé pour les mesures TSDC. Par conséquent, pour chaque échantillon, le signal de calibration est pris avant l’application du protocole de polarisation (PEA-0 sur la Figure III-19), en appliquant une tension de calibration de 1kV pendant 10s. Le même signal de calibration a été utilisé pour toutes les mesures PEA sur le même échantillon. La calibration du signal est obtenue avec une procédure standard décrite dans la littérature [GAL05] . Les charges d'influence (charges capacitives et charges images de charges internes) sont détectées par la méthode. Nous analyserons les réponses suivant ces différentes contributions. 103 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN III.3.2 Profils de charge d’espace pendant le protocole classique de TSDC La Figure III-19 présente les protocoles de tension et de température classique de TSDC ainsi que les temps auxquels l’échantillon est sorti de la cellule TSDC afin d’effectuer les mesures PEA. Ces dernières ont été réalisées pour chaque température de polarisation (130 et 170°C) pour une tension de polarisation de 2 kV. Les profils de densité de charge d'espace ont été enregistrés avant (PEA-1 sur la Figure III-19) et après (PEA-2 sur la Figure III-19) l'enregistrement de la TSDC (rampe de température). 400 2 VP 350 1 0 250 Température de consigne Température de mesure 200 -1 -2 TP 150 -3 100 Tension (kV) Température (°C) 300 -4 50 PEA-0 0 PEA-1 0 2000 4000 PEA-2 6000 8000 10000 -5 12000 Temps (s) Figure III-19. Protocoles de tension et de température utilisés pour les mesures TSDC et faisant apparaitre les temps auxquels l’échantillon est sorti de l’enceinte TSDC pour réaliser les mesures PEA La Figure III-20a montre les profils de charge d'espace enregistrés sur un échantillon de PEN, polarisé à une température TP = 130°C, avant la rampe de température (PEA-1 sur la Figure III-19). Aucune charge n'est détectée dans le volume de l'échantillon, même après 15 minutes en condition de court-circuit. Par contre, des charges de polarité opposée sont détectées à chaque électrode, et elles ne se déplacent pas avec le temps. D'une manière générale, ces charges d'influence peuvent avoir différentes origines, étant : des charges capacitives dues à la tension appliquée, des charges images dues aux charges stockées dans le volume du diélectrique, des charges d’influence dues à l’orientation dipolaire figée à la température ambiante. Comme les mesures sont effectuées en condition de court-circuit, la première hypothèse peut être rejetée. De plus, il n'existe pas de charges dans le volume de l'isolant et donc 104 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN l'hypothèse de charges images dues aux charges d'espace dans le volume doit aussi être écartée. -3 Densité de charge (C.m ) 8 C 6 A 0 min 15 min 4 2 0 -2 -40 0 40 80 120 160 200 Distance (m) (a) -3 Densité de charge (C.m ) 8 6 C A 0 min 5 min 4 2 0 -2 -40 0 40 80 120 160 200 Distance (m) (b) Figure III-20. Profils de charge d’espace obtenus par la méthode PEA en condition de court-circuit à 25°C sur du PEN pré-polarisé à 130°C : (a) Avant la rampe de température (PEA-1 sur la Figure III-19), (b) Après la rampe de température (PEA-2 sur la Figure III-19) du protocole de TSDC ; C : Cathode, A : Anode pendant la polarisation Par conséquent, seuls les processus dipolaires pourraient expliquer les charges d'influence. Les charges mesurées correspondent à la polarisation, figée lors du refroidissement à température ambiante, après avoir appliqué le champ électrique. Dans ce cas, les charges sur les deux électrodes doivent être de même densité, mais avec des signes opposés, si l’on considère que les dipôles sont répartis de manière homogène dans tout le volume du matériau. On peut cependant observer que la densité de charge sur l'électrode qui était anode au cours de la polarisation est plus élevée que celle de la cathode. Cela est 105 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN probablement dû à un problème d’adaptation acoustique entre le PEN et l'électrode supérieure semi-conductrice utilisée pour les mesures PEA. En considérant la réponse obtenue par TSDC et PEA dans les mêmes conditions de polarisation, le processus dipolaire dominant à 25°C et associé à ces charges d'influence est la relaxation α. L'intégration de l'aire sous le spectre TSDC de la Figure III-2 pour une tension de polarisation de 2 kV et une vitesse de chauffage de 3°C/min permet de calculer une densité surfacique de charge de 3,5.10-5 C.m-2. Si l'on considère l’aire sous le pic de charge à la cathode (Figure III-20a), proche du capteur piézoélectrique ou l'erreur de mesure est la plus faible, la valeur obtenue de la densité surfacique de charge est de 2,1.10-5 C.m-2. Ce résultat est relativement cohérent avec la valeur obtenue à partir des mesures TSDC, ce qui permet de valider l'hypothèse de processus dipolaires à l'origine des charges d'influence détectées dans les mesures de charge d'espace. Les profils de charge d’espace obtenus après la fin du protocole de TSDC (Figure III-20b) ne présentent plus de charges d’influence sur la cathode ou dans le volume. Par conséquent, tous les processus dipolaires ont été libérés après la rampe de température. Il faut noter ici qu’une charge résiduelle persistante est apparemment détectée sur l'anode (Figure III-20b) et que ce processus pourrait contribuer à la différence d’amplitude de charge d'influence à l'anode et la cathode observée à la Figure III-20a. Tout d'abord, nous avons considéré les données de calibration (Figure III-21) correspondant à la Figure III-20 pour évaluer les effets de désadaptation d'impédance. Sur ce signal de calibration, nous avons mesuré une amplification du signal à l’anode par rapport à celle de la cathode de 1,35. La désadaptation d'impédance acoustique conduit en effet à une augmentation de l'amplitude du pic de charge d'influence en raison de la réflexion partielle des ondes acoustiques à l’interface électrode semi-conductrice/échantillon. Dans le cas de la PEA sans contact par exemple, ou l’on a une interface vide/échantillon du côté de l’anode, il y a une parfaite réflexion des ondes acoustiques et la charge d'influence mesurée est deux fois plus grande que prévu [PER08]. Par la suite, nous avons comparé le signal acoustique brut obtenu en court-circuit avant les mesures de la Figure III-20a à celui de la Figure III-20b : nous observons que le signal de l’anode est augmenté pour les données brutes correspondant à la Figure III-20b. Ceci, combiné au fait que le facteur d’amplification à l'anode est d'environ 2 sur la Figure III-20a par rapport à 1,35 de la calibration montre qu’une charge permanente est présente à l’anode, mais son origine reste peu claire. Si elle était due à des charges stockées dans une région de l'échantillon adjacente à l'électrode, elle ne devrait pas être révélée, car la charge d'influence devrait 106 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN compenser la charge interne. De plus, l'amplitude de cette charge varie entre deux expériences, et pourrait être liée à l'huile utilisée pour améliorer l'adaptation d'impédance de l'électrode supérieure de la cellule de PEA. Ainsi, cette charge semble être une contribution incontrôlée à la charge de l'électrode supérieure. Elle ne représente cependant qu’une petite contribution aux variations qui sont discutées dans la suite. Nous en tiendrons cependant compte dans la suite de ce paragraphe en corrigeant nos données (calculs uniquement) de ce facteur 1,35, calculé sur le signal de calibration. -3 Densité de charge (C.m ) 9 6 A C 3 0 -3 -6 0 40 80 120 160 200 Distance m) Figure III-21. Signal de calibration à t=0 du protocole dans la Figure III-19 en appliquant une tension de 1kV pendant 10s (PEA-0) La Figure III-22a montre les profils de charge d'espace mesurés sur l’échantillon de PEN, polarisé à une température TP = 170°C avant la rampe de température (PEA-1 sur la Figure III-19). Des charges négatives sont détectées dans tout le volume de l’isolant, tandis que des charges positives d'influence sont détectées sur chaque électrode. Bien que les charges stockées dans le volume ne se déplacent pas après 15 min en condition de court-circuit, la densité de charge d’influence augmente légèrement du côté de l'anode. Les charges d'influence sont de l'ordre de 5.105 C.m-2 à la cathode (capteur) et 13.10-5 C.m-2 à l'anode (après correction d’un facteur de 1,35), valeurs éloignées de celles qui devraient être mesurées si seulement des charges images étaient présentes. Une estimation de la charge image due aux charges négatives dans le volume a été réalisée, compte tenu de la densité apparente de la charge = -0,67 C/m³ sur la première moitié de l'échantillon et = 1,33 C/m³ sur la seconde moitié (les charges négatives sont en effet réparties de manière nonhomogène). Cela conduit à des charges d’influence de 7,8.10-5 C/m2 et 11.10-5 C/m2 à gauche 107 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN et à droite, respectivement. De toute évidence, les charges totales d’influence aux électrodes sont dues à une combinaison de charges images (positives) dues aux charges négatives piégées dans le volume, et de charges d’influence (positives à l'anode et négatives à la cathode) dues au processus dipolaires. -3 Densité de charge (C.m ) 8 6 C A 0 min 15 min 4 2 0 -2 0 40 80 120 160 200 Distance m) (a) -3 Densité de charge (C.m ) 8 6 C A 0 min 5 min 4 2 0 -2 0 40 80 120 160 200 Distance m) (b) Figure III-22. Profils de charge d’espace obtenus par la méthode PEA pendant le court-circuit à 25°C sur du PEN pré-polarisé à 170°C : (a) Avant la rampe de température (PEA-1 sur la Figure III-19), (b) Après la rampe de température (PEA-2 sur la Figure III-19) du protocole de TSDC ; C : Cathode, A : Anode pendant la polarisation Comme dans le cas de la mesure pour une température de polarisation inférieure (TP = 130°C), à la fin de la mesure TSDC (PEA-2 sur la Figure III-19), les charges d'influence aux électrodes et les charges dans le volume ne sont plus observées (Figure III-22b). Cela signifie que toutes les charges et tous les processus dipolaires ont été libérés au cours de la mesure TSDC. 108 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN Pour conclure sur cette partie des mesures, les processus dipolaires et les charges d'espace négatives dans le volume sont figés lorsque l’on refroidi à l’ambiante le PEN après une polarisation à 170°C. Les processus dipolaires ne semblent être impliqués que dans les modes de relaxation * et enregistrées par TSDC. La présence de charges négatives dans les profils de PEA-1 à 170°C, non observée pour des profils de PEA-1 à 130°C, semble expliquer les différences observées pour les mesures TSDC à ces deux températures. Plus précisément, le pic ρ semble être lié principalement à la présence de charges d’espace négatives dans le volume du diélectrique. Cependant, la contribution des processus dipolaires aussi n'est pas complètement écartée au vu des données de la littérature. Pour une analyse plus approfondie, une mesure de TSDC avec chauffage partiel a été mise en place. III.3.3 Profils de charge d’espace pendant le protocole de TSDC utilisant la méthode de chauffage partiel La Figure III-23 présente les protocoles de tension et de température de la mesure TSDC utilisant la méthode de chauffage partiel ainsi que les temps auxquels l’échantillon est sorti de l’enceinte TSDC, permettant d’effectuer ensuite les mesures PEA. Cette mesure TSDC avec chauffage partiel a été réalisée pour une température de polarisation de 170°C et une tension de polarisation de 2kV. Les profils de densité de charge d'espace ont été enregistrés avant le premier chauffage partiel (PEA-p1), après le premier chauffage partiel (PEA-p2) et après le deuxième chauffage (PEA-p3) de TSDC. Il est à noter que la calibration a été effectuée à PEA-p0. 400 1 300 e uff ha De -4 Pr 50 -3 ux ch ier 100 -2 ec au ff a TP ièm 150 ge 200 PEA-p0 0 -1 ag Température de consigne Température de mesure PEA-p1 0 4000 PEA-p3 PEA-p2 8000 12000 Tension (kV) 0 250 em Température (°C) 2 VP 350 -5 16000 Temps (s) Figure III-23. Protocoles de tension et de température utilisés pour les mesures TSDC avec chauffage partiel et faisant apparaitre les temps auxquels l’échantillon est sorti de l’enceinte TSDC pour réaliser les mesures PEA 109 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN La Figure III-24 présente les profils de charges d’espace pendant le protocole de TSDC utilisant la méthode de chauffage partiel. Le profil de charge d'espace enregistré avant le premier chauffage partiel (PEA-p1 sur la Figure III-23) présente des charges négatives dans le volume du diélectrique. La charge nette au voisinage de la cathode semble être nulle. Ce profil est également compatible avec celui mesuré précédemment (Figure III-22a). Comme observés dans les spectres de TSDC de la Figure III-15, au cours du deuxième chauffage, les pics β* et α ne sont plus détectés, et seulement le pic ρ est observé. Une hypothèse proposée est donc que le premier chauffage partiel aurait libéré les groupes polaires responsables des pics β* et α. Le profil de charge d’espace obtenu après le premier chauffage partiel (PEA-p2 sur la Figure III-23) confirme cette hypothèse, puisque la quantité des charges négatives à l'intérieur du diélectrique ne change pas entre PEA-p1 et PEA-p2, mais la quantité de charges d'influence change, en raison de la disparition des processus dipolaires. A l'anode, où la charge due aux groupes polaires est positive, la charge d'influence diminue entre PEA-p1 et PEA-p2, tandis qu'à la cathode, où la charge due aux groupes polaires est négative, la charge d’influence augmente. Par la suite, les charges négatives encore présentes à l'intérieur du diélectrique sont libérées à une température supérieure à 150°C au cours du second chauffage partiel. A la fin du deuxième chauffage partiel (PEA-p3 sur la Figure III-23), aucune charge d’influence ou dans le volume n’est détectée dans l'échantillon PEN. -3 Densité de charge (C.m ) 10 8 avant chauffage (PEA-p1) après premier chauffage (PEA-p2) après deuxième chauffage (PEA-p3) C A 6 4 2 0 -2 0 40 80 120 160 200 Distance (m) Figure III-24. Profils de charge d’espace obtenus par la méthode PEA en court-circuit à 25°C sur du PEN prépolarisé à 170°C : les courbes noire, rouge et bleu sont respectivement le profil de charge d’espace avant le chauffage (PEA-p1 dans la Figure III-23), après le premier chauffage (PEA-p2 dans la Figure III-23) et après le deuxième chauffage (PEA-p3 dans la Figure III-23) du protocole de TSDC avec chauffage partiel ; C : Cathode, A : Anode pendant la polarisation Dans ce cas, il est plus difficile de discuter sur la comparaison entre l’aire du profil de charge aux électrodes et celle dans le volume pour identifier s'il y a encore une certaine 110 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN contribution de la polarisation à la charge d'influence. Après le premier chauffage partiel, on pourrait s’attendre à un renforcement plus important de la charge image à la cathode. La relaxation des dipôles devrait en effet se traduire par une relaxation symétrique en valeur absolue de la charge image aux électrodes, ce qui n’est vraisemblablement pas le cas. D’autre part, la charge image mesurée pour TP = 130°C à PEA-1, où seule la polarisation est observée, a une amplitude de 1 C.m-3. Or, le renforcement à la cathode dans la Figure III-24 peut être évalué à 0,5 C.m-3. Cette différence peut avoir plusieurs origines : Une petite partie des charges internes à l’origine du pic ρ est dépiégée lors du chauffage partiel à 150°C, Une petite partie des dipôles à l’origine du pic α n’a pas relaxé lors du chauffage partiel à 150°C. Ceci est cohérent avec le profil TSDC enregistré après chauffage partiel (Figure III-15) où le pic ρ est asymétrique et présente un faible épaulement à 150°C. En considérant une densité de charge de = 2 C.m-3 sur la moitié de l'échantillon, on peut calculer une densité surfacique de charge d'influence s = d/8 sur la cathode et à 3d/8 sur l'anode, soit 5.10-5 et 15.10-5 C.m-2, respectivement, ce qui semble être en accord avec le profil mesuré après le premier chauffage. Nous pouvons donc conclure que dans les conditions où le pic ρ est mesuré par TSDC, des charges d'espace négatives sont piégées dans le volume de l'échantillon. Quant à savoir si l'aire sous la courbe TSDC peut être quantitativement comparée à la charge mesurée sous le profil de charge d'espace, ceci est une autre question. En effet, en cas de charge d'espace dans le volume, le courant de TSDC devrait dépendre de la répartition des charges et de la distribution du champ induit : les charges peuvent s’évacuer au travers de chacune des électrodes donnant lieu à un courant de signe opposé, et donc à un pic de courant en TSDC dont l’intégrale est inférieure à celle qui serait obtenue dans le cas où les charges s’évacueraient par une seule électrode. Dans le cas présent, il semble que seules les charges négatives sont détectées, étant injectées à partir de la cathode et diffusant à l’intérieur de l'échantillon. La prédominance des charges négatives injectées a déjà été signalée pour du PEN par Fukuma et al. [FUK04] dans des conditions très différentes : le champ appliqué était beaucoup plus élevé qu'ici (200 kV/mm) 111 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN et toutes les mesures avaient été réalisées à la température ambiante. Une autre caractéristique notable de nos résultats est que même si le champ appliqué est plutôt faible (10 kV/mm), une densité relativement importante de charge peut être stockée. Avec des profils de charge typiques de la Figure III-22 ou la Figure III-24, nous pouvons déduire que, pendant l’application du champ, le champ à la cathode est proche de 0, les charges ne sont donc plus injectées lors du chargement à 170°C. Cette caractéristique marque un fort intérêt dans la réalisation de mesure de charge d'espace sous une contrainte thermoélectrique comme proposée par Miura et al. [MIU14]. Grâce à ces études des profils de charge d’espace mesurés pendant les protocoles de TSDC, nous pouvons conclure que le pic ρ est en grande partie lié aux charges négatives piégées dans le volume du diélectrique. III.4 Mesures par spectroscopie diélectrique III.4.1 Protocole de mesure Des mesures par spectroscopie diélectrique ont été réalisées sous tension alternative de 1V, sur une gamme de fréquences allant de 0,1Hz à 1MHz et sur une gamme de températures allant de -100 à 200°C, avec un intervalle de 5°C. Pour ces mesures, des électrodes circulaires (ϕ=16mm) en or sont déposées par sputtering sur chaque face de l’échantillon de PEN semicristallin de 188µm d’épaisseur. Les réponses diélectriques enregistrées sont les parties réelle ε’ (constante diélectrique) et imaginaire ε’’ (pertes diélectriques) de la permittivité diélectrique complexe. III.4.2 Evolution des relaxations en fonction de la température La Figure III-25 présente l’évolution des parties réelle ε’ et imaginaire ε’’ de la permittivité diélectrique complexe du PEN en fonction de la température pour différentes fréquences. Nous pouvons remarquer la présence de trois mécanismes de relaxation dans cette gamme de températures qui se traduisent par l’apparition de trois pics de pertes diélectriques notés respectivement β, β* et α dans le sens des températures croissantes. L’observation de la présence de ces trois pics par spectroscopie diélectrique a déjà été reportée dans la littérature pour des films de PEN semi-cristallins [CAÑ99] et amorphes 112 [NOG00] . Il faut rappeler cependant Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN que le pic α+ (ou ρ), qui n’est pas observé dans nos mesures, est observé à environ 170°C dans la littérature [HAR01, MAR01, PSA06] (par exemple dans la Figure III-9). Les pics β* et α sont les pics de relaxation observés sur les spectres TSDC. Le premier pic, β, non observé en TSDC, est attribué aux fluctuations locales de groupes ester (-O-C=O), similaire au processus de relaxation β dans le PET [COB86, SCH95] . L’origine des relaxations β* et α a déjà été discutée dans les paragraphes précédents du 0. Le pic β* est lié au mouvement des deux cycles benzène et leurs groupes carbonyles voisins, alors que le pic α a pour origine les mouvements micro browniens des longs segments de chaînes. Ajoutons de plus que la relaxation α est la conséquence d’un réarrangement des chaînes dans les régions amorphes du matériau. Le pic α se décale vers des températures plus élevées et son amplitude diminue à la suite de la cristallisation [BEL96] . Ce phénomène est aussi observé par Nogales et al. [NOG00] lorsque les auteurs comparent les réponses diélectriques des films PEN amorphe et semi-cristallin. 5.0 4.8 4.6 ' 4.4 4.2 10-1 Hz 100 Hz 101 Hz 102 Hz 103 Hz 104 Hz 105 Hz 106 Hz 4.0 3.8 -100 -50 0 50 100 150 200 T (°C) (a) 0.07 0.06 0.05 " 0.04 0.03 0.02 0.01 -100 -50 0 50 100 150 200 T (°C) (b) Figure III-25. Permittivité (a) réelle et (b) imaginaire du PEN entre -100 et 200°C pour des fréquences de 0,1 Hz à 1MHz 113 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN Sur la Figure III-25a, ε’ diminue avec la fréquence dans toute la gamme de températures explorée. Sur la Figure III-25b, nous pouvons constater que les pics, β, β* et α, se décalent vers des températures élevées avec une fréquence croissante. Parmi ces pics, les pics β et α deviennent de plus en plus large lorsque la fréquence augmente. L’amplitude de ces deux pics diminue lorsque la fréquence passe de 0,1 à 100Hz et puis augmente aux fréquences plus élevées. Pour le mode de relaxation β*, il est très difficile d’apprécier les changements apportés à sa largeur et à son amplitude, essentiellement à cause de la proximité du mode de relaxation principal α. La conduction, notée ζ, est détectée aux basses fréquences (de 0.1 à 100 Hz) et hautes température (à partir de 150°C). III.4.3 Evolution des relaxations en fonction de la fréquence La Figure III-26 présente l’évolution des parties réelle ε’ et imaginaire ε’’ de la permittivité diélectrique complexe du PEN en fonction de la fréquence pour différentes températures en échelle semi-logarithmique. Sur la Figure III-26a, la fonction ε’(f) est décroissante dans le sens croissant de fréquence. Cela peut s’expliquer facilement en considérant que le spectre diélectrique obtenu est une superposition des relaxations β, β* et α, or la fonction ε’(f) de chacune diminue de εs à ε∞ lorsque la fréquence augmente. Nous pouvons remarquer que la constante diélectrique ε’ augmente, en général, avec la température. Cependant, nous pouvons noter une exception concernant la fonction ε’(f) enregistrée à 100°C qui est inférieure à celle enregistrée à 50°C aux fréquences basses. La permittivité dans la gamme de fréquences étudiée à ces deux températures est due aux deux relaxations β et β*. Sur la Figure III-26b, trois pics de relaxation, β, β* et α, sont observés dans les spectres des pertes diélectriques. Ces pics se décalent vers des fréquences plus élevées avec une température croissante. Ces observations sont en accord avec la loi d’Arrhénius ou de VogelFulcher-Tammann qui décrivent un temps de relaxation (ou une fréquence) diminuant (ou augmentant) lorsque la température est croissante. Cependant, l’intégralité des pics n’apparaît pas dans la fenêtre de fréquences explorée (10-1 à 106 Hz) pour une température d’étude fixe. Par exemple, à -50°C, seul le pic β est enregistré. A 0°C ou à 50°C, les pics β et β* sont présents et enfin à 150°C, nous enregistrons le pic α et la conduction ζ. Il est donc nécessaire, 114 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN pour modéliser la réponse diélectrique de manière globale, de travailler sur des plages de températures différentes pour chaque relaxation. Pour finir, les valeurs de ε’ et ε’’ sont fortement augmentées à 150°C de par la contribution du pic α et l’apparition de la conduction ζ. 4.6 -100°C -50°C 0 50°C 100°C 150°C 4.4 ' 4.2 4.0 3.8 -1 0 1 2 3 4 5 6 log(f/Hz) (a) 0.05 " 0.04 0.03 0.02 0.01 -1 0 1 2 3 4 5 6 log(f/Hz) (b) Figure III-26. Permittivité (a) réelle et (b) imaginaire du PEN entre 0,1 Hz et 1MHz pour des isothermes de 100 et 200°C III.5 Mesures du courant de polarisation à champ faible III.5.1 Conditions de mesure Afin d’obtenir des comportements pour lesquels les mécanismes de polarisation sont dominants, les mesures APC ont été réalisées à champ faible sur du PEN et pour une gamme de températures allant de -80°C jusqu’à l’apparition de la conduction (150°C). Pour ces 115 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN mesures, des échantillons de 188µm ou 75µm d’épaisseur ont été métallisés à l’or (électrodes circulaires de 6cm de diamètre). Pour les mesures dans une gamme de températures allant de la température ambiante à 100°C, la cellule Irlab CS-1 précédemment décrite est utilisée. Celle-ci est disposée dans une enceinte thermique. Les mesures isothermes sont réalisées tous les 20°C environ. L’échantillon utilisé dans ce cas est de 188µm d’épaisseur. Il a été polarisé sous une tension de 10V, correspondant à un champ électrique de 0,053kV/mm. Le signal est moyenné sur 5 demi-périodes, chacune de durée 1000s. De plus, la cellule Irlab CS-1, de par sa conception, est limitée à une température d’utilisation variant de la température ambiante à 100°C. Pour les mesures hors de cette gamme de températures, nous utilisons l’enceinte de mesure TSDC associée à l’analyseur de courant Irlab. Aux très basses et hautes températures (-80, -50, 130, 150°C), un champ électrique plus élevé a été choisi dans le but de diminuer le bruit sur le courant mesuré. Un échantillon de 75µm d’épaisseur a été polarisé sous une tension de 100V, c’est-à-dire un champ électrique de 1,333kV/mm pendant 2 demi-périodes, chacune de durée 1000s. Il faut remarquer ici que les deux valeurs du champ électrique appliqué sont relativement faibles. Lors des mesures de charge d’espace (paragraphe III.3), nous n’avons pas observé de charge d’espace pour des champs de 10 kV/mm et une température TP = 130°C. On peut donc penser que pour les mesures APC sous un champ 10 fois plus petit et une température inférieure à 130°C, seuls les processus liés à la polarisation sont mesurés. Les mesures ayant été réalisées dans deux enceintes climatiques différentes, une vérification de la reproductibilité des mesures a été effectuée. La Figure III-27 présente les courants normalisés (J/E) mesurés par la méthode APC utilisant la cellule Irlab CS-1 et dans la cellule TSDC à quelques températures dans la gamme mesurable pour la cellule Irlab CS-1. Bien que les conditions de mesure (épaisseur des échantillons, champ appliqué et nombre de demi-périodes mesurées) soient différentes, les mesures sont comparables et ce pour toutes les températures testées. Ceci confirme donc que nous pouvons utiliser la cellule TSDC pour les mesures APC dans la gamme de températures où la cellule Irlab CS-1 n’est pas utilisable, c’est-à-dire aux très basses et hautes températures. 116 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN cellule Irlab CS-1_30°C cellule TSDC_30°C -12 10 -13 10 -13 10 J/E (S.m-1) J/E (S.m-1) cellule Irlab CS-1_50°C enceinte TSDC_50°C cellule Irlab CS-1_90°C enceinte TSDC_90°C -12 10 -14 10 -15 10 -14 10 -15 10 -16 10 -16 10 1 10 100 1000 1 10 Temps (s) 100 1000 Temps (s) Figure III-27. Comparaisons des courants normalisés mesurés dans deux enceintes de mesure différentes et pour différentes températures III.5.2 Courants de polarisation à champ faible La Figure III-28 montre les courants de polarisation normalisés (J/E) obtenus pour le PEN en fonction du temps pour différentes températures allant de -80 à 150°C. Les courants de polarisation mesurés correspondent aux contributions des relaxations β, β* et α, qui apparaissent successivement lorsque la température augmente. -13 10 * -14 J/E (S.m-1) 10 -15 10 -16 10 -80°C -50°C 30°C 50°C 70°C 90°C 130°C 150°C * * -17 10 10 100 1000 Temps (s) Figure III-28. Courants de polarisation normalisés en fonction du temps à champ faible pour du PEN à différentes températures Selon le nombre de processus de relaxation mis en jeu, les courants de polarisation peuvent être séparés en quatre régions de température : -80°C (région 1), de 30 à 70°C (région 2), de 90 à 130°C (région 3), et aux températures plus élevées (région 4). Les courants dans les régions 1, 2 et 3 correspondent aux contributions des relaxations, β, β+β* et β+β*+α, respectivement. La courbe de courant obtenu à 150°C dans la région 4 est différente de celles 117 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN mesurées aux autres températures. La conduction devient dominante à des températures élevées et les mesures APC ne reflètent plus les processus de polarisation seulement. III.6 Mesures de courants à champ fort et d’électroluminescence (EL) III.6.1 Protocole expérimental Pour les mesures d’EL, des échantillons de PEN de 25µm d’épaisseur sont utilisés. Des électrodes d’or de 5cm de diamètre sont déposées sur chaque face de l’échantillon. Le protocole de mesure de l’électroluminescence pour du PEN à une température fixe est représenté sur la Figure III-29. Le champ électrique est augmenté de 30 à 300 kV/mm (valeur proche de celle de claquage), par pas de 30 kV/mm. Pour chaque valeur du champ électrique appliqué, l’échantillon est polarisé pendant une heure et puis dépolarisé pendant une heure, avant l’application d’un champ électrique supérieur. Les mesures de courant et d’EL sont effectuées simultanément, toutes les deux secondes. Les mesures ont été réalisées pour différentes températures allant de 25 à 90ºC. Figure III-29. Protocole de champ appliqué de mesure de l’électroluminescence pour du PEN III.6.2 Courants de polarisation à champ fort La Figure III-30 montre les caractéristiques courant-temps de polarisation pour différents champs électriques et à différentes températures. Pour chaque champ électrique et chaque température, le courant mesuré diminue dans le temps, mais l’état stationnaire n’est pas atteint à temps long (1000s) même pour des champs et températures élevés. 118 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN -6 -6 10 10 25°C -8 -8 -10 -12 10 -14 10 10 Courant (A) Courant (A) 10 10 40°C 30 kV/mm 60 kV/mm 90 kV/mm 120 kV/mm 150 kV/mm 180 kV/mm 210 kV/mm 240 kV/mm 270 kV/mm 300 kV/mm 10 -10 10 -12 10 -14 100 10 1000 30 kV/mm 60 kV/mm 90 kV/mm 120 kV/mm 150 kV/mm 180 kV/mm 210 kV/mm 240 kV/mm 270 kV/mm 300 kV/mm 10 -6 10 10 50°C -8 -14 10 10 Courant (A) Courant (A) -12 10 60°C -8 10 -10 30 kV/mm 60 kV/mm 90 kV/mm 120 kV/mm 150 kV/mm 180 kV/mm 210 kV/mm 240 kV/mm 270 kV/mm 300 kV/mm 10 -10 10 -12 10 -14 100 10 1000 30 kV/mm 60 kV/mm 90 kV/mm 120 kV/mm 150 kV/mm 180 kV/mm 210 kV/mm 240 kV/mm 270 kV/mm 300 kV/mm 10 Temps (s) 70°C 10 -14 10 Courant (A) Courant (A) -12 80°C -8 -8 10 1000 Temps (s) 10 10 -10 100 -6 -6 10 10 1000 Temps (s) Temps (s) -6 10 100 30 kV/mm 60 kV/mm 90 kV/mm 120 kV/mm 150 kV/mm 180 kV/mm 210 kV/mm 240 kV/mm 270 kV/mm 300 kV/mm 10 -10 10 -12 10 -14 100 10 1000 Temps (s) 30 kV/mm 60 kV/mm 90 kV/mm 120 kV/mm 150 kV/mm 180 kV/mm 210 kV/mm 240 kV/mm 270 kV/mm 300 kV/mm 10 100 1000 Temps (s) -6 10 90°C -8 Courant (A) 10 -10 10 -12 10 -14 10 30 kV/mm 60 kV/mm 90 kV/mm 120 kV/mm 150 kV/mm 180 kV/mm 210 kV/mm 240 kV/mm 270 kV/mm 300 kV/mm 10 Figure III-30. Courants de polarisation à champ fort pour différents champs et températures 100 1000 Temps (s) 119 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN Aux faibles températures (25, 40 et 50ºC), lorsque les échantillons sont soumis à des champs électriques faibles, les courants varient linéairement avec le temps en échelle logarithmique, et peuvent donc être dus à de la polarisation d’orientation. Les courants à plus hautes températures ou sous forts champs électriques révèlent un changement de pente, qui peut indiquer un changement de processus à l’origine du courant. Il semble que la première pente soit due à de la polarisation d’orientation dans le diélectrique, dominante aux temps courts, la seconde partie de la courbe correspond quant à elle à des mécanismes de conduction. Pour finir, lorsque les échantillons sont soumis aux champs les plus élevés, les courants correspondent une dominance des mécanismes de conduction par rapport à la polarisation d’orientation. Pour des températures de 70, 80 et 90ºC et un champ électrique de 300 kV/mm, un pic de courant est observé. Ce phénomène a été aussi observé par plusieurs auteurs pour plusieurs matériaux, tels que le LDPE [PEL88], le HDPE [MIZ79], le PET [GUP76, SAI06] ou le PEN [SAI06]. Une même conclusion a été proposée par tous les auteurs : l’apparition du pic de courant est liée à la charge d’espace. Ce pic peut s’expliquer par l’augmentation du courant limité par charge d’espace qui se superpose à la décroissance du courant dipolaire [SAI06] . La Figure III-31 présente des exemples d’observation électrique de l’apparition d’un pic de courant lors des phases de polarisation du PET sous 24 kV/mm et du PEN sous 72 kV/mm à différentes températures [SAI06]. (a) PET (b) PEN Figure III-31. Effets de la charge d’espace sur les courants de polarisation à différentes températures pour (a) du PET sous 24 kV/mm et (b) du PEN sous 72 kV/mm [SAI06] 120 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN Les courants dans le PEN (Figure III-31b) ne montrent pas de pic de courant à 80ºC mais à partir de 100ºC, tandis que dans notre étude, l’apparition d’un pic de courant est enregistrée sous 300 kV/mm, même aux températures inférieures à 100ºC. Le pic de courant est donc observé sous polarisation lorsque les contraintes électriques et/ou thermiques sont fortes. La variation de la densité de courant en fonction du champ électrique appliqué pour différentes températures est représentée sur la Figure III-32. Chaque point de la Figure III-32 est une valeur moyenne des valeurs de courant mesuré pendant la dernière minute pour chaque transitoire de courant de la Figure III-30. D’une manière générale, la densité de courant augmente avec la température, sauf pour quelques points à basse température. La caractéristique courant-champ s’apparente à une caractéristique de courant limité par charge d’espace (SCLC). Trois différents régimes caractéristiques d’une conduction limitée par charge d’espace sont observés pour toutes les températures de 25 à 90ºC. Un régime ohmique (région A sur la Figure III-32) est observé aux champs faibles, le courant est alors proportionnel au champ électrique (la pente p≈1). Puis, le courant augmente plus vite et n’est plus proportionnel au champ électrique, c’est un régime de forte injection (SCLC) (région B p≈2). A la fin de la caractéristique courant-champ, un régime pour lequel les pièges sont presque tous remplis (TFL) (région C) est observé. La pente de la région C ne semble pourtant pas verticale comme en théorique (p→∞) (Figure I-12) mais elle est cependant très grande (p≈13 à 25°C). Cependant, le cas d’une pente ∞ correspond au cas théorique simple où un seul niveau de pièges est considéré. Si l’on suppose une distribution exponentielle de -2 Densité de courant (A.m ) pièges, la pente varie alors en Vp avec p grand. -5 10 -6 10 -7 10 25°C 40°C 50°C 60°C 70°C 80°C 90°C C B A C -8 10 B -9 10 20 A 100 400 -1 Champ électrique (kV.mm ) Figure III-32. Densité de courant en fonction du champ électrique appliqué pour différentes températures 121 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN III.6.3 Electroluminescence Les mesures d’EL réalisées sur les échantillons de PEN pour le protocole décrit à la Figure III-29 n’ont permis de présenter des transitoires de luminescence que pour des phases de polarisation à partir d’une valeur supérieure à un champ seuil, pour toutes les températures. En effet, pour des champs moins élevés, le signal est inférieur au bruit de mesure. Nous avons choisi de montrer des caractéristiques d’EL en fonction du temps obtenues à 25ºC pour deux valeurs du champ électrique, 210 et 240 kV/mm, pour lesquelles le signal significatif de luminescence n’est pas et est observé. La Figure III-33 montre l’EL mesurée pour le PEN soumis à un champ électrique de 210 kV/mm à 25ºC. Un transitoire de luminescence est observé dans les premières secondes suivant l’application de la tension, mais le signal décroît rapidement (200s) jusqu’à être inférieur au bruit de mesure (ici, de l’ordre de 2 coups par secondes -cps). 3 10 Electroluminescence (cps) 210 kV/mm 2 10 1 10 0 10 0 50 100 150 2000 2500 3000 Temps (s) Figure III-33. Transitoire de luminescence pour du PEN à 25ºC sous 210 kV/mm. Le bruit de fond est représenté par une ligne horizontale à 2 cps Pour un champ de 240 kV/mm, un signal significatif de luminescence est mesuré même à temps long (Figure III-34). Après une décroissance rapide (t<300s), le signal de luminescence tend vers une valeur stable largement au-dessus du bruit de fond. L’EL observée a été interprétée comme provenant de la recombinaison de charges de signe opposé. Elle n’est pas détectée avant le champ seuil, car il n’existe pas de zone où les deux espèces de charges positives et négatives cohabitent [TEY01]. 122 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN 3 10 Electroluminescence (cps) 240 kV/mm 2 10 1 10 0 10 0 1000 2000 3000 Temps (s) Figure III-34. Transitoire de luminescence pour du PEN à 25ºC sous 240 kV/mm. Le bruit de fond est représenté par une ligne horizontale à 2 cps Pour une meilleure visualisation, les variables de l’EL en fonction du champ électrique pour différentes valeurs de température sont présentées à la Figure III-35. Chaque point de la Figure III-35 est une valeur moyenne des valeurs de l’EL mesurée pendant la dernière minute pour chaque transitoire de l’EL. Le niveau de bruit est représenté par une ligne horizontale à 2 cps. Des signaux significatifs ont été expérimentalement observés à partir de champs seuils, environ de 210 kV/mm pour toutes les températures. Cette valeur de champ seuil est supérieure à celle obtenue par Augé et al. [AUG00a] qui indiquent un champ seuil de 150 kV/mm pour la recombinaison des charges positives et négatives dans le PEN. 3 25°C 40°C 50°C 60°C 70°C 80°C 90°C Electroluminescence (cps) 10 2 10 1 10 niveau de bruit 0 10 0 60 120 180 240 300 -1 Champ électrique (kV.mm ) Figure III-35. Electroluminescence en fonction du champ électrique appliqué à différentes températures Les évolutions en température de la densité de courant et de l’EL enregistrées pour les champs électriques allant de 240 à 300 kV/mm sont tracées sur la Figure III-36. Ces 123 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN évolutions suivent la même tendance : une diminution du courant et de l’EL de 25 à 50ºC et une augmentation au-delà de 50ºC. Ceci peut être expliqué par l’injection de charge d’espace dans le volume du diélectrique. Plus il y a de charges injectées, plus le courant augmente et plus les processus de recombinaison de charges augmentent. Sous fortes contraintes électriques et thermiques, les charges injectées sont nombreuses, tous les pièges sont remplis, la recombinaison de charges (ou l’EL) et la densité de courant ont tendance à être stables (audelà de 80 ºC sur la Figure III-36). 6 5 10 -6 10 4 10 240 kV/mm 270 kV/mm 300 kV/mm -7 10 3 10 2 10 -8 10 1 10 -9 10 Electroluminescence (cps) -2 Densité de courant (A.m ) 10 0 20 30 40 50 60 70 80 90 10 100 Température (°C) Figure III-36. Densité de courant et électroluminescence en fonction de la température aux champs électriques allant de 240 à 300kV/mm pour du PEN III.7 Conclusion Les relaxations diélectriques dans le PEN ont été étudiées par plusieurs techniques expérimentales : la TSDC, la spectroscopie diélectrique, la DSC et la méthode PEA. Quatre pics de relaxations, β, β*, α et ρ, ont été observés dans l’ordre croissant de la température. Le premier pic, β, qui n’est observé que par la spectroscopie diélectrique, est attribué aux fluctuations locales de groupes ester (-O-C=O) de la structure chimique du matériau. Le seconde pic, β*, est lié au mouvement des deux cycles benzéniques et leurs groupes carbonyles voisins. Le troisième pic, α, est lié à la transition vitreuse du matériau et a pour origine les mouvements micro browniens des longs segments de chaînes. Ce pic est naturellement un réarrangement collectif de conformations des chaînes dans les régions amorphes du matériau. Les trois premiers pics, β, β* et α sont liées à des processus de 124 Chapitre III Caractérisation électrique et diélectrique du PEN polarisation d’orientation. Après la transition vitreuse Tg, le dernier pic, ρ, a été observé par TSDC. Les mesures de charge d’espace par PEA ont montré qu’il n’existait pas de charges piégées dans le volume du matériau pour une température TP de 130ºC alors que des charges d’espace négatives sont présentes pour TP = 170ºC. Cela montre que le pic ρ, uniquement observable lorsque l’échantillon a été polarisé à TP = 170ºC, est lié au dépiégeage de ces charges. En effet, les mesures DSC et la littérature tendent à prouver que ces charges sont piégées à l’interphase amorphe-cristal, et que le réarrangement de ces interphases à une température supérieure à 165ºC libérerait les charges piégées. Nous avons aussi montré que la polarisation des dipôles était mesurable par la méthode PEA, par la présence de charges d’influence aux électrodes liées à la présence de ces dipôles. Pour finir, dans ce chapitre, nous avons également réalisé des caractérisations électriques supplémentaires du PEN en utilisant : des mesures de courants de polarisation à champ faible (par APC) où les phénomènes de polarisation sont dominants, et des mesures du courant de conduction et de l’EL à champ fort où les phénomènes de polarisation et de conduction coexistent. Les courants obtenus par APC correspondent aux contributions de polarisation, β, β+β*, β+β*+α, respectivement, dans l’ordre croissant de la température jusqu’à 90ºC. Les mécanismes de polarisation dans les courants mesurés à champs forts sont encore dominants aux champs moins élevés pour les basses températures (de 25 à 50ºC). Pour les mesures d’EL à champs forts, des signaux significatifs ont été observés à partir d’un champ seuil de 210 kV/mm environ. La dernière partie du travail consiste donc à proposer un modèle permettant de tenir compte des phénomènes physiques mis en évidence de manière expérimentale dans ce chapitre. Pour cela, deux cas distincts peuvent être considérés : A champ faible : le modèle ne tiendra compte que de la polarisation d’orientation. A champ fort : le modèle devra tenir compte de la polarisation et de la contribution de la conduction. Nous pourrons nous servir des paramètres calculés dans ce chapitre pour alimenter le modèle en paramètres de base tels que la mobilité effective. 125 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN Ce chapitre présente les deux grandes parties de modélisation : la modélisation de la polarisation et celle du transport dans le PEN. La stratégie adoptée, présentée sur la Figure IV-1, peut se décomposer en plusieurs étapes qui seront détaillées dans ce chapitre. Dans le modèle de transport de charges développé dans notre équipe de recherche [ROY04] , qui permet de décrire les mécanismes de conduction dans les diélectriques, la permittivité ε est considérée comme une constante. Le principe de modélisation de la polarisation dans le PEN s’appuie sur la prise en considération de la variation de la permittivité ε en fonction de la fréquence de la sollicitation électrique. A partir de la mesure de spectroscopie diélectrique fournissant la permittivité ε dans le domaine fréquentiel, l’objectif est d’obtenir la variation de la permittivité ε dans le domaine temporel à l’aide d’une transformée de Fourier inverse (iFFT) du domaine fréquentiel au domaine temporel. Cependant, l’iFFT a besoin d’une permittivité ε échantillonnable en fréquence tandis que celle qui est obtenue par la mesure de spectroscopie diélectrique est discrétisée. Il faut donc au préalable modéliser la permittivité ε mesurée par des fonctions empiriques, pour avoir une permittivité ε continue et re-échantillonnable en fréquence. Dans ce chapitre, les processus permettant l’extrapolation par des fonctions Cole-Cole des relaxations β, β* et α observées dans la réponse diélectrique seront successivement présentés. Domaine fréquentiel Spectroscopie diélectrique ε FIT iFFT ε échantillonnable Courant de polarisation champ faible (Ipol(t)) Domaine temporel ε Validation Modèle de transport de charges Méthode inverse Courant de polarisation champ fort (Ipol(t) + Icond(t)) Figure IV-1. Schéma du processus de modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN Après avoir pris en compte la polarisation dans le modèle de transport de charges, la validation isotherme sera réalisée en comparant les courants de polarisation simulés par le modèle développé à ceux mesurés à champ faible, où la réponse est essentiellement dipolaire. D’autre part, le modèle de transport de charges ainsi que le modèle d’optimisation seront présentés. Des estimations de paramètres de transport seront calculées grâce à un traitement des données expérimentales et nous montrerons les avancées sur la validation du modèle à champs forts, où la conduction est dominante. 129 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN Des discussions sur les différents objectifs réalisés ainsi que sur les difficultés rencontrées lors des étapes de modélisation clôtureront ce chapitre. IV.1 Modélisation de la polarisation IV.1.1 Analyse diélectrique dans le domaine fréquentiel Dans ce paragraphe, nous présentons l’approximation numérique de la réponse diélectrique du PEN (résultats du paragraphe III.4) par le modèle empirique global décrit dans le paragraphe I.4.3.4. Notons que, dans la fenêtre de fréquences mesurées (10-1 à 106 Hz), le spectre de spectroscopie diélectrique ne fait pas apparaitre l’ensemble des pics de relaxation (β, β* et α) pour une température d’étude fixe. Pour cette raison, une procédure d’extrapolation allant des basses aux hautes températures a été réalisée afin d’obtenir les paramètres d’approximation pour les relaxations présentes dans la fenêtre de mesure. Cette procédure est similaire à celle de Coburn et Boyd [COB86] appliquée au PET en considérant la relaxation β* pour le PEN. En utilisant la procédure d’extrapolation, nous pouvons diminuer le nombre de paramètres à ajuster, c’est-à-dire la complexité du problème de fit pour toutes les températures. Par ailleurs, les relaxations ou les contributions d’une relaxation dans le PEN sont relativement symétriques. Afin de diminuer la sensibilité du problème de fit dans cette étude, nous avons utilisé des fonctions Cole-Cole pour ajuster la permittivité diélectrique mesurée. Ces aspects ont aussi été évoqués dans la littérature par [NOG00, BRA03, HAK05]. La synthèse de la procédure d’extrapolation réalisée est présentée dans le Tableau IV-1, sur la base des mesures présentées au paragraphe III.4. Tableau IV-1. Synthèse de modélisation des pics de relaxation obtenus par la spectroscopie diélectrique sur du PEN. β Pic β* α et σ β1 et β2 β Gamme de températures de fit -80 à -50°C -50 à -20°C 85 à 110°C 150°C Nombre de fonctions Cole-Cole 2 1 2 3 et ζ 130 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN IV.1.1.1 Modélisation du pic β Dans la gamme de températures où le pic de relaxation β apparaît seul (de -80 à -20°C), les courbes des pertes diélectriques ε’’ et de la constante diélectrique ε’ ont été tracées en fonction de la fréquence avec une échelle semi-logarithmique (Figure IV-2). Le maximum du pic β se décale vers des fréquences plus élevées quand la température augmente (Figure IV-2a). La constante diélectrique ε’ augmente avec la température (Figure IV-2b). 0.05 -80°C -70°C -60°C -50°C -40°C -30°C -20°C région 0.04 " ' 0.03 4.1 4.0 0.02 3.9 0.01 -1 0 1 2 3 4 5 6 -1 0 1 2 3 4 5 6 log(f/Hz) log(f/Hz) (a) (b) Figure IV-2. Permittivité (a) imaginaire et (b) réelle vs log(fréquence) dans la région de température de la relaxation β dans le PEN. Les fits des données expérimentales présentées dans la Figure IV-3 ont été réalisés à l’aide de l’algorithme d’optimisation local de Levenberg-Marquardt [MAR63, SEB03]. Le principe de cet algorithme consiste à minimiser la somme des carrés des écarts entre les données expérimentales et le modèle de fit. L’algorithme Levenberg-Marquardt sera présenté plus en détail dans la suite de ce chapitre. Le fit du pic β consiste à considérer deux processus symétriques qui se chevauchent. Ce phénomène est déjà mentionné dans la littérature. Dans l'étude du PEN, PET et leurs copolymères, Bravard et al. [BRA03] ont indiqué que le processus asymétrique β serait mieux représenté par la superposition de deux processus symétriques, β1 et β2. Puis, dans des études par spectroscopie diélectrique et mécanique de l’influence du taux d’étirement (rapport déformation/contrainte appliquée) et de l’humidité sur des échantillons de PEN amorphe, Hakme et al. [HAK05] ont montré que l'amplitude du processus β2 dépend fortement de l’humidité contenue dans les échantillons; l'amplitude du processus β1 dépend du taux et de la température d’étirement. Le pic β* lié au mouvement des deux cycles benzéniques et leurs groupes carbonyles voisins n’est pas observé dans le cas de PET. Cependant, Illers et al. [ILL63] 131 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN dans l’étude de la relaxation diélectrique secondaire β du PET sur la base de mesures de module de torsion et d’amortissement ont suggéré la présence de trois pics β1, β2 et β3. Ceci a [BRA03] également été remarqué dans . Le troisième pic (β3), probablement équivalent au processus β* du PEN, est vraisemblablement dû aux cycles phényles. Les mécanismes associés à ce processus de relaxation sont complexes et dépendent de la fréquence de mesure [MAR01] . La Figure IV-3a montre le fit de la permittivité imaginaire ε’’ à -80°C par une somme de deux fonctions Cole-Cole (l’Equation I-72 avec i=2, ci = 1 et κ=0). "( ) "( ) "( ) 1 Equation IV-1 2 où β1 est la composante haute fréquence et β2 est la composante basse fréquence de la permittivité. Pour rappel : une fonction Cole-Cole s’exprime : *( ) '( ) j. "( ) 1 j Equation IV-2 b L’identification des paramètres des fonctions Cole-Cole pour ε’’ a donné les valeurs suivantes, pour une température de -80°C : 1 0,15607; b1 0, 21997; 1 3, 64090.105 s ; 2 0,15872; b2 0,39560; 2 0, 28495 s ; '' mesure à -80°C fit Cole-Cole 0.03 4.1 0.02 ' ' " 4.0 0.01 3.9 0.00 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 3.8 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 log(f/Hz) log(f/Hz) (a) (b) Figure IV-3. Permittivité (a) imaginaire et (b) réelle vs log(fréquence) du PEN : les mesures expérimentales et les résultats de fit à -80°C. 132 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN Ensuite, la permittivité réelle ε’ a été fittée par l’Equation I-71 avec i=2 et κ=0 en utilisant les paramètres identifiés par le fit de la permittivité imaginaire ε’’. '( ) '( ) '( ) 1 Equation IV-3 2 Nous ne devons identifier que la permittivité infinie ε∞ dans cette équation. Le résultat de fit de la permittivité réelle ε’ est présenté dans la Figure IV-3b et la valeur d’identification de ε∞ obtenue est la suivante : 3,82980. Cependant, de bons fits ne peuvent être obtenus qu’à très basses températures, où les maximums des pics β1 et β2, sont bien définis dans la fenêtre de fréquences mesurées. Audessus de -50°C (Figure IV-2), le processus β1 participe très faiblement aux pertes diélectriques. Ainsi, à partir de -50°C, les pertes diélectriques ont été fittées par une fonction Cole-Cole unique. Le fit du pic de relaxation β à -50°C, présenté dans la Figure IV-4a, a été effectué dans une plage de fréquence où l'influence des processus β* et β1 a été négligée (entre deux lignes verticales pointillées dans la figure). Cela signifie que l’on a fitté la permittivité imaginaire ε’’ autour du maximum du pic β où les contributions des autres pics de relaxation de part et d’autre de ce pic (plus basse fréquence - β* et plus haute fréquence - β1) sont faibles. En pratique, la plage de fréquences autour du maximum du pic β est ajustée de manière à atteindre une tolérance inférieure à 5% entre le modèle de fit et les mesures expérimentales. 0.10 4.6 mesure à -50°C fit Cole-Cole 0.08 4.4 4.2 0.04 ' " 0.06 0.02 3.8 3.6 0.00 -1 4.0 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 log(f/Hz) -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 log(f/Hz) (a) (b) Figure IV-4. Permittivité (a) imaginaire et (b) réelle vs log(fréquence) du PEN : les mesures expérimentales et les résultats de fit à -50°C En appliquant les paramètres obtenus pour le fit de la permittivité imaginaire ε’’ à 50°C, le résultat de fit de la permittivité réelle ε’ est représenté à la Figure IV-4b. De la même 133 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN manière, des fits ont été réalisés pour les autres températures (de -45 à -20°C) dans la région de température du pic β. Les paramètres extraits de ces fits du pic β par une fonction Cole-Cole sont listés dans le Tableau IV-2. Pour chaque paramètre, nous obtenons une série de valeurs qui sont fonction de la température. Tableau IV-2. Paramètres du pic de relaxation β à différentes températures. T(°C) Δε b τ ε∞ -50 0.276408 0.265605 0.001850 3.876503 -45 0.279438 0.261672 0.000939 3.871987 -40 0.276179 0.263748 0.000398 3.867344 -35 0.250626 0.293171 0.000204 3.876567 -30 0.263384 0.280685 0.000128 3.870340 -25 0.242176 0.307184 0.000070 3.877726 -20 0.252671 0.297359 0.000035 3.867637 Ces paramètres d’ajustement Δεβ(T), bβ(T) et ηβ(T) sont présentés en fonction de la température sur la Figure IV-5 (triangles vides). Δεβ et bβ varient linéairement avec la température tandis que ln(ηβ) augmente linéairement avec l’inverse de la température (1/T), suivant la loi d’Arrhénius. Ces dépendances en température peuvent être décrites par les Equations IV-4, 5 et 6 qui sont obtenues après avoir ajusté les paramètres du pic β par des fonctions linéaires de la température. 0, 263 7,796.1010 T Equation IV-4 b 0,065 1, 452.103 T Equation IV-5 ln 39,307 où : 0, 634 kBT Equation IV-6 T : la température en Kelvins, K, kB : la constante de Boltzmann, kB = 8,617.10-5 eV.K-1. Ces fonctions linéaires sont représentées par les courbes rouges sur la Figure IV-5. A partir de ces courbes, on peut extrapoler les valeurs des paramètres du pic β à plus hautes températures (triangles pleins sur la Figure IV-5 par exemple). 134 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN 0.7 0.6 0.5 0.4 0.3 0.2 0.6 0.5 b 0.4 0.3 0.2 0.1 -50 0 50 100 150 T (°C) -4 ln(/s) -8 -12 -16 -20 -24 2.5 3.0 3.5 4.0 4.5 -1 1000/T(K ) Figure IV-5. Paramètres Cole-Cole obtenus pour la relaxation β : les symboles vides correspondent aux paramètres d’ajustement, les symboles pleins correspondent aux paramètres extrapolés A partir de l’Equation IV-6, nous obtenons la valeur de l’énergie d’activation de la relaxation β du PEN : Ea(β) = 0,634eV = 61 kJ/mol. Cette valeur se situe entre 51 et 69 kJ/mol, valeurs obtenues par spectroscopie diélectrique sur des échantillons orientés de PEN amorphes et semi-cristallins (obtenus par recuit des échantillons amorphes) dans l’étude de Hardy et al. [HAR03]. 135 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN IV.1.1.2 Modélisation du pic β* Dans la région de température du pic de relaxation β* (de 85 à 110°C), les pertes diélectriques ε’’ et la constante diélectrique ε’ sont tracées en fonction de la fréquence avec une échelle semi-logarithmique dans la Figure IV-6. Le maximum du pic β* se décale vers des fréquences plus élevées quand la température augmente. Son amplitude diminue fortement lorsque la température augmente de 85 à 100°C et augmente au-delà de 100°C (Figure IV-6a). Sur la Figure IV-6b, il est difficile de voir l’influence de la température sur l’évolution de la constante diélectrique ε’ avec la température. 0.04 région 85°C 90°C 95°C 100°C 105°C 110°C 0.03 4.2 ' " 4.1 0.02 4.0 -1 0 1 2 3 4 5 6 -1 0 log(f/Hz) 1 2 3 4 5 6 log(f/Hz) (a) (b) Figure IV-6. Permittivité (a) imaginaire et (b) réelle vs log(fréquence) dans la région de température de la relaxation β* dans le PEN. Pour obtenir un ensemble fiable de paramètres Cole-Cole correspondant à la relaxation β*, l’influence de la relaxation β à hautes fréquences est prise en compte. Pour ce faire, l’extrapolation de la contribution du pic β dans la région de température du pic β * a été ajoutée à la contribution du pic β* (triangles pleins sur la Figure IV-5), en utilisant les Equations IV-4, 5 et 6. Les valeurs expérimentales de la permittivité imaginaire et réelle dans cette région ont été fittées en utilisant les équations suivantes : "( ) "( ) * "( ) Equation IV-7 '( ) '( ) * '( ) Equation IV-8 Les ajustements ont été réalisés à toutes les températures comprises entre 85 et 110°C pour le pic β*. La Figure IV-7a montre les résultats de fit du pic β* à 95°C obtenus dans la gamme de fréquences de 1Hz à 1MHz où l’influence de la contribution du processus α peut être négligée. Les paramètres Cole-Cole pour le pic β, Δεβ, bβ et ηβ, ont été extrapolés à 95°C 136 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN et les paramètres correspondant au pic β* ont été obtenus par le fit de la permittivité imaginaire ε’’. Puis, le fit de la permittivité réelle ε’ a été effectué en utilisant les paramètres extrapolés et obtenus précédemment (Figure IV-7b). Le résultat de fit a donné la valeur de ε∞ à 95°C. 0.10 4.6 mesure à 95°C fit Cole-Cole 0.08 4.4 4.2 0.04 0.02 ' " 0.06 3.8 3.6 0.00 -1 4.0 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 -1 0 1 2 3 log(f/Hz) 4 5 6 7 8 9 10 log(f/Hz) (b) (a) Figure IV-7. Permittivité (a) imaginaire et (b) réelle vs log(fréquence) du PEN : mesures expérimentales et résultats de fit à 95°C Les paramètres extraits des fits du pic β* à des températures comprises entre 85 et 110°C sont listés dans le Tableau IV-3. Pour chaque paramètre, on obtient une série de valeurs fonction de la température. Tableau IV-3. Paramètres du pic de relaxation β* à différentes températures. T(°C) Δε b τ ε∞ 85 0.301133 0.233498 0.004440 3.726776 90 0.302021 0.217434 0.002616 3.713096 95 0.286655 0.215013 0.000886 3.702545 100 0.292976 0.204002 0.000417 3.690399 105 0.289116 0.203789 0.000147 3.682776 110 0.292379 0.204366 0.000059 3.675632 Ces paramètres de fit Δεβ*, bβ* et ηβ* sont représentés par les cercles creux dans la Figure IV-8 en fonction de la température. Comme pour le cas du pic β, les paramètres Δεβ* et bβ* ont été fittés par des fonctions linéaires avec la température, et ηβ* par l’équation d’Arrhénius. 137 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN * 0, 456 4,352.104 T Equation IV-9 b * 0,631 1,129.103 T Equation IV-10 2, 090 kBT Equation IV-11 ln * 72,958 0.7 0.6 0.5 0.4 0.3 0.2 0.6 0.5 b 0.4 0.3 0.2 0.1 -50 0 50 100 150 T (°C) -4 ln(/s) -8 -12 -16 -20 -24 2.5 3.0 3.5 4.0 4.5 -1 1000/T(K ) Figure IV-8. Paramètres Cole-Cole obtenus par la procédure d’extrapolation de fit : les symboles creux correspondent aux paramètres de fit, les symboles pleins correspondent aux paramètres extrapolés ; relaxation β : triangles, relaxation β* : cercles 138 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN Ces fonctions linéaires sont représentées par les courbes bleues sur la Figure IV-8. A partir de ces courbes, on peut extrapoler les valeurs des paramètres du pic β* à plus hautes températures (par exemple, le cercle plein sur la Figure IV-8). A partir de l’Equation IV-11, on obtient la valeur de l’énergie d’activation de la relaxation β* du PEN : Ea(β*) = 2,090 eV = 201,7 kJ/mol. Cette valeur est supérieure à la valeur maximale (111 kJ/mol) obtenue par la mesure de spectroscopie diélectrique mais se situe dans la gamme de 119 à 247 kJ/mol d’énergie d’activation obtenue par l’analyse mécanique dynamique (DMA) pour les échantillons orientés de PEN amorphes et semi-cristallins (obtenus par recuit des échantillons amorphes) dans l’étude de Hardy et al. [HAR03]. IV.1.1.3 Modélisation du pic α et la conduction σ La permittivité imaginaire ε’’ dans la région de température du pic α est représentée sur la Figure IV-9a. Il est difficile de voir la totalité du pic α dans la fenêtre de fréquences de mesure pour les températures étudiées. De 130 à 140°C, nous pouvons voir le flanc droit du pic aux basses fréquences et le maximum du pic n’est pas atteint dans la fenêtre de mesure. A partir de 145°C, le pic α se décale rapidement vers des fréquences plus élevées lorsque la température augmente. On ne peut voir la totalité du pic α que dans une gamme de températures étroite, entre 145°C et 150°C. Il n’y a donc pas suffisamment de points pour déterminer la dépendance des paramètres de fit du pic α vis-à-vis de la température. La variation de la permittivité réelle ε’ en fonction de la fréquence pour cette gamme de températures est montrée sur la Figure IV-9b. La permittivité ε’ augmente lorsque la température augmente. 0.09 130°C 135°C 140°C 145°C 150°C 155°C 160°C région 0.08 0.07 4.4 4.3 ' " 0.06 4.5 0.05 4.2 0.04 4.1 0.03 -1 0 1 2 3 4 5 6 4.0 -1 0 1 2 3 4 5 log(f/Hz) log(f/Hz) (a) (b) Figure IV-9. Permittivité (a) imaginaire et (b) réelle vs log(fréquence) dans la région de température de la relaxation α dans le PEN. 139 6 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN Dans notre étude, les fits pour le pic α et pour la conduction ζ à 150°C ont été effectués de la même manière que pour le pic β* en ajoutant aux contributions du pic α et de la conduction ζ l’extrapolation des contributions du pic β par les Equations IV-4, 5 et 6 (triangles pleins sur la Figure IV-5) et du pic β* par les Equations IV-9, 10 et 11 (cercle plein sur la Figure IV-8). Les valeurs expérimentales de la permittivité imaginaire et réelle ont été fittées à 150°C en utilisant les équations : "( ) "() * "() "() " Equation IV-12 '( ) '( ) * '( ) '( ) ' Equation IV-13 Ces équations sont les Equations I-72 et 71 avec i=3. La Figure IV-10 montre les résultats du fit de la relaxation α et la conduction ζ à 150°C effectués pour toute la gamme de fréquences de 0,1Hz à 1MHz. 0.10 4.6 mesure à 150°C fit Cole-Cole 0.08 4.4 4.2 0.04 ' " 0.06 0.02 3.8 3.6 0.00 -1 0 1 2 4.0 3 4 5 6 7 8 9 10 -1 0 1 2 3 log(f/Hz) 4 5 6 7 8 9 10 log(f/Hz) (a) (b) Figure IV-10. Permittivité (a) imaginaire et (b) réelle vs log(fréquence) du PEN : les mesures expérimentales et les résultats de fit à 150°C Les paramètres de fit obtenus sont : 0,678548; b 0,132041; 0,000261 s ; 3,501028 1, 076.1013 ; s 0,874099. Les mesures de spectroscopie diélectrique nous ont permis d’identifier les processus de polarisation (β, β* et α) dans le PEN, ainsi que la présence de la conduction aux basses fréquences et hautes températures. L’obtention des paramètres des fonctions Cole-Cole pour chaque relaxation permet d’obtenir une réponse de ε échantillonnable. 140 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN IV.1.2 Cohérence des résultats de spectroscopie diélectrique et du courant de polarisation mesuré à champ faible IV.1.2.1 Méthode d’inversion utilisant la transformée de Fourier inverse L’inversion fréquence-temps concernant les résultats de spectroscopie diélectrique consiste à obtenir le courant en fonction du temps dans une gamme de temps allant de 10-6 à 10s. Cette fenêtre temporelle est complémentaire des mesures de courant couvrant une gamme allant de 1 à 1000s. Ici, nous ne nous intéressons qu’aux contributions de polarisation, c’est-àdire à des températures où la contribution de la conduction est négligeable. La densité de courant de déplacement pour les relaxations multiples se réécrit à partir de l’Equation I-51 : nRelax J d 0 (t ) i pi (t ) E (t ) i 1 Equation IV-14 Où nRelax est le nombre de relaxations présentes à une température donnée. Nous déterminons tout d’abord le terme correspondant aux réponses impulsionnelles nRelax i 1 i pi (t ) , à l’aide d’une transformée de Fourier inverse du domaine fréquentiel au domaine temporel. En effet, pour une relaxation, la fonction de réponse impulsionnelle est obtenue par : pi (t ) TF 1 pi ( ) Equation IV-15 Pour toutes les relaxations : nRelax i 1 i pi (t ) .TF nRelax 1 i i 1 pi ( ) Equation IV-16 En utilisant cette équation, nous devons appliquer nRelax fois la transformée de Fourier nRelax inverse pour obtenir i 1 i pi (t ) . Grâce à la linéarité de la transformée de Fourier, nous pouvons réduire le temps de calcul en appliquant directement : nRelax i 1 i pi nRelax (t ) TF 1 i . pi ( ) i 1 141 Equation IV-17 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN La transformée de Fourier inverse peut être appliquée soit à la partie réelle soit à la partie imaginaire de la fonction Φpi(ω). En fonction de ce que l’on veut mettre en œuvre, on peut donc utiliser soit la fonction cosinusoïdale soit la fonction sinusoïdale. Ici, nous avons utilisé la transformée cosinusoïdale pour la fonction Φpi’(ω) : nRelax i 1 i pi (t ) 2 nRelax i pi '( ) cos(t )d 0 i 1 On pose : (t ) nRelax i 1 i pi (t ) et g ( ) Equation IV-18 nRelax i i 1 pi '( ) . En introduisant les fonctions de Cole-Cole à Φpi’(ω), l’expression de g(ω) est donnée par (voir l’Equation I-71) : g ( ) nRelax i 1 i cos(i ) 1 bi bi 2b i i 1 2 i sin 2 1/2 Equation IV-19 Où Δεi, bi et ηi sont les paramètres de Cole-Cole, θi est donné par l’Equation I-73. En changeant la variable de l’intégrale dans l’Equation IV-18 de ω à f, on a la relation : (t ) 4 g (2 f ) cos(2 ft )df Equation IV-20 0 Pour calculer cette intégrale, nous avons utilisé une méthode numérique. Ainsi nous définissons un domaine de calcul fréquentiel borné par 0 et une fréquence maximale f max, [0, fmax]. Nous utilisons N=2n points pour échantillonner la fonction dans l’intégrale, avec un pas Δf=fmax/(N-1). Nous construisons ensuite la fonction symétrique de g que nous concaténons à g de manière à obtenir le spectre déplié. Nous avons donc 2N points pour le calcul de la transformée de Fourier. La transformée de Fourier discrète formelle s’écrit alors (partie réelle de la fonction iFFT de Matlab) : G( j ) f max 2 n 2 g (2 k f ) cos j 1 k 1 2 N 1 k 1 N Equation IV-21 La relation entre l’indice j et le temps est la suivante : T f 1 2N Equation IV-22 142 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN D’où : T 1 1 2 N f 2 f max Equation IV-23 La discrétisation correspondante dans le domaine temporel s’écrit : t j jT Equation IV-24 Donc, le terme de réponse impulsionnelle satisfait la relation : (t j ) 4 f max n 2 g (2 k f ) cos j 1 k 1 2 N 1 k 1 N Equation IV-25 La densité de courant de déplacement est calculée par : J d (t j ) 0 (t j ) (t j ) E (t j ) Equation IV-26 Le but est d’obtenir le courant aux temps très courts (10-6 à 10s) correspondant à la gamme de fréquences de mesure (10-1 à 106 Hz). Dans les prochaines études, nous aurons également besoin d’extrapoler les résultats des mesures diélectriques pour obtenir les réponses qui portent sur des contributions de polarisation à temps long (1000s). Cela se fait à l’aide d’une transformée de Fourier inverse sur la gamme des basses fréquences, par exemple entre [0, 10-1] Hz. Le calcul doit donc être réalisé sur une large gamme de fréquences, variant sur plusieurs décades. Par conséquent, le calcul, qui nécessite ici un découpage en intervalles à pas constant sur la fréquence, demande un très grand nombre de points si l’on veut obtenir une bonne précision, même aux basses fréquences. Pour résoudre le problème de temps de calcul, nous avons découpé le domaine de fréquence en plusieurs fenêtres dont chacune possède une résolution fréquentielle propre. La Figure IV-11 présente un exemple de la fonction ΔΘ(t) obtenue pour du PEN à 80°C, pour une large gamme de temps allant des très courts (10-6s) aux temps relativement longs (104s). Au résultat du fit de la réponse diélectrique présenté dans la Figure IV-3, a été appliquée la transformée de Fourier inverse en découpant le domaine de fréquence en 5 fenêtres, comportant pour chacune 220 points, définies par : fmax=107, 105, 103, 101 et 10-1 Hz. Nous avons ensuite sélectionné pour chaque fenêtrage fréquentiel la gamme de temps pour laquelle celui-ci présente la meilleure résolution (Δlog(T)=2 pour cet exemple). Enfin, nous avons concaténé l’ensemble des résultats. Le temps total de calcul pour la méthode utilisant la fonction iFFT de Matlab est de 1/3s. A titre de comparaison, un autre essai effectué sur la même machine de calcul sur une seule fenêtre de fréquence [0, 107] Hz comportant 224 points, 143 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN a conduit au même comportement de la fonction ΔΘ(t) avec un temps de calcul de 294s. Audelà de 225 points, le calcul devient excessivement lourd si bien qu’il est très difficile d’obtenir une plus large gamme de temps. -80°C 4 log( 2 0 -2 -4 -6 -8 5 0-107Hz -6 3 0-10 Hz -4 1 0-10 Hz -2 -1 0-10 Hz 0 0-10 Hz 2 4 log(t/s) Figure IV-11. Méthode de découpage du domaine de fréquence pendant la transformée de Fourier inverse pour obtenir la réponse temporelle IV.1.2.2 Courant de polarisation dans une large gamme de temps Dans cette partie de l’étude, nous souhaitons démontrer la cohérence entre la spectroscopie diélectrique et le courant de polarisation APC pour deux températures, -80 et 50°C, où les contributions des relaxations β et β* sont dominantes aux très basses fréquences, c’est-à-dire à temps longs. A partir des résultats des fits présentés à la Figure IV-3 pour les parties réelles et imaginaires de la permittivité à -80°C, l’application de la transformée de Fourier inverse a permis de calculer le courant de polarisation dans le domaine des temps courts. Cette démarche a été réitérée pour les données expérimentales de spectroscopie diélectrique à 50°C, dont les fits sont présentés dans la Figure IV-12. 0.05 mesure à 50°C fit Cole-Cole 0.04 0.03 4.2 4.1 0.02 ' " 4.3 4.0 0.01 3.9 0.00 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 log(f/Hz) 3.8 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 log(f/Hz) (a) (b) Figure IV-12. Permittivité (a) imaginaire et (b) réelle vs log(fréquence) du PEN : les mesures expérimentales et les résultats de fit à 50°C 144 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN Sur la Figure IV-13 sont présentés les courants de polarisation obtenus pour une large gamme de temps [10-6, 103 s]. Chacun se compose d’une partie aux temps courts [10-6, 101 s] calculée à partir de la réponse diélectrique mesurée dans le domaine fréquentiel, et d’une partie à temps longs [3, 103 s] mesurée à champ faible par la méthode APC. Nous obtenons une bonne adéquation entre les deux parties. Les valeurs dans la gamme de temps commune aux deux méthodes (spectroscopie diélectrique et APC, de 3 à 10s) sont quasiment identiques pour une température donnée. Elles sont cependant bien distinctes pour -80 et 50°C. -5 10 mesure à -80°C -1 TF à -80°C mesure à 50°C -1 TF à 50°C -7 10 -9 J/E (S.m-1) 10 -11 10 -13 10 -15 10 -17 10 -6 10 -5 10 -4 10 -3 10 -2 10 -1 10 0 10 1 10 2 10 3 10 Temps (s) Figure IV-13. Courants de polarisation normalisés de temps courts à temps longs. Entre deux colonnes : gamme de temps commune aux deux méthodes (spectroscopie diélectrique et APC, de 3 à 10s) Cette étude donne ici des informations concernant l’évolution de courant dans le domaine temporel non mesurable par technique classique. On observe sur la Figure IV-13 qu’à temps court le courant à -80°C est plus grand que celui à 50°C, contrairement à ce qu’on obtient pour le temps long. La largeur à mi-hauteur du pic β2 dans la Figure IV-3 (3,5 décades) est moins importante que celle du pic β* dans la Figure IV-12 (5 décades), ce qui peut conduire à une plus grande évolution du courant obtenu à -80°C par rapport à celui à 50°C. De plus, on observe que les processus de relaxation β et β* sont bien séparés. Ceci conduit à une rupture de pente à 10-3 s à 50°C alors que le courant à -80°C ne présente visiblement pas de rupture à cause de la superposition des processus β1 et β2. Une bonne adéquation entre les données des mesures dans le domaine fréquentiel et dans le domaine temporel a été obtenue. La prochaine étape consiste à implémenter les contributions de la polarisation dans le modèle de transport de charges, afin d’obtenir un modèle capable de décrire simultanément les phénomènes de polarisation et de conduction. 145 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN IV.2 Modélisation du transport IV.2.1 Présentation du modèle de transport de charges en Matlab Dans ce travail, nous avons développé un modèle de transport de charges sous Matlab, décrivant les phénomènes de génération et de transport de charges mentionnés dans le paragraphe I.5.1.2. La Figure IV-14 présente l’algorithme général et ses explications du modèle développé. Le module appelé « Tension appliquée » permet de choisir le type de contrainte (continue ou alternative) et le protocole appliqué au modèle. La densité nette de charges est ensuite calculée par addition des densités des différentes espèces de charges. Pour la résolution du modèle, la distance inter-électrodes, d, est discrétisée de manière non-uniforme par les éléments Δx qui sont de plus en plus petits lorsqu'on se rapproche des électrodes afin d’optimiser le calcul numérique. Le champ et le potentiel électrique sont calculés par l’équation de Poisson en tout point du diélectrique, en particulier sur les électrodes, à l’aide des densités des différentes espèces présentes. Connaissant le champ électrique, les paramètres de transport, la mobilité et la vitesse de dérive, sont ensuite calculés en tout point du diélectrique. Le pas de temps Δt dans le calcul doit satisfaire la relation CourantFriedrichs-Lewy (CFL), montrant que le déplacement de la charge pendant un intervalle de temps Δt est inférieur à la taille Δx et est calculé automatiquement pour être inférieur au phénomène le plus rapide se produisant dans l’isolant, y compris le piégeage, dépiégeage et recombinaison. Le « Module de transport » est de loin le plus volumineux et le plus important dans le calcul de la partie concernant le transport. Il permet d’obtenir, en plusieurs étapes, la densité de chaque espèce de charges (mobiles ou piégées) pour le pas dans le temps suivant, en tenant compte de la recombinaison, et du piégeage. Le courant de conduction est calculé à partir de la densité nette de charges et du champ électrique. Nous pouvons lister ici des résultats importants obtenus par le modèle de transport de charges développé : Densité nette de charges, fonction du temps et de l’épaisseur du diélectrique, Courant extérieur en fonction du temps, Taux de recombinaison total en fonction de l’épaisseur du diélectrique, 146 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN Densité de chaque espèce de charges (électrons/trous-mobiles/piégés), chaque type de recombinaison (S0, S1, S2 et S3), champ électrique. Algorithme Détails constantes, variables d’espace, densités initiales, coefficients de piégeage et de recombinaison Initialisation des paramètres Tension appliquée Calcul de la charge nette résolution de l’équation de Poisson par la BEM Calcul du champ électrique mobilité, vitesse de dérive Paramètres de transport +Δt Calcul du pas dans le temps (Δt) condition Courant-Friedrichs-Lewy - résolution de l’équation de transport par QUICKEST+ULTIMATE - résolution de l’équation de continuité par splitting Module de transport courant de conduction Calcul du courant extérieur sortie des résultats : densités de chaque type de charges, courants, champ électrique, taux de recombinaison Figure IV-14. Algorithme du modèle de transport de charges Le travail suivant est de prendre en compte la polarisation dans le modèle de transport de charges développé sous Matlab. IV.2.2 Implémentation de la polarisation dans le modèle de transport de charges IV.2.2.1 Evolution des équations dans le modèle de transport de charges Jusqu'à présent, le modèle de transport de charges développé prend en considération une permittivité constante, et ce, quelles que soient les conditions de température et de champ utilisées pour simuler les phénomènes de génération, d’accumulation et de transport des 147 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN charges dans l’isolant électrique polymère. Maintenant, dans le but d’implémenter la polarisation dans ce modèle, la dépendance en fonction du temps et de la température de la permittivité, et plus précisément, le terme des réponses impulsionnelles ΔΘ, est pris en compte. L'implémentation de la polarisation dans le modèle de transport va jouer essentiellement sur l'équation de Maxwell-Gauss (Equation IV-27) remplaçant l’équation de Poisson (Equation I-74) qui n’est plus valide en raison de la dépendance temporelle de la permittivité. D( x, t ) ( x, t ) x Equation IV-27 où D(x,t) est donné par l’Equation I-41. En l’écrivant avec le terme des réponses impulsionnelles ΔΘ, le déplacement électrique D(x,t) est donné par : D( x, t ) 0 E ( x, t ) 0 E( x, t )* (t ) Equation IV-28 Dans cette équation, le produit de convolution peut s’écrire par une intégrale. On obtient donc : t D( x, t ) 0 E ( x, t ) 0 E ( x, t ')* (t t ')dt ' Equation IV-29 Ici, le champ électrique est calculé à partir des potentiels d’après la relation suivante : E ( x, t ) V ( x, t ) x Equation IV-30 La polarisation a aussi un impact sur l'équation du courant externe. Le courant total est calculé par l’équation de Maxwell-Ampère : JT ( x, t ) jc ( x, t ) D( x, t ) t Equation IV-31 Le courant total se compose donc maintenant du courant de conduction et d’un courant de polarisation (ou de déplacement) tenant compte de la variation de la constante diélectrique dans le temps. Jusqu’à présent, le modèle considérait le courant de déplacement comme uniquement fonction ( J dép ( x, t ) dE ( x, t ) ). dt de la variation du champ électrique dans le temps La Figure IV-15 présente l’algorithme général du modèle de transport de charges auquel ont été ajoutés les blocs présentés en pointillés rouges qui concernent l’implémentation de la 148 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN Algorithme Détails Paramètres de Havriliak-Negami utilisation d’une transformée de Fourier inverse Calcul ΔΘ(t) constantes, variables d’espace, densités initiales, coefficients de piégeage et de recombinaison Initialisation des paramètres Tension appliquée Calcul de la charge nette Calcul ΔΘ t t’ dt résolution de l’équation de Maxwell (au lieu de Poisson) par la BEM Calcul du champ électrique mobilité, vitesse de dérive Paramètres de transport +Δt Calcul du pas dans le temps (Δt) condition Courant-Friedrichs-Lewy - résolution de l’équation de transport par QUICKEST+ULTIMATE - résolution de l’équation de continuité par splitting Module de transport Calcul du déplacement électrique courant de polarisation+conduction Calcul du courant extérieur sortie des résultats : densités de chaque type de charges, courants, champ électrique, taux de recombinaison Figure IV-15. Algorithme du modèle de transport de charges prenant en compte la polarisation : les blocs pointillés sont ceux ajoutés au modèle de transport de charges déjà développé. 149 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN polarisation. Les explications ou évolutions sont présentées en rouge dans la colonne « détail du modèle ». Les paramètres de Cole-Cole obtenus après avoir fitté les données de spectroscopie diélectrique à différentes températures sont introduits à l’aide d’une transformée de Fourier inverse permettant de calculer le terme des réponses impulsionnelles ΔΘ(t). Pour calculer le champ et le potentiel électrique, l’équation de Poisson est maintenant remplacée par l’équation de Maxwell-Gauss. Pour ce faire, on doit calculer l’intégrale de ΔΘ (Equation IV-29), dont la variable t’ va de 0 à t (temps dans la simulation). Le courant de conduction est calculé à partir de la densité nette de charges et du champ électrique. Le courant de déplacement est obtenu grâce aux valeurs du déplacement électrique, qui est recalculé à partir des valeurs du champ et de ΔΘ. Le courant total est donc la superposition de ces deux contributions. IV.2.2.2 Validation isotherme à champ faible Les simulations ont été réalisées pour des champs électriques correspondant au protocole utilisé pour les mesures APC et pour des températures allant de -80 à 50°C. Dans une première tentative de validation de notre modèle, les contributions d'injection et de transport n'ont pas été prises en compte. En effet, cette hypothèse peut être valable dans la mesure où à champs faibles et à températures relativement basses, la contribution de la conduction reste faible par rapport aux mécanismes de polarisation dans le PEN. Par conséquent, dans l’expression du courant externe (Equation IV-31) seul le terme de droite, correspondant à la variation du déplacement électrique en fonction du temps, est pris en compte. La Figure IV-16 montre la comparaison entre les résultats expérimentaux et les résultats de simulation (courant normalisé J/E) dans le domaine temporel pour deux températures, 80°C et 50°C. Pour ces deux températures, à très basses fréquences, les maximums des pics de relaxation β et β* sont situés dans la fenêtre de fréquence étudiée. Nous pouvons voir que les résultats de simulation sont en accord non seulement qualitativement mais aussi quantitativement avec les mesures expérimentales dans le domaine temporel pour deux températures différentes. La polarisation a donc été implémentée avec succès dans le modèle de transport de charges et le détail du schéma du processus a été présenté. Les résultats issus du modèle sont cohérents avec les résultats des mesures de courant de polarisation à champ faible. 150 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN -13 10 simulation à -80°C mesure à -80°C simulation à 50°C mesure à 50°C -14 J/E (S.m-1) 10 -15 10 -16 10 -17 10 10 100 1000 Temps (s) Figure IV-16. Comparaison des courants mesurés et simulés par le modèle de transport de charges à la polarisation a été implémentée IV.2.3 Modèle d’optimisation Le modèle de transport de charges présenté précédemment a besoin d’un certain nombre de paramètres (mobilité, coefficient de piégeage, coefficient de dépiégeage, injection…et ce pour chaque type de charge). La plupart de ces paramètres ne peuvent pas être déterminés par des expériences indépendantes et c'est une tâche lourde d’estimer les valeurs de paramètres qui sont utilisés dans le modèle de transport de charges afin d’ajuster les résultats de simulation aux résultats expérimentaux. Il existe peu de travaux de modélisation sur le transport de charges dans le PEN dans la littérature qui pourraient nous aider à obtenir ces paramètres de transport. Afin de pallier ce problème, nous avons tenté d’utiliser un modèle inverse (où modèle d’optimisation) qui a été développé récemment dans l’équipe Marquardt [MAR63] [LAU09] sur la base de l'algorithme de Levenberg- . Ces modèles inverses permettent, sur la base de données expérimentales, d’obtenir des paramètres optimisés en minimisant l’écart quadratique entre données expérimentales et de simulation. La Figure IV-17 illustre l'algorithme de LevenbergMarquardt qui est une combinaison de l'algorithme de Gauss-Newton et la méthode de descente de gradient. Comme d'autres algorithmes de minimisation numérique, l'algorithme de Levenberg-Marquardt est une procédure itérative utilisée notamment pour des problèmes non linéaires. A l’entrée du modèle d’optimisation, on initialise les paramètres du modèle de transport (vecteur θ). Ces paramètres sont utilisés dans le modèle de transport, et le modèle 151 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN d’optimisation calcule la fonction à minimiser entre les données expérimentales et les simulations. Cette fonction s’écrit : C ( ) f (t ) f ( , t ) t 0 T 2 Equation IV-32 Et i i 1 où : C (i 1 ) H i 1 i 1 I Equation IV-33 C(θ) : fonction d’erreur, θ : vecteur de paramètres, f : valeurs données expérimentales, f : données prédites par modèle, H : matrice hessienne, I : matrice identité, λ : facteur d'amortissement. Mesures C Entrée Algorithme de minimisation Modèle de transport de charges Paramètres estimés Figure IV-17. Principe du modèle d’optimisation Les données f (expérimentales et simulations) peuvent être des courants fonction du temps, des données de charges d’espace, fonction du champ et/ou de la température, etc. Si cette fonction C(θ) est minimisée, les paramètres sont optimisés. Dans le cas contraire, l’algorithme de Levenberg-Marquardt estime de nouveaux paramètres et la fonction C(θ) est recalculée lors d’une nouvelle itération. 152 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN D’un point de vue physique, les paramètres doivent être bornés par des valeurs minimales θmin et maximales θmax avant réalisation de la méthode inverse. Les valeurs initialisées des paramètres sont donc incluses entre [θmin, θmax]. Par exemple, les paramètres d’injection (barrières) ne vont pas de [0 ; +∞], mais sont bornés entre 1 et 2 eV. Les paramètres liés à la mobilité (barrières de « hopping ») sont bornés pour avoir une mobilité « réaliste » pour des matériaux isolants. Le point positif de cet algorithme est qu’il « converge » en quelques itérations : un minimum est souvent atteint après moins d’une dizaine d’itérations. Il est plus stable que celui de Gauss-Newton, il trouve une solution même s'il est démarré très loin d'un minimum. Par contre, en initialisant différemment (différent vecteur θ0), il n’est pas sûr que l’on obtienne les mêmes paramètres optimisés. Le minimum est dit local et non global. De plus, cet algorithme, utilisant la dérivée de la fonction f , demande un temps de calcul très long. Ceci est d’autant plus vrai lorsque : il y a plusieurs variables à comparer (exemple courant et densité de charges) les données à comparer sont fonction du temps. En effet, pour chaque itération du modèle d’optimisation, le modèle de transport de charges est appelé. Ce modèle d’optimisation est donc couteux en temps de calcul. IV.2.4 Validation du modèle à champ fort IV.2.4.1 Extraction des paramètres de transport des mesures expérimentales Dans cette étude, nous essayons d’analyser les données des mesures à champ fort et/ou à des températures élevées afin de trouver les contributions de conduction et extraire des paramètres de transport qui nous serviront dans le modèle de transport. Il faut donc auparavant obtenir les résultats expérimentaux qui permettent de caractériser les phénomènes de conduction dans le PEN. IV.2.4.1.a Présence de charges dans le PEN Les résultats de mesures PEA sur la base d’un protocole TSDC montrent qu’il n’y pas de charges accumulées dans le diélectrique à une température de polarisation de 130ºC et un champ de 10 kV/mm (Figure III-20). Par contre des charges négatives sont mesurées pour le 153 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN même champ de polarisation à 170 ºC. Des mesures de charges à basse température (25 et 50ºC) ont aussi été réalisées pour différent champs (10 à 75 kV/mm pendant une heure) afin de vérifier la présence ou non de charges et leur dynamique. La Figure IV-18 illustre des profils de charge d’espace obtenus à 25ºC lorsque l’échantillon a été polarisé sous 75 kV/mm pendant une heure (Figure IV-18a) et a été dépolarisé pendant une heure (Figure IV-18b). Ces profils ne montrent pas de charge injectée dans le volume des échantillons, donc pas d’accumulation de charges dans ces conditions expérimentales. Il en est de même pour l’ensemble des mesures réalisées par PEA pour des champs électriques inférieurs à 75 kV/mm et pour 25 et 50°C. Ces mesures de charges nous permettre de connaitre dans une certaine mesure la nature des charges injectées (dominance négative), et leur densité, mais la dynamique de charge (injection, temps de transit…) ne peut être déduite de ces mesures -3 Densité de charge (C.m ) seules. 60 0 min 60 min C A 30 0 -30 -60 0 100 200 300 Distance m) -3 Densité de charge (C.m ) (a) Polarisation 60 0 min 60 min C A 30 0 -30 -60 0 100 200 300 Distance m) (b) Dépolarisation Figure IV-18. Profils de charge d’espace obtenus par la méthode PEA à 25°C : (a) Polarisation pendant 1 heure sous 75 kV/mm, (b) Dépolarisation pendant 1 heure ; C : Cathode, A : Anode 154 Chapitre IV IV.2.4.1.b Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN Comparaison des courants à champ faible et à champ fort Courants à champ faible et à champ fort en fonction du champ électrique Comme nous l’avons montré dans le paragraphe III.6.2, le courant à champ fort ne varie pas linéairement avec le champ électrique appliqué, notamment sous des champs très élevés (Figure III-32). Dans ce paragraphe, nous avons choisi de comparer les courants normalisés (J/E) obtenus à partir des mesures de courant à champ faible et à champ fort, pour différents champs à 25°C (Figure IV-19). Les courbes de courant normalisé montrent deux comportements différents. Pour des champs inférieurs à 180 kV/mm, les courbes sont quasiment confondues, et elles coïncident au courant normalisé à champ faible. Pour des champs supérieurs à 210 kV/mm, en revanche, les courants normalisés sont beaucoup plus élevés. Le courant mesuré à 25°C et à champ faible par la méthode APC est dû aux processus de polarisation. Les mesures de conduction à champs faibles mettant en évidence une variation temporelle du courant normalisé comparable à celle obtenue par la méthode APC, nous pouvons donc penser que les courants mesurés sous des champs inférieurs à 180 kV/mm à 25°C sont essentiellement dû aux processus de polarisation. Ceci reste valable même pour un temps de mesure qui s’étend jusqu’à une heure. Pour les courants mesurés sous des champs plus élevés, ils sont probablement dus aux processus de polarisation et de conduction, dans lesquels la contribution de la conduction peut être extraite à partir du courant total auquel on soustrait le courant mesuré à champ très faible (mesure APC) considérant qu’il représente la contribution de la polarisation au courant total. -12 10 -13 10 -14 10 J/E (S.m-1) -15 10 -16 10 -17 10 -18 10 -19 10 -20 10 30 kV/mm 60 kV/mm 90 kV/mm 120 kV/mm 150 kV/mm 180 kV/mm 210 kV/mm 240 kV/mm 270 kV/mm 300 kV/mm APC-0,053 kV/mm 10 100 1000 Temps (s) Figure IV-19. Caractéristique courant normalisé (J/E) - temps aux champs faibles et champs forts à 25°C. 155 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN Lorsque l’on trace la variation du courant normalisé (déterminé à 1000s à partir des caractéristiques conductivité-temps dans la Figure IV-19) en fonction du champ électrique appliqué (Figure IV-20), un seuil en champ est également observé à 180 kV/mm. -14 J/E (S.m-1) 10 -15 10 APC -16 10 0.04 0.06 60 120 180 240 300 -1 Champ électrique (kV.mm ) Figure IV-20. Courant normalisé (J/E) en fonction du champ électrique à 25°C : les valeurs sont déterminées à 1000s à partir des caractéristiques courant normalisé - temps. Courant à champ faible et à champ fort en fonction de la température La Figure IV-21 montre les caractéristiques courant normalisé – temps pour un champ faible de 0,053 kV/mm (mesure APC) (Figure IV-21a) et un champ fort de 240 kV/mm (Figure IV-21b) à différentes températures. 30°C 50°C 70°C 90°C -13 25°C 50°C 70°C 90°C -13 10 -14 10 J/E (S.m-1) J/E (S.m-1) 10 -15 10 -16 -14 10 -15 10 -16 10 10 10 100 1000 Temps (s) 10 100 1000 Temps (s) (a) 0,053 kV/mm (b) 240 kV/mm Figure IV-21. Caractéristiques courant normalisé – temps pour un champ faible de 0,053 kV/mm et un champ fort de 240 kV/mm à différentes températures. Tous les courants normalisés à champ faible sont essentiellement dus aux processus de polarisation quelle que soit la température. Les courants normalisés obtenus à champ fort ont le même ordre de grandeur que ceux à champ faible lorsque l’on considère les temps courts, 156 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN pour les temps longs la contribution de la conduction est nettement visible et semble apparaître d’autant plus tôt que la température est élevée (Figure IV-21b). Les courbes à champ fort (240 kV/mm) correspondent donc à la superposition des contributions de polarisation et de conduction, quelle que soit la température. IV.2.4.1.c Extraction de la contribution de la conduction dans les mesures de courant à champ fort Le courant obtenu à champ faible est maintenant utilisé pour extraire la contribution de la conduction du courant total mesuré à champ fort, en considérant que la contribution de la polarisation au courant à champ fort est proportionnelle au courant mesuré à champ faible. L’extraction de la contribution de la conduction est exprimée par l’équation suivante : jc ( E, t ) JT ( E, t ) APC (t ).E Equation IV-34 où jc(E,t) et JT(E,t) sont respectivement la densité de courant de conduction et la densité de courant total à champ fort E. γAPC(t) est le courant normalisé à champ faible mesuré par APC. La Figure IV-22 présente le processus d’extraction de la contribution de la conduction à partir d’une densité de courant à champ fort à 25ºC. Dans cette étude, les champs électriques appliqués varient de 210 à 300 kV/mm. Avant la soustraction, les courbes ont été lissées pour minimiser l’effet du bruit de mesure, visible pour les temps longs. On peut observer que pour des temps supérieurs à 150, 30, 8 et 3s, la conduction devient dominante lorsque l’échantillon est soumis à des champs de 210, 240, 270 et 300 kV/mm, respectivement. Ces valeurs de temps diminuent lorsque le champ appliqué augmente, mais la variation n’est pas linéaire. La Figure IV-23 reprend les densités de courant de conduction calculées (courbes roses) pour des champs allant de 210 à 300 kV/mm à 25°C. Pour chaque valeur du champ, il existe un maximum dans la caractéristique de densité de courant de conduction. Les temps caractéristiques sont de 30, 25, 10 et 8s pour les champs de 210, 240, 270 et 300 kV/mm, respectivement. Cette diminution du temps pour lequel la densité de courant est maximale n’est pas non plus linéaire avec l’augmentation du champ électrique. Ce temps caractéristique où la densité de courant est maximale semble être dû aux charges, injectées à une électrode, et qui atteignent l’électrode de signe opposé (temps de transit) [ROY04] . Il est donc logique d’observer une diminution de ce temps de transit avec l’augmentation du champ électrique, puisque : ttransit d E Equation IV-35 157 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN -3 -3 J polarisation (signal brut) J polarisation (signal lissé) J totale (signal brut) J totale (signal lissé) J conduction extraite -4 10 -5 10 -6 10 -7 10 25°C - 210 kV/mm -8 10 10 100 10 Densité de courant (A.m-2) Densité de courant (A.m-2) 10 J polarisation (signal brut) J polarisation (signal lissé) J totale (signal brut) J totale (signal lissé) J conduction extraite -4 10 -5 10 -6 10 -7 10 25°C - 240 kV/mm -8 10 1000 10 Temps (s) -3 J polarisation (signal brut) J polarisation (signal lissé) J totale (signal brut) J totale (signal lissé) J conduction extraite -4 10 -5 10 -6 10 -7 10 25°C - 270 kV/mm -8 10 100 10 Densité de courant (A.m-2) Densité de courant (A.m-2) 1000 Temps (s) -3 10 10 100 J polarisation (signal brut) J polarisation (signal lissé) J totale (signal brut) J totale (signal lissé) J conduction extraite -4 10 -5 10 -6 10 -7 10 25°C - 300 kV/mm -8 10 1000 10 100 1000 Temps (s) Temps (s) Densité de courant (A.m-2) Figure IV-22. Extraction des courants de conduction à partir des courants aux champs forts allant de 210 à 300 kV/mm à 25ºC -5 10 -6 10 -7 10 210 kV/mm 240 kV/mm 270 kV/mm 300 kV/mm 10 100 1000 Temps (s) Figure IV-23. Comparaison des courants de conduction aux champs forts allant de 210 à 300 kV/mm à 25ºC Nous avons également étudié l’évolution des courants de conduction, déduits des mesures de courant à champ fort, en fonction de la température pour un champ fixe. Pour cela, la conduction a été extraite des densités de courant mesurées à 240 kV/mm pour des 158 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN températures allant de 25 à 90ºC (Figure IV-24). La conduction devient dominante à partir de 30s pour 25°C. Ce temps augmente à 50°C (150s), puis diminue à 70°C (25s) et 90°C (10s). -3 -3 J polarisation (signal brut) J polarisation (signal lissé) J totale (signal brut) J totale (signal lissé) J conduction extraite -4 10 -5 10 -6 10 -7 10 25°C - 240 kV/mm -8 10 10 100 10 Densité de courant (A.m-2) Densité de courant (A.m-2) 10 J polarisation (signal brut) J polarisation (signal lissé) J totale (signal brut) J totale (signal lissé) J conduction extraite -4 10 -5 10 -6 10 -7 10 50°C - 240 kV/mm -8 10 1000 10 Temps (s) Temps (s) J polarisation (signal brut) J polarisation (signal lissé) J totale (signal brut) J totale (signal lissé) J conduction extraite -4 10 -5 10 -6 10 -7 10 70°C - 240 kV/mm -8 10 100 10 Densité de courant (A.m-2) Densité de courant (A.m-2) 1000 -3 -3 10 10 100 J polarisation (signal brut) J polarisation (signal lissé) J totale (signal brut) J totale (signal lissé) J conduction extraite -4 10 -5 10 -6 10 -7 10 90°C - 240 kV/mm -8 10 1000 10 100 1000 Temps (s) Densité de courant (A.m-2) Temps (s) Figure IV-24. Extraction des courants de conduction à partir des courants à champ fort de 240 kV/mm aux températures allant de 25 à 90ºC -5 10 -6 10 -7 10 25°C 50°C 70°C 90°C 10 100 1000 Temps (s) Figure IV-25. Comparaison des courants de conduction aux températures allant de 25 à 90°C à champ fort de 240 kV/mm 159 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN La même tendance a été également observée pour le temps où la densité de courant de conduction passe par un maximum (Figure IV-25). Ses valeurs sont de 30, 40, 10 et 3s pour des températures de 25, 50, 70 et 90°C, respectivement. IV.2.4.1.d Estimation de la mobilité Estimation de la mobilité effective A partir des caractéristiques J(E) à champs forts (Figures III-32 et IV-26), nous pouvons également déterminer les valeurs des champs électriques seuils EtrP et ETFL (ou des tensions VtrP et VTFL) à partir desquels le courant change de pente. A 25°C, les champs électriques seuils calculés sont : -2 Densité de courant (A.m ) EtrP = 103 kV/mm et ETFL = 194 kV/mm. -5 10 -6 10 -7 10 25°C 40°C 50°C 60°C 70°C 80°C 90°C C B A C -8 10 B -9 10 20 A EtrP ETFL 100 400 -1 Champ électrique (kV.mm ) Figure IV-26. Densité de courant en fonction du champ électrique appliqué pour différentes températures En considérant l’épaisseur de l’échantillon d = 25µm, nous obtenons les valeurs des tensions seuils entre les différents régimes SCLC : VtrP = d.EtrP = 2575 V VTFL = d.ETFL = 4850 V Au vu des profils de charge d’espace dans le paragraphe III.3, nous considérons des charges injectées unipolaires (électrons) dans le diélectrique. Par la suite, à partir des Equations I-13 et 14, le rapport entre la densité de porteurs intrinsèques et le coefficient de piégeage (n0/θ), ainsi que la densité totale de pièges (Nt) sont déduits : 160 Chapitre IV n0 Nt Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN 9 0 rVtrP 7, 435.1020 (m3 ) 8 qd 2 0 rVTFL qd 2 Equation IV-36 1, 245.1021 (m3 ) Equation IV-37 De plus, la mobilité effective à 25°C pour la région B, déduite à partir de l’Equation I-10 est donnée par : 8d 3 j 2, 439.1019 (m2V 1s 1 ) 2 9 0 rV Equation IV-38 Une fois que le coefficient de piégeage, qui correspond à la fraction de charges injectées libres par rapport aux charges piégées est connu, nous pouvons estimer la valeur de la mobilité des porteurs de charge dans le diélectrique. Des calculs de la mobilité effective ont été également effectués pour les autres températures. Les résultats sont représentés par les carrés noirs sur la Figure IV-27. Dans ce cas, nous avons choisi une fonction d’Arrhénius pour fitter ces données : ln( ) ln ( )0 Ea kBT Equation IV-39 Le résultat de fit Arrhénius, représenté sur la Figure IV-27 par la courbe rouge, permet de calculer les valeurs des paramètres de fit suivants : (θμ)0 = 1,62.10-10 m2V-1s-1, Ea = 0,52 eV. -39 Données Fit Arrhénius ln() -40 -41 -42 -43 2.8 3.0 3.2 3.4 -1 1000/T (K ) Figure IV-27. Variation de la mobilité effective en fonction de la température ajustée par une fonction d’Arrhénius 161 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN Ce résultat de fit nous permet d’estimer la valeur du produit θμ quelle que soit la température d’étude. Cependant ne connaissant pas le coefficient de piégeage θ, une autre méthode d’estimation de la mobilité est nécessaire. Estimation de la mobilité à partir des pics de courant de polarisation Dans ce paragraphe, nous présentons l’estimation de la mobilité en utilisant les résultats d’un modèle mathématique proposé par Many et al. [MAN62] . Ce modèle décrit le comportement transitoire du courant SCLC en considérant la présence de pièges dans l’isolant. Cependant, les auteurs ont introduit un certain nombre d’hypothèses de simplification, telles que de négliger la diffusion, considérer un seul niveau d’énergie pour les pièges et considérer que la densité des porteurs piégés restait plus petite que celle des niveaux inoccupés à l’équilibre thermique. Ces hypothèses leur ont permis d’établir principalement les deux expressions analytiques (Equations IV-40 et 41) caractérisant le régime transitoire du courant modifié par la charge d’espace : 1 1 t J (t ) 1 , 2 2 0 t tM 2 e tM 12 t J (t ) 1 e 1 ln 2 t tM Equation IV-40 2 , t tM Equation IV-41 où tM est le temps pour lequel le courant SCLC passe par un maximum. tM est caractéristique du temps mis par les premiers porteurs de charge intrinsèques pour atteindre l’électrode opposée et s’y piéger Le temps tM permet d’avoir accès à la mobilité µ des porteurs de la charge d’espace selon la relation [MAN62, MIZ79]: tM 0, 787 d E Equation IV-42 où d est l’épaisseur du diélectrique et E est le champ électrique appliqué. Dans notre étude, cette méthode d’estimation de la mobilité a été appliquée au courant de polarisation mesuré à champ fort (300 kV/mm) et à température élevée (90°C) dans la Figure IV-28 pour lequel un pic de courant lié à un effet de charge d’espace apparaît. La valeur du temps tM est déterminée à 100s. 162 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN -6 10 tM 90°C -8 Courant (A) 10 -10 10 -12 10 -14 10 30 kV/mm 60 kV/mm 90 kV/mm 120 kV/mm 150 kV/mm 180 kV/mm 210 kV/mm 240 kV/mm 270 kV/mm 300 kV/mm 10 100 1000 Temps (s) Figure IV-28. Courants de polarisation à champ fort pour différents champs et températures La valeur de la mobilité à 90°C et 300 kV/mm est donc : 0, 787 d 6,56.1016 (m2V 1s 1 ) tM E Equation IV-43 Connaissant la valeur de la mobilité à une température et à un champ électrique, on peut estimer la valeur de la barrière de « hopping » en utilisant l’Equation I-77 dont l’expression est rappelée ci-dessous : e E , T 2d hop E qwe qEd hop exp sinh kBT 2kBT Equation IV-44 La valeur de la barrière de « hopping » obtenue : wµe = 0,9074 eV. Grâce à ce paramètre connu, on peut donc estimer les valeurs de la mobilité quels que soient la température et le champ électrique en utilisant l’Equation IV-44. IV.2.4.2 Validation du modèle de conduction pour du PEN IV.2.4.2.a Simulation du transport et pas de temps Afin de valider les paramètres de transport pour du PEN, les simulations doivent être réalisées pour des températures et/ou des champs élevés, où la conduction est soit dominante sur tout le domaine temporel, soit au minimum observée sur une large gamme de temps. Or, pour les simulations du transport, le pas de temps Δt calculé doit satisfaire le critère de stabilité de Courant-Friedrichs-Lewy qui s’écrit : 163 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN t CCFL x x CCFL v µE Equation IV-45 où ν = μE est la vitesse de déplacement de la charge pendant un Δt et CCFL est le coefficient CFL (CCFL <1). Par exemple, pour une simulation à 90°C et 300 kV/mm dans l’échantillon de PEN de 25µm, en utilisant un maillage uniforme de 100 cellules et CCFL = 0,5, le pas de temps est de Δt = 1,7.10-6 s. Cette valeur très faible du pas de temps amène à un temps de calcul très élevé, voire même infini (si on veut modéliser sur un protocole expérimental d’une heure par exemple). Il en est de même lorsqu’on veut utiliser le modèle d’optimisation, qui pour chaque itération doit faire appel au modèle de transport. Le temps de simulation devient irréaliste. De fait, nous avons effectué les comparaisons entre modèle et expérience pour des champs plus faibles et/ou des températures plus basses. IV.2.4.2.b Validation du modèle de transport de charges avec les paramètres extraits des mesures En tenant compte des résultats de mesures de charge d’espace par PEA (Figure III-22), nous considérons dans un premier temps uniquement des charges négatives, qui ont pour mobilité celle qui a été calculée à 25°C et 240 kV/mm (Equation IV-44). Nous considérons aussi que ces charges ne peuvent pas se piéger et que le seul paramètre à « optimiser » est la barrière d’injection de Schottky. La Figure IV-29 présente le résultat de simulation de la densité de courant de conduction comparée à la densité de courant de conduction extraite des mesures (paragraphe IV.2.4.1.c) à 25°C et 240 kV/mm, pour une barrière d’injection winj = 1,2 eV. Ici, la polarisation n’a pas été ajoutée afin d’observer uniquement les phénomènes de conduction. Il est difficile de comparer le courant mesuré et le courant simulé, tant les résultats simulés sont loin des résultats expérimentaux lorsque les simulations ne tiennent compte que de l’injection unipolaire et du transport. En effet, le courant de simulation passe un maximum plus tôt et diminue très vite par rapport à celui mesuré. Cette décroissance rapide peut être liée à la valeur faible de la mobilité dans la simulation qui peut conduire à une accumulation de charges aux électrodes. La valeur absolue du champ électrique aux électrodes diminue, l'injection de charges, qui est fonction du champ électrique, diminue aussi. 164 Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN Extraite de la mesure Simulée -2 Densité de courant (A.m ) Chapitre IV -6 10 -7 10 -8 10 10 100 1000 Temps (s) Figure IV-29. Densité de courant de conduction de simulation à 25°C et 240 kV/mm prenant compte l’injection Schottky et la mobilité « hopping » pour les électrons. Comparaison avec la densité de courant de conduction extraite de la mesure Nous avons cependant voulu montrer ici la difficulté d’obtenir des paramètres « efficaces » pour la modélisation, qui permettent de rendre compte d’une mesure de courant en fonction du temps. La tâche est donc d’autant plus difficile lorsque la modélisation doit être réalisée à plusieurs champs et plusieurs températures, et ce pour des mesures de courant, de charge d’espace, etc. IV.2.4.2.c Comparaison des résultats du modèle global à la mesure de courant Le modèle de transport de charges prenant en compte la polarisation (modèle global) a été utilisé afin de simuler les résultats expérimentaux de courants en fonction du temps. Nous avons choisi les mesures à 90°C et 30 kV/mm, qui nous permettent d’observer expérimentalement la polarisation et la conduction, et qui permettent d’avoir un pas dans le temps relativement grand dans la simulation afin de faire les simulations sur un temps relativement faible (34 heures). Le modèle de transport tient compte de tous les mécanismes décrits dans le chapitre I (bipolaire, piégeage, dépiégeage, recombinaison). Les paramètres optimisés pour cette mesure (90°C, 30 kV/mm) sont donnés dans le Tableau IV-4. Pour ces simulations, le modèle d’optimisation n’a pas été utilisé, celui-ci étant trop lent. Nous rediscuterons de ce problème à la fin de ce chapitre. La comparaison des courants simulés et mesurés est présentée à la Figure IV-30. Il y a une bonne adéquation, tant qualitativement que quantitativement, entre le courant simulé et le courant mesuré. Le temps où la contribution de conduction devient dominante semble être cohérent avec les données expérimentales. 165 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN Tableau IV-4. Paramètres optimisés du modèle global pour le courant mesuré à 90°C et 30 kV/mm Valeur Unité Coefficients de piégeage Be électrons Bh trous 7 7.10-3 s-1 s-1 Densité maximale de pièges à électrons à trous 500 100 C.m-3 C.m-3 Coefficients de dépiégeage De électrons Dh trous 1,1 1,5 eV eV Hauteur de barrière pour la mobilité « hopping » Electrons Trous 0,8 1,2 eV eV Hauteur de barrière pour l’injection de Schottky Electrons Trous 1,3 1,5 eV eV Mesure Simulation -2 Densité de courant (A.m ) Coefficients -6 10 -7 10 -8 10 1 10 100 1000 Temps (s) Figure IV-30. Densité de courant totale de simulation à 90°C et 30 kV/mm en utilisant le modèle bipolaire prenant en compte la polarisation. Comparaison avec la densité de courant totale expérimentale La densité nette de charge peut être également enregistrée lors de la simulation. La Figure IV-31 présente l’évolution de la densité de charge en fonction du temps et de la distance inter-électrodes pendant une heure d’application du champ électrique. Ici, nous n’avons pas ajouté les charges images aux électrodes, afin de voir la dynamique de la charge simulée. L’injection de charges négatives a été observée proche de la cathode. Ces charges négatives sont injectées et transportées de plus en plus loin dans le volume du diélectrique au 166 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN cours du temps. A l’anode, des charges positives ont été injectées en quantité beaucoup plus faible et négligeable par rapport à la quantité de charges négatives injectées à la cathode. Densité de charge (C/m3) 25 600 Anode 400 Distance (µm) 20 200 15 0 10 -200 5 0 0 -400 Cathode 600 1200 1800 2400 3000 3600 -600 Temps (s) Figure IV-31. Densité de charge issue de la simulation utilisant les paramètres optimisés à 90°C et 30 kV/mm Ces résultats sont prometteurs mais restent cependant une première tentative de validation entre modèle et expérience. Cette validation n’a malheureusement pas pu être effectuée pour différentes températures et différents champs électriques, faute de temps. IV.3 Discussion IV.3.1 Stratégie adoptée L’objectif principal de la thèse était de prendre en considération les phénomènes de polarisation dans le modèle de transport de charges. Pour cela deux stratégies pouvaient être adoptées : travailler sur le modèle existant développé et optimisé pour le LDPE [ROY04] et qui donne de bons résultats, en y ajoutant l’influence de la polarisation, certes très faible pour un matériau en principe apolaire, mais qui peut être mesurée moyennant certaines précautions [LOG13] . travailler sur un matériau polaire, le PEN, pour lequel les mesures de polarisation ne posent pas de problème particulier mais pour lequel le modèle de transport n’est pas optimisé. 167 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN Nous avons opté pour la deuxième stratégie, tout en ne négligeant pas la première, puisque des mesures ont été réalisées sur le LDPE et ont donné lieu à la publication d’un article de conférence [HOA12]. Concernant la première stratégie, les mesures de spectroscopie d’impédance ont été réalisées sur une gamme de fréquences [10-1, 106] Hz dans le but obtenir la réponse diélectrique du LDPE pur ou avec antioxydant. Malheureusement, les résultats de ces mesures ne sont pas exploitables, si bien que la relaxation diélectrique qui devrait être due à la polarisation dipolaire n’a pu être observée. Cependant dans le but de prendre en considération les phénomènes de polarisation dipolaire dans le LDPE, notamment aux temps courts et aux basses températures, nous avons réalisé une mesure APC pour du LDPE à 25°C et sous un champ faible de 0,064 kV/mm. La densité de courant due à la polarisation à 40 kV/mm, présentée par des triangles pleins verts sur la Figure IV-32, a donc été calculée à partir du courant mesuré par APC. Le courant de conduction (triangles bleus) a été simulé par le modèle de transport de charge utilisant les paramètres optimisés pour le LDPE [ROY04] . La somme de la densité de courant de polarisation et de conduction, représentée par des cercles creux rouges sur la Figure IV-32, est tout à fait cohérente avec la densité de courant totale mesurée, surtout aux temps courts. -2 Densité de courant (A.m ) J totale mesurée (Jtot_mesure) J polarisation mesurée (Jpol) J conduction de simulation (Jcond) -6 10 Jtot = Jpol + Jcond -7 10 -8 10 -9 10 10 100 1000 Temps (s) Figure IV-32. Densités de courant de polarisation (mesurée) et de conduction (simulée) et la comparaison avec la densité de courant totale à 25°C et 40kV/mm dans le LDPE Ces résultats nous indiquent que même si le LDPE est considéré comme un matériau apolaire, les mesures expérimentales mettent en évidence l’existence d’une contribution de polarisation au courant total. L’implémentation de la polarisation dans le modèle de transport optimisé pour le LDPE doit donc être réalisée de la même façon que pour le PEN, c’est à dire 168 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN en considérant une dépendance temporelle de la permittivité dans le modèle de transport. Des mesures de spectroscopie d’impédance haute résolution sont donc nécessaires et pourraient permettre d’obtenir la réponse diélectrique du LDPE, point de départ de notre processus de modélisation de la polarisation et du transport (Figure IV-1). Concernant la deuxième stratégie, nos travaux sur le PEN nous ont permis d’implémenter la polarisation dans le modèle de transport de charges, sur la base des résultats expérimentaux obtenus dans le domaine fréquentiel. Malgré les différentes conditions expérimentales, nous obtenons une bonne adéquation entre les courants aux temps très courts (10-6 à 10s) qui sont traduits de la réponse de spectroscopie diélectrique, et les courants aux temps plus longs mesurés par APC, quelle que soit la température. La difficulté principale réside dans la modélisation du transport et du temps de calcul. En effet la plupart des paramètres du modèle de transport appliqué au PEN ne sont pas connus et ne peuvent pas être facilement extraits de nos résultats expérimentaux ou de la littérature. De plus les valeurs fortes de la mobilité aux champs forts et hautes températures conduisent à un très petit pas de temps, avec par conséquence un temps de calcul extrêmement long. IV.3.2 Modélisation des spectres TSDC La modélisation en condition non-isotherme, correspondant au cas des mesures TSDC, nécessite tout d’abord d’obtenir des termes correspondants aux réponses impulsionnelles ΔΘ et au déplacement électrique D (qui est un produit de convolution du champ électrique et de ΔΘ) qui soient fonction de la température. De plus, pour chaque température, nous devons fitter la réponse diélectrique par une fonction de type Cole-Cole (4 paramètres : Δε, η, b, ε∞) pour une relaxation aux basses fréquences. Nous prenons en compte l’influence des différentes relaxations aux hautes fréquences dont les paramètres de fit sont calculés par des fonctions linéaires de la température. A la fin de la procédure de fit, nous obtenons théoriquement un modèle semi-empirique composé de 3 fonctions de Cole-Cole, associées à 10 fonctions linéaires avec la température (Δεi(T), ηi(T), bi(T), ε∞(T) où i=β, β*, α), conduisant donc à 20 paramètres nécessaires pour modéliser la réponse diélectrique en fonction de la température. Le modèle est en général valable, mais dans certaines conditions particulières, il peut ne pas l’être. En effet et de manière pratique, les fonctions linéaires permettent d’extraire des valeurs extrapolées de paramètres Cole-Cole. Cependant plus l’écart de température entre la zone où sont mesurés les paramètres et la zone où on les extrapole est grand, plus l’erreur 169 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN commise peut être grande. De plus rien ne garantit que la variation des paramètres du modèle Cole-Cole reste linéaire dans toute la gamme de températures étudiée, ou qu’un changement de pente du comportement linéaire ne puisse pas se produire à partir d’une certaine température de la gamme extrapolée. En particulier, pour notre matériau d’étude (PEN), le maximum du pic de relaxation α n’apparaît clairement que dans une fenêtre de mesure en fréquence à une température élevée (Figure IV-9a), cela ne permet donc pas d’établir des fonctions en température des paramètres de fit de ce pic. Le modèle développé ne permet donc pas, dans sa forme actuelle, de reproduire les contributions dues aux processus de polarisation mis en évidence par les résultats des mesures TSDC présentés dans le chapitre III (validation non-isotherme), concernant notamment la contribution de la relaxation α. Le modèle développé peut déjà reproduire un spectre TSDC où les pics seraient essentiellement liés à un dépiégeage de charges. C’est ce que nous avons par exemple montré dans le cas du LDPE lors d’une étude préliminaire. Une simulation utilisant le modèle de transport de charges (avec les paramètres de piégéage, dépiégeage, recombinaison, mobilité) a été réalisée suivant les protocoles expérimentaux de champ électrique et de température de la mesure TSDC utilisée pour le LDPE. Le courant simulé obtenu montre un pic à 65°C (Figure IV-33a) qui est lié à la charge d’espace [HOA12] , et qui est en accord avec les résultats expérimentaux (pic α1 sur la Figure IV-33b). Le pic α2, mis en évidence par les mesures TSDC et appelé pic « anormal » de dépolarisation du fait de son signe positif, n’est pas à l’heure actuelle reproduit par la simulation. La reproduction du spectre complet (pic α1 négatif et pic α2 positif) du spectre TSDC du PE demande un travail d’optimisation des paramètres du modèle qui dépasse le cadre de notre travail de thèse. Le pic « anormal » α2 est en effet observé expérimentalement uniquement dans le cas d’une température de polarisation supérieure à une température seuil évaluée à 50°C, et dans le cas du LDPE pourvu d’un antioxydant [TEB08, HOA12]. 170 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN -2 Densité de courant (A.m ) 0 -8 -1x10 -8 -2x10 -8 -3x10 0 20 40 60 80 100 80 100 Température (°C) (a) -9 -2x10 -2 Densité de courant (A.m ) 0 -7 1x10 -9 -4x10 -9 -6x10 -9 -8 7x10 -8x10 -8 -1x10 0 20 40 -8 3x10 -8 -1x10 0 20 40 60 Température (°C) (b) Figure IV-33. Courant TSDC (a) simulé et (b)mesuré pour TP = 50°C et EP = 25 kV/mm dans le LDPE [HOA12] IV.3.3 Amélioration du modèle Exploration expérimentale plus large Nous avons en effet besoin de plus d’informations sur les relaxations diélectriques, à partir de données expérimentales réalisées sur une gamme de fréquences de mesure plus large, notamment dans le cas du PEN. En effet l’absence d’équations de variation des paramètres Cole-Cole pour le pic α pose problème, notamment concernant la validation non-isotherme du modèle global. Malheureusement il est à l’heure actuelle difficile d’améliorer le modèle en suivant ces pistes en raison de la gamme de fréquences de mesures limitée en spectroscopie 171 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN d’impédance. De plus le chevauchement des contributions (relaxations et conduction) dans la réponse diélectrique rend le problème relativement complexe. Evolution vers un modèle bipolaire Les paramètres optimisés (Tableau IV-4) méritent d’être affinés. En effet, seuls les paramètres relatifs aux électrons ont réellement été ajustés par rapport à l’expérience. Les paramètres liés aux trous n’ont pas été affinés. Dans un premier temps, les paramètres doivent être validés en champ et en température, avec des mesures de courant. On pourra notamment voir si le changement de pente observé expérimentalement, et qui correspond à un changement de mécanisme dominant (polarisation/conduction) correspond en simulation à ce qui est mesuré, et ce quel que soit le champ et la température. Il faudra ensuite vérifier si la densité nette de charges simulée correspond aux mesures PEA effectuées à 25 et 50°C pour différents champs. D’autre part, même si les mesures PEA réalisées sur le PEN n’ont pas mis en évidence le piégeage de trou dans le volume du matériau, les mesures d’EL montrent que des phénomènes de recombinaison de charges peuvent exister pour des champs supérieurs à un champ seuil évalué dans notre étude à 210 kV/mm. Il convient donc dans le modèle de prendre en compte des paramètres correspondants aux trous qui devront être considérés comme non négligeables à hauts champs. Cependant, pour toutes ces simulations, le problème de temps de calcul sera présent et il faudra y remédier. Evolution du modèle bipolaire Afin de pallier ce problème de temps de calcul, il est possible de modifier le modèle bipolaire. En effet, le modèle développé résout l’équation de continuité (Equation I-76) de manière explicite : les variables à t+dt sont calculées uniquement en fonction des variables obtenues à un temps t. Ces modèles explicites sont plus simples à mettre en œuvre et permettent d’obtenir de bons résultats, mais ils requièrent cependant des temps de calcul petits afin d’être stables numériquement (condition CFL notamment). Dans ces cas où le pas de temps devient trop petit, il est possible d’utiliser des modèles implicites, plus compliqués à développer, mais qui donnent des résultats aussi précis que les modèles explicites avec des pas de temps beaucoup plus grands. Cette évolution du modèle n’a pas été envisagée dans le cadre de ce travail, mais elle pourrait être mise en œuvre car le problème de temps de calcul se posera de plus en plus, quel que soit le matériau utilisé. 172 Chapitre IV Modélisation de la polarisation et du transport dans le PEN Utilisation d’un algorithme d’optimisation Le modèle de transport de charges prenant en compte la polarisation doit être couplé à un algorithme d’optimisation de Levenberg-Marquart permettant d’extraire les paramètres de transport des mesures de courants à champs forts et/ou aux hautes températures, où la conduction est dominante. Cependant, les valeurs fortes de la mobilité aux champs forts et hautes températures conduisent un très petit pas de temps, la méthode inverse avec plusieurs paramètres d’optimisation devient alors très lourde. Dans un premier temps, nous avons réalisé des simulations en utilisant le modèle de transport de charges sans prendre en compte la polarisation, afin d’avoir des pistes sur l’utilisation du modèle d’optimisation. Les valeurs des paramètres de transport extraites des premières simulations (voir paragraphe IV.2.4.2) nous permettent de borner les valeurs des paramètres qui seront utilisés dans l’algorithme d’optimisation, par exemple, la barrière de « hopping » doit être supérieure à 0,9074 (simulation dans le paragraphe IV.2.4.2.b) et inférieure à une valeur d’environ 0,8 (simulation dans le paragraphe IV.2.4.2.c). Cela peut en effet être utile et permettre de réduire le temps de calcul des modèles inverses utilisés. Des simulations seront ensuite nécessaires pour obtenir des plages fiables de variation des paramètres. Ces modèles d’optimisation sont nécessaires, afin de ne pas effectuer l’optimisation des paramètres manuellement, ce qui requiert un temps énorme. Cependant, l’algorithme de Levenberg-Marquardt, qui utilise la dérivée de la fonction à affiner, est un algorithme certes stable et qui converge rapidement, mais qui requiert lui aussi un temps de calcul non négligeable. Pour cela, d’autres méthodes pourront être utilisées, et l’équipe DSF s’est associée récemment à une autre équipe du LAPLACE afin de développer ce type de modèles inverses. 173 Conclusion générale Conclusion générale Le travail présenté dans ce mémoire s’inscrit dans le cadre général des études expérimentales et de modélisation des propriétés des matériaux organiques solides utilisés dans l’industrie électrique et électronique. Un intérêt particulier a été porté au PEN, un polymère polaire, qui est largement utilisé dans les condensateurs miniaturisés et comme isolant dans les moteurs électriques. Cette étude a principalement été fondée sur la caractérisation des propriétés physiques du PEN, ainsi que sur l’implémentation de la polarisation dans le modèle de transport de charges afin de reproduire le comportement électrique de ce matériau. Pour cela et d’un point de vue expérimental, différentes techniques de caractérisation ont été utilisées de manière à pouvoir mesurer les propriétés électriques (par TSDC, PEA, APC, EL), diélectriques (par spectroscopie diélectrique) et physico-chimiques (par DSC) du matériau d’étude en fonction de la température, afin de caractériser les phénomènes liés à la polarisation d’orientation et à la conduction. Quatre pics de relaxations, β, β*, α et ρ, ont été observés dans l’ordre croissant de la température. Les trois premiers pics, β (uniquement observé par spectroscopie diélectrique), β* et α sont liés à des processus de polarisation d’orientation. Après la transition vitreuse Tg, le dernier pic, ρ, n’a été observé que par TSDC. La tension de polarisation et en particulier la température de polarisation jouent un rôle important sur les propriétés électriques du PEN. Une température de polarisation de 130°C n’entraine pas d'accumulation de charges dans le volume, comme le montrent les profils de densité de charge d'espace par PEA alors que des charges négatives sont présentes pour une température de polarisation de 170°C. Le pic ρ, uniquement observable lorsque l’échantillon a été polarisé à une température de 170°C, est en grande partie lié aux charges négatives piégées dans le volume du diélectrique. En effet, les résultats des mesures DSC et issus de la littérature tendent à prouver que ces charges sont piégées à l’interphase amorphe-cristal, et que le réarrangement de ces interphases à une température supérieure à 165ºC libérerait les 175 Conclusion générale charges piégées. La complémentarité des méthodes TSDC avec chauffage partiel et PEA a enfin permis de dissocier les processus de charge d’espace et de polarisation d’orientation. Pour obtenir les courants où les phénomènes de polarisation sont dominants, l’APC fait parties des meilleures méthodes de mesure, notamment grâce à sa capacité à réaliser des mesures de courant à champs très faibles (0,05 kV/mm) en moyennant le signal sur plusieurs créneaux de polarisation positive et négative. Les courants mesurés par APC correspondent aux contributions de polarisation, β, β+β*, β+β*+α, respectivement, dans l’ordre croissant de la température. Pour les mesures de courant et d’EL à champs forts, des seuils de courant et d’émission lumineuse ont été observés pour chaque température. Des signaux significatifs d’EL ont été observés à partir d’un champ seuil de 210 kV/mm environ. Il faut noter que les notions de champ faible et champ fort sont utilisées ici par référence aux mesures APC et aux mesures simultanées de courant de conduction + EL, respectivement. En effet, les contributions de conduction sont dominantes à des températures supérieures à 130ºC pour les mesures APC alors que les mécanismes de polarisation dans les courants mesurés à « champ fort » sont encore dominants aux champs moins élevés (30 kV/mm par exemple) pour les basses températures (de 25 à 50ºC). La modélisation numérique a été réalisée en lien étroit avec les résultats expérimentaux. Elle se décompose en deux grandes parties qui concernent la modélisation de la polarisation et la modélisation du transport de charges. Dans un premier temps, les processus de polarisation ont été pris en compte dans un modèle de transport de charge sur la base des résultats expérimentaux fournis par la spectroscopie diélectrique réalisée dans le domaine fréquentiel. Ces données expérimentales ont été fittées en utilisant des fonctions de Cole-Cole, et une transformée de Fourier inverse a ensuite permis d’obtenir la variation de la permittivité dans le domaine temporel. La validation du modèle de transport de charge tenant compte des mécanismes de polarisation a été effectuée en comparant les courants externes simulés à champ faible et les courants obtenus à partir de la mesure APC dans le domaine temporel, où la réponse est essentiellement dipolaire. Ces résultats permettent de valider le traitement de données permettant de passer du domaine fréquentiel au domaine temporel, et de valider le modèle pour des champs électriques appliqués faibles, c’est à dire lorsque les phénomènes de transport peuvent être négligés. 176 Conclusion générale Dans un second temps, le modèle de transport de charge tenant compte de la polarisation (modèle global) a été développé et utilisé pour tenter de reproduire les courants mesurés aux temps courts et pour des champs électriques élevés et/ou à des températures élevées. Les premières simulations réalisées pour ces fortes contraintes électriques et thermiques ont donné des résultats encourageants concernant les densités totales de courant simulées et mesurées, qui sont comparables. Toutefois un travail important d’optimisation des paramètres du transport reste à réaliser. Ces simulations préliminaires permettent d’obtenir des informations sur les plages de variation des paramètres de transport, avant l’utilisation de méthodes plus lourdes telles que les méthodes inverses. En conclusion, cette étude constitue une avancée importante pour la prise en considération de la polarisation dans le modèle de transport de charges appliqué à des isolants polymères. Les perspectives ouvertes par notre travail, qui associe mesures expérimentales et modélisation de la polarisation et de la conduction, sont nombreuses. Elles concernent notamment la mise en œuvre des méthodes inverses, la prise en considération de l’influence de la température dans le modèle global appliqué au cas du PEN et la construction d’un modèle numérique global permettant de reproduire les résultats expérimentaux obtenus dans le cas du LDPE. 177 Références Bibliographies Références Bibliographies A [ADA75] H. Adachi et Y. 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L’objectif principal de ce travail de thèse est d’implémenter la polarisation dans ce modèle de transport de charges et de définir des paramètres optimisés afin de prédire le comportement du matériau sous une quelconque contrainte thermoélectrique. Dans ce contexte, le polyéthylène naphtalène (PEN) a été choisi comme polymère polaire à étudier. Dans un premier temps, des mesures de courants de dépolarisation thermostimulés –TSDC, de charges d'espace (PEA), et de spectroscopie diélectrique –SD ont été utilisées pour caractériser les propriétés électriques, diélectriques et physico-chimiques du matériau en champ et en température, afin d'appréhender les phénomènes liés aux dipôles et à la conduction. Quatre pics de relaxation ont été observés dans l’ordre croissant de la température. Les trois premiers pics, β, β* et α, observés par SD et TSDC, sont liés à des processus de polarisation d’orientation. Le dernier pic ρ, observé par TSDC uniquement, a pu être attribué à la présence de charges négatives piégées dans le volume, et observées par mesures de charges d'espace. Les phénomènes de polarisation ont ensuite été pris en compte dans le modèle de transport sur la base des résultats de mesure de spectroscopie diélectrique. La réponse diélectrique est modélisée à l'aide d'une fonction de Cole-Cole appliquée à chaque relaxation. Ensuite, à l’aide d’une transformée de Fourier inverse du domaine fréquentiel au domaine temporel, elle est introduite dans le modèle de transport de charges. Les résultats du modèle développé sont validés par des mesures de courant à champ faible à différentes températures. La comparaison entre les courants simulés et mesurés donne une bonne cohérence pour des protocoles expérimentaux où la réponse est essentiellement polaire. Le modèle est ensuite utilisé pour des protocoles expérimentaux où la polarisation et la conduction sont présentes (champ et/ou température élevés). Les premières simulations réalisées ont donné des résultats encourageants concernant les densités totales de courant simulées et mesurées, qui sont comparables. Mots clés : modèle de transport de charges, polarisation d’orientation, PEN, relaxations diélectriques, ColeCole, transformée de Fourier inverse, courants de polarisation, APC, PEA, TSDC, DSC, électroluminescence. Title: Implementation of polarization in a charge transport model applied to PEN under electrical stress Abstract: A 1D bipolar model, able to describe transport, trapping and recombination of electronic carriers (electrons and holes) on the basis of experimental results, has been developed. This model already gives good results on low density polyethylene. However improvements are still possible, especially in order to predict any dielectric behavior under electrical stress, particularly polar ones. This work aims at implementing the polarization processes in the charge transport model for polyethylene naphtalene (PEN), a polar polymer, and to define an optimized set of parameters for the model in order to predict the material behavior under any thermoelectrical stress. Thermo-stimulated depolarization current (TSDC), space charge (PEA) measurements, and dielectric spectroscopy (DS) were used to characterize the electrical, dielectric and physic-chemical properties of the material under electric field and temperature, in order to have access to processes related to dipoles and conduction. Four relaxation peaks were observed in the increasing order of temperature. The first three peaks, β, β* and α, observed using DS and TSDC, are related to the orientation polarization process. The last peak, ρ, only observed by TSDC, has been attributed to negative charges trapped in the dielectric, and measured with space charge measurement. Polarization phenomena have then been implemented in the charge transport model based on dielectric spectroscopy measurements. The dielectric response has been treated using a Cole-Cole function for each relaxation process, function of the temperature. Then, with the help of an inverse transform Fourier, the time dependent permittivity has been obtained and is added to a charge transport model. Simulated currents are then compared to measured currents under low fields. Experimental and simulated currents are in good agreement when the material response is essentially from dipolar origin. Finally, the developed model was used for experimental protocols where polarization and conduction are present (high fields and/or high temperatures). The first simulations yield to encouraging results regarding the simulated and measured currents, which are comparable. Keywords: charge transport model, orientation polarization, PEN, dielectric relaxations, Cole-Cole, inverse Fourier transform, polarization current, APC, PEA, TSDC, DSC, electroluminescence.