3. Logique Après cet introduction à la théorie des ensemble nous

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3. Logique
Après cet introduction à la théorie des ensemble nous allons faire une introduction à la logique.
Mais nous allons aussi continuer de faire des constructions avec des ensembles !
Définition 3.1. 6 Une "proposition (logique)" est un énoncé qui peut être vrai ou faux, mais non
les deux à la fois.
Un énoncé dans la vraie vie peut être vrai et faux au même temps : dans ce cas ce n’est pas
considéré comme une proposition logique.
Exemples :
– p1 :="Toronto est la capitale du Canada" (faux)
– p2 := "le chat est un animal" (vrai)
– p3 :="1 + 1 = 3" (faux)
– p4 :="si x ∈ E et E ⊆ F alors x ∈ F " (vrai)
– p5 :="Chaque nombre naturel n > 2 pair est la somme de deux nombres premier" (vrai ou
faux, mais inconnu)
On a le sentiment qu’on pourrait décomposer p4 comme une combinaison d’autres propositions
plus simples. En effet, c’est le cas. Et aussi, qu’on pourrait combiner des propositions pour obtenir
des propositions plus compliquées. En effet.
Je répète : un énoncé est appelé une proposition logique, si cet énoncé peut être vrai ou faux.
Mais ce n’est pas nécessaire d’aussi connaître la réponse, la vérité de la proposition.
Le but des mathématiques (et les sciences) est de formuler des propositions logique et d’en décider
la vérité. Par exemple p5 est vraie ou fausse mais on ne sais pas encore.
Plusieurs propositions ont été proposées dans les mathématiques, dont on ne connaît pas encore
la vérité. Si on a des raisons de croire qu’une proposition soit vraie, mais on ne peut pas le montrer
dit que c’est une conjecture. Par exemple, Goldbach 7 semble avoir cru que la proposition p5 soit
vraie.
Conjecture 3.1 (Goldbach). Chaque nombre naturel n > 2 pair est la somme de deux nombres
premier.
Le but des mathématiques est à partir de quelques hypothèses de base, des propositions logiques
qu’on suppose vraie, de produire une longue liste de propositions logiques qui sont aussi vraies (et
espérons "intéressantes" pour nous). En ça en utilisant la logique et en construisant des ensembles.
L’hypothèse le plus important est que l’ensemble des entiers N avec ses propriétés élémentaires
EXISTE. On va discuter ses propriétés plus tard.
3.1. Les combinaisons simples logiques. Soient p et q deux propositions logiques.
La proposition "p ou q" est aussi une proposition logique, on écrit
p∨q,
qui est par définition vraie si p est vraie ou si q est vraie (ou si tous les deux sont vraies).
6. Voir [R, p.2]
7. Voir "Conjecture de Goldbach" dans wikipedia
16
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Et c’est fausse sinon (c.-à-d. si p et q sont fausses).
Comme dans la vraie vie. (Parfois on dit la disjonction de p et de q. Mais pas moi.)
Dans la vraie vie il y a deux "ou"’s.
La proposition "p ou-strict q" est aussi une proposition logique, on écrit
p⊕q,
qui est par définition vraie si p est vraie ou si q est vraie (mais pas si tous les deux sont vraies).
Et c’est fausse sinon (c.-à-d. si p et q sont tous les deux fausse ou tous les deux vraies).
(Parfois on dit la disjonction exclusive de p et de q.)
La proposition "p et q" est aussi une proposition logique, on écrit
p∧q,
qui est par définition vraie si p est vraie et si aussi q est vraie. Et c’est fausse sinon (c.-à-d. si p est
fausse ou si q est fausse (ou tous les deux sont fausses)).
(Parfois on dit la conjonction de p et de q.)
La proposition "non-p" (ou "pas-p") est aussi une proposition logique (dite composée), on écrit
¬p,
qui est par définition vraie si p est fausse. Et c’est fausse sinon (c.-à-d. si p est vraie).
On dit aussi la négation de p.
La proposition "si p alors q", ou "p implique q", on écrit
p→q,
est aussi une proposition logique composée, qui est par définition vraie si (p est vraie et q est vraie)
ou (si p est fausse). Et c’est fausse sinon (c.-à-d. uniquement si p est vraie mais q est fausse). On
dit p est l’hypothèse et q la conclusion de "l’implication p → q"
Dernière définition. La proposition "p si et seulement si q" , on écrit
p↔q,
est aussi une proposition logique, qui est par définition vraie si (p et q sont tous les deux vraies) ou
si (p et q sont tous les deux fausses).
Et c’est fausse sinon (c.-à-d. une des deux est vraie et l’autre est fausse). (On dit aussi "p
biconditionnelle q".)
Remarque. Soient p et q deux propositions logiques. Il faut bien comprendre : p → q est une
proposition logique, qui peut être vraie ou faux.
Qu’est-ce qu’on peut dire a propos de la vérité de p et q si on sait que l’implication
p→q
est vraie ? Il y a deux possibilités :
soit p est fausse (et q n’importe : "je m’en fous"), soit p ET q sont vraies. Le sense inverse est
aussi correct.
Si p → q est fausse alors nécessairement : p est vraie et q est fausse.
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Il faut aussi bien comprendre que p ↔ q est soi-même une proposition logique, qui peut être
vraie ou faux. Si p ↔ q est vraie : alors on a deux possibilités : (i) p ET q sont vraies ou (ii) p ET
q sont fausses. Et si p ↔ q est faux alors (p est vraie ET q est fausse) ou (p est fausse ET q est
vraie).
3.2. Tableau de vérité. Nous présentons ces définitions en forme de tableaux de vérité, où
V :=vrai, et F :=faux.
Pour la négation :
p ¬p
V F
F V
Pour les autres définitions :
p q p∨q p⊕q p∧q p→q p↔q
V V
V
F
V
V
V
V F
V
V
F
F
F
F V
V
V
F
V
F
F F
F
F
F
V
V
3.3. Propositions logiques composées. Commençons maintenant à combiner. Si p, q et r sont
trois propositions logiques, alors
P := ((¬q) ∧ (p ∨ r)) → p
est aussi une proposition logique. La valeur de vérité de P dépend des valeurs de vérité de p, q et
r.
Par exemple : supposons p et q sont fausses et r vraie. Alors ¬q est vraie et p ∨ r est vraie aussi.
Alors l’hypothèse de l"implcation P , c-à-d., (¬q) ∧ (p ∨ r)), est vraie aussi mais la conclusion, p, est
fausse. Alors par définition l’implication P est fausse (dans le cas p, q fausses et r vraie).
Ainsi nous pouvons calculer la valeur de vérité de P pour les huit variations des valeurs de vérité
de p, q, r. Le résultats des calculs est résumé dans le tableau suivant :
p
V
V
V
V
F
F
F
F
q
V
V
F
F
V
V
F
F
r ¬q p ∨ r (¬q) ∧ (p ∨ r) ((¬q) ∧ (p ∨ r)) → p
V F
V
F
V
F F
V
F
V
V V
V
V
V
F V
V
V
V
V F
V
F
V
F F
F
F
V
V V
V
V
F
F V
F
F
V
En regardant la dernière colonne on se rend compte que P est faux si et seulement si p est faux
et q est faux et r est vraie, ou en formule que
((¬p) ∧ (¬q)) ∧ r)
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est vraie.
Ou que P est vraie si et seulement si
¬ (((¬p) ∧ (¬q)) ∧ r)
est vraie.
Posons Q := ¬ (((¬p) ∧ (¬q)) ∧ r) et calculons de nouveau ses valeurs de vérité :
p
V
V
V
V
F
F
F
F
q
V
V
F
F
V
V
F
F
r ¬p ¬q (¬p) ∧ (¬q) ((¬p) ∧ (¬q)) ∧ r
V F F
F
F
F F F
F
F
V F V
F
F
F F V
F
F
V V F
F
F
F V F
F
F
V V V
V
V
F V V
V
F
Q
V
V
V
V
V
V
F
V
Considérons aussi la proposition R = p ∨ (q ∨ (¬r). On peut aussi calculer son tableau.
p
V
V
V
V
F
F
F
F
q
V
V
F
F
V
V
F
F
r
V
F
V
F
V
F
V
F
P
V
V
V
V
V
V
F
V
Q
V
V
V
V
V
V
F
V
R
V
V
V
V
V
V
F
V
Conclusion : les propositions composées P , Q et R ont la même valeur de vérité, n’importe
les valeurs de p, q,r. On dit P , Q et R sont des propositions composées (ou formules logiques)
logiquement équivalentes.
Calculons aussi les vérités de la proposition P ↔ Q :
p
V
V
V
V
F
F
F
F
q
V
V
F
F
V
V
F
F
r
V
F
V
F
V
F
V
F
P
V
V
V
V
V
V
F
V
Q P ↔Q
V
V
V
V
V
V
V
V
V
V
V
V
F
V
V
V
On voit que la proposition logique composée P ↔ Q est toujours vraie, n’importe les valeurs de
vérité de p, q et r. On dit P ↔ Q est une tautologie, notation P ⇔ Q.
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3.4. Tautologie et contradiction. Nous généralisons.
Définition 3.2. Une proposition logique composée (ou une formule logique) qui est toujours vraie,
quelles que soient les valeurs de vérité des propositions qui la composent, est appelée une tautologie.
Notation : P ⇔ V , ici V = Vraie.
Par exemple : p ∨ (¬p) ⇔ V et ((p ∧ q) → (p ∨ q)) ⇔ V .
Définition 3.3. Une proposition logique composée (ou une formule logique) qui est toujours fausse,
quelles que soient les valeurs de vérité des propositions qui la composent, est appelée une contradiction. Notation : P ⇔ F , ici F = Fausse.
Par exemple : p ∧ (¬p) ⇔ F .
Définition 3.4. Deux formules logiques P et Q sont appelées logiquement équivalentes si la proposition logique P ↔ Q est une tautologie. Notation : P ⇔ Q.
Par exemple : (p ↔ q) ⇔ [(p → q) ∧ (q → p)].
Définition 3.5. Si P → Q est une tautologie, où P et Q sont deux formules logiques, on dit que
P → Q est une règle d’inférence. Notation P ⇒ Q.
Par exemple : (p ∧ q) ⇒ q.
3.5. Propositions logiquement équivalents à l’implication. Considérons la proposition suivante.
Proposition 3.1. Les trois formules logiques "p → q", "(¬q) → (¬p)" et "(¬p)∨q" sont logiquement
équivalentes. Ou
(p → q) ⇔ ((¬q) → (¬p)) ⇔ ((¬p) ∨ q).
Démonstration. Nous vérifions par un tableau de vérité.
p
V
V
F
F
Les
q p → q ¬q ¬p (¬q) → (¬p) (¬p ∨ q)
V
V
F F
V
V
F
F
V F
F
F
V
V
F V
V
V
F
V
V V
V
V
trois colonnes correspondantes sont identique. Donc la proposition est vraie.
3.6. Formules logiquement équivalentes. Donnons une petite reformulation. On pourrait voir
P = P (p, q, r), Q = Q(p, q, r), R = R(p, q, r)
comme trois formules ou comme trois fonctions qui dépendent des propositions logiques p, q, r. Par
exemple
P : {propositions logiques}3 → {propositions logiques}
où le triple de propositions (p, q, r) est envoyé vers la proposition P = P (p, q, r).
Par définition : P et Q sont logiquement équivalentes si les fonctions composées avec la fonction
"vérité" deviennent identiques :
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"vérité" ◦ P = "vérité" ◦ Q.
Si A et B sont deux ensembles et b ∈ B un élément fixé, on peut définir la fonction constante,
souvent aussi noté b, comme la fonction qui associe à chaque élément a ∈ A ce même élément b
(ou b(a) = b). Dans le même sens nous considérons V comme la proposition composée (ou formule
logique) qui a la valeur de vérité V n’importe les valeurs de p, q, r. Et de même pour F .
3.7. Équivalences logiques de base. Une première liste d’équivalences logiques utilisées tout le
temps :
Théorème 3.1. Voici quelques équivalences logiques, avec leurs noms classiques :
p∧V
⇔ p (Identité)
p∨F
⇔ p (Identité)
p∨V
⇔ V (Domination)
p∧F
⇔ F (Domination)
p ∨ p ⇔ p (Idempotence)
p ∧ p ⇔ p (Idempotence)
¬(¬p) ⇔ p (Loi de la double négation)
p ∧ q ⇔ q ∧ p (Commutativité)
p ∨ q ⇔ q ∨ p (Commutativité)
((p ∨ q) ∨ r) ⇔ (p ∨ (q ∨ r)) (Associativité)
((p ∧ q) ∧ r) ⇔ (p ∧ (q ∧ r)) (Associativité)
(p ∨ (q ∧ r)) ⇔ ((p ∨ q) ∧ (p ∨ r))) (Distributivité)
(p ∧ (q ∨ r)) ⇔ ((p ∧ q) ∨ (p ∧ r))) (Distributivité)
¬(p ∧ q) ⇔ ((¬p) ∨ (¬q)) (Loi de De Morgan)
¬(p ∨ q) ⇔ ((¬p) ∧ (¬q) (Loi de De Morgan)
Démonstration. La plupart des preuves est facile : il faut soi-même se convaincre ! Nous donnons
deux exemples de preuve par tableau :
Si P := p ∨ (q ∧ r) et Q := (p ∨ q) ∧ (p ∨ r) on a
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p
V
V
V
V
F
F
F
F
q
V
V
F
F
V
V
F
F
r q∧r
V
V
F
F
V
F
F
F
V
V
F
F
V
F
F
F
P p∨q p∨r
V
V
V
V
V
V
V
V
V
V
V
V
V
V
V
F
V
F
F
F
V
F
F
F
Q
V
V
V
V
V
F
F
F
Effectivement P ⇔ Q (un des deux lois de la distributivité).
Montrons ¬(p∧q) ⇔ ((¬p)∨(¬q)) (Loi de De Morgan). Soit P = ¬(p∧q) et Q = ((¬p)∨(¬q)).
On a
p
V
V
F
F
q p∧q
V
V
F
F
V
F
F
F
P ¬p ¬q Q
F F F F
V F V V
V V F V
V V V V
Effectivement P ⇔ Q.
3.8. Preuve d’equivalences logiques par de l’algèbre. Remarquons tout d’abord que si P, Q
et R sont trois formules logiques (ou propositions composées) et P ⇔ Q et Q ⇔ R alors aussi
P ⇔ R. (Et si P ⇔ Q alors aussi Q ⇔ P (c.-à.d., l’équivalence logique est symmétrique), et on a
toujours P ⇔ P .)
Donc on peut enchaîner des équivalences logiques pour obtenir d’autres.
Nous avons déjà un certain nombre d’équivalence montrées, que nous pouvons utiliser. À la place
d’utiliser un tableau pour vérifier une équivalence logique, on peut aussi utiliser les petites règles
déjà montrées, comme en algèbre.
Donnons un exemple. La proposition soi-même est sans importance.
Proposition 3.2. Soit P := ((¬q) ∧ (p ∨ r)) → p et Q := (p ∨ (q ∨ (¬r))). On a P ⇔ Q.
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Démonstration. Nous allons utiliser une suite d’équivalences logiques (avec les raisons données entre
parenthèses)
P
⇔ (¬((¬q) ∧ (p ∨ r))) ∨ p (Car (p → q) ⇔ ((¬p) ∨ q))
⇔ (¬(¬q) ∨ ¬(p ∨ r))) ∨ p (Selon De Morgan)
⇔ (q ∨ ¬(p ∨ r))) ∨ p (Double négation)
⇔ (q ∨ ((¬p) ∧ (¬r))) ∨ p (Selon De Morgan)
⇔ q ∨ (p ∨ ((¬p) ∧ (¬r))) (Assoc. et comm. pour ∨)
⇔ q ∨ ((p ∨ (¬p)) ∧ (p ∨ (¬r))) (Distrib.)
⇔ q ∨ (V ∧ (p ∨ (¬r))) (Selon (p ∨ (¬p)) ⇔ V )
⇔ q ∨ (p ∨ (¬r)) (Selon comm. et (p ∧ V ) ⇔ p)
⇔ Q (Assoc. et commut.)
Et voilà !
Chaque ligne est claire, j’espère. Mais trouver la chaîne n’est pas si évidente.
Remarque. On a vu beaucoup de ()’s dans cette preuve. Et à chaque symbol "(" il correspond un
symbol ")". Parce que p ∨ (q ∨ r) = (p ∨ q) ∨ r, écrire
p∨q∨r
n’est pas ambigu. On supprime des ()’s, parce qu’ils sont superflus dans cette situation.
Ainsi pour
p∧q∧r
On pose la convention que "¬" a une plus haute priorité que ∨ ou ∧ ou → ou ...
Donc ¬p ∨ q veut dire (¬p) ∨ q (et pas ¬(p ∨ q), ce qui est vraiment différent).
Et ¬p → q veut dire (¬p) → q.
Mais c’est ambigu d’écrire ”p ∧ q ∨ r” et ”p ∧ q → r” ; on n’a pas le droit d’écrire ça (il faut ajouter
des ()’s pour clarifier ce qu’on veut vraiment). Dans ce cours nous ne posons pas d’autres priorités
entre les opérations. Vous aussi êtes donc obligé d’évitez des ambiguïtés, en utilisant les ()’s
et [ ]’s.
3.9. Règles d’inference de base. Voici quelques règles d’inférence 8 utilisées tout le temps aussi,
avec leurs noms classiques.
Théorème 3.2. Les suivants sont des équivalences logiques.
8. Voir [R, §3.1]
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p ⇒ (p ∨ q) (Addition)
p ∧ q ⇒ p (Simplification)
[p ∧ (p → q)] ⇒ q (Modus ponens)
[¬q ∧ (p → q)] ⇒ ¬p (Modus tollens)
[(p → q) ∧ (q → r)] ⇒ (p → r) (Syllogisme par hypothèse)
[(p ∨ q) ∧ ¬q] ⇒ p (Syllogisme disjonctif)
Démonstration. Ces équivalences sont aussi facile à montrer avec un tableau de vérité. Par exemple
Modus ponens :
p
V
V
F
F
q p → q p ∧ (p → q) (p ∧ (p → q)) → p
V
V
V
V
F
F
F
V
V
V
F
V
F
V
F
V
La dernière colonne contient seulement des V , donc correspond à une tautologie.
Si P ⇒ Q et Q ⇒ R alors aussi P ⇒ R. (Mais P ⇒ Q n’implique pas en général que Q ⇒ P ).
Et P ⇔ Q si et seulement si P ⇒ Q et Q → P .
Donc on peut composer des règles d’inférences, et obtenir d’autre règles d’inférence.
Par exemple.
Lemme 3.1. Une autre règle d’inférence :
(q ∧ (¬p → ¬q)) ⇒ p.
Démonstration. On combine (¬p → ¬q) ⇔ (q → p) avec modus ponens
(q ∧ (¬p → ¬q)) ⇔ (q ∧ (q → p)) ⇒ p.
Cette règle d’inférence est utilisée dans une preuve par l’absurde, comme nous verrons plus tard.
3.10. Fonctions propositionnelles et quantifications. Il y a des énoncés comme ”n > 2” qui
sont presque des propositions logiques mais qui contiennent des indéterminés (comme "n" dans
l’exemple). Du moment qu’on précise ces indéterminés elles deviennent des propositions logiques.
C’est donc vraiment une famille de propositions logiques.
Par exemple p(n) := ”n > 2”. C’est une famille de propositions logiques, dépendant de la variable
n qui varie dans l’ensemble N. Ici p(n) est fausse si n = 0, 1 ou 2 et vraie sinon (pour n ∈ N).
Soit U un ensemble. Une fonction
p : U → {propositions logiques}
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qui associe à chaque u ∈ U la proposition logique
p(u)
s’appelle fonction propositionnelle avec U comme univers du discours de la variable u.
Exemple : Soit U l’ensemble des hommes qui habitent Montréal et p(X) := " X peut patiner".
Soit P (u) une fonction propositionnelle avec U comme univers de discours de la variable u.
On définit deux nouvelles propositions logiques vraies, les deux quantifications.
On écrit
∀u P (u) (ou ∀u : P (u))
pour la proposition logique :
"P (u) est vraie pour tous les valeurs de u sur son univers de discours", ou,
"pour chaque valeur u dans l’univers de discours la proposition P (u) est vraie".
(On dit parfois : la quantification universelle.)
Dans l’exemple :
∀X P (X) est une traduction logique de "Tous les hommes qui habitent Montréal peuvent patiner."
Et on écrit
∃u P (u) (ou ∃u : P (u))
pour la proposition logique :
"P (u) est vraie pour au moins une des valeurs de u choisi dans son univers de discours", ou
"il existe au une valeur u dans l’univers de discours telle que la proposition P (u) est vraie".
(On dit : parfois : la quantification existentielle.)
Dans l’exemple : ∃X P (X) est une traduction logique de "Au moins un homme qui habite
Montréal peut patiner."
Exemple : Si p(n) := ”n > 2” avec univers du discours N. alors ”∀n n > 2” est fausse (car au
moins p(1) = ”1 > 2” n’est pas vraie) ; et ”∃n n > 2” est vraie (car au moins p(3) = ”3 > 2” est
vraie).
On remarque :
∀u p(u) est vraie si p(u) est vraie pour chaque u ;
∀u p(u) est fausse s’il existe au moins un u tel que p(u) est fausse. Traduction
¬(∀u p(u)) ⇔ ∃u (¬p(u))
∃u p(u) est vraie s’il existe un u tel que p(u) est vraie ; ∃u p(u) est fausse si pour chaque u on a
que p(u) est fausse. Traduction :
¬(∃u p(u)) ⇔ ∀u (¬p(u))
On formule ses résultats en forme d’une proposition.
Proposition 3.3. Soit P (u) une fonction propositionnelle avec U comme univers de discours de
la variable u. Alors
¬(∀u p(u)) ⇔ ∃u (¬p(u))
et
¬(∃u p(u)) ⇔ ∀u (¬p(u)).
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Département de mathématiques et de statistique, Université de Montréal, C.P. 6128, succursale
Centre-ville, Montréal (Québec), Canada H3C 3J7
E-mail address: [email protected]
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