Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. III - n° 2 - avril-mai-juin 2014
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Lymphome gastrique du MALT : importance du traitement de H. pylori dans la prise en charge
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La forme ulcérée (45 % des cas), faite d’une ou de
plusieurs ulcérations, plus ou moins creusantes, de taille
variable, peut aller de l’ulcère unique, pouvant faire
penser à un ulcère bénin, jusqu’à la vaste ulcération
faisant craindre une lésion de haut grade.
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Enfi n, on peut également voir des gros plis, épais, ne
s’eff açant pas lors de l’insuffl ation de l’estomac, pouvant
au maximum donner un aspect pseudo-tumoral, dans
environ 25 % des cas.
Ces constatations imposent la réalisation de biopsies mul-
tiples en zones pathologiques et saines pour une étude
histologique, une recherche de l’infection à H. pylori, et
également des prélèvements congelés pour la recherche
d’altérations génétiques pronostiques.
Le diagnostic histologique est souvent diffi cile, néces-
sitant l’avis de pathologistes experts avec, comme
diagnostics diff érentiels, la simple gastrite chronique
à H. pylori, les autres lymphomes à petites cellules B
(leucémie lymphoïde chronique, lymphome follicu-
laire et lymphome du manteau) et le lymphome dif-
fus à grandes cellules B, de haut grade de malignité.
L’établissement des caractéristiques moléculaires,
notamment de la translocation t(11;18), qui est mise
en évidence par RT-PCR à partir de l’ARN extrait d’un
fragment biopsique ou par technique de FISH sur
coupes fi xées, est impératif pour prédire l’évolution
de ces tumeurs et déterminer la prise en charge thé-
rapeutique optimale. Ces méthodes moléculaires sont
également nécessaires pour la mise en évidence des
maladies résiduelles et leur suivi.
Diagnostic de l’infection à H. pylori
Le diagnostic de l’infection à H. pylori revêt une impor-
tance particulière compte tenu de l’impact que son
éradication peut avoir sur la tumeur.
Lors de la gastroscopie, il est nécessaire de prélever
des biopsies, fundiques et antrales préférentiellement,
à distance de la lésion tumorale. Outre l’histologie, il
faut chaque fois que cela est possible privilégier les
méthodes de diagnostic bactériologiques. La culture
permet l’étude de la sensibilité aux antibiotiques. Elle
peut cependant être faussement négative car H. pylori
est une bactérie fragile qui supporte mal le transport
jusqu’au laboratoire. La PCR est plus sensible et tout
aussi spécifi que (7). Elle permet en outre la mise en
évidence des résistances à la clarithromycine par la
reconnaissance de mutations conférant une résistance
de la bactérie, et ainsi de guider le traitement. Elle est
maintenant disponible dans de nombreux laboratoires.
En cas de diagnostic négatif avec les méthodes invasives
(biopsies), la sérologie peut être utile pour mettre en
évidence une infection antérieure (8).
Bilan d’extension
Une fois le diagnostic porté, un bilan d’extension doit
être réalisé. Il doit rechercher une extension à dis-
tance, dans un autre site digestif ou extradigestif, et
également une extension locorégionale. Les examens
à eff ectuer sont les suivants : coloscopie, transit du
grêle, tomodensitométrie thoraco-abdominale, biop-
sie ostéomédullaire, échoendoscopie (EE) gastrique,
LDH, β2-microglobuline, examen ORL. Les atteintes
extradigestives associées au LGM les plus fréquentes
sont les localisations médullaires et pulmonaires. Elles
sont diversement appréciées dans la littérature et leur
fréquence est mal connue. Chacune représente environ
10 % de l’ensemble des patients (9).
L’EE est un des éléments centraux du bilan. En eff et,
plusieurs études ont démontré la précision et la perfor-
mance de l’EE pour le diagnostic et la stadifi cation des
lymphomes gastriques (10). Cette précision s’applique
probablement plus à l’infi ltration tumorale en profon-
deur qu’à l’extension en surface (11).
L’infi ltration tumorale pariétale du LGM est visualisée
par un épaississement d’une ou de plusieurs couches
de la paroi gastrique. Dans la majorité des cas, l’EE
sera normale ou montrera un épaississement de la
muqueuse (45 à 70 % des cas), pouvant s’étendre à la
sous-muqueuse (10 à 50 %), plus rarement au-delà (0
à 20 %) [12, 13]. Une infi ltration massive doit faire évo-
quer un lymphome de haut grade, à grandes cellules,
méconnu initialement (14). L’EE permet donc d’indivi-
dualiser des formes superfi cielles et des formes plus
infi ltratives de LGM. Il est d’ailleurs possible d’évaluer
cette infi ltration en fonction de la mesure de l’épais-
sissement global de la paroi gastrique (valeur nor-
male : ≤ 5 mm). L’EE permet également de rechercher
des adénopathies périgastriques, qui représentent 10
à 30 % des cas (6, 13, 15). La concordance entre l’aspect
endoscopique et l’aspect de l’EE fait parfois défaut.
En eff et, une lésion considérée comme superfi cielle
(“pseudo-gastritique”) en endoscopie peut se révéler
plus infi ltrée en profondeur sur l’EE (13). Au terme de
ce bilan, le lymphome peut être classé selon la clas-
sifi cation de Ann Arbor modifi ée par Musshoff (16).
Traitements
Éradication de H. pylori
Elle s’adresse à tous les patients infectés, quels que
soient le stade et le statut t(11;18). Certains recom-
mandent même de traiter systématiquement, quel que
soit le statut H. pylori.